Notre-Dame
L’Épreuve du Feu

Titre original :
Notre Dame : Race Against The Inferno
Production :
National Geographic
Galaxie Press
Date de diffusion France :
Le 15 septembre 2019
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Simon Kessler
Fabrice Gardel
Josselin Mahot
Musique :
Parigo Music
Durée :
44 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Le 15 avril 2019, le monde entier assiste stupéfait à l’embrasement spectaculaire de la toiture de Notre-Dame de Paris. Un combat dantesque débute alors pour les centaines de pompiers héroïques engagés durant près de quinze heures sur le front de l’incendie pour sauver la cathédrale...

La critique

rédigée par
Publiée le 21 janvier 2023

Il y a dans une vie des événements si spectaculaires et incroyables que chacun est capable de dire ce qu’il faisait à ce moment-là. Le lundi 15 avril 2019, beaucoup se souviennent ainsi de l’endroit où ils étaient lorsque vers 18h20, une épaisse fumée commença à s’élever au-dessus de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Construite sur le site d’une ancienne église du IVe siècle elle-même transformée en basilique mérovingienne puis en cathédrale romane, la cathédrale Notre-Dame voit son édification débuter en 1163. Commandée par l’évêque Maurice de Sully qui souhaite disposer d’un sanctuaire beaucoup plus vaste pour accueillir les Parisiens dont le nombre a doublé pour atteindre 50 000 âmes vers 1220, elle dure alors cent-quatre-vingt-deux ans. Quatre campagnes de travaux se succèdent ainsi au fil des décennies. Entre-temps, onze souverains ont régné, de Louis VII à Philippe VI de Valois. La France a connu une crise dynastique sans précédent ayant conduit à l’accession au trône des Valois. La légende des Rois Maudits est née. La Guerre de Cent Ans pointait quant à elle déjà à l’horizon.

Achevée en 1345, Notre-Dame de Paris est l'un des symboles de l’art gothique. Flanquée de deux tours, ses dimensions sont spectaculaires. Épousant une forme de croix latine, l’église mesure 127 mètres de long et 48 mètres de large. Ses tours s’élèvent à 69 mètres au-dessus du parvis. Sa flèche culmine à 96 mètres. D’une superficie intérieure de 4 800 mètres carrés (5 500 m² de superficie totale), elle peut accueillir pas moins de neuf-mille personnes.

Maintes fois reprise et modifiée, la cathédrale change d’apparence au fil des siècles. Durant la Renaissance, des tapisseries, des tentures et des dizaines de statues sont notamment ajoutées pour masquer un gothique considéré comme désuet et barbare. Au XVIIIe siècle, Jacques-Germain Soufflot est pour sa part chargé de détruire le trumeau et une partie du tympan du portail central. Mise à la disposition de la Nation dès le 2 novembre 1789, la cathédrale subit en outre les affres de la Révolution française. Les statues de la Galerie des Rois trônant sur la façade sont décapitées. Les verrières sont cassées. Les carrelages et les pavés sont eux-mêmes endommagés. Montée entre 1220 et 1230, la flèche, pourrissante depuis des décennies, est si abîmée qu’elle est définitivement démontée en 1792. L’état de délabrement de la cathédrale est tel qu’il faut masquer les dégâts derrières des décors et des peintures spectaculaires lors du sacre de Napoléon Bonaparte le 5 décembre 1804.

Au XIXe siècle, Notre-Dame n’est plus que l’ombre d’elle-même. Certains parlent déjà d’abattre le monument. Il faut alors tout le talent de Victor Hugo pour sauver l’édifice mis en scène dans le roman Notre-Dame de Paris. Sensibilisé, le public se mobilise ainsi pour le rénover. Un grand plan de restauration est entrepris. Jean-Baptiste Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc sont nommés dès 1845 pour superviser les travaux. C’est le début d’un nouveau chantier long de près de deux décennies. Les maçonneries, en ruines, sont consolidées. La sacristie est reconstruite. Inspirée de celle de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, une nouvelle flèche est inaugurée en 1859. Des copies des statues et des ornements d’origines sont par ailleurs installés. Reprenant le chantier seul après la mort de Lassus en 1857, Viollet-le-Duc prend sur lui d'ajouter des sculptures contemporaines représentant diverses chimères contemplant Paris. En lien avec les travaux d’urbanisation du baron Haussmann, le parvis est dégagé. D’ampleur, les travaux sont finalement achevés en 1864.

À présent resplendissante, Notre-Dame de Paris continue d’observer l’Histoire. Elle passe les deux guerres mondiales sans dégâts majeurs. Elle assiste à des dizaines, des centaines de manifestations de tout genre, aussi bien joviales que violentes. Progressivement encrassée par la pollution de la ville, la cathédrale se refait une beauté pour son huit-cent-cinquantième anniversaire célébré en 2013. Une énième vague de travaux est entreprise pour préserver la beauté des lieux. La flèche mérite en particulier une réfection. Un gigantesque échafaudage est monté. Le 11 avril 2019, les seize statues monumentales de Viollet-le-Duc qui entouraient la flèche sont déposées.

Quatre jours plus tard, Notre-Dame de Paris voit s'écrire une nouvelle page tragique de son histoire. C’est le début de la Semaine sainte. Dans les environs de 18h00, le lundi 15 avril 2019, un incendie se déclare au cœur de la charpente, à la base de la flèche. Les flammes se répandent comme une trainée de poudre. La charpente, cette forêt composée de poutres taillées dans 1 300 chênes, est entièrement détruite. Les 250 tonnes de plombs fondent ou bien sont réduits en poussière, provoquant un large panache de fumée jaunâtre et toxique visible à des kilomètres à la ronde.

Fragilisée, la flèche s’effondre à 19h50 sous les yeux des badauds et des caméras du monde entier. Elle emporte dans sa chute une partie de la voûte. Prévenus vers 18h50, les pompiers luttent alors durant près de quinze heures pour sauver la cathédrale et éviter son effondrement. Vers 21h00, le feu gagne en effet la tour nord dont les cloches menacent de tomber. Elles auraient forcément provoqué l’effondrement du beffroi et, par là même, de la façade tout entière. Des moyens gigantesques sont mis en œuvre. Deux bateaux-pompes puisent sans relâche l’eau de la Seine. Faute de grandes échelles assez hautes, deux bras élévateurs articulés sont amenés... Le feu est finalement éteint le lendemain, mardi 16 avril 2019, vers 9h50...

C’est ce combat que racontent les réalisateurs et scénaristes Fabrice Gardel, Simon Kessler et Josselin Mahot dans Notre-Dame : L’Épreuve du Feu.
Né à Saint-Brieuc en 1965, Fabrice Gardel suit des études à Sciences-Po Paris avant de s’envoler pour le Québec où il collabore notamment avec Radio Canada. De retour en France, il travaille pour France Culture, RFI, Arte, France 5, Canal+ et National Geographic. Il est le réalisateur d’une quarantaine de documentaires parmi lesquels L’Affaire Boeing (2001), Que la Reine Sauve la BBC (2001), Goncourt, Faites vos Jeux ! (2005), Le Luron : L’Humour de ma Vie (2017), Raymond Aron : Le Chemin de la Liberté (2018), Le Mystère du Vol Rio-Paris (2019), Albert Camus : l’Icône de la Révolte (2020) et Simone de Beauvoir : L’Aventure d’être Soi (2021).

Étudiant à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et à la Columbia University School of the Arts de New York, Simon Kessler travaille lui aussi pour de nombreux médias tels que TF1, Canal+ et National Geographic. Il réalise pour eux des documentaires comme AF447 : La Traque du Vol Rio-Paris (2019), Génération Greta (2020) et AZF : Au Cœur du Chaos (2021).
Réalisateur pour Canal+, National Geographic et RMC Découverte, Josselin Mahot grandit, pour sa part, à Paris avant de partir pour le Texas puis Los Angeles en 1990. Étudiant sur les bancs d’une école de cinéma, il décroche un emploi chez Amalgamated Dynamics et travaille sur les effets spéciaux de films comme Demolition Man (1993), Wolf (1994), Super Noël (1994), Seven (1995), Jumanji (1995), Mission Impossible (1996), Michael (1996), Independence Day (1996), Starship Troopers (1997) et Alien, la Résurrection (1997). Se lançant dans la réalisation avec le court-métrage Glee, Mahot est de retour à Paris en 2003. En plus de clips, de publicités et de jeux vidéo, il dirige entre autres les documentaires The A350 : Star of the Skies (2016) et The Great Boeing 787 (2017).

Narré en version originale par Paul Bandel (Hitman, Versailles, Le Dernier Duel) et en français par Éric Herson-Macarel (Capitaine Conan, Welcome et voix française de Willem Dafoe et Daniel Craig), Notre-Dame : L’Épreuve du Feu propose de revivre cette soirée et cette nuit éprouvantes durant lesquelles les passants et les téléspectateurs du monde entier ont vu la toiture et la flèche de Notre-Dame partir en fumée et le beffroi nord manquer de s’effondrer sur lui-même. Utilisant pour ce faire les images d’actualité filmées par les reporters présents sur place, mais aussi les images prises par les promeneurs avec leurs propres téléphones ou bien encore les prises de vues effectuées par les forces de l’ordre, le documentaire est complété par des vues aériennes et des images de synthèses destinées à comprendre l’ampleur du désastre et saisir l’avancée inexorable du feu.

Se voulant parfaitement ludique avec des explications claires et une chronologie des événements présentée de manière parfaitement fluide, Notre-Dame : L’Épreuve du Feu fait le choix de donner la parole à certains des acteurs présents lors du drame. Le point de vue des pompiers est ainsi illustré grâce aux témoignages de l’adjudant-chef Jérôme D., du capitaine Marc P., de la caporale-cheffe Myriam C., du lieutenant Alexis S. et du général Jean-Marie Gontier, alors responsable des opérations. Celui des passants et des journalistes est ainsi obtenu grâce au témoignage d’Anelise Borges, alors reporter pour Euronews. L’intervention ponctuelle de l’ingénieur et historien Olivier de Châlus permet quant à elle de comprendre le danger d’effondrement de l’édifice, fragilisé après la disparition complète de sa charpente. À l’inverse, le film élude totalement la parole des autorités politiques et ecclésiastiques, un moyen judicieux de rester au cœur de l’action et de l’émotion suscitée par la tragédie.

Devant se limiter à un format d’à peine plus de quarante minutes, Notre-Dame : L’Épreuve du Feu fait partie de ces documentaires qui se regardent d’une seule traite avec un rythme particulièrement soutenu. Comme ce fut le cas au moment de découvrir en direct les événements ce soir d’avril 2019, le spectateur se laisse donc embarquer dans un récit intense et haletant qui ne lui laisse aucune once de répit. Notre-Dame : L’Épreuve du Feu ressemble dès lors à ces films catastrophes qui triomphent sur les écrans depuis que le cinéma existe. Une différence notable, cependant, il s’agit là de l’Histoire filmée en direct et en aucun cas d’une fiction tournée à grand renfort d’effets spéciaux révolutionnaires.

Les séquences parlent d’elles-mêmes et Notre-Dame : L’Épreuve du Feu ne laissera personne indifférent. La fumée jaunâtre s’échappant de la toiture, les flammes hautes de plusieurs dizaines de mètres, l’intérieur de la cathédrale au centre de laquelle le plomb en fusion commence à s’écouler sont autant d’images poignantes. Le sauvetage des reliques, telle la Sainte-Couronne, montrent à quel point l’enjeu est grand de préserver dans la précipitation tout ce qui peut encore l’être. La chute de la flèche, filmée sous tous les angles par la télévision et les témoins directs, et la voûte éventrée sont sans aucun doute les images les plus traumatisantes. Le pic de la catastrophe n’est cependant pas encore arrivé et le stress continue de grandir lorsque le documentaire aborde le sauvetage du beffroi nord, à son tour consumé, et le risque d’effondrement de l’église...

Prenant de bout en bout, Notre-Dame : L’Épreuve du Feu profite d’une musique d’ambiance et d’un montage serré qui contribuent sans fausse note à faire monter la tension. Les images de synthèses servent en outre grandement le récit en permettant à chacun de voir à travers les murs. Une fois n’est pas coutume, les coupures réservées aux diffuseurs souhaitant intégrer des pages de publicités ne sont pas dérangeantes. Contrairement à d’autres documentaires du genre, le film évite par ailleurs de tomber dans le piège du hors-sujet en parlant d’autres catastrophes équivalentes. Une exception, toutefois... L’évocation rapide de l’explosion qui détruisit la rue de Trévise trois mois plus tôt. Survenue le 12 janvier 2019, elle avait alors entraîné la mort de deux pompiers. S’il n’a absolument rien à voir avec l’incendie de Notre-Dame, la mention de cet accident est malgré tout judicieuse tant elle permet de comprendre les tiraillements et les doutes des différents chefs, partagés entre le besoin de sauver la cathédrale séculaire et la nécessité absolue de protéger malgré tout leurs équipes.

Particulièrement saisissant, Notre-Dame : L’Épreuve du Feu peut en conclusion être présenté comme un objet historique de premier ordre que les générations futures pourront regarder. Elles ne manqueront alors certainement pas d’avoir à leur tour le ventre noué, le cœur battant et des frissons dans le dos.

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