Playing God : Au Service du Mal
(Le Damné)
Titre original : Playing God Production : Touchstone Pictures Date de sortie USA : Le 17 octobre 1997 Genre : Thriller |
Réalisation : Andy Wilson Musique : Richard Hartley Durée : 94 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Eugene Sands, brillant chirurgien de Los Angeles, ne peut plus exercer depuis qu'une de ses patientes est morte au cours d'une intervention alors qu'il était sous l'effet d'amphétamines. Depuis, sa vie ressemble à une descente aux enfers. Un soir, il sauve la vie d'un dealer dans un club appartenant au gangster Raymond Blossom. Le lendemain, ce dernier le convoque et lui propose de devenir son médecin de secours. Eugene, qui souffre de ne plus pouvoir exercer son métier, accepte... |
La critique
Playing God : Au Service du Mal est un polar typique des films de seconde zone qui faisaient le bonheur des vidéoclubs dans les années 1990. Co-produit par Touchstone Pictures et Beacon Pictures (Air Force One, Family Man, Castle en partenariat avec ABC Studios), le film a tout de la petite production fauchée, vite sortie, vite oubliée. Un régal pour les amateurs de série B aux moyens limités.
Playing God : Au Service du Mal est réalisé par Andy Wilson, un habitué de la télévision britannique. Né en 1958 et passionné par les arts du spectacle et du cirque, ce dernier intègre dès son plus jeune âge la troupe du Cirque des Lumières avant de se consacrer au théâtre au cours de ses études qu'il effectue à l'Université de Birmingham entre 1976 et 1979. Son diplôme en poche, il intègre alors le Rational Theatre de Londres comme acteur pendant trois ans. Au début des années 1980, il se lance dans la réalisation en travaillant sur des spots publicitaires et des clips vidéo, notamment pour le groupe de musique techno Underworld. Il participe ensuite à des épisodes de séries télévisées et quelques documentaires pour des chaînes anglaises et françaises (en particulier La Sept) dont la plupart ont pour thème le cirque. À ce jour, Playing God : Au Service du Mal est sa seule incursion au cinéma. Son dernier travail, la mise en scène de plusieurs épisodes de la série historique Ripper Street, remonte en outre à 2014.
Playing God : Au Service du Mal est un petit thriller tout juste correct, loin d'être inoubliable. Le film se laisse, en effet, regarder malgré une intrigue pauvre, un manque de surprises dans son scénario et une réalisation parfois molle, ce qui est d'autant plus regrettable quand les premières minutes laissent présager un bon divertissement. Au vu du casting, il aurait été intéressant de savoir ce que l'ensemble aurait donné si le film avait bénéficié d'un budget plus conséquent, proche des superproductions hollywoodiennes. À la place, bien que sympathique, Playing God : Au Service du Mal ressemble à un programme télévisuel purement anecdotique qui ne vaut que pour ses acteurs.
Côté scénario, la tâche est confiée à Mark Haskell Smith, alors scénariste pour la télévision et le cinéma et qui s'est ensuite tourné, durant la décennie suivante, vers l'écriture d'intrigues policières et de romans noirs. Là encore, Playing God : Au Service du Mal n'offre pratiquement aucune surprise, se contentant de remplir un cahier des charges propre aux polars réalisés et écrits à la va-vite. La réalisation d'Andy Wilson, qui a déjà tourné des documentaires notamment sur le milieu du cirque et des épisodes de séries télé (MI-5, Cracker), manque, en outre, de personnalité et ne parvient à installer qu'à de rares occasions un semblant de tension afin d'apporter un peu de rythme à l'ensemble. Restent alors quelques scènes d'action et de suspense qui suffisent à maintenir le spectateur tout juste éveillé et attentif jusqu'à la fin.
Richard Hartley, compositeur sur de nombreuses comédies musicales à Londres et au cinéma, s'occupe, pour sa part, de la musique. Ayant débuté sa carrière en travaillant sur le score de The Rocky Horror Picture Show, il offre ici une partition assez convaincante et bien rythmée qui parvient à sortir le film de sa lenteur. Playing God : Au Service du Mal livre également une bande-son satisfaisante, réunissant plusieurs artistes britanniques en vogue à l'époque, dont Propellerheads, Skye Edwards et The Angel. À ce niveau, l'opus marque des points et contient, sans pour autant qu'il y en ait un qui sorte du lot, quelques titres entraînants, en particulier la chanson Spybreaks des Propellerheads qui deviendra deux ans plus tard le thème original du premier volet de Matrix.
Le principal atout du long-métrage vient, en réalité, de son casting, réunissant entre autres David Duchovny qui, grande star de X-Files
: Aux Frontières du Réel à l'époque, cherche à se reconvertir au cinéma, mais surtout Angelina Jolie, alors relativement inconnue du grand public, tenant ici l'un de ses premiers grands rôles au cinéma. L'actrice allait ensuite connaître un véritable élan dans sa carrière, notamment dans le film policier Bone Collector, celui d'action 60
Secondes Chrono, mais surtout en décrochant le premier rôle dans Lara Croft
: Tomb Raider en 2001 et sa suite Lara Croft
: Tomb Raider - Le Berceau de la Vie en 2003 adaptés de la célèbre franchise de jeux vidéo éponyme. Elle brillera plus encore quelques années plus tard dans Maléfique.
Enfin, Timothy Hutton (Le Jeu du Faucon, The Ghost Writer, la série American Crime), dont la filmographie battait de l'aile, et Peter Stormare (Fargo, Armageddon, la série Prison Break) complètent la distribution.
Relativement bien écrits, les personnages, excepté celui de Timothy Hutton caricatural à l'extrême, ne sont hélas pas très valorisants. Que ce soit Claire, jouée par une Angelina Jolie qui fait ce qu'elle peut dans cette galère, réduite au rôle de la petite amie du méchant qui se laisse séduire par le héros ou encore Eugene, chirurgien au bord du gouffre qui ne peut pas vivre sans exercer son métier et accepte aveuglément une proposition sans en prendre toute la mesure. Les acteurs savent néanmoins se montrer un tant soit peu convaincants et livrent une prestation à la mesure de leur talent. Le duo vedette Jolie/Duchovny fonctionne, en effet, plutôt bien et assoit toute la dynamique du film. Leur prestation reste hélas limitée par la caractérisation de leurs personnages, décidément bien trop lisses pour espérer une quelconque liberté d'interprétation.
Pour l'anecdote, le film a été tourné en 1995, mais ne sort pas dans la foulée dans les salles américaines en raison de trop mauvais retours lors des projections test au cours desquelles les spectateurs émettent beaucoup de critiques. L'équipe technique s'est ainsi vue contrainte de remanier entièrement l'opus et de couper une partie des scènes au montage, dont une de sexe entre Angelina Jolie et David Duchovny, présente dans la bande-annonce. L'actrice affirmera plus tard en avoir tourné deux mais aucune retenue dans la version finale. À l'arrivée, Playing God : Au Service du Mal ne sera distribué que deux ans après son tournage dans une indifférence quasi-générale, ne faisant l'objet d'aucune promotion ni des acteurs, ni du réalisateur ; tous déjà passés à autre chose. Il reçoit une nouvelle fois des avis négatifs et signe un score misérable au box-office - environ 4 millions de dollars pour un budget de 12 millions. De là à dire que les producteurs, sentant venir l'échec, l'ont sorti juste par obligation, il n'y a qu'un pas...
Playing God : Au Service du Mal a donc tout de la série B sans prétention ni ambition, à la réalisation poussive et souffrant d'un scénario certes intéressant sur le papier mais n'offrant aucune surprise à l'écran. À réserver surtout aux fans du couple vedette, entourés d'acteurs de renom.
À noter :
Le film est diffusé en France au cinéma en 1998 avec le titre Playing God : Au Service du Mal avant d'être retitré, pour sa sortie vidéo en 2000, en Le Damné. Pour sa réédition en DVD en 2009, il reprend son titre original.