La Reine des Fourmis
Date de création : Le 10 février 1934 Nom Original : Queen Ant Créateur(s) : Leonard Sebring Dick Lundy Les Clark |
Apparition : Cinéma Livres BD |
Le portrait
La Reine des fourmis apparaît dans La Cigale et la Fourmi, le 42e épisode des Silly Symphonies, une série de cartoons musicaux diffusés entre 1929 et 1939. Ce court-métrage s’inspire ainsi d’une célèbre fable remontant à l'écrivain grec Esope, puis reprise par Jean de la Fontaine au XVIIe siècle. La Reine se retrouve donc à la tête d'une colonie qui travaille d'arrache-pied pour récolter la nourriture qui permettra de vivre au chaud dans la fourmilière tout au long de l'hiver.
Alors que ses sujets s’activent en rythme, la Reine apparaît en fanfare sur sa chaise à porteurs, entourée de gardes, vêtue d’une robe rose, portant une grande couronne sur la tête et tenant un sceptre à la main. Elle constate alors qu’Andy, une des fourmis de la colonie, s’est détournée de sa tâche pour danser et s’amuser avec la Cigale qui prône l’insouciance et ne comprend pas cette ardeur à travailler quand la nature offre tout le nécessaire.
Agacée de la situation, la Reine descend de son siège. Lorsqu’il s’aperçoit de la présence de sa souveraine, Andy se prosterne à ses pieds puis détale à toute vitesse, récupérant à bout de bras son charriot de cerises et filant vers la colonie pour se faire oublier. La Cigale, elle, salue la Reine de façon familière. D’un ton sévère, cette dernière l'avertit qu’elle changera de ton quand l’hiver sera revenu et le sol recouvert de neige... Mais la Cigale s’en amuse. Alors qu’elle reprend sa chanson, la Reine, elle, tourne les talons pour laisser seul ce paresseux qui se moque de ses conseils.
L’hiver venu, les Fourmis festoient et profitent de leurs réserves accumulées à l'abri bien au chaud, tandis que la Cigale se retrouve seule dehors sans rien avoir à manger. À l'agonie dans la neige, elle est recueillie par les fourmis qui la réchauffent et la nourrissent. Assise sur son trône, la Reine se lève quand elle se rend compte que la Cigale insouciante est présente dans sa fourmilière. La Cigale supplie alors son hôte de le garder au chaud. Le regard sévère et accusateur, la souveraine lui déclare que seuls ceux qui travaillent peuvent rester. Elle lui tend alors son violon et lui demande de… jouer ! Heureuse d’être sauvée du froid, la Cigale reconnaît ses torts et s’exécute : sa musique retentit, faisant danser toutes les fourmis y compris la Reine qui, souriante, profite de la fête.
L’animation de la Reine est l’oeuvre de plusieurs artistes Disney. Son arrivée en fanfare a, en effet, été réalisée par Leonard Sebring tandis que la rencontre entre la souveraine et la Cigale est signée, elle, par Dick Lundy. Enfin, son apparition lors de la scène du banquet se voit animée par Les Clark.
La Reine des fourmis est également apparue en bande dessinée. À partir de 1932, de nombreux cartoons des Silly Symphonies ont en effet été déclinés dans des comic strips publiés le dimanche sur une page toute en couleur, aux côtés d’une histoire sur Mickey Mouse. À l’origine, la publication principale est un récit racontant les aventures de Bucky Bug, une coccinelle anthropomorphique qui tombe amoureux de June avant de se retrouver embarqué dans l’armée dans une guerre contre les mouches. Le succès est tel qu'il conduit à l’adaptation en BD de cartoons des Silly Symphonies déjà diffusés ; La Cigale et la Fourmi n’en faisant toutefois pas partie. Si la Cigale apparaît dans certaines publications des années 1930 et 1940, la première histoire en bande dessinée dérivée du cartoon paraît bien plus tard en septembre 1952 dans un magazine intitulé Walt Disney’s Silly Symphonies, qui publie des histoires inédites ainsi que d’autres déjà proposées dans les années 1930. Diffusée sur sept pages, l’histoire The Grasshopper and the Ants est alors dessinée par Al Hubbard, auteur prolifique de BD pour les studios Disney.
Le cartoon des Silly Symphonies est aussi décliné en livre-disque de 10 pouces - 45 tours par Capital Records en 1949. Fidèle au court-métrage, il permet aux enfants de l’époque de découvrir l’histoire de La Cigale et la Fourmi avant que la télévision ne soit encore très développée dans les foyers. Quelques années plus tard, en 1960, un livre-disque de 12 pouces - 33 tours édité par Disneyland Records reprend l’histoire de La Cigale et la Fourmi. Sterling Holloway, interprète de la Cigogne de Dumbo et narrateur du segment Pierre et le Loup de La Boîte à Musique, y reprend la narration, tandis que l'acteur écossais Jimmy MacDonald, voix officielle de Mickey Mouse de 1948 à 1977 et spécialiste des effets sonores, prête sa voix à la Cigale et à la fourmi Andy. La musique est alors orchestrée par Tutti Camarata, compositeur et chef d’orchestre américain. Dans ce disque, la Cigale est nommée « Hop » tandis que la fourmi Andy voit son rôle développé : fourmi travailleuse, il aime chanter pour la Reine et s’amuser avec son ami la Cigale. Un jour d’hiver, alors qu’il divertit sa Souveraine, il entend un bruit suspect dehors qu'elle ne remarque pas : doutant que ses antennes ne soient pas aussi performantes que celle d’Andy, elle lui cède alors sa couronne ! D’autres personnages inédits sont mentionnés dans le disque, tels qu’un vautour nommé Bubba qui déteste tout, surtout la musique jouée par la Cigale. Ce nouveau personnage apparaît ensuite sur la pochette d’une nouvelle version du livre-disque publiée dans la série Little Long-Playing Records (LLP) en 1968 sous le titre Walt Disney Presents the Story of The Grasshopper and the Ants.
Contrairement à la fable de La Fontaine qui voit une seule fourmi interagir avec la Cigale, les studios Disney ont représenté les fourmis travailleuses de façon collective. Celles-ci sont dirigées par une Reine autoritaire qui veille à la bonne exécution des tâches. Il n'empêche, la Cigale n’aurait pas mis sa vie en danger si elle avait écouté les conseils de cette souveraine dont l’expérience à la tête de sa colonie n’est plus à démontrer.