Titre original :
The Beach Boys
Production :
Walt Disney Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 21 mai 2024 (Avant-Première IMAX)
Le 24 mai 2024 (Disney+)
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Frank Marshall
Thom Zimny
Musique :
Mike McCready
Durée :
113 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Véritable célébration du groupe légendaire qui a révolutionné la musique pop grâce à ses chansons iconiques, personnifiant le rêve californien et captivant les fans de toutes générations, l'histoire du groupe mythique The Beach Boys est retracée depuis ses humbles débuts jusqu’à son succès planétaire au moyen d’images inédites, de nouvelles interviews et archives de ses membres et de personnalités issues du monde de la musique...

La critique

rédigée par
Publiée le 21 juin 2024

The Beach Boys est un documentaire inédit sur l'un des groupes américains les plus emblématiques, précurseurs et influents de la pop musique du XXe siècle.

Le documentaire est réalisé par Frank Marshall et Thom Zimny.
Frank Marshall est un grand nom d’Hollywood. Ami du réalisateur Steven Spielberg et mari de Kathleen Kennedy, l’actuelle présidente de Lucasfilm Ltd., il commence sa carrière en tant que producteur sur de nombreux films populaires des années 1980 tels que Les Aventuriers de l'Arche Perdue, Gremlins, Les Goonies ou Retour Vers le Futur. En 1990, il devient à son tour réalisateur avec le premier film du label Hollywood Pictures, Arachnophobie, puis continuera à travailler pour les studios Disney avec Les Survivants (Alive) en 1993 pour Touchstone Pictures et Antartica, Prisonniers du Froid en 2006 pour Walt Disney Pictures. À partir des années 2020, il se consacre à la réalisation de documentaires musicaux, notamment The Bee Gees : How Can You Mend A Broken Heart en 2020 pour HBO Max.
Thom Zimny, quant à lui, est un réalisateur spécialisé dans les documentaires musicaux, les concerts filmés et les clips vidéo. Il a notamment proposé de nombreux travaux sur des artistes tels que Bruce Springsteen ou Elvis Presley.

Il est difficile d’apprécier ce genre de documentaire sur un groupe musical, car forcément tout dépendra du niveau de connaissances du spectateur sur le sujet. Surtout que d'autres films ont déjà abordé le thème à l'image de Love & Mercy, la Véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys, sorti en 2015. L’exercice est ainsi délicat pour les réalisateurs. Ils doivent jongler avec une approche générale afin de présenter aux néophytes la légende du groupe et l’héritage qu’il a laissé tout en allant au-delà de la surface pour montrer les zones sombres des idoles. Ils se doivent aussi d’apporter des anecdotes pour que les fans du groupe ne s’ennuient pas et apprennent des choses ou découvrent de nouvelles images. Surtout, avec une longue carrière de plus de soixante ans, difficile de tenir dans un long-métrage de 113 minutes. Des choix ont donc été faits : certains heureux, d’autres hasardeux. Ainsi, le documentaire choisit de finir sur une note positive et se concentre donc sur les treize premières années de la carrière du groupe, de ses débuts à la sortie de l'album best-of Endless Summer qui le fait rentrer définitivement dans la légende.

The Beach Boys commence donc comme une origin story et raconte la naissance du groupe. Dans la ville de Hawthorne, en Californie, au sud de Los Angeles, vivaient trois frères : l’aîné Brian Wilson, le cadet Dennis et le benjamin Carl. Leurs parents, Murry et Audree Wilson, vont alors transmettre à leurs enfants le goût de la musique. Le documentaire montre ainsi de façon fascinante que l’une des premières inspirations de Brian Wilson est sûrement le groupe The Four Freshmen dont il dissèque les harmonies qu’il essaye de reproduire au piano avant de s’en inspirer pour ses propres compositions. En 1961, les trois frères s’associent avec leur cousin Mike Love et un ami Al Jardine pour former un groupe. Brian Wilson écrit sa première chanson, Surfin', qu’il présente à leurs parents qui adorent. Ceux-ci l’encouragent à chercher et trouver un professionnel pour enregistrer le titre, ce qu'ils font avec l'aide de Murry Wilson. Le groupe se nomme alors The Pendletones mais le studio préfère quelque chose de plus accrocheur et surtout de plus simple : ils optent donc pour The Beach Boys. Les jeunes garçons n'en sont pas fans, surtout qu’à part Dennis, aucun n’est surfeur ou n’aime particulièrement la plage. Il n'empêche : le nom est resté et la légende peut commencer. Le documentaire va ensuite présenter les autres membres qui vont intégrer le groupe de façon plus ou moins éphémères : David Marks, Glen Campbell, Blondie Chaplin et Ricky Fataar et bien sûr présenter Bruce Johnston qui devient un membre important en 1965 afin de remplacer Brian Wilson sur les concerts, ce dernier ne voulant plus partir en tournée.

Naturellement, The Beach Boys explore longuement la carrière musicale du groupe en illustrant les images avec ses chansons iconiques telles que Surfin' Safari, Surfin' U.S.A., California GirlsSloop John B, Wouldn't It Be Nice ou Good Vibrations. Leur intégration permet de souligner leur évolution musicale et tout autant leur impact culturel. Il est ainsi impressionnant de se rendre compte que la vision actuelle que le grand public a de la Californie, l'État du soleil, du surf, des superbes plages et des belles voitures, vient des premières chansons des Beach Boys. Ce sont eux qui ont changé la vision d’un État vieillissant, synonyme d’anciens chercheurs d’or venus lors de la conquête de l’Ouest en celui d’un État à la jeunesse insouciante, adepte de surf et composé de charmants jeunes hommes, souvent blonds et bronzés, et de belles jeunes filles en bikini. Pour le monde entier, ils ont été les ambassadeurs du rêve californien. Mais le groupe est bien plus que ce que le public d’alors pensait, et il faudra de nombreuses années en dehors des professionnels pour se rendre compte de son apport considérable à la pop musique, grâce notamment au génie de Brian Wilson. Le documentaire revient notamment sur la conception de l’album Pet Sounds, encore considéré aujourd’hui comme l'un des plus beaux jamais sortis, en particulier dans la complexité de ses harmoniques, le choix des instruments ou le ciselage des paroles. John Lennon et Paul McCartney des Beatles, le fameux groupe anglais qui était souvent mis en concurrence avec le groupe américain, ont été subjugués et influencés par la beauté de cet album des Beach Boys qu’ils ont pu écouter plusieurs fois avant sa sortie. Paul McCartney a même avoué que le titre God Only Knows était sa chanson préférée. L’émulation entre les deux groupes a en tout cas permis aux Beatles de sortir suite à cela le tout aussi culte Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.

Le film ne fait pas l’impasse sur les zones d’ombres du groupe, même si en fonction des sujets, il est plus ou moins prolixe. Il revient notamment sur les problèmes psychologiques de Brian Wilson qui était très instable à cause d’une schizophrénie qui sera découverte sur le tard. Casanier, il détestait par-dessus tout les tournées, au point qu’il fait une crise de nerf lors d’un trajet en avion l'amenant à abandonner les concerts pour se consacrer à l’écriture, la composition et la production des futurs albums. Il s’investit totalement dans la création, son génie en pleine effervescence, mais l’échec commercial de Pet Sounds, trop éloigné de ce que le public attendait alors des Beach Boys, le marque profondément. Il se lance ensuite dans la conception d’un nouvel album, Smile, encore plus ambitieux, mais il n’a jamais l’énergie physique et psychique pour le terminer. Cela a été le début de la descente aux enfers du groupe. Le documentaire parle également des relations difficiles avec le père des trois frères, Murry Wilson, qui était un tyran psychologique tout en battant ses enfants. Pire, alors que Brian le vire rapidement du poste de manager, le père continue à être producteur du groupe mais aussi propriétaire du catalogue. En 1969, contre l’avis du groupe, alors qu'il est dans une mauvaise passe, il vend ainsi totalement les droits des anciennes chansons pour seulement 700 000 dollars, spoliant tous les membres du groupe, sachant que les royalties vont ensuite rapporter plus de dix fois le prix de vente. Le film revient également sur la relation entre Dennis Wilson et Charles Manson, le gourou criminel à l’origine de nombreux meurtres. Le cadet va le présenter naïvement au reste du groupe, peu de temps avant qu’il commette ses atrocités. Les Beach Boys deviendront pendant quelques temps des parias à cause de cette relation improbable, plongeant Dennis dans la culpabilité.

The Beach Boys n’est néanmoins pas parfait. Déjà, avant même de sortir, il est accompagné d’une mauvaise réputation. Supervisé par Mike Love qui a eu de nombreux déboires judiciaires avec Brian Wilson sur la co-paternité des chansons, les fans craignent en effet qu’il tire la couverture à lui, ce qu’il fait d'ailleurs au détour d’une interview où il proclame avoir été le sauveur du groupe. Néanmoins, le spectateur ressent aussi de sa part une envie de tirer un trait sur le passé et de se réconcilier avec Brian Wilson. La belle scène de fin où les survivants se retrouvent à prendre un verre sur la plage est émouvante à souhait. En revanche, les autres intervenants ne sont pas fatalement tous convaincants. Josh Kun, un auteur, universitaire et critique musical américain, est lui sûrement le plus nuancé et apporte beaucoup d'éclairages sur la carrière du groupe. Seront également appréciées les interventions du producteur musical Don Was et de l'un des chanteurs de Fleetwood Mac, Lindsey Buckingham, qui permettent de mettre en perspective l'apport des Beach Boys à la musique du XXe siècle. La chanteuse Janelle Monáe et le membre du groupe OneRepublic, Ryan Tedder, sont a contrario un peu hors de propos en amenant juste des souvenirs personnels lors de la découverte des chansons du groupe et en parlant de la façon dont elles les ont inspirés dans leur propre composition.

Le documentaire est riche en enregistrements rares comme leur participation à certaines émissions télévisées et images inédites ou des directs de leurs concerts, ce qui lui confère une authenticité et une profondeur inestimables. Les interviews des membres du groupe, des proches comme la première femme de Brian, Marilyn Wilson-Rutherford, et certains collaborateurs à l'image du célèbre « Wrecking Crew », un groupe informel de musiciens de studio de haut niveau basé à Los Angeles, apportent des perspectives variées et souvent intimes, permettant de mieux comprendre les relations internes et les luttes personnelles qui ont marqué l'histoire des Beach Boys. Le film pèche en revanche sur sa fin qui semble précipitée. Après l'échec de concrétisation de Smile, le documentaire va passer trop rapidement sur les albums suivants tels Smiley Smile, Sunflower, Surf's Up ou Holland. Et il décide de s'arrêter sur un note positive et le succès du best-of Endless Summer qui les remet sur le devant de la scène. Le documentaire ne parle ainsi pas des cinquante années qui marquent le reste de leur carrière, faites plus souvent de bas que de hauts. La seule fulgurance a lieu pour le groupe en 1988 lorsque les Beach Boys retrouvent la première place des charts avec Kokomo, de la bande originale du film Cocktail du label Touchstone, avec Tom Cruise en tête d'affiche. Cette chanson sert d'ailleurs ici de générique de fin.

The Beach Boys sort directement sur Disney+ le 24 mai 2024 après une avant-première dans quelques salles IMAX aux États-Unis le 21 mai. Le plus étonnant ici est peut-être qu’il soit attaché au label Walt Disney Pictures, en en faisant le premier film à aborder frontalement certaines thématiques aussi adultes et sérieuses que la drogue, les sectes ou la dépression. Le choix de le sortir avec le label Disney vient sûrement de l’aura légendaire associée au groupe. Il faut dire que les Beach Boys resteront à jamais dans l’esprit du grand public comme ces jeunes garçons propres sur eux qui ont donné à la Californie l’image de cet État idyllique où les jeunes partagent leur temps entre le surf et les belles automobiles. Et les fans Disney, quant à eux, se souviendront à jamais de les avoir vus accompagner la belle Annette Funicello dans la chanson titre The Monkey's Uncle composée par les talentueux Robert B. Sherman et Richard M. Sherman dans le film Disney de 1965, Un Neveu Studieux.

The Beach Boys est un documentaire riche et détaillé qui réussit à capturer l'essence d'un groupe emblématique tout en offrant une réflexion profonde sur son impact musical et culturel. Néophytes ou connaisseurs sont assurés de ressentir de « Good Vibrations »...

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