Le Détective Fantôme
Titre original : Justin Case Production : Walt Disney Television Date de diffusion USA : Le 15 mai 1988 Genre : Comédie |
Réalisation : Blake Edwards Musique : Henry Mancini Durée : 70 minutes |
Le synopsis
Sans travail et sans domicile, Jennifer Spalding se réfugie chez un ambulancier et se met en quête d'un nouveau job. Elle prend ainsi rendez-vous avec un détective privé, Justin Case, qui cherche une assistante-secrétaire. Arrivée à son bureau, elle le découvre mort, assassiné, et n'est pas au bout de ses surprise : le fantôme de Justin Case se révèle en effet à elle... |
La critique
Le Détective Fantôme est un téléfilm diffusé, en 1988, sur ABC dans l'émission hebdomadaire nouvellement intitulée The Disney Sunday Movie et héritière du show créé sur la même chaîne en 1954 par Walt Disney lui-même, sous le titre de Disneyland.
Le Détective Fantôme se démarque surtout pour ses noms aux génériques, plutôt de première classe pour une production télévisée. Le plus connu est sûrement celui de son réalisateur Blake Edwards. Né le 26 juillet 1922, de son vrai nom William Blake Crump, il s'est fait connaître pour la mise en scène de quelques classiques du cinéma comme Diamants sur Canapé en 1961 ou la série des huit films racontant les enquêtes de l'inspecteur Clouseau, de La Panthère Rose en 1963 au (Le) Fils de la Panthère Rose en 1993. Pour le téléfilm Disney, il ramène avec lui son compositeur fétiche, Henry Mancini, justement célèbre pour sa musique mythique de La Panthère Rose. Ce dernier avait toutefois déjà travaillé pour les studios aux grandes oreilles sur Condorman en 1981 et Basil, Détecttive Privé en 1986. L'idée du téléfilm Le Détective Fantôme a, quant à elle, été soufflée par Jennifer Edwards, la fille de Blake Edwards, avec l'envie d'en faire le pilote de série qui malheureusement ne se concrétisera pas. Si la réalisation est plutôt simple, Le Détective Fantôme propose tout de même quelques effets spéciaux de circonstance entre les corps qui volent, ceux qui disparaissent ou encore qui traversent les murs.
Le Détective Fantôme débute lentement et semble, dans un premier temps, assez éloigné de son sujet. Le téléfilm commence en effet à suivre Jennifer Spalding, une actrice ratée qui n'arrive pas à décrocher un rôle, se voit menacée d'expulsion par son propriétaire et, pour couronner le tout, est malade comme un chien. Elle tombe d'ailleurs dans les pommes après une audition et se retrouve emmenée à l'hôpital par un bel ambulancier, David Porter. La jeune fille ne veut toutefois pas se faire soigner, n'ayant pas l'argent pour payer la note, mais c'est sans compter sur le beau jeune homme de service qui, sous le charme de la jeune fille, lui propose de prendre en charge ses frais et de l'héberger le temps nécessaire. Le Détective Fantôme commence donc comme une gentille comédie romantique où une jeune femme paumée et un peu maladroite tombe sur le prince charmant, gentil et prévenant. Même si le téléspectateur ne voit pas où tout cela veut en venir, l'entame s'avère fraîche et vraiment sympathique.
Le Détective Fantôme rentre ensuite dans le vif du sujet quand Jennifer répond à une annonce en vue d'un poste de secrétaire pour un détective privée. Mais voilà, quand elle arrive à son entretien d'embauche, elle retrouve son futur employeur mort, assassiné. Elle n'a toutefois pas le temps de s'en inquiéter : un homme, habillé comme le défunt, lui révèle tout de go qu'il est le fantôme du corps allongé. Il se nomme Justin Case, détective mort dans l'exercice de son métier. Il convainc alors Jennifer de l'aider à trouver son assassin, surtout que par un caprice du destin, seule la jeune fille est en mesure de voir cet apprenti fantôme. La relation qui se lie entre les deux n'est alors pas fatalement palpitante et, au contraire, plutôt déjà vue. Le nombre de longs-métrages qui proposent une histoire entre un fantôme (ou un ange) et une personne sur Terre, seule à même de le voir et avec qui il s'allie, est somme toute courant. Chez Disney par exemple, le spectateur sa rappelle notamment du (Le) Fantôme de Barbe Noire ou de Charley et l'Ange. Le téléspectateur a aussi l'étrange sensation qu'il est davantage passionné par le flirt de Jennifer avec l'ambulancier que par la relation de la jeune fille avec le fantôme du vieux détective. Or, l'interaction du duo principal étant la clé du succès dans le genre, le problème est de taille.
Pourtant, le téléfilm se démène pour rendre le récit amusant et rocambolesque. À partir du moment où le détective et la jeune fille partent à la recherche d'indices, Le Détective Fantôme tombe ainsi dans une enquête policière comique typique des années 80. Les méchants ne sont pas très méchants, et sont souvent un peu bêtes. Les policiers, ici deux commissaires, se font balader tout en étant souvent ridiculisés, et bien sûr suspectent la mauvaise personne en accusant la pauvre Jennifer. Après, il faut avouer que les apparences jouent contre la jeune fille qui ne peut pas avouer qu'elle discute avec un fantôme et donc dispose d'informations qu'elle ne devrait pas avoir. Le téléfilm s'amuse d'ailleurs de cet état de fait avec de nombreuses séquences cocasses qui montrent Jennifer parler tout seule. Par exemple, un comique de répétition s'installe durant le long-métrage quand un chauffeur de taxi voit régulièrement la jeune fille dans des positions improbables à cause du fantôme ; le pauvre conducteur provoquant à chaque fois un accident après que son attention a été troublée. Jennifer, quant à elle, est poursuivie de tous les côtés : par la police, d'une part, qui veut l'arrêter pour meurtre et par l'assassin de son ami fantôme, d'autre part, qui veut la faire taire. Au final, la résolution de l'affaire se fait plutôt facilement, surtout que l'identité du meurtrier est devinée assez vite par le téléspectateur. Malheureusement, l'explication du meurtre ainsi que les motivations du tueur sont tellement alambiquées et brumeuses qu'elles sont au final sans intérêt. Le téléfilm propose tout de même une conclusion satisfaisante qui aurait pu donner naissance à une série mais qui arrive aussi à se suffire à elle-même. Pour autant, l'envie d'en découvrir plus sur les personnages n'est pas vraiment là.
Le problème principal du téléfilm vient justement de ses personnages peu travaillés.
Molly Hagan joue ici le rôle de Jennifer Spalding. La jeune fille est vraiment sympathique et le début du long-métrage sait parfaitement la rendre attachante malgré les problèmes qui s'accumulent dans sa vie. Là où la sauce ne prend pas, c'est à partir du moment où le récit tente de la transformer en détective en herbe. Les scénaristes n'arrêtent alors pas d'insister sur sa mémoire d'éléphant afin de justifier au chausse-pied qu'elle est faite pour le métier d'enquêtrice. Sauf que le téléspectateur a bien du mal à y croire.
Justin Case est, lui, interprété par George Carlin. Le détective se rend vite compte qu'il est mort et doit apprendre à vivre avec sa nouvelle condition de fantôme, notamment à passer entre les murs et à se matérialiser pour toucher les objets et les gens terrestres. Sa personnalité, par contre, n'est pas très chaleureuse, au point d'avoir bien du mal à se rendre attachant. Ainsi, sa relation avec Jennifer ne fonctionne pas très bien, rendant malheureusement bancale toute l'ossature du téléfilm.
Plus réussi est peut-être le personnage David Porter, tenu par Douglas Sills. Ambulancier au grand cœur, le jeune homme est tout de suite sympathique et le téléspectateur aurait préféré que sa relation avec Jennifer prenne une direction différente, en étant plus central au récit. Ici, de façon logique, la jeune fille est obligée dans un premier temps de lui cacher, ce qui lui arrive avec le fantôme avant de finalement se confier à lui. L'ambulancier est naturellement plutôt sceptique avant que la vérité ne lui saute littéralement au visage.
Le Détective Fantôme est, au final, un téléfilm qui commence plutôt bien mais dont l'intérêt se délite à la vitesse grand V : son duo principal ne fonctionne pas et son enquête est inintéressante au possible. Il n'est donc pas étonnant que ce pilote n'ait pas donné suite à une série.