Un Beau Jour
Titre original : One Fine Day Production : 20th Century Fox Fox 2000 Pictures Lynda Obst Productions Via Rosa Productions Date de sortie USA : Le 20 décembre 1996 Genre : Comédie romantique |
Réalisation : Michael Hoffmann Musique : James Newton Howard Durée : 108 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
À New York, Melanie Parker, une architecte divorcée, et Jack Taylor, journaliste au Daily News, se rencontrent devant la porte de l’école, où ils viennent de rater le départ d’une excursion à laquelle leurs enfants devaient participer. Alors que la journée s’annonce décisive pour leurs carrières respectives, leurs chemins ne vont cesser de se croiser au cours des prochaines heures… |
La critique
Un Beau Jour est une comédie romantique aux ressorts attendus, reposant essentiellement sur le charme de son casting principal, une prémisse classique mais décente, des personnages sympathiques, avec pour originalité une intrigue où l’action tient sur une journée entière.
Distribué par 20th Century Fox et Fox 2000 Pictures, Un Beau Jour part sur une base assez originale et plaisante. Deux parents célibataires que tout oppose s’apprêtent à vivre une journée inhabituelle et ponctuée de complications. Retardés sans cesse dans leur organisation, ils devront, dans leur malheur, s’entraider et compter l’un sur l’autre afin de pouvoir survivre à ce qui s’annonce être l'un des pires jours de leurs vies.
Écrit par les scénaristes Terrel Seltzer (Comment Devenir Beau, Riche et Célèbre) et Ellen Simon (Moonlight et Valentino), le film est réalisé par Michael Hoffman. Ce dernier voit le jour le 30 novembre 1956 à Hawaï et fait ses études à l’Université d’État de Boise, puis à l’Oriel College d’Oxford, où il se spécialise dans la littérature tout en prenant des cours de théâtre. C’est ainsi pendant ses années étudiantes qu’il met en scène son premier film, Privileged (1982), mettant en vedette un tout jeune Hugh Grant.
Il poursuit ensuite dans la réalisation de films dramatiques, historiques ou de récits initiatiques, qu’il écrit également pour la plupart : Restless Natives, Promised Land, Les Trois Graces et Moi, La Télé Lave Plus Propre, Le Don du Roi, Le Songe d’Une Nuit d’Été, Le Club de l’Empereur. En parallèle, il s’essaie régulièrement à la comédie : Un Beau Jour, Gambit : Arnaque à l’Anglaise, Une Seconde Chance. Son dernier projet, un long-métrage centré sur la vie de l’auteur Gore Vidal dont la sortie était prévue pour 2017, ne sera hélas jamais distribué ni en salles ni sur plateforme en raison des accusations de harcèlement sexuel de son acteur principal, Kevin Spacey.
Au casting, le film réunit quelques grands noms, dont deux stars montantes de la décennie.
Ainsi, Michelle Pfeiffer tient l’un des rôles principaux, en l’espèce celui de Melanie Parker. Née le 29 avril 1958 à Santa Ana, en Californie, l’actrice fait ses débuts à la télévision dans les séries Delta House et CHiPS, puis dans quelques films pour adolescents (The Hollywood Knight, Grease 2) et notamment le thriller Scarface de Brian de Palma. Elle devient ensuite l'une des têtes d’affiche les plus en vogue dans les années 1980 et 1990 : Série Noire Pour Nuit Blanche, Les Sorcières d'Eastwick, Les Liaisons Dangereuses, Batman, le Défi, Wolf, Esprits Rebelles. Plus rare sur les écrans la décennie suivante, elle effectue un retour dans des films plus grand public vers les années 2010 : Hairspray, Des Gens Comme Nous, Le Crime de l'Orient-Express, Maléfique : Le Pouvoir du Mal. Elle fait également partie du Marvel Cinematic Universe grâce à son rôle de Janet Van Dyne dans Ant-Man et la Guêpe et Ant-Man et la Guêpe : Quantumania.
Face à elle, Jack Taylor est campé par George Clooney. Né le 6 mai 1961 à Lexington, dans le Kentucky, l’acteur effectue ses premiers pas dans des films de série B ou dans des rôles secondaires à la télévision. C’est d’ailleurs sur la petite lucarne qu’il obtient le rôle qui le rendra célèbre, celui du docteur Doug Ross dans Urgences, et lancera officiellement sa carrière. Il tourne alors dans plusieurs longs-métrages parallèlement à la série (Une Nuit en Enfer, Sang-Froid, Un Beau Jour, Batman et Robin, Hors d’Atteinte, O’Brother), puis accède au statut de star de cinéma dans les années 2000. Il figure ainsi à l’affiche de plusieurs succès dont la trilogie Ocean’s, Insomnia, Intolérable Cruauté, Good Night and Good Luck, The Good German, Burn After Reading, puis d’autres productions plus grand public (In the Air, Gravity, Monuments Men, À la Poursuite de Demain, Avé Cesar !). Il prend ensuite une pause à la fin des années 2010 avant d’effectuer un retour la décennie suivante dans des productions à gros budget destinées au marché de la VOD (Ticket to Paradise, Wolves).
Un Beau Jour a tous les éléments d’une comédie romantique agréable : un postulat simple et convenable pour le genre, des rôles principaux charmants et un casting solide. Malheureusement, au lieu de rapprocher les deux héros et de leur donner l’occasion d’apprendre à se connaître ou de partager des moments de complicité, le scénario insiste pour les garder séparés tout au long du film, alors qu’ils courent dans la ville de New York entre leur travail et leurs obligations parentales, enchaînant les déconvenues ou situations compliquées et essayant de résoudre une crise après l’autre. Au moment où ils ont enfin l’opportunité de se rapprocher et que la romance peut intervenir, trop de temps s’est écoulé pour que le charme opère et que le spectateur soit réellement captivé par ce qui lui est présenté.
Ce n’est pourtant pas la faute de ses têtes d’affiche, qui rivalisent de talent et incarnent leurs personnages avec conviction.
Ainsi, Melanie Parker est une mère divorcée, élevant seule son fils et très carriériste, dont le travail la prive souvent de moments privilégiés avec son enfant. Elle s’avère également être une maniaque du contrôle, angoissée et frustrée par la gent masculine. Elle ne supporte pas non plus les imprévus, ce qui, selon ses propres mots, l’empêche de se faire des amis et d’avoir des relations sociales ou amoureuses saines. La seule personne qui compte pour elle est son jeune fils Sammy, qui, malgré l’amour qu’il porte à sa mère, souffre de l’absence de son père, un musicien régulièrement en déplacement. Les choses commencent à mal tourner pour Melanie lorsque, le jour de la plus grande présentation de sa carrière devant de potentiels investisseurs, son fils arrive en retard à l’école et trouve les portes fermées, sa classe étant partie en excursion, obligeant Mélanie de s’occuper de son enfant toute la journée.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la ville, Jack Taylor est dans une situation à peu près identique. Son ex-femme nouvellement mariée se présente chez lui à l’improviste pour lui confier leur fille, Maggie, pendant une semaine alors qu’elle part en lune de miel. Plutôt désorganisé, impertinent et immature, Jack accepte cette charge sans rechigner, mais n’est pas vraiment préparé à s’occuper de sa fille aussi longtemps, d’autant qu’il enquête sur une affaire de corruption impliquant le maire de New York et que sa réputation ne tient plus qu’à un fil suite à un faux scandale.
Tout comme Melanie, Jack manque la sortie scolaire de son enfant. Les deux parents divorcés se rencontrent ainsi à l’extérieur de l’école, s’échangent des banalités et partagent un taxi avant de prendre des chemins séparés, l’une devant présenter un projet important à un client et l’autre devant rencontrer une source essentielle pour la rédaction de son article, chacun avec son enfant sur le dos. C’est donc le début d’une journée harassante ponctuée d’imprévus au cours de laquelle leurs routes vont se croiser à plusieurs reprises.
Dans la tradition ancestrale de la comédie romantique, Un Beau Jour reprend le concept de personnages contradictoires forcés de collaborer ensemble lorsque les situations se compliquent et de compter l’un sur l’autre face aux difficultés qui se présentent. Le scénario multiplie donc les rebondissements rocambolesques pour divertir son public et contraindre les héros à se croiser, donnant lieu à quelques scènes d’humour amusantes et prêtant à sourire. En parallèle, les deux parents s’échangent des piques et des reproches cachant leurs véritables sentiments, qui font progressivement surface au cours du film. Après de nombreuses disputes au début du film pour savoir qui est responsable de l’échec de la sortie scolaire, ils acceptent de surveiller l'enfant de l’autre pendant que chacun d’eux essaie de sauver son emploi. Michel Pfeiffer et George Clooney forment ainsi un couple attachant. Talentueux et charismatiques, leur alchimie est bien visible et chacun d’eux livre une performance impeccable même si le film les sépare une bonne partie de l’intrigue.
Leurs rencontres ont beau être nombreuses, elles sont parfois furtives et insignifiantes. Melanie et Jack sont tous deux en proie à des urgences liées à leur travail et le scénario est déterminé à déballer leurs déboires professionnelles et personnelles avec panache, créant autant de quiproquos et moments sympathiques qui relèvent le niveau et permettent de divertir.
Cependant, les tentatives de Jack de s’assurer de la véracité des faits qu’il s’apprête à dévoiler au grand public et le jonglage de Melanie entre ses réunions et la garde de son enfant ne rendent pas le visionnage convaincant. Ces éléments ne sont que du remplissage servant à combler les vides du scénario et le public, souhaitant voir les personnages plus souvent ensemble qu’à distance ou à travers des conversations téléphoniques, finit par les trouver lassants et irritants. Trop de temps consacré à des apartés de plus en plus fastidieux et intempestifs nuit au récit. Le couple vedette fait donc tout ce qui est en son pouvoir pour rendre l’ensemble agréable.
À leurs côtés, les deux jeunes acteurs Mae Whitman (Independance Day, les séries Parenthood et Good Girls) et Alex D. Linz (Maman, Je M’Occupe des Méchants, Le Grand Coup de Max Keeble, À Nous de Jouer), qui interprètent respectivement Maggie et Sammy, se montrent plutôt attachants et arrivent à décrocher quelques sourires. Ni insupportables ni omniprésents au point de trop attirer l’attention sur eux-mêmes, ils tirent assez bien leur épingle du jeu.
En revanche, le reste du casting adulte a du mal à exister et ne semble être à l’écran que pour remplir le scénario, à l’image de Charles Durning (Les Muppets, le Film, Tootsie, Dick Tracy) dans le rôle de Lew, le patron de Jack, qui délivre tout de même quelques scènes comiques, Amanda Peet (Mon Voisin le Tueur, Identity, 2012) qui incarne Celia, intérêt amoureux pour Jack ou encore Sheila Kelley (Les Associés, The Guest, la série Good Doctor) dans le rôle de Kristen, la mère de Maggie, et Michael Massee (The Crow, Se7en, The Amazing Spider-Man), qui interprète Eddie, père de Sammy et ex-mari de Melanie. Tous ne remplissent que de petits rôles fonctionnels, mais réussissent à montrer une autre facette des personnages principaux lorsqu’ils interagissent ensemble.
Un Beau Jour peut en outre compter sur son rythme effréné et mené tambour battant, avec un affichage numérique de l’heure apparaissant régulièrement à l’écran pour rappeler au spectateur, qui n’a jamais le temps de respirer, les heures et les minutes qui défilent. Les héros courent dans tous les sens, se battent pour concilier travail et famille, tandis que Maggie et Sammy demandent tout simplement quelques minutes d’attention, allant jusqu’à former une alliance pour que leurs parents les remarquent enfin.
Bien que leurs facéties puissent paraître accessoires à l’intrigue, elles donnent à chaque adulte l’occasion de se questionner sur ses rapports avec son enfant et d’établir une vision plus moderne du genre de la comédie romantique, celui de la famille et de l’importance du lien parent-enfant. L’ennui n’a donc jamais sa place et le fait d’avoir une série d’échéances et d’imprévus qui s’accumulent rend le tout frénétique et haletant. Mais voilà, il n’y a hélas pas de temps pour un moment de dialogue calme, tous les personnages étant sous pression constante. Épuisant au point de rendre le visionnage pénible à suivre pour le public le plus exigeant.
Le film livre malgré tout des moments suffisamment touchants et enchanteurs pour attendrir et surprendre. Michelle Pfeiffer est la tête pensante et personnalité dominante de l'histoire, dont les failles apparaissent peu à peu lorsque son obsession pour le contrôle lui fait perdre pied. Elle réalise qu’elle a besoin d’aide et ne peut pas tout gérer, ce qui la rend encore plus humaine et poignante qu’en apparence. Jack est un irresponsable à l’affût du moindre scoop qui apporte au film sa dose d’humour, mais dont les erreurs l’empêchent de grandir et de prendre conscience des réalités. Pour autant, il s’avère beaucoup plus romantique et fiable qu’il n’y paraît, admettant qu’il doit réprimer ce complexe d’adulte immature avec sagesse plutôt qu’avec sarcasme. Les décors, eux, ont de quoi charmer et instillent de temps en temps les ambiances comiques des films des années 1930 et 1950 avec en fond la ville de New York, ses gratte-ciels, ses quartiers et son quotidien trépidant - les scènes ayant été tournées dans 44 lieux différents de Manhattan.
Avec deux grandes têtes d’affiche au casting, les dirigeants de 20th Century Fox, convaincus du succès du film, décident d’avancer sa sortie au cinéma de février 1997 à Noël 1996, espérant attirer un public familial. Un Beau Jour débarque donc dans les salles américaines le 20 décembre 1996 et rapporte 6,2 millions de dollars lors de son premier week-end d’exploitation. L'opus est alors battu par d’autres poids lourds dont Les 101 Dalmatiens et Jerry Maguire, sortis quelques semaines plus tôt, mais aussi Scream, également distribué le 20 décembre 1996, bien que ne visant pas du tout la même cible. Un Beau Jour se rattrape toutefois les semaines suivantes, rapportant 8 millions de dollars au cours de son deuxième week-end, pour atteindre un total de 46,1 millions sur le sol américain en février 1997, puis 51,4 millions avec les recettes à l’international, pour un total de 97,5 millions de dollars au box-office mondial. Un score honorable pour une production habituelle, mais qui constitue une déception pour les producteurs, qui espéraient beaucoup plus au vu du casting principal.
En parallèle, Un Beau Jour reçoit des critiques mitigées, appréciant son ambiance rétro des années 1930, son côté comédie romantique loufoque pour ménagères, l’alchimie entre ses acteurs principaux, le naturel de George Clooney, l’énergie développée par Michelle Pfeiffer, le jeune casting et le rythme du film. Néanmoins, certains journalistes spécialisés lui reprochent son intrigue par trop classique, ses situations souvent rocambolesques, le reste du casting quasi inexistant, son scénario un peu paresseux et le peu de temps partagé entre les deux grandes stars.
Enfin, Un Beau Jour est nommé pour plusieurs prix dans un grand nombre de cérémonies. Ainsi, la chanson For the First Time, entendue pendant le film, interprétée par Kenny Loggins et composée par James Newton Howard, Jud J. Friedman et Allan Dennis Rich, reçoit une nomination aux Oscars, aux Golden Globes et aux Grammy Awards pour les Prix de la Meilleure Chanson Originale. Du côté des récompenses, Michelle Pfeiffer remporte le Prix de la Meilleure Actrice dans une comédie ou une romance aux Blockbuster Entertainment Awards, Mae Whitman, celui de la Meilleure Performance dans un film pour une actrice de moins de dix ans aux Youth in Film Awards et Alex D. Linz est sacré Meilleur Acteur dans une comédie aux YoungStar Awards.
S’il se démarque des autres films du genre par son accroche originale, son duo d’acteurs complices, son humour communicatif et son rythme sans retenue, Un Beau Jour sépare trop souvent ses personnages principaux, s’avère au final trop classique et échoue parfois à créer de la romance. L’alchimie entre les acteurs et son angle résolument comique, à défaut d’être surprenant, en font toutefois un plaisir léger et agréable.