La Cité Perdue des Jedi
La Saga du Prince Ken - 2
Titre original : Jedi Prince : The Lost City of the Jedi Éditeur : Pocket Jeunesse Date de publication France : Le 10 octobre 1994 Genre : Science-fiction Label : Star Wars - Univers Légendes |
Auteur(s) : Paul Davids Hollace Davids Autre(s) Date(s) de Publication : Bantam Spectra (US) : 1er juin 1992 Nombre de pages : 121 |
Le synopsis
La critique
La Cité Perdue des Jedi est le deuxième tome d'une série de romans jeunesse de six livres regroupés sous l'appellation La Saga du Prince Ken.
La Saga du Prince Ken est écrite par Paul Davids et sa femme Hollace. Les futurs époux se rencontrent en 1971 alors que Paul sortait justement d'une séance du film THX 1138 de George Lucas. Lui est originaire de Bethesda dans le Maryland et diplômé de Priceton. Elle est originaire de Silver Spring, toujours dans le Maryland, et diplômée de Goucher College. Ils se rendent vite compte qu'ils sont tous deux passionnés de cinéma, Cupidon faisant le reste... S'il se met plutôt à l'écriture de livres de vulgarisation de science-fiction mais aussi à la conception de scénarios puis à la production de séries, elle se concentre plus sur l'évènementiel et le marketing. Ainsi, Paul Davids travaille notamment sur la production de la série animée Transformers. Hollace Davids, pour sa part, se voit chargée des avant-premières chez Columbia Pictures avant de devenir directrice adjointe de la publicité chez TriStar Pictures. Ils auto-publient leur premier roman en 1986 avant d'être approchés pour écrire une série de romans Star Wars.
La Saga du Prince Ken a fait couler beaucoup d'encre auprès des fans Star Wars, tous estimant que la série est particulièrement mauvaise. Il faut dire que ces romans sont l'une des premières tentatives de proposer des histoires se déroulant après le film Star Wars : Le Retour du Jedi. Avant eux, certes, l'auteur Timothy Zahn avait déjà offert deux des trois opus de sa trilogie La Croisade Noire du Jedi Fou, considérée à l'époque comme la troisième trilogie censée regrouper les épisodes VII, VIII et IX. Mais si L'Héritier de l'Empire et La Bataille des Jedi, déjà parus, étaient particulièrement ambitieux, les romans de La Saga du Prince Ken proposaient eux des idées à la fois trop simples et trop bizarres. Les incongruités étaient telles que les six romans vont être très vite décanonisés, puis déclassés au sein même de l'Univers Légendes. Lucasfilm Ltd. se voit en fait vite obligé de considérer que ces livres n'ont jamais existé tant ils seront contredits par les romans suivants, qu'ils soient adultes ou jeunesse. Ils essaieront certes de rendre cette saga cohérente dans l'Univers Étendu mais n'y parviendront jamais. Il a même été envisagé un temps de considérer ces opus comme des histoires dans l'histoire ; des sortes de livres de contes que Leia lirait à ses enfants Jacen, Jaina et Anakin avant de s'endormir. La Saga du Prince Ken doit ainsi être plutôt vue comme la première tentative maladroite de proposer du Star Wars aux plus jeunes tout en faisant avancer l'histoire de la saga. L'échec est patent mais il faut reconnaître une choses à ces piètres romans : sans eux, les suivants n'auraient peut-être jamais vu le jour !
La Cité Perdue des Jedi est, comme son prédécesseur, un livre jeunesse à destination de lecteurs débutants. Cet état de fait donne un style écrit en conséquence avec une action qui va à cent à l'heure, des ellipses nombreuses faisant souvent passer les événements du coq à l'âne, des situations comiques pour amuser les bambins, surtout en mettant scène les droïdes Puce, EC-100 et DJ-88 ou l'animal de compagnie, le mooka Zeebo, sans oublier le recours à de nombreux dessins signés des illustrateurs Drew Struzan et Kart Kesel afin d'aérer le texte. Les auteurs n'hésitent en outre pas à proposer des idées assez incongrues pour un roman Star Wars, même à destination de la jeunesse. La création originale du personnage de Baji ayant élu domicile sur Yavin 4 est, par exemple, assez étonnante. Il est un Ho'Din de la planète Moltok, peuple expert en botanique en étant proche des plantes et des arbres. L'extra-terrestre est décrit ici, et confirmé via les illustrations, selon une apparence donnant l'impression qu'il sort directement d'un livre de fantasy narrant les aventures de Bilbo le Hobbit. Si les enfants apprécieront cette fantaisie, le lecteur adulte sera lui plus circonspect. Surtout que pour eux, le livre se lit très rapidement, en à peine deux heures, et encore, en prenant son temps.
La Cité Perdue des Jedi fait enfin intervenir le fameux Ken qui donne son nom au titre de la série, La Saga du Prince Ken. Ce dernier est un enfant de douze ans qui vit dans une cité souterraine peuplée uniquement de droïdes. Les êtres mécaniques ont ainsi pour but de protéger et d'éduquer le jeune garçon en lui apportant une culture Jedi ; la cité en elle-même ayant été construite par des anciens Jedi, il y a un millier d'années. À cette époque en effet, la lune était désertique et inhabitable, si bien que les Jedi ont utilisé une technologie avancée de contrôle de climat pour la terraformer en créant de toutes pièces une forêt luxuriante. Là encore, il faut passer outre de nombreuses incohérences comme la temporalité de la présence des temples Massassi sur la lune. Étaient-ils là avant ou après la mise en place de la cité de haute technologie créée par les Jedi ? Le roman se garde bien de le préciser. Et surtout, il reste d'autres grosses zones d'ombre comme le fait que les droïdes de cette cité coupée de tout lien avec l'extérieur aient la garde d'un jeune garçon humain dans le but de lui apprendre les derniers évènements de la galaxie. Il est, en effet, étonnant de voir Ken connaître parfaitement les actions de Luke Skywalker et de ses amis, alors que tout ce qui concerne l'histoire avant l'avènement de l'Empire est passé sous silence. Qui est-il réellement et pourquoi est-il si important ? La réponse viendra sûrement dans les prochains tomes.
Étonnamment, la partie la plus intéressante se révèle au milieu du livre lorsque Trioculus, qui se fait passer pour le fils de l'Empereur, rencontre Kadann, le Prophète Suprême du Côté Obscur, censé l'adouber. L'impérial à trois yeux a enfin récupéré le fameux gant de Vador censé lui donner l’autorité nécessaire pour prendre la tête de ce qu'il reste de l'Empire. Kadann l'avait prédit et il doit maintenant valider sa prophétie et s'assurer qu'il n'est pas face à un imposteur. Le lieu même où se situe l'entrevue est intéressant. Elle se déroule, en effet, sur la station spatiale Scardia, de forme cubique, qui comprend notamment une galerie d'artefacts archéologiques venant des quatre coins de la galaxie et magnifiquement illustrée par un dessin mettant bien en avant cet aspect. Kadann et Trioculus sont finalement aussi retors et manipulateurs l'un que l'autre, et tous deux savent bien qu'ils doivent travailler ensemble pour reprendre le contrôle de l'Empire. Le roman propose alors quelques idées intéressantes comme les conséquences physiques qu'implique le port du gant de Vador. Malheureusement, le traitement des impériaux se dégrade par la suite au point de les faire devenir des destructeurs sans une once de jugeote via une vague de violence dévastatrice rendant la menace plus risible que vraiment effrayante tellement elle est inutilement disproportionnée.
La Cité Perdue des Jedi est quasiment aussi raté que le premier tome. Quelques bons points apparaissent tout de même comme par exemple la présence du Prophète Suprême et l'apparition tant attendue du personnage de Ken. Mais c'est bien peu pour convaincre.