Rencontre avec l'Équipe d'En Avant
L'article
Chronique Disney a pu rencontrer les équipes du dernier film des studios d’animation Pixar, En Avant, lors d’une conférence de presse organisée dans un prestigieux palace parisien le 27 février 2020. Ce sont ainsi Dan Scanlon, le réalisateur, Kori Rae, la productrice ainsi que Thomas Solivérès et Pio Marmaï, les voix françaises de Ian et Barley, qui se sont présentés devant la presse.
Dan Scanlon, le réalisateur de l'opus et celui qui est la genèse du projet et de ses thématiques, explique avoir perdu son père lorsqu’il n’était encore qu’un bébé tandis que son frère, plus vieux, était lui âgé de trois ans. Ils n’ont ainsi quasiment aucun souvenir de leur paternel qui leur a beaucoup manqué au cours de leur enfance, se demandant sans cesse quel homme il était. Il devenait donc important pour lui de raconter une histoire similaire et de surtout mettre l’accent sur l’aspect personnel car ce sont ces récits qui touchent le plus le public, lui rappelant ses propres expériences de la vie.
Le thème de la mort, qui revient ici à nouveau comme ce fut le cas récemment chez Pixar avec Le Voyage d’Arlo ou Coco, est utilisé pour rappeler aux plus jeunes qu'elle fait partie de la vie : l'astuce narrative étant de leur offrir pour aborder ce douloureux sujet un cadre bienveillant, sécurisant et divertissant. La productrice nuance toutefois en précisant qu'il s'agit surtout d'aller chercher en chacun et chacune les émotions les plus profondes et permettre de répondre aux questions que tout le monde se pose sur la vie.
Le réalisateur explique ensuite avoir vraiment voulu faire paraître, dans le film, une image forte et courageuse de la mère, Laurel Lightfoot, comme l’était d’ailleurs sa propre mère en les élevant lui et son frère. Le but était ainsi de montrer l’attachement entre ces trois êtres et leur façon de faire face au monde, ensemble, même si parfois les aléas de la vie les séparent. Avec ce film, Dan Scanlon, dont la relation avec sa mère était déjà très forte, confesse avoir réussi à s’ouvrir encore plus à elle et faire tomber les dernières barrières entre eux.
Pour ce qui est du père et d’un point de vue plus technique, la productrice Kori Rae précise qu’un très gros travail a été effectué par les équipes du studio dans l’animation, et principalement ses jambes. Même si le souhait était initialement de faire de ces jambes quelque chose de grand et de fantaisiste, elle indique que le meilleur moyen de faire véhiculer de l’émotion a finalement été de proposer un rendu plus sobre et subtil, sauf peut-être dans la scène de danse où le père lâche complètement.
L'autre grand thème d'En Avant est celui des grandes aventures fantaisistes avec des images lorgnant du côté des jeux de plateaux comme Donjons et Dragons. Le réalisateur et la productrice avouent cependant aussitôt qu’ils n’étaient eux-mêmes pas forcément des adeptes de ce genre de jeux mais que cet hommage provient plutôt des artistes du studio dont certains sont effectivement de grands fans. Le binôme, qui a déjà travaillé ensemble sur le long-métrage Monstres Academy, affirme alors que contrairement à cet opus et son univers déjà défini, les limites ici étaient bien moindres tant ils ont pu explorer tous les champs du possible. Le thème de la nature, très présent également, met par exemple l’accent sur le caractère magique de chacune des espèces qui entourent l'homme y compris les moins impressionnantes comme les ratons laveurs ou les écureuils présents dans le film. La volonté est alors d’inviter les spectateurs à regarder autour d’eux et à s'émerveiller devant la nature, les animaux mais aussi leurs familles ou leurs proches.
La fin, qui est inattendue et risquée pour un film Disney, est quant à elle vraiment née, d’après le réalisateur, d’une volonté commune avec Pixar d’apporter un brin de nouveauté dans leur façon d’appréhender les aboutissants d’une histoire. Même si quelques voix divergentes du studio ont voulu à un moment donné altérer cette conclusion si particulière, Dan Scanlon affirme qu’il a pu rester sur son idée d’origine et être dès lors complètement fidèle à son propos dans l’histoire.
Thomas Solivérès et Pio Marmaï, qui sont arrivés souriants avec les peluches de leur personnage en main, sont apparus très complices. Pourtant, comme l’affirme Thomas Solivérès, ils n’ont pas eu l’occasion de se voir pendant le processus de doublage car ils ont enregistré toutes leurs parties séparément. Les deux acteurs étant des novices dans le domaine du doublage, ils ont certes trouvé l’exercice agréable et intéressant mais ils reconnaissent qu'il leur a demandé beaucoup d’énergie, de technique et d’investissement. Pio Marmaï admet même qu’il s’est senti encore plus en difficulté que pour le tournage d’un film classique et que l’exercice est bien plus compliqué que ce qu’il avait imaginé. Ils pouvaient cependant compter sur le doublage original qu’ils ont eu l’occasion d’écouter une fois et qui les a aidés notamment dans les intentions et l’énergie à donner aux personnages. L’exercice peut toutefois s'avérer compliqué, le français et l’anglais étant des langues diamétralement différentes dans leurs intonations et sonorités, il est ainsi toujours difficile pour les comédiens de garder le rythme et la poésie nécessaire. Pio Marmaï, vu récemment dans Ce Qui Nous Lie et Je Promets d’Être Sage et qui a l’habitude de jouer des personnages plutôt introvertis et en retrait, affirme d'ailleurs qu’il a pu se permettre ici des excès et libérer sa part d'hystérie, ce qu’il n’avait jamais vraiment fait dans sa carrière de comédien auparavant.
D’un point de vue émotionnel, Thomas Solivérès indique qu’il a été très touché par cette histoire fraternelle, lui qui a par ailleurs deux grands frères. Il avoue même avoir été ému aux larmes lors de l’enregistrement d’une scène en particulier et avoir dû stopper la séance quelques minutes. Cette séquence représentait, en effet, pour lui exactement l’essence même du lien entretenu avec ses frères. Pio Marmaï qui est, lui, fils unique admet alors qu’il aurait évidemment aimé entretenir une relation similaire à celle du film s’il avait eu un frère. Il se dit touché par la dimension très pudique de la relation qui unit ces deux frangins.
Les acteurs précisent toutefois qu’ils n’ont eu accès à aucune information sur le scénario avant le doublage et qu’ils découvraient même l’histoire et les dialogues au fur et à mesure de l’enregistrement. De quoi se rajouter un défi supplémentaire ; Pio Marmaï, expliquant en outre qu'il était très enthousiaste et curieux à l’idée de jouer le rôle de Barley et, au-delà, de faire partie d’une aventure Pixar. Il en profite ainsi pour rappeler la richesse du catalogue du studio et à quel point ses films l’avaient marqué. Une volonté commune de travailler ensemble existait en fait depuis toujours entre l’acteur et Disney France et ce projet représentait, aux yeux du comédien, une occasion cohérente pour initier une collaboration. Thomas Solivérès a lui carrément été demandeur auprès de Disney en apprenant via son agent que la voix française de Ian n’avait pas encore été trouvée.