Jing Hua
Titre original : Jing Hua Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 12 août 2019 (El Capitan Theatre) Le 24 janvier 2020 (Disney+) Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Jerry Huynh Musique : Joy Ngiaw Durée : 3 minutes |
Le synopsis
Une artiste en deuil, adepte d'arts martiaux, rend hommage à sa professeure récemment décédée en créant un monde de peinture, le tout en utilisant une forme magique de kung-fu... |
La critique
Jing Hua est un court-métrage des Walt Disney Animation Studios tiré de son programme intitulé Short Circuit.
La collection nommée Short Circuit est une proposition offerte aux animateurs des studios de Mickey afin d'imaginer des courts-métrages, plutôt courts (autour de 3 minutes), innovants aussi bien dans le fond que dans la forme, que cela soit d'un point de vue visuel ou technologique. Le but est clairement de permettre à une majorité d'artistes de pouvoir laisser parler leur imagination et leur créativité tout en proposant un contenu original. Diffusés dans un premier temps au cinéma El Capitan Theatre durant quelques jours (Flaques d'Eau, Programme d'Échange, Downtown, Jing Hua, Songs to Sing in the Dark, Juste une Pensée, Va Chercher ! et Zenith le 12 août 2019 puis Goutte de Pluie, Cycles, Ju-Jitsu, Un Éléphant à la Maison, Un Éclair dans la Bouteille, La Course et Quel Toupet le 19 août 2019), les cartoons sont ensuite tous proposés au grand public sur la plateforme Disney+ le 24 janvier 2020 à l'exception notable de Songs to Sing in the Dark.
Jing Hua est réalisé par Jerry Huynh. Le jeune artiste commence sa carrière en travaillant sur les effets spéciaux du film Hunger Games : La Révolte - 1ère Partie. Il intègre ensuite les Walt Disney Animation Studios au milieu des années 2010 où il devient directeur technique sur les longs-métrages Ralph 2.0 et La Reine des Neiges II. Il apporte aussi son aide au cartoon de stage Ventana comme l'indique le générique de fin qui le remercie. Jing Hua constitue sa première incursion en qualité de réalisateur.
Jing Hua est un court-métrage éminemment personnel. D'origine chinoise, l'artiste a, en effet, voulu se replonger dans ses traditions ancestrales en rendant notamment hommage à la calligraphie mais aussi au kung-fu qu'il pratiquait durant son enfance et son adolescence. Mais alors qu'il s'immergeait dans ses souvenirs et son folklore, il apprend la mort de son grand-père suivie quelques semaines plus tard par celle de sa grand-mère et, encore après, par celle de son cousin. Ces pertes familiales surviennent ainsi sur une période de seulement huit mois, en plein pendant la production du court-métrage. Naturellement, son deuil et son chagrin impactent l'ambiance de son projet même s'il se doit d'avancer : finir le cartoon sera d'ailleurs sa façon à lui de rendre hommage aux membres disparus de sa famille. Comme le personnage du film, il a, en fait, dû attendre que la dernière image du court-métrage soit réalisée pour se permettre de laisser sortir ses émotions et, enfin, se mettre à pleurer.
Le spectateur ressent vraiment la puissance émotionnelle de Jing Hua. Le personnage principal montre, il est vrai, une rage qu'elle a du mal à contenir et une colère vibrante à l'encontre du destin. Rendant hommage à son maître, elle utilise l'énergie du désespoir pour finalement se laisser aller à son chagrin uniquement quand elle a accompli son "tableau". Le titre du cartoon prend alors tout son sens : signifiant "Fleur dans le miroir", il montre de façon poétique l'impossibilité d'atteindre le but qu'elle s'est fixé. Les images de sa mentor resteront donc désormais de simples souvenirs. L'émotion du cartoon est alors rehaussée par une technique de toute beauté. Avec un style reprenant celui employé au début du film d'animation Mulan, le personnage peint, de façon calligraphique, le décor qui est d'abord vide puis se remplit de pastel au fur et à mesure qu'elle exécute des mouvements de kung-fu pour donner vie autour d'elle. La sensation est d'autant plus forte que la peinture noire qui coule de ses doigts ressemble à des gouttes de sang qu'elle laisserait couler comme en signe de pénitence. Enfin, il sera salué le final avec l'eau du lac, d'une intensité incroyable.
Jing Hua est un court-métrage aussi intense émotionnellement que visuellement époustouflant.