La Serveuse
Basil, Détective Privé
Date de création : Le 02 juillet 1986 Nom Original : Barmaid |
Apparition : Cinéma BD Voix Originale(s) : Ellen Fitzhugh Voix Française(s) : Arlette Thomas |
Le portrait
En 1986, les studios Disney sortent sur les écrans leur vingt-sixième grand classique animé, Basil, Détective Privé. Adapté du livre Basil de Baker Street d’Eve Titus et Paul Galdone, le film plonge alors le public dans les bas-fonds de Londres où le crime se cache derrière chaque visage, en particulier celui d’une serveuse retors.
La serveuse entre en scène à la quarante-et-unième minute. Toujours à la recherche du perfide Ratigan, Basil poursuit son enquête aux côtés de son acolyte, le docteur Dawson. Déguisés en marins, tous les deux pénètrent alors dans une taverne située sur les quais, non loin de la Tamise. Tout à fait sordide, l’endroit n’est rien d’autre qu’un bouge où la misère côtoie les pires représentants de la pègre. Parmi les clients, un pauvre bougre tente de séduire la serveuse qui, elle-même s’autorise à lui faire du gringue. Lorsque le misérable tente de l’embrasser, elle le remet cependant à sa place en lui assénant un coup de poings mémorable.
« Ils prennent quoi, ces messieurs ? », demande nonchalamment la serveuse au duo de marins d’eau douce qui vient de prendre place à une table. Commandant deux bocks, Basil ne perd pas une seconde et débute son interrogatoire. « Oh ! Pendant qu’j’y pense ! », demande-t-il ainsi, « On vient juste de rentrer au port et on voudrait bien r’trouver un de mes vieux potes. P’t-être que vous l’connaissez ? J’vais vous dire son nom. C’est Ratigan ! ». En entendant le nom du célèbre bandit, la serveuse blêmit. « Euh… Oh… Oh… Jamais entendu parler… », baragouine-t-elle avant de s’éclipser.
Le sourire jusqu’aux oreilles, Basil est satisfait. À l’évidence, il vient de réussir son coup. En prononçant le nom de Ratigan, il est parvenu à troubler l’ensemble des personnes présentes autour de lui, preuve que le scélérat est bien connu dans le coin.
De retour derrière son bar, la serveuse passe sa commande. Alors que toute la salle est hypnotisée par Miss Kitty qui vient d’entrer sur scène, Basil remarque quant à lui qu’un complot se trame bel et bien. La serveuse est en effet en train de murmurer quelque-chose à l’oreille du barman qui, ni une, ni deux, sort de son veston une fiole de poison afin de la verser dans les deux bières demandées par Basil et Dawson.
« Voilà, mes tout beaux ! », annonce la serveuse au moment d’amener les deux chopines, « C’est… la maison qui vous l’offre ! ». Si Dawson est exalté par ce geste de générosité, Basil, pour sa part, observe d’un œil suspicieux sa pinte. « Dawson ! », déclare-t-il, « Ces bières ont été droguées… ». Mais la souris détective n’a pas le temps de finir sa phrase que le bon docteur a déjà sifflé tout son verre. L’esprit totalement retourné par le poison, celui-ci n’arrive plus à se contrôler. N’hésitant pas à rejoindre les danseuses sur la scène, il provoque bientôt une bagarre générale. Alors que le barman s’arme d’un gourdin pour tenter de rétablir le calme, la serveuse, paniquée, prend la fuite et disparaît ainsi de l’intrigue.
Lorsqu’ils se lancent dans l’écriture de Basil, Détective Privé au début des années 1980, les artistes de Disney ont tout de suite dans l’idée de créer le parfait film noir, un genre que les studios ont jusqu’à présent rarement abordé. Seul un couple de films en prises de vues réelles ont en effet mis en scène le crime : La Baie aux Émeraudes avec Hayley Mills (1964) et, sur un ton plus comique, Frissons Garantis avec Dick Van Dyke (1968). Basil, Détective Privé est dès lors envisagé comme le tout premier film à suspense animé jamais créé par la firme aux grandes oreilles.
Afin d’enrober l’intrigue d’une ambiance quelque peu anxiogène, les auteurs décident donc de reprendre tous les codes propres aux films de gangsters qui étaient si populaires dans les années 1920 et 1930. Dès les premières secondes, les spectateurs assistent ainsi à l’enlèvement violent d’un pauvre artisan. Témoin du rapt, sa petite fille est recueillie par le bon docteur Dawson qui l’accompagne chez le célèbre détective, Basil de Baker Street. Débute alors une enquête pleine de rebondissements.
Comme dans les films de gangsters, le méchant – Ratigan – se voit offrir un rôle en or et s’autorise même à éclipser le héros, Basil, dont le charisme est, par de nombreux aspects, moins forts. À l’instar des classiques d’antan, ce « Napoléon du crime » se voit adjoindre une bande de malfrats aussi bête que méchante pour assouvir ses sombres desseins et se salir les mains à sa place. Le criminel peut par ailleurs compter sur l’assistance de complices telle cette serveuse qui, loin d’être honnête, participe à la conjuration sans que le public ne sache vraiment ce qu’elle a à y gagner.
Extrait du storyboard
La serveuse apparaît sous les traits d’une souris bien en chair. Une mouche sur la joue gauche et une petite fleur dans les cheveux, elle se présente comme une femme fatale dont le décolleté ne cache rien de ses charmes. Apprêtée, elle se montre particulièrement entreprenante avec sa clientèle qu’elle sait cependant remettre à sa place lorsqu’elle estime que la situation dérape.
Dessin d'animation de la serveuse
Le nom de l’animateur en charge de la serveuse n’est pas identifié dans le générique de fin.
En version originale, la serveuse est interprétée par Ellen Fitzhugh. Née le 5 juillet 1942, elle officie principalement comme parolière et librettiste sur différentes comédies musicales telles que Grind pour laquelle est nommée pour un Tony Award en 1985. Elle travaille également sur d’autres spectacles, en particulier Herringbone, Paper Moon, Don Juan de Marco, Paradise Found et Los Otros. Ponctuellement engagée par les studios Disney, elle participe à l’écriture des chansons de Basil, Détective Privé et du (Le) Petit Grille-Pain Courageux : À la Rescousse. Ellen Fitzhugh disparaît le 14 juillet 2023 à l’âge de quatre-vingt-un ans.
En France, le rôle est tenu par la comédienne Arlette Thomas. Originaire de Paris où elle voit le jour le 5 novembre 1927, elle débute après la Libération aux côtés de Raymond Devos. Au générique du (Le) Pays sans Étoile, son premier film, elle alterne entre l’écran et les planches. Au théâtre, elle est notamment à l’affiche de La Voix de la Tourterelle, Noces de Sang, La Maison de Bernarda Alba, Le Nouveau Locataire, La Tour de Nesle ou bien encore La Fille Bien Gardée. Au cinéma, le public la découvre dans Les Grandes Manœuvres, Les Misérables, Tanguy puis Le Frère du Guerrier et La Très Très Grande Entreprise réalisés par son fils, Pierre Jolivet. Également mère de l’humoriste Marc Jolivet, l’actrice mène de front une belle carrière dans le doublage en prêtant sa voix à Shirley MacLaine, Debbie Reynolds, Kim Hunter, Liza Minnelli, Jean Simmons, Mia Farrow ainsi qu’à des personnages comme Titi, Dinky, Mrs. Judson et Madame Patate. Arlette Thomas s’éteint le 13 mai 2015 à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Peu de personnages de Basil, Détective Privé ont eu une carrière après la sortie du film en 1986.
Comme l’ensemble du casting, la serveuse est néanmoins présente dans l’adaptation du long-métrage en bande dessinée. Son rôle est alors identique. Son costume est cependant plus élaboré.
Complice de Ratigan visible seulement une poignée de secondes, la serveuse est l’un des ingrédients permettant d’offrir toute la noirceur nécessaire à l’intrigue de Basil, Détective Privé.