Hellraiser
Hellseeker

Hellraiser : Hellseeker
L'affiche du film
Titre original :
Hellraiser : Hellseeker
Production :
Dimension Films
Date de sortie USA :
15 octobre 2002 (Vidéo)
Genre :
Horreur
Réalisation :
Rick Bota
Musique :
Stephen Edwards
Durée :
89 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Après un grave accident de la route dont il est seul survivant et au cours duquel sa femme Kristy a disparu, présumée morte, Trevor Gooden souffre d’une légère amnésie et de graves migraines, accompagnées d’hallucinations impliquant des monstres, une boîte à puzzle et une version sinistre de lui-même. Devenu le principal suspect dans la disparition de son épouse et pendant que des morts violentes s’accumulent autour de lui, Trevor tente de recouvrer la mémoire. Sa quête de la vérité l’amène à croiser la route de Pinhead et des cénobites..

La critique

rédigée par

Après le virage opéré par Hellraiser : Inferno, qui consistait à transposer l’univers sanglant et torturé de Clive Barker, peuplé de créatures infernales aux penchants sadiques et violents, dans des intrigues plus portées vers le thriller que l’horreur pure, les cénobites font leur retour dans un nouvel opus. Sans surprise, la démarche est la même que le précédent volet, à savoir reprendre un scénario n’ayant au départ rien à voir avec la mythologie Hellraiser et qui se voit réécrit par la suite afin d’y intégrer au forceps tous les ingrédients qui font l’identité de la saga. S’inscrivant dans une ligne commerciale au détriment de l’artistique et de toute cohérence, Hellraiser : Hellseeker part avec très peu d’atouts.

Malgré l’accueil plutôt froid de Hellraiser : Inferno et les mauvais retours de Clive Barker, qui a détesté le film et la tournure prise par la saga, Dimension Films décide de réaliser un nouveau volet suite au petit succès remporté par les ventes de DVD. Les producteurs souhaitent toutefois s’éloigner du cinquième volet et faire plus de références à l’univers de Hellraiser, mais surtout ne pas mettre en scène un anti-héros face à Pinhead et son armée de démons, contrairement à Inferno, dont le personnage principal avait été mal reçu par le public.
Pour cette sixième itération, les pontes de Dimension Films ressortent donc de leur placard le script d’un thriller horrifique inspiré des films Seven de David Fincher et L’Associé du Diable de Taylor Hackford, qui n’était initialement pas prévu pour intégrer la franchise et leur avait été adressé par le duo de scénaristes Carl V. Dupré, qui avait déjà travaillé sur une autre production de la compagnie des frères Weinstein, à savoir The Prophecy 3 : The Ascent, et Tim Day. Ces derniers sont donc contactés à la hâte afin de revoir leur copie et intégrer grossièrement leur script dans la saga. En grands fans de la franchise, les deux auteurs s’attèlent à la tâche avec enthousiasme et parsèment l’intrigue du film, qui prend le titre définitif Hellraiser : Hellseeker, de clins d'œil aux précédents volets.

Du côté de la réalisation, après Kevin Yagher sur Hellraiser : Bloodline et Scott Derrickson sur Hellraiser : Inferno, c’est à nouveau un jeune premier qui hérite du poste de metteur en scène. La production fait, il est vrai, appel aux services de Rick Bota, directeur de la photographie sur de nombreux métrages dont Le Cavalier du Diable, Barb Wire, La Maison de l’Horreur et Mortelle Saint-Valentin, ainsi qu’à la télévision sur les séries La Malédiction du Loup-Garou et Les Contes de la Crypte. Auparavant, Rick Bota avait été réalisateur de seconde équipe sur quelques productions Dimension Films, notamment Mimic et Le Peuple des Ténèbres. Hellraiser : Hellseeker constitue donc son baptême du feu en tant que réalisateur. Par la suite, il travaillera de nouveau pour Dimension Films en tournant les deux opus suivants, Hellraiser : Deader et Hellraiser : Hellworld, ainsi que des épisodes de séries télévisées, généralement fantastiques (Beauty and the Beast, The Vampire Diaries, Les Mystères de Haven). 
Pour mener à bien sa mission, Rick Bota bénéficie d’un budget un peu plus confortable, quoique dérisoire, d’un montant de trois millions de dollars, contre seulement deux millions pour Inferno. La pré-production connaît néanmoins un sérieux revers de médaille en cours de route, obligeant l’équipe à remanier l’intrigue du film. En hommage à la franchise et dans le but de multiplier les références à l’univers Hellraiser, le scénario initial fait mention en effet d’un personnage dénommé « Kirsty », prénom de l’héroïne principale et Némésis de Pinhead dans les deux premiers volets de la saga, interprétée par l’actrice Ashley Laurence. Or, à la lecture de ce script, Doug Bradley, de nouveau appelé pour reprendre du service dans le rôle de Pinhead, fait part à Rick Bota de son plaisir de retrouver l’actrice Ashley Laurence. 
En apprenant finalement qu’il ne s’agit que d’un simple hasard et que la Kirsty en question n’est pas celle des premiers volets, Doug Bradley contacte malgré tout son ancienne partenaire pour la convaincre de reprendre son rôle, ce qu’elle accepte avec joie. Cette « bonne » nouvelle pose dès lors beaucoup de problèmes aux scénaristes, qui se voient dans l’obligation d’intégrer le personnage de Kirsty dans l’intrigue, alors qu’elle n’était pas prévue au départ, de peur de décevoir leur acteur vedette. 

Tout comme son prédécesseur, Hellraiser : Hellseeker suit la descente aux enfers d’un personnage et fait office d’épisode standalone pouvant se situer entre le troisième et le quatrième volet. Le film s’ouvre ainsi sur un tragique accident de voiture impliquant Kirsty Cotton et son mari, Trevor, dont ce dernier sera le seul survivant. Suite à cet événement, Trevor, encore marqué par la perte de son épouse, souffre d’amnésie partielle et essaie de reprendre le cours de sa vie en se plongeant corps et âme dans son travail. Mais il est régulièrement questionné par la police, qui doute du caractère accidentel de la mort de Kirsty, dont le corps n’a toujours pas été retrouvé et a mystérieusement disparu, le suspectant d’avoir volontairement provoqué cet incident. Trevor est également frappé de migraines terribles et fait régulièrement des cauchemars peuplés de créatures étranges et terrifiantes, au point qu’il ne parvient plus à faire la différence entre réalité et hallucinations. Il découvre enfin certaines relations extraconjugales qu’il aurait entretenues du temps de son mariage et dont il n’a plus aucun souvenir. Tout en luttant contre ces démons, Trevor met tout en œuvre pour comprendre ce qui lui arrive, tandis que les cadavres s’accumulent autour de lui. Sa quête de vérité le conduira à croiser la route de Pinhead et des cénobites après la découverte, dans son appartement, d’une étrange boîte à puzzle…

Avec toute la bonne volonté du monde et même en étant très bon public, Hellraiser : Hellseeker est tout simplement un film médiocre. Bien que la franchise ait beaucoup baissé en qualité depuis Hellraiser II : Les Écorchés en 1988, toutes les suites ayant vu le jour avaient au moins quelque chose à défendre : Hellraiser III était un film d’horreur loufoque et décomplexé, Hellraiser : Bloodline était attrayant et palpitant malgré un résultat final sacrifié par ses producteurs, Hellraiser : Inferno était une proposition intéressante hélas plombée par son lien avec la série. De son côté, Hellraiser : Hellseeker n’a absolument rien pour lui. Premier des trois films Hellraiser lancés à bas prix par Dimension Films, il s’agit d’une répétition édulcorée et sans ambition du film précédent, reprenant peu ou prou le même schéma, à savoir le parcours d’un personnage hanté par ses démons, et parsemé de références aux films antérieurs, insérées de manière forcée, qui ne font rien pour développer l’univers et la mythologie, servant uniquement à rappeler à son spectateur qu’il visionne un film estampillé Hellraiser. Aussi, il ne fait aucun doute que l'opus existe uniquement pour la conservation des droits et de la saga et, étant donné sa conception, manque de créativité et de soin. 

Dès le départ, le synopsis, cousu de fil blanc et se limitant à reproduire presque à l’identique ce que raconte son prédécesseur, a bien du mal à attirer l’attention. Joué par un Dean Winters visiblement peu intéressé par ce qu’il interprète, le héros Trevor Gooden se retrouve à lutter pour distinguer fantasme et réalité, enchaînant les situations rocambolesques et horrifiques, et reprenant connaissance chaque fois que le danger fait surface. Le métrage use de ce stratagème à chaque scène morbide et sanglante, tuant tout effet de surprise et instaurant un sentiment de lassitude et d’agacement. Si la plupart de ces scènes, bien filmées et éclairées, parviennent sans difficulté à provoquer le dégoût et la curiosité malsaine, elles font hélas office de cache-misère. Le scénario ne cherchant visiblement pas à proposer quelque chose de neuf et d’innovant, Hellraiser : Hellseeker enchaîne les séquences surréalistes, cauchemars et prises de conscience sans logique, espérant capter le public et le tromper. Mais tout fan de la franchise ayant vu Hellraiser : Inferno comprendra alors rapidement les tenants et aboutissants du scénario et comment tout va se terminer, car il ne fait aucun doute que le héros est loin du personnage innocent et victime. Conclusion identique, narration similaire, même héros peu recommandable aux agissements discutables, tout y passe, le film ne réserve aucune surprise ni mystère !

Le véritable problème réside de Hellraiser : Hellseeker est de vouloir mélanger l’univers de Barker avec un scénario d’horreur aléatoire qui n’a de base rien à voir avec le reste, donnant ainsi un film inégal à l’écriture grotesque. L’opus fait tout son possible pour créer de la complexité dans son récit et mener le public à s’interroger sur la nature des événements qui se produisent devant lui, au fur et à mesure que le héros retrouve la mémoire. L’idée est tout à fait louable et parvient sans trop de difficultés à créer de la tension et du suspense, chaque scène faisant douter du caractère du personnage. L’enquête s’accélère, les passages choc intriguent et font leur petit effet, notamment une scène d’opération du cerveau assez graphique, une séance d’acuponcture qui tourne au sadomasochisme extrême, marque de fabrique de la franchise, ou encore les cadavres qui se multiplient autour de Trevor, mais cette complexité aboutit toujours à la même conclusion et l’effort s’avère au final plutôt vain, alors que tout fonctionne sur le papier. 
Cette tendance à vouloir brouiller les pistes prouve simplement que l’histoire n’a pas de sens et livre parfois des scènes qui ne se marient tout simplement pas entre elles. Le métrage échoue dans sa tentative de perdre son audience en la mettant sur différentes pistes au fil des minutes, de sorte que la frontière entre réel et fantasme soit invisible, car toute l’intrigue et toutes les réponses sont prévisibles et attendues. De même, l’interprétation de Dean Winters n’aide pas vraiment à s’intéresser à son personnage. Inexpressif et apathique, l’acteur, loin d’être mauvais et plus à l’aise dans le registre comique que dans l’horreur, ne semble pas impliqué dans son rôle et donne surtout le sentiment de tourner un film alimentaire, ce qui donne parfois lieu à des scènes invraisemblables où Trevor ne paraît pas perturbé par la perte de son épouse, ses allers-retours interminables entre la réalité et séquences de rêverie, les doutes des enquêteurs qui le soupçonnent d’avoir commis l’irréparable et encore moins par la révélation finale.

La mort supposée de Kirsty dans l’introduction, et dont la présence au cours de quelques flashback fait plus office de clin d’œil maladroit dans l’optique vaine de séduire le chaland que d’ajout scénaristique véritable, ne fait absolument pas illusion, d’autant plus que le public sait d’emblée que la franchise n’osera pas tuer l’héroïne du film original d’une manière aussi peu cérémonieuse. De nouveau incarné par Ashley Laurence, le personnage perd ainsi le charme qui la rendait si attachante dans les deux premiers volets. Incarnant l’innocence perdue et désabusée face à des êtres démoniaques désireux d’asservir l’humanité dans Hellraiser : Le Pacte et une figure christique et maternelle dans Hellraiser II : Les Écorchés, Kirsty est ici sous-exploitée et utilisée comme prétexte pour convaincre de poursuivre le film. Le public guette chacune de ses apparitions, quand elle n’est tout simplement pas hystérique ou transformée en tueuse de sang froid au détour d’un twist final assez étonnant qui rehausse un peu le métrage, mais trahit complètement le personnage et ne fait qu’ajouter des incohérences avec le reste. Au vu du traitement infligé à l’héroïne, qui a toujours cherché à protéger les humains de la menace que représentent les cénobites, il aurait largement été préférable que le personnage ne soit pas présent dans le film et que le prénom de Kirsty soit simplement utilisé comme clin d’œil.
Fidèle au poste, Doug Bradley reprend du service dans le rôle de Pinhead. Si sa présence se fait attendre, le maître des cénobites garde toujours une certaine classe et un magnétisme indéniable - malgré des apparitions majoritairement furtives présentes pour rappeler au spectateur qu’il regarde un film de la saga - et délivrant des répliques toujours aussi bien ciselées, souvent réécrites par Bradley lui-même, déçu de ne pas avoir assez de dialogues dans le film. Il sera toutefois regrettable de voir que les scènes partagées entre lui et Kirsty, qui marquent ainsi leurs retrouvailles, ont été écourtées au montage et n’existent que dans la version longue disponible sur support physique, celle-ci comprenant également plusieurs références aux deux premiers films. Ce n’est d'ailleurs pas non plus avec la réalisation que l’opus a de quoi se rattraper. Rick Bota peine, en effet, à dissimuler aux yeux du public le statut de film directement sorti en vidéo. La mise en scène est banale et pas toujours photogénique ; tout s’enchaîne à une vitesse excessive, comme si Bota était pressé de terminer le travail pour satisfaire les exigences calendaires des studios. L’image teintée de filtres pour accentuer les pertes de contrôle de la réalité fait certes son petit effet, mais n’est pas concluante en ne parvenant pas totalement à générer de l’angoisse, pas plus que les scènes gore qui, même si elles ont de quoi satisfaire les amateurs, se révèlent finalement plutôt rares.

L’autre grande erreur de ce sixième opus est d’avoir complètement altéré le personnage de Pinhead et les cénobites, qui ne sont plus vraiment présentés comme des démons dont le plaisir est d’infliger de la douleur et de faire souffrir leurs victimes en les mutilant jusqu’à destruction de leur corps, le tout en éprouvant une satisfaction sexuelle. Que ce soit à travers les écrits de Barker, au cinéma ou en bandes dessinées, Hellraiser est une franchise profondément ancrée dans le sadomasochisme à outrance et le body horror, sous-genre du film d’horreur ayant pour thème la transformation et l’altération du corps humain et qui mise beaucoup sur le malaise, la fascination et l’effroi provoqué par les blessures et autres mutilations subies par les personnages. Dans ce sixième film, Pinhead fait plus de la figuration qu’autre chose, alors que les producteurs étaient très déçus de ne le voir apparaître qu’au dernier tiers lors des premières projections tests de Hellraiser : Bloodline, et se contente seulement de torturer psychologiquement sa victime en lui faisant vivre continuellement son enfer personnel. 
Ses interventions sont réduites à peau de chagrin et il ne surgit que périodiquement, de sorte que le héros se demande ce qui lui arrive. Si la présence de Pinhead était assez limitée dans Hellraiser : Bloodline, elle était compensée par Angélique et les autres cénobites, tout aussi sadiques et pervers que leur maître et comportait quelques scènes de transformation plutôt graphiques. Quant à Hellraiser : Inferno, même si la torture psychologique était le maître-mot, le personnage principal souffrait de visions horrifiques peuplées de démons s’adonnant à des plaisirs sexuels et sanglants sur eux-mêmes ou sur des victimes non consentantes. Hellraiser : Hellseeker a beau contenir ces éléments constitutifs, à savoir le sexe, la douleur et le sang, son scénario ne fait que les survoler, le film n’étant pas excessivement gore comme l’étaient les précédents, alors que ces instants graphiques faisaient partie intégrante de la saga. À l’arrivée, l'opus prouve non seulement l’absence totale de maîtrise du matériau d’origine, mais aussi l’irrespect des exécutifs de Dimension Films, qui ne cherchaient qu’à sortir un nouveau film pour conserver les droits sur la franchise...

Tourné au cours de l’année 2001 à Vancouver, Hellraiser : Hellseeker ne sort en vidéo que bien plus tard, le 15 octobre 2002, distribué par Dimension Films et Buena Vista Home Entertainment, et, sans surprise, reçoit des critiques majoritairement assassines.
La plupart d’entre elles estiment que le film « franchit régulièrement la ligne de la médiocrité », « fait plus office de téléfilm » et que « toutes les coupes budgétaires le rendent ni intéressant ni impliquant ». Elles soulignent également la narration confuse, les performances d’acteur peu convaincantes et un sentiment général que l’équipe ne fait tout simplement pas d’efforts et cherche seulement à exploiter la franchise pour en tirer profit. Les spectateurs ne sont pas en reste et trouvent que « la série s’éloigne de plus en plus du sous-genre du slasher à la fois horrible et fantastique qu’elle a contribué à inventer » et déplorent l’abus de faux flashback et l’intrigue confuse, mais apprécient tout de même le retournement final, le retour de Kirsty et les quelques scènes d’horreur.
L’accueil assez mitigé voire négatif de ce Hellraiser : Hellseeker n’empêche toutefois pas ce dernier de cartonner en DVD, les ventes étant suffisamment bonnes pour convaincre Dimension Films de ne pas lâcher le filon. Alors que l'opus vient tout juste de sortir, les studios décident donc de lancer en quatrième vitesse un énième chapitre, à nouveau pour le marché de la vidéo, mais rien ne va se passer comme prévu et la série poursuivra sa descente aux enfers...

Incohérent, bavard et peu palpitant, Hellraiser : Hellseeker fonctionnerait nettement mieux s’il n’était pas un film de la franchise initiée par Clive Barker, malgré quelques moments d’horreur sympathiques, le retour, finalement inutile, d’un personnage adoré des fans et des trouvailles scénaristiques assez inspirées. Produit pour la pire des raisons et dans des conditions qui frisent l’amateurisme, il est à ranger du côté des suites embarrassantes qui trahissent éhontément l’univers de la saga.

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