Where Do the Stories Come From ?
Titre original : Where Do the Stories Come From ? Production : Walt Disney Animation Studios Date de diffusion USA : Le 4 avril 1956 Genre : Compilation |
Réalisation : Jack Hannah Charles A. Nichols Musique : Paul J. Smith Oliver Wallace Durée : 50 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Walt Disney explique d'où viennent les différentes idées qui servent d'inspiration aux films du studio... |
La critique
Where Do the Stories Come From ? est un épisode diffusé dans le cadre de l'émission de la chaîne américaine ABC Disneyland.
Walt Disney affirme que l'une des questions qui revient le plus souvent de la part des téléspectateurs est : « d'où viennent leurs histoires ? ». Le programme du jour va donc tenter d'y répondre, comme l'indique d'ailleurs l'écran-titre de l'émission. Lors de l'introduction, le Maître précise que pour trouver une bonne idée, il est primordial, pour les artistes des studios, de rester à l'affut de leur environnement. Les narrateurs Disney sont ainsi particulièrement doués pour observer de près les événements du quotidien dans l’optique de les transformer en une histoire potentielle de dessin animé. Parfois, l'inspiration vient d'un livre ou d’une chanson. Il donne pour exemple la tâche qu'il avait confiée à son compositeur Oliver Wallace. Ce dernier devait trouver un thème musical pour Daisy, le seul des grands personnages à en être dépourvu. Le musicien interprète ici son propre rôle en rejouant sa séance de travail lors de la création de la chanson. Celle-ci prend pour titre Crazy Over Daisy et inspire alors des storyboarders - illustrés ici grâce à des images d'archives des artistes Al Bertino et David Detiege lors d'une séance de travail sur Donald à la Plage (1950) - pour créer un cartoon dédié. Après un bref passage avec une animation inédite où Donald Duck prend vie sur une feuille de papier est alors diffusé le court-métrage Donald Amoureux (1950).
D'autres sources d'inspiration pour les cartoons Disney sont les rushs issus des tournages des documentaires animaliers des True Life Adventures. Parmi eux, les animateurs remarquent que le raton laveur serait un sujet intéressant car il est un animal capable de tromper ses poursuivants en les envoyant sur une mauvaise piste. Il est également su que les chiens voient avec leur nez ; l'odorat des canins étant sûrement le sens principal de ces animaux. Les ratons laveurs sont eux assez intelligents pour utiliser l'atout de leur chasseur afin de le transformer en faiblesse. La séquence est ici illustrée via un passage où l'animateur Milt Banta montre les images à un Pluto animé, dans un beau mélange entre animation et prises de vues réelles, puis crée en direct le personnage du raton laveur qui sera utilisé ensuite dans le cartoon Pluto et le Raton Laveur (1951) proposé après cela en intégralité...
L'actualité sert évidemment à trouver des sujets de cartoons. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la vie et la frustration des soldats américains ont été, par exemple, caricaturées à merveille par le personnage de Donald Duck dans des courts-métrages comme Donald à l'Armée (1942) et Gauche... Droite (1943), diffusés dans l'émission.
Enfin, les hobbies pouvaient aussi être le sujet de courts-métrages. L'émission propose alors une séquence tout simplement incroyable en plongeant dans la vie personnelle de trois grands noms du studio : Walt Disney lui-même ainsi que deux des Neuf Vieux Messieurs, Ollie Johnston et Ward Kimball. Tous trois ont une passion commune pour les trains et la rail. Et le programme propose ainsi des images d'archives qui permettent de plonger dans leur intimité et de montrer un aspect totalement personnel de ces artistes, offrant ainsi de découvrir une partie de leur vie en dehors des studios, durant leurs heures de loisir. Le spectateur découvre donc qu'Ollie Johnston avait lui-même construit un modèle réduit à l'échelle 1/20e dans le jardin de sa maison de Sierra Madre. Ward Kimball possédait, quant à lui, une vraie locomotive, une vraie voiture et un vrai circuit, grandeur nature ; ensemble qu'il avait baptisé le Grizzly Flats Railroad.
Quant à Walt Disney, il avait acquis une maison avec un assez grand jardin, à Carolwood Drive à Holmby Hills, pour pouvoir construire lui aussi un circuit de train miniature. Les travaux commencèrent par la construction d'un bâtiment apte à accueillir son train, et dont l'architecture fut inspirée par la ferme du film Danny le Petit Mouton Noir, qui avait elle-même été inspirée par la ferme familiale des Disney à Marceline. Walt Disney fit alors l'acquisition de son propre petit train privé, copie conforme d'un vrai train mais à l'échelle 1/20e, qu'il nomma le Carolwood Pacific Railroad. La locomotive fut, quant à elle, baptisée Lilly Belle, en hommage à sa femme Lillian Disney. Cette dernière voyait pourtant le projet de son mari d'un mauvais œil. Le trajet passait en effet exactement à l'endroit où elle avait prévu ses plantations dans le jardin. Afin de lier sa passion aux exigences de sa femme, Walt fit alors creusé un tunnel de plusieurs mètres de long. Le programme télévisé offre alors des images extraordinaires de la construction de ce circuit. Il est même possible de voir des images fugaces de ses filles Diane et Sharon avec une amie. Walt Disney conclut cette séquence en affirmant que cette passion dévorante pour de nombreux artistes du studio ne pouvait qu'un jour ou l'autre devenir le thème d'un cartoon. Cela arrive finalement avec l'aventure de Donald Duck Bon Pour le Modèle Réduit (1951), qui est diffusé ici pour illustrer ce propos.
Un passage de 26 secondes de Where Do the Stories Come From ? va aussi faire couler beaucoup d'encre. De nombreux visiteurs de marque vinrent en effet découvrir la demeure de Walt Disney, dont son fameux train miniature, parmi lesquels Kirk Douglas, l'acteur de 20 000 Lieues Sous les Mers, qui vint passer un dimanche après-midi avec ses garçons, Joel et Michael. Si l'acteur savait que la séquence de cette venue avait été tournée, il fut néanmoins surpris de les voir apparaître dans l'émission, jugeant inopportun de voir utilisée son image, et surtout celle de ses enfants, dans un but commercial sans son consentement. Il écrivit donc à Walt Disney pour se plaindre ; ce dernier lui envoyant un mot d'excuse. Tout aurait pu s'arrêter là mais lors de la rediffusion du programme le 6 juin 1956, l'acteur fut outragé de voir que la séquence n'avait pas été coupée. Il consulta alors son avocat et décida d'attaquer par principe Walt Disney, les studios, la chaîne ABC et les sponsors du programme, et s'il gagnait de donner ses compensations financières à une association de charité. Mais juste avant que le procès débute, Kirk Douglas retira sa plainte - contre l'avis de son avocat - ayant peur des répercussions qu'une telle affaire pourrait avoir. Il avait résumé sa pensée par cette déclaration : « On ne poursuit pas Dieu en justice ! ». Ceci dit, sa plainte n'en demeurait pas moins bancale. Ses enfants sont difficilement reconnaissables et ne sont pas identifiés dans le programme tandis qu'il demandait à être rémunéré pour un travail effectué... alors qu'il affirmait avoir été invité en villégiature. Walt Disney n'était lui pas non plus blanc comme linge puisqu'il aurait dû couper le passage lors de la rediffusion comme demandé par l'acteur. Toutefois, d'un point de vue historique, les cinéphiles sont eux ravis que la coupure n'ait pas été faite, leur permettant de voir des images d'archives rares.
Where Do the Stories Come From ? est une compilation qui offre une approche intéressante dans sa thématique mettant plusieurs artistes du studio en lumière. Néanmoins, le programme vaut principalement pour ses incroyables images d'archives qui permettent de découvrir la passion des trains de Walt Disney.