Love, Victor
Saison 1
Titre original : Love, Victor Production : 20th Century Fox Television Temple Hill Entertainment No Helmet Productions The Walk-Up Company Date de sortie USA : 17 juin 2020 Genre : Comédie romantique |
Création : Isaac Aptaker Elizabeth Berger Musique : Siddhartha Khosla Durée : 279 minutes |
Liste et résumés des épisodes
1. Welcome to Creekwood
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 1 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Amy York Rubin Durée : 30 minutes Victor emménage avec sa famille… |
2. Stoplight Party
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 2 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Jason Ensler Durée : 27 minutes Victor devient populaire au lycée… |
3. Battle of The Bands
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 3 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Pilar Boehm Durée : 25 minutes Victor et Mia ont leur premier rencard… |
4. The Truth Hurts
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 4 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Michael Lennox Durée : 28 minutes Pilar découvre le secret de sa mère. Mia rencontre sa belle-mère. Victor dispute son premier match de basket… |
5. Sweet Sixteen
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 5 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Anne Fletcher Durée : 27 minutes En guise d'apaisement, Victor accepte de voir organisée une fête pour son anniversaire… |
6. Creekwood Nights
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 6 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Anu Valia Durée : 25 minutes Victor hésite à aller plus loin avec Mia… |
7. What Happens in Willacoochee
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 7 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Jay Karas Durée : 29 minutes Victor et Benji partent faire réparer le percolateur du café… |
8. Boy's Trip
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 8 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Todd Holland Durée : 30 minutes Felix, Lake, Andrew et Mia sont collés. Victor part à New York trouver Simon… |
9. Who the Hell is B
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 9 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Rebecca Asher Durée : 28 minutes Victor est mal à l'aise avec Benji. Felix et Lake apprennent à mieux se connaître… |
10. Spring Fling
Genre : Épisode
Série : Love, Victor
Saison 1 Épisode 10 Date de diffusion USA : 17 juin 2020Réalisé par : Jason Ensler Durée : 30 minutes Victor veut tout avouer à Mia lors du Bal de Printemps… |
La critique
Diffusée le 17 juin 2020 sur Hulu, Love, Victor est une série qui a su parler à un public fervent de comédie romantique mettant en lumière des personnages LGBTQI+. Spin-off du long-métrage Love, Simon sorti en 2018, la série apporte des intervenants tout aussi attachants ainsi qu'une ambiance sympathique et chaleureuse malgré une thématique pas toujours évidente à traiter.
En avril 2015, Becky Albertalli sort son premier roman Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens (Simon vs. the Homo Sapiens Agenda en version originale). Le livre rencontre alors un immense succès public et critique : l'autrice reçoit ainsi en 2016 le William C. Morris Award, une distinction récompensant les premiers romans d'auteur de Young Adult. De plus, le Wall Street Journal considère le livre comme l'un des meilleurs de l'année 2015 et il figure dans la liste du National Book Award, l'une des distinctions américaines les plus prestigieuses. L'histoire du jeune Simon séduit aussi ailleurs dans le monde. Le roman reçoit en Allemagne le Deutscher Jugenliteraturpreis en 2017 et des critiques dithyrambiques en France. En 2017, l'autrice publie un nouveau roman dans l'univers de Simon Spier : Mes Hauts, Mes Bas & Mes Coups de Cœur en Série. Les lecteurs y suivent désormais les tribulations des cousines d'Abby, l'un des personnages du premier roman. Puis, en librairie en 2018, Leah à Contretemps, la suite des aventures de Simon, se concentre elle sur Leah, l'une de ses proches amies.
Love, Simon sort donc dans les salles américaines le 16 mars 2018 et reçoit des critiques positives des spectateurs et de la presse, saluant la fraîcheur et la sincérité du long-métrage. Mettant en scène Simon, jeune homme gay qui tient une relation épistolaire avec le mystérieux Blue, le film engrange près de 41 millions de dollars aux États-Unis et au Canada. Score convenable pour une comédie romantique de 20th Century Fox, mais plus qu'honorable pour un film traitant de l'homosexualité adolescente. En France, l'opus convainc seulement 135 000 spectateurs ; des chiffres bien timides, le long-métrage étant plombée par une sortie dans l'hexagone trop tardive, le 27 juin 2018 soit plus de quatre mois après la sortie américaine et canadienne, son public potentiel ayant eu largement le temps de le télécharger illégalement en masse.
Après l'engouement généré par les romans de Becky Albertalli et le film Love, Simon, Disney annonce le 11 avril 2019 la mise en chantier d'une série tirée du long-métrage devant être diffusée sur Disney+ et produite par 20th Century Fox Television. Cette série se veut alors la suite directe de Love, Simon et se focalise sur de nouveaux personnages tout en se déroulant comme le film à Creekwood High. En février 2020, Disney en dévoile le titre - Love, Victor - mais annonce également qu'elle sera finalement diffusée sur Hulu, plateforme de streaming américaine destinée à un public plus mature. Si une autre série aussi destinée à Disney+ connait le même sort, High Fidelity, la migration de Love, Victor sur Hulu déchaîne très vite les passions. Les fans se sont en effet interrogés sur les raisons qui ont poussé à ce changement, accusant même la compagnie américaine de puritanisme voire même d'homophobie. L'incompréhension est plus grande encore quand il est su que la plateforme Hulu n'est pas disponible à l'international ; seuls les Américains étant donc capables de visionner la série dès sa sortie.
La compagnie a dû alors s'expliquer sur les réseaux sociaux : Love, Victor devait aborder des thèmes adultes comme la consommation d'alcool ou de drogues, voire encore la sexualité à l'adolescence. La migration de Disney+ à Hulu est aussi l'occasion pour les scénaristes de ne pas se censurer et d'élargir leurs idées. Elle rappelle aussi que d'autres séries disponibles sur la plateforme de streaming abordent le thème de l'homosexualité comme High School Musical : La Comédie Musicale - La Série ou encore Journal d'une Future Présidente. Mais la nouvelle est difficilement acceptée ; l'occasion était en effet belle d'avoir une série disponible sur Disney+ avec un personnage principal faisant partie de la communauté LGBTIQ+ - la seule série Disney où c'est actuellement le cas étant Luz à Osville, qui est diffusée sans problème sur Disney Channel.
Autre péripétie autour de la série, la première saison de Love, Victor devait être diffusée le 19 juin 2020, or le 19 juin est le Juneteenth, soit la commémoration de l'abolition de l'esclavage : les nombreuses protestations anti-racistes aux États-Unis ont curieusement convaincu les producteurs de changer de date de lancement, avancée au 17 juin 2020...
Victor Salazar (Michael Cimino) et sa famille viennent de quitter l'État du Texas pour la banlieue d'Atlanta à Shady Creek, en Géorgie. Alors nouvel élève à Creekwood High, Victor se fait rapidement de nouveaux amis : Felix (Anthony Turpel) son voisin jovial et enthousiaste, Lake (Bebe Wood) une jeune fille à l'air superficiel scotchée à son téléphone et aux réseaux sociaux, Andrew (Mason Gooding) le basketteur populaire et enfin Mia (Rachel Naomi Nilson) l'adolescente qui fait chavirer les cœurs de tous les garçons du lycée dont celui de Victor. Mais une chose le tourmente : les sentiments déconcertants qu'il éprouve envers Benji (George Sear), l'un des seuls élèves ouvertement gays de Creekwood High. Angoissé face à cette remise en question de sa sexualité, Victor apprend alors l'histoire d'un ancien, Simon Spier, qui a courageusement assumer son homosexualité au lycée, ce qui lui a permis de finalement trouver Blue, son mystérieux prétendant. Il décide donc de lui envoyer des messages afin de lui avouer tout ce qu'il a sur le cœur, et notamment ses difficultés à se livrer à son entourage. C'est alors que commence un nouvel échange épistolaire entre les deux protagonistes, Simon donnant des conseils à Victor dès qu'il en a besoin. Joué par Michael Cimino (Blagues Squad, Annabelle - La Maison du Mal), Victor Salazar est un jeune garçon de nature gentille et sympathique, même s’il lui arrive d’être trop impulsif et d’agir de manière irréfléchie.
Dès le premier épisode, la série donne le ton : Simon et Victor ont tous les deux des parcours différents. Simon était issu d'une famille plutôt tolérante à première vue, avait des amis fidèles, une situation plutôt stable et une idée bien précise de son orientation sexuelle. Victor quant à lui est un jeune homme latino fraîchement arrivé du Texas qui se cherche encore, issu d'une famille modeste et croyante. Le voyage initiatique de Victor a donc plus d’éléments à explorer que celui de Simon. Mais la première saison ne prend le temps de n'en développer que quelques aspects, dont un très difficile à mettre en place. Victor semble en effet éprouver des sentiments pour une jeune fille, Mia, mais sa rencontre avec Benji amène les téléspectateurs vers un trope vu et revu : le triangle amoureux. Tout cela semble convenu au départ, mais certains éléments de la narration viennent rendre le tout plus profond : les sentiments que ressent Victor pour Mia sont loin d’être faux malgré la gêne qu’il peut parfois éprouver.
Interprété par George Sear (Evermoor, L’Héritage Maudit, Les Chroniques d’Evermoor), Benji est un jeune homme romantique et bienveillant qui ne laisse pas les spectateurs indifférents. Ouvertement gay et barista dans un café, très beau garçon, il a un charisme remarquable et possède une ombre dans son passé qui le rend très sympathique. Mia est, quant à elle, interprétée par Rachel Naomi Nilson (The Good Wife, This Is Us). Ce personnage est désigné comme étant la jeune fille que tout le monde apprécie au lycée, mais les premiers épisodes la rendent plutôt banale. Pourtant, au fil de la saison, la série dévoile de plus en plus son passé et ses intentions qui demeurent bienveillantes, bien que parfois maladroites lorsqu'il s'agit de sa belle-mère. Les spectateurs ressentent également une grande compassion pour elle tant les moult vicissitudes des sentiments de Victor empirent.
Anthony Turpel (Amour, Gloire et Beauté, Le Secret de Nick) joue le rôle de Felix, le voisin de Victor. Dès le début de la série, il est un personnage toujours enjoué, souriant et plutôt excentrique ; une bouffée d’air frais dans le casting. Devenant rapidement ami avec Victor, il est en fait le souffre-douleur d’une partie des élèves du lycée à la suite d'une rumeur grossière mais aussi de sa personnalité farfelue. Cet arc narratif peu intéressant au début prend une tournure plaisante au fil de la saison. Andrew est pour sa part interprété par Mason Gooding (Good Doctor, Booksmart, Everything’s Gonna Be Okay). Si ce personnage semble aimable à ses débuts, les spectateurs se rendent vite compte à quel point ses blagues et ses crises de jalousie peuvent le rendre antipathique. Mais tout comme le reste du casting, il a fort heureusement de bons côtés. Bebe Wood (The New Normal, The Real O’Neals) interprète Lake, la meilleure amie de Mia. Bien qu’elle affiche au départ un côté un peu superficiel, elle est vraiment fidèle en amitié et sait être là si le besoin s'en fait sentir. La série a alors l’intelligence de lui donner un arc narratif très touchant. Finalement peu exploitée dans cette saison, la performance de la jeune actrice a de quoi marquer les esprits.
Les membres de la famille de Victor ont eux aussi leur place dans la série. Pilar, jouée par Isabella Ferreira (Orange Is the New Black), est la petite sœur rebelle de Victor. Étant la seule à désapprouver leur déménagement, elle a du mal à s’intégrer à Creekwood High, ce qui lui fait prendre pas mal de décisions risquées. Son attitude est à l’inverse de celle de son frère qui, lui, est de nature plutôt optimiste. Les parents de Victor, Armando et Isabel Salazar, sont respectivement interprétés par James Martinez (House of Cards, Au Fil des Jours) et Ana Ortiz (Elena d’Avalor, Ralph 2.0). Leur couple est rudement mis à l’épreuve lors de cette première saison, surtout quand leurs enfants découvrent peu à peu les raisons de ce déménagement soudain. Enfin, le benjamin de la famille Adrian Salazar est joué par Mateo Fernandez : s’il ne dispose pas de beaucoup de temps d’écran, sa présence apporte à la famille Salazar un côté bienveillant.
Sortis tout droit du film Love, Simon, trois acteurs reviennent dans la série. Natasha Rothwell, la professeure de comédie musicale dans le long-métrage qui est devenue directrice du lycée, fait une apparition sympathique dès le premier épisode. Keiynan Lonsdale campe lui de nouveau le rôle de Bram et Nick Robinson toujours celui de Simon. Si Simon est présent toute la saison en voix off, Bram apparaît lui lors du meilleur épisode de la saison. Boy's Trip, le huitième épisode, est en effet un vivier de nouveaux personnages et surtout un pivot important pour la majorité des personnages principaux. Victor se rend ainsi à New York afin de retrouver Simon sans le prévenir de sa venue. Ce voyage lui permet alors de devenir plus confiant, ses nouveaux amis lui montrant plusieurs façons de vivre sa sexualité, notamment avec des caméos intéressants comme le basketteur Jason Collins qui a été le premier sportif en activité à avoir annoncé publiquement son homosexualité, ou encore la drag queen Katya Zamolodchikova connue grâce à sa participation à la célèbre émission RuPaul's Drag Race.
Trois nouveaux acteurs arrivent ainsi en scène dans le rôle des amis de Simon : River Gallo, Friday Chamberlain et Tommy Dorfman. Ayant une belle présence à l’écran, ces nouveaux personnages apportent une authenticité et un coup d’accélérateur à la série ; Victor évolue il est vrai d’une magnifique manière lors de cet épisode, et il en est de même de tous les autres personnages secondaires lors de l’intrigue parallèle à celle du personnage principal.
Car les épisodes tirent leurs forces des intervenants mais également des thématiques abordées. Chaque personnage n’est jamais réellement ce qu’il prétend être au premier abord et leur complexité rend Love, Victor des plus agréables à visionner. Dans le cinquième épisode, Sweet Sixteen, Victor doit ainsi affronter les préjugés de ses grands-parents envers l’homosexualité de Benji et si la conclusion de l’épisode s’avère très bienveillante, elle apporte tout de même un point de vue intéressant
Le 19 juin 2020, la bande-son de la série sort chez le label-maison, Hollywood Records, sous la forme d’un EP de trois titres. Le générique de Love, Victor s’intitule alors Somebody to Tell Me et se voit interprété par Tyler Glenn. Comme toutes les autres chansons de la bande-son, il s'inscrit dans la même veine que la musique du film d’origine : entraînant, frais et agréable à écouter. Certains titres sont notamment interprétés par des artistes queers comme Greyson Chance ou encore Miss Benny ; tous formant un ensemble plutôt homogène. Contrecoup fâcheux, aucune chanson ne se démarque dès lors réellement même si leur modernité fait de leur présence une belle réussite.
Les critiques de la première saison de Love, Victor sont dithyrambiques à sa sortie, les spectateurs faisant également l’éloge des acteurs de la série, et notamment de Michael Cimino, pour leur charme à l’écran. Selon la plateforme Hulu, Love, Victor est la série la plus regardée lors de sa première semaine ainsi que la seconde série la plus revisionnée après Solar Opposites. Pour marquer le coup, l’autrice a également sorti un nouveau livre contant la suite des aventures de Simon et ses amis : Love, Creekwood. Après ce succès retentissant, Hulu annonce renouveler la série pour une seconde saison le 7 août 2020, soit seulement deux mois après sa sortie.
Ce succès est sans aucun doute dû à une multitude d'éléments qui font la réussite des séries des années 2010 dans la paysage audiovisuel. Love, Victor sait en effet se rendre indispensable tant elle représente une thématique qui peut être explorée de diverses façons. Ici, les scénaristes ont choisi de mettre en scène un jeune homme latino ; malgré les améliorations de ces dernières années en termes d'acceptation et de représentation, la communauté latino LGBTQI+ reste encore très marginalisée. Victor est à ce titre un personnage hors du commun qui sort du lot dans le catalogue Disney. Que ce soit Cyrus dans Andi qui est entré dans l'histoire de Disney Channel, le Chérif Blubs et le Député Durland dans Souvenirs de Gravity Falls pour lesquels le réalisateur Alex Hirsch s'est battu afin que leurs sentiments soient montrés à l'écran ou encore Luz et Amity dans Luz à Osville avec un personnage principal bi, ces personnages ont tous à un certain moment contribué à la représentation des LGBTIQ+ chez la Souris. Mais le cas de Love, Victor s'avère bien différent et va plus loin que la série The Real O'Neals ; elle s'attaque de front à la découverte de la sexualité non-hétérosexuelle du personnage principal et ne cesse de tourner autour de ce thème. Dès lors, Love, Victor a toutes les cartes en main pour devenir une série emblématique, digne successeure de tous ces personnages, ouvrant ainsi la porte à des contributions plus ambitieuses en termes de représentations pour le public adolescent.
Love, Victor sait combler l’attente des fans de Love, Simon, des romans d'Albertalli ainsi que des amateurs de comédies romantiques qui ont pu être frustrés par quelques éléments survolés dans le long-métrage. Cette première saison prend ainsi son temps pour développer ses personnages et leur donner à chacun des parcours intéressants, tout en gardant une fraîcheur sans pareil. Un succès mérité pour une série qui promet encore de belles choses.