Starship Troopers
Le synopsis
Au 24ème siècle, la terre unifiée est dirigée par une Fédération qui a fait de l'ordre moral son cheval de bataille. La paix universelle règne, quand aux confins de la galaxie, une armée d'arachnides se dresse contre l'espèce humaine, avec la ferme intention de l'éradiquer. La mobilisation générale est alors décrétée pour la jeunesse terrienne invitée au sacrifice et à l'abnégation... |
La critique
Adapté d'un roman de l'auteur de science-fiction, Robert Heinlein, Starship Troopers est un film d'action efficace et engagé de Paul Verhoeven, heureux réalisateur de Robocop, Basic Instinct et Total Recall. Le long-métrage est ainsi une coproduction entre TriStar, studio allié de Sony-Columbia, en charge de la sortie américaine et Touchstone Pictures, filiale de Disney, responsable de la distribution internationale.
Telle la fable habilement utilisée autrefois par Jean de La Fontaine pour livrer de féroces attaques contre l'ancien régime sans risquer la moindre censure, la science fiction est aujourd'hui un moyen bien pratique pour critiquer une politique générale ou un gouvernement particulier. Elle est d'autant plus aisée d'approche qu'elle ne connait aucune contrainte de temps, d'espace ou de crédibilité. Il est une règle universelle dans le genre : tout y est possible ! Dès lors, sous une apparence de faible probabilité, plaçant l'action dans un futur lointain contre des ennemis improbables, Starship Troopers, au delà du simple film sanguinolent, aux effets spéciaux réussis bien que vieillissants, livre une dénonciation implacable des dérives de l'organisation politique des démocraties occidentales contemporaines. Sous l'apparence trompeuse d'une ode à l'armée et à l'engagement de la jeunesse, le film, dont le casting ne souffre d'aucune citrique, décortique, il est vrai, le processus qui conduit à voir le militaire prendre aujourd'hui le pas sur le politique. Il pousse d'ailleurs la démonstration à son paroxysme puisqu'il annonce l'avènement d'un droit de vote lié à l'engagement militaire. Le citoyen est, en effet, privé de la possibilité de prendre part au débat s'il n'a pas "servi" son pays comme il se doit de le faire. Le déni de démocratie est alors aussi clair que désastreux : la marche vers la définition de citoyens de seconde zone est engagée. Rien ne semble devoir l'arrêter, et surtout pas les masses-médias dont le goût pour la propagande est fortement prononcé. Entre autocensure, "politiquement correct", manipulation cachée et contrôle assumé, l'information livrée au public poursuit, il est vrai, toujours le même but : ôter touts sens critiques et tuer dans l'œuf, l'idée même qu'une autre voie est possible. L'histoire contemporaine regorge malheureusement d'exemples similaires, bien réels ceux-là...
Starship Troopers, à déconseiller vivement aux plus jeunes spectateurs, est un film d'action efficace et intelligent.