Planète Rebelle
Titre original : Rogue Planet Éditeur : Fleuve Noir Date de publication France : Le 13 septembre 2001 Genre : Science-fiction Label : Star Wars - Univers Légendes |
Auteur(s) : Greg Bear Autre(s) Date(s) de Publication : Del Rey (US) : 2 mai 2000 Presses de la Cité (FR) : 2 mai 2000 Nombre de pages : 417 |
Le synopsis
La critique
Planète Rebelle est le premier roman inédit à se dérouler pendant la prélogie, et force est de constater qu'il ne s'agit pas d'une grande réussite.
Le roman est écrit par Greg Bear, de son vrai nom Gregory Dale Bear, qui offre ici le premier et seul roman Star Wars de sa carrière. Né en 1951, l’auteur commence très tôt à écrire, puisqu'il propose ses premiers textes en 1964, à l'âge de 13 ans à peine. Son premier roman, Hegira, se voit ainsi publié en 1979 mais ne rencontre qu'un succès très modeste. En 1983 au contraire, il remporte successivement deux prix Hugo et un prix Nebula avec ses nouvelles Hardfought et Blood Music, cette dernière étant adaptée deux ans plus tard sous la forme d'un roman titré La Musique du Sang en français. En 1985, il publie son roman Éon qui est un succès immédiat. La sortie trois ans plus tard d'Éternité le consacre comme l'un des grands auteur contemporain de science-fiction. Dans les années 1990, avec Gregory Benford et David Brin, il se lance le défi d’écrire une trilogie préquelle au cycle Fondation d’Isaac Asimov, prenant pour sa part en charge le second tome, Fondation et Chaos, publié en 1998. Si le romancier est principalement connu pour ses œuvres de science-fiction, il arrive aussi qu’il s’essaye à d’autres genres comme le cycle de fantasy Songs of Earth and Power ou le livre d’horreur Psychlone. Après une riche carrière comprenant la publication d’une cinquantaine de livres, romans et recueils, il s’éteint en 2022 à l’âge de 71 ans.
Planète Rebelle est donc le premier roman adulte basé sur la prélogie, l'un des rares à se dérouler entre les films Star Wars : La Menace Fantôme et Star Wars : L'Attaque des Clones. Le roman souffre de sa date de conception et de publication, étant sorti à peine un an après le premier film et deux ans avant le second. L’auteur n’a donc pas eu la possibilité de développer une connexion très poussée, même si certains choix restent tout de même étonnants. L'action se déroule donc durant les dix ans où Obi-Wan Kenobi forme le jeune Anakin Skywalker, comme il l’a promis à son ancien maître Qui-Gon Jinn. L’idée la plus étrange est d’avoir choisi comme méchant de l’histoire Tarkin, le futur Grand Moff de l'Empire. Ce choix parait en effet assez incongru car il avance des concepts bien trop tôt dans la chronologie. Le roman laisse ainsi non seulement sous-entendre que Tarkin connaît déjà Dark Sidious, mais en plus qu'il est déjà plus ou moins en train de mettre en place les plans de l'Étoile de la Mort via l'une de ses connaissances. De plus, en devenant le méchant du livre, il va donc rencontrer et se faire vaincre par Anakin Skywalker. Sauf que cet élément sera contredit des années plus dans des épisodes de la série Star Wars : The Clone Wars quand le futur Grand Moff de l'Empire semble faire la connaissance d'Anakin Skywalker ainsi que d'Obi-Wan Kenobi pour la première sans n'avoir gardé aucune rancune envers eux.
Le principal intérêt du roman est d'introduire plusieurs éléments qui auront de l'importance pour la suite de l'Univers Étendu, désormais dit Légendes, principalement dans la saga du (Le) Nouvel Ordre Jedi. Le premier d'entre eux est la planète vivante, celle qui se nomme Zonama Sekot, dont toutes les productions, des astronefs les plus rapides aux tabourets les plus élémentaires, sont douées de vie. L'un de ses habitants est Jabitha Hal, la petite fille du Magister de la planète, c'est-à-dire celui capable de communiquer avec l'astre vivant. Des années plus tard, elle deviendra elle-même la Magister de sa planète, prenant la suite de son grand-père. Le livre signe aussi la première apparition de Vergere qui jouera également un rôle prépondérant dans Le Nouvel Ordre Jedi. Dans le roman, le lecteur apprend que la planète a déjà repoussé les envahisseurs connus sous le nom de Yuuzhan Vong et que la Jedi Vergere a suivi les extra-galactiques pour en apprendre sur cette espèce violente, invisible dans la Force, qui risque de menacer la Galaxie toute entière. Par contre, si la planète est bien au cœur du roman, le personnage de Vergere lui est à peine teasé et présent uniquement via un message enregistré.
Le second attrait du livre est surement la relation entre le jeune Anakin Skywalker, qui est désormais un Padawan de douze ans, et le Jedi Obi-Wan Kenobi. Ce dernier a bien du mal à canaliser l'énergie du garçon qui reste toujours aussi fougueux que lors de leur première rencontre. Même s'il fait de son mieux pour le former dans la voie des Jedi, le pré-adolescent a du mal à se concentrer et se montre toujours prompt à faire des bêtises comme le raconte l'entame du roman où le Padawan part faire une course illégale et dangereuse dans les bas-fonds de Coruscant. Comble de malchance, il se fait prendre en chasse par l'Égorgeur, Ke Daiv. Obi-Wan a alors bien du mal à retrouver son élève et à le sortir du pétrin dans lequel il s'est fourré. Dès l'introduction, l'auteur montre qu'il marche sur des œufs avec son histoire et qu'il n'arrive jamais à vraiment rendre palpable la relation entre les deux personnages. Même la course au début du roman semble être du réchauffé - en moins bien qui plus est - de la course de modules de l'Épisode I. Greg Bear tente également, à la fin du livre, de décrire la première tombée dans le Côté Obscur d'Anakin, en décrivant son premier meurtre de sang froid mais là encore la déception est au rendez-vous, n'arrivant pas à faire ressentir correctement la détresse du Padawan.
La raison de ce manque d'émotion vient principalement de l'histoire développée qui est inintéressante au possible. C'est bien simple : il ne se passe rien ou presque pendant tout le roman ! L'introduction sur Coruscant est déjà bien longue avant que la trame principale ne se mette en route et qu'Obi-Wan Kenobi et son apprenti soient envoyés en mission sur une planète lointaine, Zonama Sekot. Ils doivent y faire construire un vaisseau vivant et tenter de trouver des informations sur la disparition de Vergere. Sauf que... La visite de la planète et la construction dudit vaisseau prennent environ les trois quarts du roman. C'est long, c'est lent, c'est laborieux et c'est affreusement ennuyeux ! Le lecteur a l'impression de lire la description d'une chaîne de montage où chaque poste de travail installant le moindre boulon est analysé de fond en comble. La seule originalité ici est que le vaisseau est composé majoritairement d'éléments organiques. Mais cela ne rend pas moins l'explication soporifique. Ce qui sauve l'ensemble du naufrage total est peut-être le découpage en courts chapitres qui empêche la torpeur de s'installer ainsi que le final relativement explosif, même si encore une fois, le fait que l'attaque adverse soit menée par Tarkin s'avère avec le recul une très mauvaise idée, contredite par la suite dans les autres œuvres Star Wars, bien avant la décanonisation du roman.
Planète Rebelle est un roman Star Wars vraiment décevant, pourtant écrit par un grand nom de la science-fiction. Lent et sans saveur, il ne vaut que pour l'introduction de certains éléments présents dans le reste de l'Univers Légendes.