Breakfast of Champions
Titre original : Breakfast of Champions Production : Hollywood Pictures Date de sortie USA : Le 17 septembre 1999 Genre : Comédie |
Réalisation : Alan Rudolph Musique : Mark Isham Durée : 105 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Dwayne Hoover, un chef d'entreprise propre sur lui prêt à tout pour vendre ses automobiles s'intéresse soudainement à un certain Kilgore Trout, un écrivain de science-fiction qui a réussi à n'être publié que dans des magazines érotiques ; son œuvre n'ayant selon lui jamais été comprise tel qu'elle aurait dû l'être. Quand Trout voyage en direction de Midland City pour se rendre à une convention littéraire où la reconnaissance et de la gloire -pense-t-il- l'attendent, Hoover de son côté perd la boussole et voit son monde s'écrouler... |
La critique
Breakfast of Champions est assurément un OVNI dans la filmographie des studios Disney. Film totalement déjanté, aux personnages absurdes, il doit son univers au roman de Kurt Vonnegut dont il s'inspire. Auteur américain parmis les plus reconnus du XXème siècle, ce dernier a, en effet, la particularité d'user d'humour noir, de science-fiction et de satyrisme dans toute son œuvre...
Le roman Breakfast of Champions, paru en 1973, raconte ainsi l'histoire de deux hommes à l'esprit embrouillé. L'ouvrage l'est d'ailleurs tout autant, parsemé qu'il est de croquis divers (souvent politiquement incorrects), d'extraits des pseudo-romans du personnage de l'écrivain Kilgore Trout et de tout ce qui a semblé passer par la tête de l'auteur. Sorte de synthèse de son univers, le roman voit de plus apparaître des personnages des précédents livres de Vonnegut (dont Kilgore Trout !). Le titre Breakfast of Champions n'est pas en reste dans la dinguerie en étant une référence au slogan des céréales Wheaties, très populaires aux Etats-Unis. Dans le livre, une serveuse sert, en effet, au héros un verre de martini en guise de breakfast (petit-déjeuner) et annonce ironiquement la commande en cuisine via ce slogan (un verre d'alcool n'ayant à l'évidence rien d'un petit-déjeuner équilibré pour champions).
Le film tente désespérément de recréer l'ambiance de folie qui règne dans le roman mais oublie toute tentative d'embarquer le spectateur dans son délire. Ainsi, il use et abuse d'effets spéciaux grossiers, de montages inhabituels et de mouvements de caméra exacerbés tant et si bien qu'une aspirine ne sera pas de trop pour quiconque souhaite tenir jusqu'à la fin.
Ses trois personnages principaux, pourtant hauts en couleur et interprétés par des acteurs de talents, ne réussissent pas plus à sauver l'ensemble du naufrage. Bruce Willis, un habitué de Disney déjà vu dans Billy Bathgate, Armageddon et Sixième Sens, campe, tout d'abord, un Dwayne Hoover plutôt détonnant. Il crée d'ailleurs la surprise par sa capacité à être à l'aise dans ce rôle, somme toute situé à l'opposé de ses précédentes interprétations. Nick Nolte (Le Clochard de Beverly Hills, Les Trois Fugitifs, New York Stories, Les Complices, Jefferson à Paris, Hulk) est, ensuite, Harry LeSabre, son second qui aime secrètement s'habiller en femme et redoute par-dessus tout de voir son petit jeu découvert. Enfin, Albert Finney (Washington Square) interprète un Kilgore Trout moins fou que ses écrits ne le laissent supposer et surprend au final par son aptitude à restituer la vraie nature du personnage, sa philosophie de vie et les raisons qui le poussent à s'enfermer dans son univers imaginaire.
À sa sortie, Breakfast of Champions se fait huer par la critique tandis que le public lui réserve un bouche-à-oreille exécrable quand il ne déserte pas carrément les salles ; l'auteur du roman avouant lui-même que le film est "éreintant à regarder" bien qu'il ait participé dans une moindre mesure à son élaboration (il y interprète en effet le rôle du réalisateur de publicités). Et il ne fait aucun doute, qu'après avoir supporté son visionnage, le seul salut du spectateur est de souhaiter oublier au plus vite cet univers foisonnant d'idées toutes mal transposées à l'écran.
Breakfast of Champions est un navet de la pire espèce.