The Story of the Animated Drawing
Titre original : The Story of the Animated Drawing Production : Walt Disney Animation Studios Date de diffusion USA : Le 30 novembre 1955 Genre : Compilation |
Réalisation : Wilfred Jackson William Beaudine Musique : Joseph S.Dubin Durée : 50 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Walt Disney disserte de manière ludique de l'histoire de l'animation en remontant à J. Stuart Blacktonet et son Humorous Phases of Funny Faces réalisé en 1906 en passant par Gertie le Dinosaure de Windsor McCay datant lui de 1914. |
La critique
The Story Of The Animated Drawing est un épisode diffusé dans le cadre de l'émission de la chaîne américaine ABC, Disneyland.
Cet épisode de l'émission d'anthologie montre une facette de Walt Disney qu'il est peu habitué à mettre en avant : son côté conférencier, historien et pédagogue. Il faut dire qu'il aborde le sujet qui l'a rendu célèbre, l'art de l'animation, dont il entend expliquer les origines et les premiers pas. Il commence pourtant par une petite distorsion de la réalité quand il fait défiler des dessins de Mickey Mouse. Ceux-ci sont en effet déjà encrés alors qu'ils devraient n'être que dessinés. Le Maître de l'animation propose ensuite de revenir aux débuts de l'animation en se référant à un gros ouvrage intitulé Walt Disney's The Art of Animation. Le livre en question, qui a de quoi faire rêver les fans, n'en est pas un en réalité : totalement factice, il ne sert ici que d'accessoire. En 1958, soit trois ans plus tard, Bob Thomas, en proposera néanmoins une édition tout à fait réelle...
Walt Disney remonte ainsi jusqu'à la préhistoire pour parler de l'origine de l'animation. Il illustre son propos avec une peinture de la grotte de Lascaux en France ou près de celle d'Altamira en Espagne où les animaux sont dessinés avec plusieurs pattes pour faire comprendre que l'animal est en train de courir. Le Maître utilise alors les techniques modernes pour animer ces peintures préhistoriques, en faisant bouger les pattes des animaux en question, et démontrer de la sorte leur incroyable évocation du mouvement. Il procède de même avec un dessin mural égyptien remontant à 2000 avant Jésus Christ ou avec l'Homme de Vitruve, une œuvre de Léonard de Vinci datant elle de 1490.
En fait, d'après Walt Disney, l'animation - la vraie - qui consiste à voir des dessins bouger et prendre vie naît à partir du moment où une capacité humaine sera mobilisée : la perception rétinienne. En 1824, le français Paul Roget démontre en effet ce principe avec le jouet nommé le Thaumatrope. Il s'agit d'un disque, maintenu par une ficelle, sur lequel sont observés une cage sur une face et un oiseau sur l'autre. En faisant tourner le disque suffisamment vite, le cerveau a l'illusion que l'oiseau est dans la cage. Pourtant, la véritable impression d'animation se doit au Phénakistiscope créé par le Belge Joseph Plateau en 1832. Cette objet comporte ainsi un disque en carton, percé de plusieurs fentes, sur lequel un mouvement est décomposé en une séquence d'images fixes tandis qu'un manche permet son maintien pendant sa rotation. Pour percevoir le mouvement, le spectateur se place alors en face d'un miroir et met ses yeux au niveau des fentes du disque, du côté opposé aux dessins en faisant tourner le carton ce qui amène l'œil à voir une seule image, à condition bien sûr que le disque tourne suffisamment rapidement.
Walt Disney propose alors la troisième invention du même genre, le Zootrope, un jouet optique inventé en 1834. Composé d'un tambour fixé sur un axe sur sa base inférieure et percé de plusieurs fentes sur sa moitié supérieure, il abrite dans son intérieur une bande de dessins décomposant un mouvement cyclique. En regardant depuis l'extérieur à travers les fentes du tambour en mouvement, il est ainsi possible de percevoir le mouvement de séquences animées. C'est cette technique qui sera à la base de l'invention du cinéma ! Mais Walt Disney revient ensuite plus précisément sur une autre technique, le Praxinoscope inventé par le français Émile Reynaud en 1877 : il s'agit d'une extension du Zootrope sauf qu'à l'intérieur du tambour se trouve un cylindre à facettes où ont été disposés des petits miroirs. Le créateur de Mickey Mouse propose alors une reconstitution de l'époque en montrant en action l'inventeur du Praxinoscope, Émile Reynaud, joué par un acteur. Il est vu en train de créer son invention puis d'apporter des améliorations à sa technique. D'un jouet pour la maison, Reynaud transforme en effet son idée en 1892 en divertissement public sous le nom de Théâtre Optique.
Après cela, l'invention du cinéma et de la caméra va permettre la création et l'industrialisation d'une nouvelle forme d'art ainsi que le développement de courts-métrages animés. Walt Disney propose alors de lister les différents précurseurs modernes de l'animation, à commencer par J. Stuart Blackton dont le cartoon Humorous Phases of Funny Faces, réalisé en 1906, est considéré comme le tout premier au monde. Le Maître de l'animation parle ensuite longuement de Winsor McCay et de son film d’animation de 12 minutes, Gertie le Dinosaure, sorti en 1914. Il reconstitue ainsi avec un acteur la façon dont le créateur présentait à l'époque son court-métrage lors d'un vaudeville. McCay apparaissait en effet sur scène et créait une interaction avec son dinosaure animé qu'il diffusait sur un écran à proximité. Pour la petite histoire, Gertie le Dinosaure a été distribué par Box Office Attraction Company le premier nom de Fox Film Corporation avant qu'elle fusionne avec 20th Century Pictures pour former 20th Century Fox, rachetée elle-même bien des décennies plus tard par The Walt Disney Company pour devenir 20th Century Studios.
Gertie le Dinosaure
Winsor McCay trace la voix à de nombreux artistes qui dans les années 20 vont créer des productions qui vont devenir célèbre auprès du public : J.R. Bray et ses Bray Studios crée notamment la série Colonel Heeza Liar, Raoul Barré se fait remarquer avec sa série Grouch Chasers, Earl Hurd propose lui la série Bobby Bumps, Pat Sullivan devient célèbre avec son fameux Félix le Chat, quant à Max Fleischer, il s'illustre avec sa série Out of the Inkwell. Durant cette décennie, les cartoons étaient certes muets mais leurs séances n'étaient pas silencieuses. La musique accompagnait en effet les diffusions grâce à un organiste qui jouait dans chaque salle de cinéma. Walt Disney demande alors à l'un de ses compositeurs maisons, Oliver Wallace, de se rajeunir et de jouer de l'orgue comme il avait l'habitude de le faire dans les salles de projection durant sa jeunesse. Il accompagne ainsi la diffusion du cartoon de Max Fleischer, The Tantalizing Fly, avec le personnage de Koko le Clown.
Walt Disney aborde ensuite ses propres prouesses dans ce médium en commençant par l'avènement du son avec le cartoon de 1928, Willie, le Bateau à Vapeur, mettant en avant son personnage de Mickey Mouse, lors de sa première apparition à avoir autant de retentissement public et critique. Dans l'extrait qu'il montre, les plus attentifs remarqueront que la bande son a été modifiée, n'étant pas celle d'origine. L'année suivante, en 1929, les studios Disney sortent le premier cartoon dédié intégralement à la musique, La Danse Macabre, et tout premier de la série des Silly Symphonies, qui est proposé ici dans son intégralité. À partir de 1937, la technique de l'animation a tellement évolué que le public est désormais capable de rester devant un long-métrage et de l'apprécier. Grâce à ce changement de mentalité des spectateurs, Walt Disney peut ainsi proposer Blanche Neige et les Sept Nains et Pinocchio. Son troisième film, Fantasia, va plus loin encore en termes d'animation en proposant une œuvre d'art en mouvement où le visuel se met au service de la musique. Pour illustrer son propos, Walt Disney décortique, avant de la diffuser, l'une des séquences du film, Le Ballet de Casse-Noisette, en expliquant notamment comment ils ont mis au point une peinture transparente afin d'être au plus près des concepts visuels des artistes. Les décors ont eu droit également à la même attention dans la qualité d'exécution.
The Story Of The Animated Drawing sera ensuite rediffusée le 25 avril 1956 puis le 25 juillet 1956. Une portion sera également proposée sous la forme d'un court-métrage éducatif en 16mm à destination des écoles en 1975 sous le titre History of Animation. Surtout, toutes les séquences de l'émission depuis la grotte de Lascaux jusqu'à la description du Zootrope seront utilisées dans le préshow de l'attraction, fermée en 2019, du Parc Walt Disney Studios à Disneyland Paris, Art of Disney Animation. Roy E. Disney y présentait alors rapidement l'art de l'animation avant de passer la parole à son oncle. C'est à ce moment là que les scènes de l'émission d'anthologie sont reprises. Elles sont montées de façon dynamique pour rendre le tout plus moderne tout en gardant le propos. Les décors sont changés tandis qu'un petit personnage animé des cavernes est ajouté, amenant un peu de fun. En plus de cette petite vidéo, la première salle de l'attraction présente aussi, à la façon d'un musée, quelques objets présentés à l'écran par Walt Disney comme le Zootrope, le Praxinoscope, le Thaumatrope ou le Phénakistiscope.
The Story Of The Animated Drawing est une émission passionnante où Walt Disney raconte les origines d'un art qui l'a rendu célèbre en étant aussi didactique que pédagogue. Un must à découvrir pour tous les fans Disney.