Chair de Poule
Saison 1
Titre original : Goosebumps Production : Sony Pictures Television Original Film Stoller Global Solutions Scholastic Corporation Date de mise en ligne USA : 13 octobre 2023 - 17 novembre 2023 (Disney+) Distribution : Disney Branded Television Genre : Fantastique |
Création : Rob Letterman Nicholas Stoller Musique : The Newton Brothers Durée : 414 minutes |
Chair de Poule - Autre(s) saison(s) : Saison 01 |
Liste et résumés des épisodes
1. Say Cheese and Die!
Dites "Cheese"
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 1 Date de diffusion USA : 13 octobre 2023Réalisé par : Rob Letterman Durée : 48 minutes Isaiah essaie d'empêcher les prédictions d'un étrange appareil photo de se réaliser... |
2. The Haunted Mask
Le Masque Hanté
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 2 Date de diffusion USA : 13 octobre 2023Réalisé par : Erin O'Malley Durée : 45 minutes Un masque offre à Isabella le courage de dire ce qu'elle pense vraiment et prend le dessus sur elle... |
3. The Cuckoo Clock of Doom
Le Coucou de l'Enfer
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 3 Date de diffusion USA : 13 octobre 2023Réalisé par : Erin O'Malley Durée : 39 minutes James se cogne contre une horloge et se retrouve coincé dans une boucle temporelle... |
4. Go Eat Worms
Bon Appétit
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 4 Date de diffusion USA : 13 octobre 2023Réalisé par : Steve Boyum Durée : 44 minutes Lucas découvre qu'il devient insensible à la douleur après avoir avalé un ver de terre... |
5. Reader Beware
Lecteur, Méfie-toi
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 5 Date de diffusion USA : 13 octobre 2023Réalisé par : Steve Boyum Durée : 37 minutes Margot découvre un secret sur la maison des Biddle grâce à un album souvenir... |
6. Night of the Living Dummy
La Nuit du Pantin-Vivant
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 6 Date de diffusion USA : 20 octobre 2023Réalisé par : Félix Enríquez Alcalá Durée : 41 minutes Une ancienne histoire éclaire d'un jour nouveau la situation délicate des jeunes de Port Lawrence... |
7. Give Yourself Goosebumps
À S'En Donner la Chair de Poule
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 7 Date de diffusion USA : 27 octobre 2023Réalisé par : Félix Enríquez Alcalá Durée : 38 minutes Piégés dans une réalité parallèle, les héros cherchent à revenir dans le monde réel... |
8. You Can't Scare Me
N'Aie pas Peur Nora
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 8 Date de diffusion USA : 3 novembre 2023Réalisé par : David Grossman Durée : 38 minutes Le groupe suit Nora dans son chalet isolé pour la sauver d'un esprit vengeur... |
9. Night of the Living Dummy : Part 2
La Nuit de la Résurrection
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 9 Date de diffusion USA : 10 novembre 2023Réalisé par : Erin O'Malley Durée : 41 minutes Alors que M. Bratt cherche la fin parfaite à son livre, les adolescents partent en voyage à Seattle... |
10. Welcome to Horrorland
Bienvenue au Pays des Horreurs
Genre : Épisode
Série : Chair de Poule
Saison 1 Épisode 10 Date de diffusion USA : 17 novembre 2023Réalisé par : David Grossman Durée : 43 minutes Les héros rentrent chez eux et découvrent que Port Lawrence est en danger... |
La critique
Qui pourrait croire qu’une horloge, un jouet, un masque ou un simple jeu de cartes fassent peur ? Lancée en juillet 1992 aux États-Unis, la collection de livres Chair de Poule a fait frissonner les jeunes lecteurs avides de sensations fortes et passionnés d’histoires effrayantes. Créée par l’auteur Robert Lawrence Stine, la série de romans Chair de Poule, qui ont pour héros de jeunes adolescents embarqués malgré eux dans des aventures terrifiantes peuplées de créatures maléfiques, d’objets maudits ou de lieux hantés non sans une petite touche d’humour noir, est reconnue comme étant l'un des plus grands succès de la littérature jeunesse en France et dans le monde entier. Considérée comme un OVNI dans le milieu de l'écriture à destination des enfants, où chaque histoire reprend les thèmes chers à l’horreur et au fantastique, la collection a connu diverses transpositions et adaptations, que ce soit au cinéma avec Chair de Poule, le Film (2015) et sa suite, Chair de Poule 2 : Les Fantômes d’Halloween (2018), ou à la télévision, notamment la série anthologique Goosebumps - Chair de Poule diffusée entre 1995 et 1998, et une autre série éponyme, plus feuilletonnante, diffusée en 2023 sur Hulu aux États-Unis et Disney+ à l’international.
Chair de Poule est avant tout l'œuvre de Robert Lawrence Stine, nommé R. L. Stine, né le 8 octobre 1943 à Colombus, dans l'Ohio. Issu d’une famille modeste et amateur de bandes dessinées, il trouve à l’âge de neuf ans une vieille machine à écrire dans le grenier de ses parents. Le jeune garçon prend alors plaisir à écrire des histoires drôles sur son nouveau jouet, une passion qu’il développera avec les années puisqu’il devient rédacteur pour le Sundial, magazine humoristique de l’Université de l’Ohio, au cours de ses études. Une fois diplômé, il s’installe à New York en 1967 et écrit plusieurs livres humoristiques à destination des enfants tout en étant rédacteur en chef d’un magazine pour jeune public, édité par Scholastic Corporation, pendant dix ans.
Sous l’impulsion de son épouse, il décide d’élargir son audience et d’écrire des livres d’horreur, toujours pour les enfants. En 1986, sort sa première histoire horrifiante pour adolescents, Blind Date, qui sera suivie d’autres succès en librairie dont Beach House, The Babysitter et Hit and Run. Il crée ensuite la série Fear Street, une collection de romans d’horreur ayant pour point commun une ville fictive marquée par des phénomènes paranormaux. Suite à l’accueil plutôt favorable de ses histoires d’horreur, Stine et sa maison d’édition lancent en juillet 1992 une nouvelle série de romans du même genre intitulée Chair de Poule (Goosebumps en version originale).
Mélangeant l’humour noir, l’absurde et le suspense, les livres de cette nouvelle collection, généralement d’une centaine de pages, mettent en scène de jeunes adolescents confrontés à d’étranges phénomènes et vivant des aventures où l’amitié, le courage et la détermination côtoient les émotions les plus intenses comme la peur et l’adrénaline. Tous les thèmes propres au fantastique y sont exploités, allant de la créature surnaturelle (fantômes, sorcières, loups-garous, momies, vampires) à l’objet maudit (pantin, poupée, livre, miroir, appareil photo, épouvantail), en passant par des lieux hantés (maison, manoir, cimetière, parc d’attraction) ou autres peurs irrationnelles (espaces clos, insectes ou autres animaux, clowns). Avec Chair de Poule, Stine entend faire frissonner son lectorat avec modération en apportant quelques touches d’humour et prôner le dépassement de soi. Dosant les codes de l’horreur et de la comédie, les livres sont l’occasion pour leur public de prendre plaisir à avoir peur tout en s’amusant et d’apprendre à maîtriser ses craintes et à en parler. Le succès est à nouveau au rendez-vous outre-Atlantique, au point que l’auteur rédige, à son meilleur, près d’un roman par mois tant le jeune public américain est friand de ce genre d’histoires. Le phénomène prend une ampleur sans précédent et les livres de la collection s’exportent à l’international, avec près de 400 millions d’exemplaires vendus dans le monde, traduits dans des dizaines de langues et plus de quatre-vingts livres. En France, la collection débarque dans les librairies jeunesse en mars 1995 grâce à la maison d’édition Bayard et connaît le même engouement.
Rapidement, la popularité des livres Chair de Poule s’étend à d’autres supports comme les jeux vidéo, bandes dessinées, jeux de société et autres produits dérivés, ainsi que sur scène dans des comédies musicales et pièces de théâtre.
Mais c’est surtout l’adaptation des romans à la télévision qui a marqué les esprits, avec tout d’abord une série éponyme, diffusée entre 1995 et 1998 sur YTV au Canada et sur Fox Kids aux États-Unis. Adaptant une partie des écrits de Stine en épisodes d’une vingtaine de minutes et à raison d’un roman de la collection par épisode (ou en deux parties), la série présente de nombreux points communs avec d’autres programmes anthologiques cultes tels La Quatrième Dimension et Les Contes de la Crypte. Exportée dans plusieurs pays, notamment en Europe, cette première série Chair de Poule, au générique devenu culte, connaît quatre saisons et se voit rediffusée à de multiples reprises les années suivantes. Au même titre que les romans, les cassettes VHS compilant certains épisodes de la série, distribuées par la branche 20th Century Fox Home Entertainment, feront partie des vidéos pour enfants les plus vendues de la fin des années 1990.
Enfin, la collection s’exporte sur grand écran avec une adaptation au cinéma, sobrement intitulée Chair de poule, sortie le 16 octobre 2015 aux États-Unis et réalisée par Rob Letterman. Le film met en vedette l’acteur Jack Black en tant que version fictive de R. L. Stine, dont les personnages effrayants sont gardés enfermés dans les livres qu’il a écrit. À la suite d’un malencontreux accident, ces personnages sont libérés de leurs prisons et sèment le chaos dans la ville voisine. L’auteur, aidé de sa fille et des amis de cette dernière, tente alors de ramener ces créatures d’où elles viennent. Une suite, Chair de poule 2 : Les Fantômes d’Halloween, voit le jour le 12 octobre 2018, réalisée par Ari Sandel. Doté d’un casting différent et mettant en scène de nouveaux personnages, ce second volet reçoit des critiques plus mitigées et ne connaît pas le même succès que son aîné.
C’est en 2020, pendant la pandémie de COVID-19, que les détenteurs des droits de la collection, Scholastic Entertainment, et des films, Sony Pictures Television, ont l’idée de produire une nouvelle série basée sur les romans. Pour cela, ils contactent le réalisateur Rob Letterman qui, enthousiasmé à l'idée de travailler sur une série télévisée, accepte et contacte son collaborateur de longue date, Nicholas Stoller, pour développer la série avec lui. Ce dernier saute sur l’occasion en raison de sa relation avec Letterman et de son intérêt pour le développement de matériel orienté vers l'horreur. Le 28 avril 2020, il est officiellement annoncé qu'une série télévisée en prise de vues réelles, adaptée de la franchise, est en préparation par Scholastic Entertainment, Sony Pictures Television et la société de production de Neal H. Moritz, Original Film, qui a produit à la fois le film de 2015 et sa suite. En mars 2021, R. L. Stine déclare que la série a trouvé un producteur et un réalisateur. Le 4 février 2022, la plateforme Disney+, qui avait déjà adapté la série de livres De L’Autre Côté créée par R. L. Stine en 2021, fait l’acquisition de la série et passe une commande de dix épisodes pour la première saison. Rob Letterman est, quant à lui, engagé pour diriger le pilote, ainsi que pour écrire et produire la série avec Nicholas Stoller. Pour l’anecdote, la série est partiellement produite via des réunions Zoom en raison du confinement.
Les livres Chair de Poule et la franchise médiatique qui les a suivis sont devenus un phénomène auprès des amateurs de sensations fortes, au point que même ceux qui évitent l’horreur à tout prix ont fini par apprécier ces petites histoires inspirées de peurs enfantines. Nettement plus sombre et dramatique, cette nouvelle version de Chair de Poule est une très bonne surprise et donne un petit coup de jeune à l'ensemble, afin de convenir autant aux fans de la première heure qu’à la nouvelle génération, en réunissant plusieurs des classiques de la collection, qui se trouvent ici mêlés à une intrigue commune. Contrairement à la série originale des années 1990, cette adaptation télévisée des romans est plus feuilletonnante, chaque épisode se connectant avec les autres pour raconter une histoire complète au lieu de suivre la voie des séries anthologiques.
Pour cette première saison de ce reboot de Chair de Poule en série télévisée, les scénaristes décident d’adapter les romans Dangereuses Photos, La Nuit des Pantins, Le Masque Hanté, L’Horloge Maudite, Les Vers Contre-Attaquent, Le Jumeau Maléfique et Le Parc de l’Horreur. Bien que la saga Chair de Poule ait eu ses moments les plus sombres et effrayants, surtout dans les livres, la série télévisée originelle avait atténué leur côté horrifique et misé beaucoup plus sur l’humour noir quitte à minimiser la violence et la surprise pour ne pas choquer son audience, principalement des enfants et des préadolescents. Cette deuxième adaptation, en revanche, se veut beaucoup plus étrange et intense, le ton étant plus grave et ancré dans le réel. Chair de Poule version 2023 abandonne ainsi la comédie burlesque et l’absurde en faveur du mystère, du drame et du suspense.
L’intrigue débute en 1993, dans la petite ville portuaire de Port Lawrence, le soir de la mort de Harold Biddle, un lycéen solitaire et considéré comme dérangé par ses camarades, dans l’incendie de sa maison. Avant de périr, cependant, Harold a conservé une collection d’objets maudits. Trente ans plus tard, Nathan Bratt hérite de la demeure et vient s’installer en ville où il a trouvé un emploi de professeur de littérature au lycée de Port Lawrence. C’est précisément le jour de son arrivée que les élèves, ignorant que la maison est désormais habitée, décident d’investir les lieux pour organiser une fête d’Halloween. Ce soir-là, cinq lycéens, Isaiah, Isabella, James, Lucas et Margot sont attirés par d’étranges objets et vont accidentellement libérer une malédiction sur leur petite ville. Ensemble, ils devront tenter de sauver Port Lawrence, lieu désormais de manifestations de phénomènes étranges et inexplicables, et vont peu à peu découvrir que leurs parents sont probablement liés à la disparition d’un de leurs camarades quelques années auparavant. Pendant ce temps, l’esprit vengeur d’Harold Biddle tente d’entrer dans le monde réel et de retrouver les personnes responsables de sa mort.
Chacun des cinq premiers épisodes met donc en lumière l'un des personnages principaux et leurs premiers contacts avec les artefacts laissés par Biddle, tirés des romans de la collection. Les scénarios empruntent certes leur structure sur les œuvres originales, mais ne se contentent pas d’en reproduire le contenu. Le point de départ est cette fameuse soirée d’Halloween, dans cette demeure au passé douloureux que les personnages pensaient inoffensive, qui sera le déclencheur d’événements troublants. Pour commencer, Isaiah, la star du lycée, tombe sur un vieil appareil photo dont les clichés prédisent des drames et fait tout son possible pour empêcher qu’ils ne se produisent, tandis qu’Isabella, une élève qui utilise un faux compte sur les réseaux pour critiquer ses camarades et obtenir de l’attention, découvre un masque qui va lui donner confiance en elle lors de la fête, mais aussi prendre possession de son corps. Le même soir, James, un ado queer, heurte par accident une horloge et se retrouve coincé dans une boucle temporelle, condamné à revivre les mêmes dernières heures, ce qui crée une multitude de doubles maléfiques cherchant à prendre sa place. Enfin, Lucas, un adolescent casse-cou, trouve un bocal rempli de vers de terre qu’il rapporte chez lui. Il découvre vite qu’ils appartiennent à une espèce particulière et rendent invincible celui qui les ingère.
Chaque épisode se présente comme une nouvelle pièce d’un puzzle qui, une fois assemblé, dévoile peu à peu les enjeux du scénario. Rapidement, il devient clair que tous les maléfices et mauvais sorts subis par les personnages sont liés à la maison désormais habitée par le nouveau professeur, qui va lui aussi se retrouver embarqué dans cette aventure rocambolesque et perdre le contrôle de son propre corps. Par la suite, l’intrigue alterne entre présent et passé pour faire la lumière sur les origines de la malédiction et fait intervenir non seulement le fantôme de Biddle, mais aussi et surtout le pantin diabolique Slappy, personnage indissociable de la franchise, dont l’apparition, assez tardive dans la saison, va ravir les fans des romans. Le mystère prend alors de l’épaisseur et bien qu’il s’agisse d’une production Disney, Chair de Poule n’a pas peur de délivrer de véritables moments de frayeur tout en parsemant ses épisodes de problèmes universels de tous les adolescents de la nouvelle génération. Les situations d’horreur sont indiscutablement effrayantes, en particulier pour les téléspectateurs plus jeunes et/ou sensibles. Bien qu’il soit exagéré de qualifier la série de terrifiante, il ne s’agit certainement pas d’une version aseptisée de l’œuvre de Stine. Avec tous les éléments posés par le scénario, inventif et malin, Rob Letterman et Nicholas Stoller parviennent à marcher sur les pas des romans, trouvent le juste milieu entre le ludique et l’effrayant et livrent une série moderne où le public peut facilement s’identifier à un personnage ou plusieurs d’entre eux.
Bien que les aventures soient amusantes au fil des premiers épisodes et s’imbriquent de manière cohérente au fur et à mesure que la série avance, elles ne font pas toujours progresser l’intrigue globale. Certains pourraient également reprocher que ces nouvelles interprétations des classiques de la franchise soient trop éloignées de la version d’origine. Ainsi, la vraie force de la série est son casting, chaque acteur jouant son rôle avec beaucoup de charisme au service d’un jeu de piste macabre et lugubre. L’acteur Zack Morris (les séries britanniques The Fades, One Night et EastEnders) est Isaiah, le quaterback du lycée promis à un brillant avenir de sportif et meilleur ami de sa voisine de toujours Margot, incarnée par Isa Briones, actrice (les films Takers et Lonely Boy, la série Star Trek : Picard) et comédienne sur les planches, ayant reçu un prix Ovation en 2018 pour son rôle dans la comédie musicale Next to Normal. Le groupe est complété par Miles McKenna, acteur et vidéaste américain (la série Guilty Party, le film All Night pour Prime Video) dans le rôle du comique James, qui a entre autres la particularité d’être ouvertement queer dans une petite ville fermée d’esprit, mais aussi Ana Yi Puig (les films Senior Year, Swiped et Jade Armor) dans celui d’Isabella, une adolescente endurcie, négligée par sa mère et socialement isolée, sans oublier Will Price, apparu dans des séries télévisées (The Endgame, Mosquito Coast, The Equalizer) dans celui de Lucas, un jeune homme passionné de sports extrêmes et marqué par le décès soudain de son père.
Du côté du casting adulte, parmi les plus importants, Justin Long, acteur, réalisateur et scénariste habitué du genre comique (Galaxy Quest, Même Pas Mal ! (Dodgeball), La Coccinelle Revient) et horrifique (Jeepers Creepers, Jusqu’en Enfer, Tusk, Barbare) se distingue dans le rôle de Nathan Bratt, le nouveau professeur d’anglais et héritier de l’ancienne maison Biddle, qui se retrouve malgré lui possédé par un esprit maléfique. Son personnage de professeur de lycée socialement maladroit devient rapidement intéressant, tant il semble évident dès le premier épisode qu’il n’est pas si innocent qu’il en a l’air, l’acteur parvenant à apporter de l’humour à un héros qui sait aussi se montrer inquiétant quand l’occasion se présente. L’actrice Rachael Harris, connue pour ses nombreux rôles à la télévision (notamment celui du docteur Linda Martin dans Lucifer et de Sheila Sazs dans Suits : Avocats sur Mesure) et dans des films comiques (la franchise Journal d’Un Dégonflé, La Nuit au Musée : Le Secret des Pharaons, La Mère de la Mariée), joue Nora, la mère de Lucas, qui tient le rôle le plus important parmi les parents des héros en raison de sa propre connaissance du passé d’Harold Biddle.
Enfin, Rob Huebel (les films The Descendants, Very Bad Cops, I Love You, Man) est Colin, le père de Margot, qui cache à sa fille sa relation avec une autre femme, et Leonard Roberts (les séries Buffy Contre les Vampires, Heroes, The Client List) est Ben, le mère d’Isaiah, qui fonde beaucoup d’espoir sur son fils. Composée d’acteurs talentueux et complices, la distribution offre ainsi une palette de personnages intéressants et aux caractères variés, réagissant tous différemment aux événements et permettant d'apprécier la série sous divers angles.
Chair de Poule n’oublie cependant pas d’être comique, proposant à certains moments une ambiance plus enfantine, proche de son aînée de 1995, grâce à son jeune casting qui sait parfaitement alterner entre humour et moments graves, des dialogues bien écrits et cinglants et certaines références assez drôles à la culture populaire. La série n’est ainsi pas avare en clins d'œil à la société contemporaine pour bien ancrer son récit, et par extension la franchise tout entière, dans le contexte actuel et donner une seconde jeunesse à un univers créé il y a déjà une trentaine d’années. Mais alors que la légèreté et les quelques instants de complicité entre les jeunes héros sont palpables et toujours bienvenus, ces soulagements sont régulièrement entrecoupés de sursauts et d’angoisse, sans porter atteinte à la volonté des scénaristes de faire peur de manière récréative et divertissante. Outre son ton sombre et inquiétant, la série parvient à atténuer son aspect plutôt anxiogène par quelques touches d’humour et, en parallèle, traite avec justesse toutes les facettes du passage à l’âge adulte et les problèmes rencontrés dans les relations entre parents et adolescents. Chair de Poule sait aussi se montrer touchante lorsqu’elle aborde des sujets très peu approfondis dans les livres et les adaptations suivantes, comme le deuil avec le personnage de Lucas, la pression subie par les enfants lorsque leurs parents fondent tous leurs espoirs sur eux avec Isaiah, la rupture du lien mère-fille avec Margot, ou le désir d’être accepté par les siens malgré ses différences avec James.
L’acteur Justin Long, aide à entretenir le mystère à travers son personnage de M. Bratt, qui devient rapidement victime des forces surnaturelles en jeu. Long est parfaitement effrayant dans ce rôle, en particulier dans une scène avec la mère de Lucas. Sa performance à elle seule suffit parfois à sauver certains épisodes peu entraînants, alors que le nouveau public a de quoi être charmé par le jeune casting qui, lui non plus, ne démérite pas. Les adolescents comprennent rapidement que leurs mésaventures sont toutes liées à Biddle d’une manière ou d’une autre, et la vitesse à laquelle ils tirent des conclusions peut en faire sourciller. Tous les personnages ne sont pas explorés de la même manière, mais le groupe dans son ensemble est attachant. Chacun des jeunes interprètes réussit à faire ressortir l’angoisse typique des adolescents et à partager l’horreur ressentie face à des situations aussi cauchemardesques, au point qu’il est difficile d’en choisir un seul qui se démarque des autres. En parallèle, la réalisation est plutôt convaincante et les paysages aussi beaux que malaisants : l’image est ainsi baignée de couleurs bleues et grises, l’action se situant essentiellement dans des lieux emprunts d’obscurité (bateaux rouillés et en décomposition, usines de traitement, rivages rocheux) ou hantés et liés à lourds de secrets, notamment le lycée et la maison de Harold Biddle.
Les vraies réponses concernant Biddle n’arrivent pas avant le milieu de la saison. Dès lors, les révélations ont lieu au cours d’une deuxième moitié de saison très intéressante. Alors que les cinq premiers épisodes voient les héros tenter de comprendre ce qui leur arrive, la suite de la saison étoffe la malédiction qui plane sur eux, le secret qui les lie et la vengeance du fantôme de Biddle. La série commence à creuser l’histoire autour des objets hantés issus des romans et il semble que la magie noire derrière tous ces artefacts proviennent du personnage le plus célèbre de la franchise littéraire, également présent dans les adaptations qui ont suivi : le pantin Slappy. Conçu dans un style qui rappelle la couverture du livre dans lequel il intervient, le design de la marionnette arbore un aspect plutôt menaçant qui le fait apparaître plus dangereux que jamais. Dynamique et agressif, il s’agit de la version la plus sinistre du personnage, là où les films insistaient plus sur son humour méchant et caustique, pendant que la première série s’attardait plus sur ses méfaits que son côté hostile. S’il intervient hélas bien trop tard dans la saison, ses effets spéciaux sont très réussis, le rendant encore plus réel et donc malaisant qu’il ne semble. Cruel et manipulateur, il est responsable du virage tortueux de Harold Biddle, dévoué corps et âme à réaliser les mystérieux souhaits de la marionnette, et de sa descente aux enfers. Alors que le jeune acteur Ben Cockell incarne l’introverti et excentrique Biddle, sa cruauté et son désir de vengeance sont incarnés par Justin Long, dont le personnage est possédé par l’esprit du jeune homme et dont la prestation toujours aussi halluciné divertit autant qu’elle peut agacer les spectateurs les moins indulgents.
L’intrigue s’accélère donc et semble trouver une forme de conclusion à la fin du huitième épisode, qui met un terme au traumatisme vécu par les différents personnages au cours d’une scène culminante, réunissant passé et présent et créant l’illusion que l’histoire est terminée. Mais ce n’est qu’un leurre, l’épisode suivant rappelant au téléspectateur, au détour d’un dialogue, que chaque bonne histoire a un début, un milieu et un rebondissement. Les nombreuses questions laissées en suspens sur la véritable origine du mal et les plans de Slappy sont loin d’être résolus et la dernière ligne droite se donne pour mission d’y répondre. Tandis que les héros tentent d’aller de l’avant et d’oublier les récents événements, ils réalisent rapidement que la marionnette n’était qu’un réceptacle de quelque chose de bien plus dangereux et meurtrier. La série s’inspire à ce moment des romans ultérieurs à Chair de Poule, notamment Slappy Beware ! paru en 2022 et Slappyword : Slappy’s Evil Twin. La première saison s’achève par un épisode où l’action a lieu au sein d’un cirque itinérant, terrain fertile pour le macabre et l’étrange, où le véritable antagoniste avait autrefois tendance à se cacher. C’est également au cours de ce final que l’origine de son pouvoir et ses intentions sont révélées et que les enjeux émotionnels sont les plus intenses, les personnages étant désormais le seul rempart contre la destruction de leur ville et la disparition de ses habitants. Avec des effets visuels surprenants et l’adrénaline que procurent les deux derniers épisodes, la saison se conclut avec la même fougue que lorsqu’elle a démarré, malgré un déséquilibre au niveau des sous-intrigues et une désagréable impression que les scénaristes étaient pressés de boucler la saison rapidement.
La première saison de Chair de Poule sort le 13 octobre 2023 sur la plateforme Hulu aux États-Unis et sur Disney+ à l’international avec ses cinq premiers épisodes disponibles, l’autre moitié de la saison étant ensuite mise en ligne de manière hebdomadaire jusqu’au 17 novembre 2023, date de diffusion du dernier épisode. Les deux premiers épisodes sont en outre diffusés à la télévision sur la chaîne Freeform le jour de sa mise en ligne dans le monde, dans le cadre d’un bloc de programme intitulé « 31 Nights of Halloween », la chaîne annonçant par ailleurs la diffusion de l’intégralité de la première saison sur son antenne à compter du 25 octobre 2024. Côté audience, selon l’agrégateur de streaming JustWatch, Chair de Poule est la septième série télévisée la plus regardée sur toutes les plateformes aux États-Unis la semaine du 9 au 15 octobre 2023 et la troisième au cours de la semaine du 16 au 22 octobre 2023. Les semaines des 22 et 29 octobre 2023, elle pointe respectivement aux huitième et septième places, une performance respectable pour une série dont la thématique et le genre sont propices à la période d’Halloween.
Enfin, la série reçoit des critiques majoritairement positives de la part du public et des spécialistes, qui la trouvent « assez méchamment inventive pour donner aux téléspectateurs des frissons, sinon des cauchemars ». Ils considèrent qu’elle adapte solidement les histoires effrayantes de R. L. Stine dans un format sérialisé et qu’elle transcende le matériel de base tout en ayant malgré tout une identité propre et se suffisant à elle-même. De même, les effets spéciaux, l’écriture des personnages, le ton sérieux et sombre de la série, ainsi que la performance des jeunes acteurs et les nombreuses révélations sont appréciés et font partie des points positifs soulevés par les critiques. En parallèle, Chair de Poule reçoit quelques nominations pour des récompenses à l’occasion de certaines cérémonies, notamment le prix de meilleur maquillage dans une émission télévisée pour enfants et adolescents aux Hollywood Makeup Artist and Hair Stylist Awards, celui de l’émission télévisée familiale préférée et de la star masculine dans une émission télévisée familiale (pour Justin Long) aux Nickelodeon Kids Choice, celui de meilleur programme pour enfants remis par la Producers Guild of America ou encore celui de meilleur programme pour enfants (série télévisée, long-métrage ou épisode spécial) remis par la Writers Guild of America.
Suite aux retours globalement positifs et aux performances plutôt satisfaisantes de la série en termes de visionnage, Disney+ annonce le renouvellement de Chair de Poule pour une deuxième saison en février 2024. Une bonne nouvelle qui s’accompagne toutefois d’un rebondissement, puisque la plateforme déclare également que la prochaine saison aura un casting et une intrigue différents. Une décision assez regrettable dans un sens, la première salve d’épisodes laissant certaines sous-intrigues et le destin de quelques personnages en suspens, tout en s’achevant sur un petit cliffhanger, mais logique car dans l’esprit des romans qui se concluent généralement sur des fins ouvertes.
Mélange parfait d’humour, d’horreur et d’émotions fortes, la première saison de Chair de Poule est une belle adaptation des romans de R. L. Stine et une transposition fidèle et inédite de l’univers créé par l’auteur. Dotée d’intrigues bien ficelées, de personnages satisfaisants, d'une mythologie captivante et d'un casting convaincant, elle souffre hélas de baisses de régime et d’un scénario un peu bancal, notamment en milieu de saison. Elle apporte néanmoins sa pierre à l’édifice et réussit sans difficultés à se démarquer des autres versions des livres de la collection, en en proposant une approche plus sérieuse et moins enfantine.