The Path to 9/11
(Destination 11 Septembre)

The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre)
L'affiche
Titre original :
The Path to 9/11
Production :
Touchstone Television
Marc Platt Productions
UHP Productions Ltd.
Date de diffusion USA :
Le 10 septembre 2006 (Première partie)
Le 11 septembre 2006 (Deuxième partie)
Genre :
Drame
Réalisation :
David L. Cunningham
Musique :
John Cameron
Durée :
278 minutes

Le synopsis

1. The Path to 9/11 - Part 1
Date de diffusion USA : Le 10 septembre 2006
Réalisé par : David L. Cunningham
Durée : 159 minutes
Huit ans avant le 11 septembre 2001, le FBI et la CIA recherchent les auteurs de l’attentat du 26 février 1993 qui a fait six victimes dans le parking souterrain de la tour nord du World Trade Center à New York. L’enquête et l’arrestation du meneur Ramzi Yousef les mènent sur la piste du financeur de l’attaque, Oussama ben Laden.
2. The Path to 9/11 - Part 2
Date de diffusion USA : Le 11 septembre 2006
Réalisé par : David L. Cunningham
Durée : 119 minutes
L’administration américaine poursuit sa quête contre les terroristes d’Al-Qaïda alors que l’USS Cole, destroyer lance-missile de la marine, est attaqué le 12 octobre 2000 dans le port d’Aden au Yémen par des kamikazes. Pendant ce temps, John O’Neill, en charge de l’enquête au sein du FBI, commet une erreur qui le pousse à quitter ses fonctions.

La critique

rédigée par
Publiée le 11 septembre 2019

Le matin du 11 septembre 2001, entre 08h46 et 10h03, 19 kamikazes de l’organisation terroriste Al-Qaïda font 2 977 victimes en dirigeant des avions de ligne contre les tours du World Trade Center à New York, dont elles provoquent la destruction, contre le Pentagone près de Washington, D.C. et dans un champ près de Pittsburgh en Pennsylvanie. Le choc parcourt instantanément la planète, qui reste tétanisée devant des écrans de télévision diffusant en boucle les images d’une horreur inimaginable. Le 11 septembre 2001 bouleverse définitivement l’équilibre géopolitique du monde et conduit les États-Unis à lancer plusieurs interventions militaires plus ou moins légitimes en Afghanistan ou en Irak. Alors que chacun s’interroge sur les défaillances qui ont pu permettre à ces attentats odieux de se produire, de multiples œuvres racontent ces événements et leur genèse. The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) est de celles-là et tente avec difficulté d’expliquer les faits qui ont conduit à ce jour funeste. Certainement de manière trop hâtive.

The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) est donc un téléfilm lancé dans l’année 2005 au sein de la chaîne de télévision appartenant à The Walt Disney Company, ABC, à l’initiative de Steve McPherson, Président du divertissement et Quinn Taylor, Vice-Président en charge des téléfilms et miniséries. Ils contactent pour le projet le producteur Marc E. Platt (La Revanche d’une Blonde), ancien dirigeant de TriStar Pictures qui dispose d’un accord avec Touchstone et sa filiale Touchstone Television. Le scénario rédigé par Cyrus Nowrasteh, choisi pour avoir écrit et réalisé le téléfilm The Day Reagan Was Shot (2001), s’inspire du rapport rendu le 22 juillet 2004 par la Commission Nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis.
Formée en novembre 2002 par le Président George W. Bush et le Congrès et composée paritairement de parlementaires démocrates et républicains, la Commission du 11/09 est chargée de faire la lumière sur les attentats, le rôle de leurs auteurs et les défaillances de l’administration américaine. En se basant sur des preuves concrètes et des témoignages, le rapport explicite les événements et met en cause le Federal Bureau of Investigation (FBI) et la Central Intelligence Agency (CIA), coupables de luttes intestines ayant nuit à l’efficacité de la lutte antiterroriste. Le rapport dresse une liste de recommandations au gouvernement américain qui font l’objet d’une évaluation en 2005. Celle-ci, évoquée à la fin du téléfilm, est d’ailleurs préoccupante tant les problèmes semblent ne pas avoir été résolus, notamment vis-à-vis de l’échange d’informations entre les différents services et des procédures de sécurité au sein des aéroports.

En se basant en partie sur les travaux de la Commission, The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) affiche dès lors l’ambition de revenir sur l’histoire des faits qui ont parsemé le “chemin” conduisant à ce mardi noir. Il est vrai que la menace d’Al-Qaïda envers les États-Unis se matérialise assez tôt dans les années 90. Le film débute ainsi avec l’attentat perpétré le 26 février 1993. Des terroristes déposent dans le parking souterrain du World Trade Center une camionnette piégée et la font exploser, faisant perdre la vie à six personnes et en blessant des milliers. La visée du meneur de l’opération, Ramzi Yusef, était toutefois nettement plus élevée et visait à faire s’effondrer la tour nord sur la tour sud afin d’avoir des dizaines de milliers de victimes. L’attaque conforte toutefois Al-Qaïda dans son idée d’agir sur le sol américain et installe la lutte contre le terrorisme islamiste comme la priorité du FBI et de la CIA.
Oussama ben Laden est rapidement identifié en qualité de financeur de cette opération et comme un homme à arrêter, puis à abattre. John Miller, journaliste de ABC, parvient pourtant à l’interviewer en mai 1998 et provoque la colère des huiles du FBI qui ne comprennent pas comment un reporter s’est rendu dans le camp secret d’un ennemi qui reste, pour eux, introuvable. Ben Laden s’affiche alors comme une véritable menace aux yeux du grand public en réaffirmant sa “fatwah” visant à tuer tous les Américains, civils ou militaires. Et de fait, des attentats sont peu après commis contre plusieurs ambassades américaines en Afrique, dont celle de Nairobi au Kenya causant la mort de 213 personnes. La menace est alors au plus fort sur le territoire américain pour les célébrations du passage à l’an 2000 et de nombreuses personnes sont arrêtées par le FBI. Après l’attaque du navire de la marine USS Cole sur les côtes du Yémen en octobre 2000, le faisceau d’indices laissant imaginer le détournement d’avions sur le territoire américain ne cesse de croître, sans permettre hélas d’éviter la tragédie.

Malgré ses apparences de reconstitution réaliste, The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) n’en est pas une. Un message alerte d’ailleurs à plusieurs reprises les téléspectateurs sur le caractère de dramatisation de l’œuvre et précise que certains personnages et scènes sont fictionnels. Aux côtés de personnes réelles comme l’agent du FBI John O’Neill, le directeur de la CIA George Tenet ou les terroristes, sont en effet créés de toute pièce des personnages, comme un agent de la CIA présent sur le terrain en Afghanistan, Kirk.
Cet avertissement semble toutefois davantage tenir d’une couverture juridique que de la véritable ambition initiale du téléfilm. Par son récit chronologique et la présence de personnages réels, il s’inscrit évidemment dans la réalité. Il est alors délicat pour les auteurs de trouver un équilibre entre intrigue efficace et respect des faits, encore moins cinq ans après la catastrophe, alors que les cicatrices sont toujours béantes.

Les polémiques éclatent ainsi avant même la diffusion originale de The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre), à partir des premières copies transmises aux critiques. Sont dénoncées les distorsions opérées dans le scénario par rapport à la réalité et les libertés prises avec les conclusions du rapport de la Commission du 11/09, certaines scènes étant identifiées par plusieurs protagonistes comme n’ayant pas eu lieu. Des agents du FBI refusent notamment d’être crédités en tant que consultants et expriment des divergences par rapport au contenu du scénario. Les reproches les plus vifs émanent des membres de l’ex-administration de Bill Clinton, Président des États-Unis de janvier 1993 à janvier 2001. Ils accusent en effet les auteurs du téléfilm d’avoir désigné le camp Clinton comme étant responsable du 11 septembre du fait d’un laxisme coupable. L’affaire Monica Lewinsky est évidemment évoquée pour avoir supposément distrait le Président et ses proches collaborateurs des enjeux antiterroristes.
Une scène de la première version de la minisérie est particulièrement pointée du doigt : alors que Ben Laden est encerclé dans son abri par les agents de la CIA et leurs alliés afghans prêts à intervenir, le conseiller en sécurité nationale Samuel R. Berger ne prend pas de décision et ferme son vidéophone pendant une vidéoconférence au cours de laquelle devait être prise la décision de lancer l’opération, poussant le directeur de la CIA George Tenet à ordonner le retrait des agents en place et l’abandon de la mission. À la demande expresse de Berger, qui a comme de nombreux intéressés écrit aux responsables de ABC et à Bob Iger lui-même, CEO de The Walt Disney Company, la séquence est retirée de la version finale. Celle-ci ne correspondait effectivement pas à la réalité exacte. Si un plan destiné à capturer le Saoudien a été stoppé par M. Tenet au grand dam des agents de la CIA l’ayant préparé, ceux-ci n’étaient pas parvenus à un stade aussi avancé. Restent toutefois dans les deux épisodes plusieurs scènes au cours desquelles la frilosité de certains responsables administratifs ou politiques est implicitement désignée comme ayant empêché l’arrestation de Ben Laden ou d’autres ennemis.

The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) est donc assez largement accusé de dénigrer l’ancien pouvoir démocrate et de soutenir le pouvoir républicain alors en place, détournant notamment l’attention des interventions militaires commanditées par George W. Bush. Le producteur exécutif Marc E. Platt doit d'ailleurs s'en justifier et explique que le film “n’a jamais été un projet politique”. D’autres voix tempèrent également ces accusations. The New York Times, dont la tendance est pourtant plus proche des libéraux (au sens américain du terme) que des conservateurs, relativise en effet la portée politique des défaillances montrées dans les différentes séquences. Selon la journaliste Alessandra Stanley, si l’accent est marqué sur l’administration Clinton, c’est parce-qu’elle était au pouvoir durant la majorité des événements. Les manquements de ses successeurs républicains ne peuvent ainsi égaler ceux commis jusqu’à janvier 2001. En tout état de cause, la direction de Disney aurait commandé après la diffusion de 2006 une enquête interne sur le film et ses motivations. Ses éventuelles conclusions restent un mystère.

S’il reste donc préférable de ne pas faire de procès d’intention aux auteurs de la minisérie, ces derniers ont fait preuve d’un manque de rigueur coupable. La scène d’ouverture du premier épisode met par exemple injustement en cause les employés au sol d’American Airlines. Ceux-ci y ignorent une alerte de sécurité apparaissant à l’écran lorsque se présente au comptoir de l’aéroport le kamikaze Mohammed Atta. Factuellement infondée, la scène provoque l’ire des responsables de la compagnie qui communiquent au lendemain de la diffusion pour dénoncer un programme “erroné et irresponsable”. Ce constat s’ajoute aux nombreuses inexactitudes et contresens historiques relevés par des témoins des événements.
Sans même vouloir rechercher une quelconque volonté politique derrière The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre), le téléspectateur ne peut que regretter ces approximations. Des modifications et ajouts de parties fictionnelles peuvent évidemment être admis afin de résumer huit années en un peu moins de cinq heures, mais la multiplication des écarts rompt la confiance qu’est capable d’accorder le spectateur qui se demande à chaque scène s’il assiste au fruit d’une pure invention.

Ces manquements sont d’autant plus dommageables que The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) fait preuve d’une ambition rarement vue pour un film de télévision. Dotée d’un budget colossal de 40 millions de dollars, la production de la minisérie a, en effet, bénéficié de moyens colossaux et cela se voit ! Le tournage s’installe au Maroc pour bénéficier de décors désertiques représentant notamment l’Afghanistan. Les scènes extérieures sont ainsi impressionnantes et proposent une échelle gigantesque avec de très nombreux figurants. Les scènes se déroulant aux États-Unis bénéficient également de nombreux décors situés dans le pays ou au Canada. Le tournage peut même s’installer durant quelques jours au sein des locaux de la CIA à Langley, en Virginie.
Consacrée à la reconstitution chronologique de la matinée du 11 septembre 2001, la dernière demi-heure du second épisode bénéficie elle aussi de moyens importants. Les séquences tournées sont parfaitement complémentaires des quelques images d’archives utilisées, ponctuées parfois de légers effets spéciaux plutôt crédibles. Il s’agit ainsi de la partie la plus réussie et la plus poignante. Des effets de réalisation visant à instaurer un suspense forcé viennent toutefois gâcher ce qui aurait gagné à rester neutre, l’horreur des faits n’ayant pas besoin d’être accentuée.

Après quelques recherches infructueuses des producteurs, David L. Cunningham est finalement choisi pour réaliser la minisérie. Né le 24 février 1971 en Suisse et élevé à Hawaii, il est notamment connu pour le film Chungkai, le Camp des Survivants (2004), la minisérie La Petite Maison dans la Prairie par Laura Ingalls Wilder diffusée en 2005 sur ABC dans le cadre de l’émission The Wonderful World of Disney ou le film Les Portes du Temps (2007). Sa réalisation s’inscrit pleinement dans le style des années 2000, avec une caméra portée à l’épaule, une image tremblante et des personnages filmés en très gros plan, à l’image de la série contemporaine de 20th Century Fox Television traitant également de la lutte antiterroriste, 24 Heures Chrono. Cette mise en scène haletante accentue ainsi la tension mais paraît désormais particulièrement datée et redondante pour un film durant près de cinq heures.
Certaines séquences bénéficient toutefois de ce parti pris, comme celle restituant la traque d’un auteur de l’attentat de l’ambassade de Nairobi dans un dédale constitué par des habitations de fortune. Le spectateur est totalement pris dans cette poursuite haletante rythmée par les percussions jouées par un enfant présent à quelques mètres, alors que la tension monte suite à l’arrivée de locaux armés. De manière générale, la réussite de la mise en scène est de restituer efficacement le stress ressenti par les personnages face aux situations traversées. Elle est appuyée dans ce but par la musique composée par John Cameron, collaborateur régulier de David L. Cunningham, qui s’insère de manière cohérente parmi les images du réalisateur mais reste transparente, sans s’en démarquer de manière positive ou négative.

À l’image du nombre de personnes impliquées dans son histoire, le casting de The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) est pléthorique et comporte plusieurs dizaines de personnages. Devant la masse des faits à restituer, il semble que le scénariste Cyrus Nowrasteh n’a pas su adopter d’axe de narration permettant de privilégier des personnages clés. Il ressort que la grande majorité d’entre eux ne sont pas suffisamment développés. Les terroristes sont caricaturaux tandis que les différents agents du FBI et de la CIA n’attirent pas, sauf exception, particulièrement l’empathie. De manière générale, la minisérie pâtit de la concentration d'événements et de l’absence de continuité réelle entre chaque scène. En voulant raconter toute l’histoire de l’antiterrorisme américain de 1993 à 2001, le récit se précipite et ne prend pas le temps de s’arrêter sur ses personnages. Certains visages connus, aperçus dans d’autres œuvres de télévision, parviennent néanmoins à rester en mémoire malgré des apparitions furtives, comme Dan Lauria (Les Années Coup de Cœur) qui interprète le directeur de la CIA George Tenet, David Zayas (Dexter) qui joue l’agent du FBI Lou Napoli ou Penny Johnson Jerald (24 Heures Chrono) qui incarne la secrétaire d’État à la sécurité nationale de George W. Bush, Condoleezza Rice.

Seul le personnage de John O’Neill sort, en réalité, vraiment du lot et constitue un réel fil rouge au cours de l’ensemble de la mini-série, probablement en raison de son histoire personnelle particulièrement tragique qui en fait un témoin de ces huit années. Né le 6 février 1952, il est recruté en 1976 par le FBI où il grimpe progressivement les échelons et est nommé coordonnateur de la lutte antiterroriste en 1995. Il mène alors la traque contre Ben Laden et dirige en 2000 l’antenne new-yorkaise du Bureau. Sa vision lui permet d’atteindre de réels résultats bien que sa forte personnalité se confronte régulièrement à celle d’autres membres de l’administration. Sa mésentente avec l’ambassadrice américaine au Yémen après l’attentat contre l’USS Cole est d’ailleurs mise en scène dans le second épisode. Commettant l’erreur d’égarer des documents confidentiels, il se retrouve rapidement en difficulté vis-à-vis de sa hiérarchie et décide de quitter ses fonctions pour devenir responsable de la sécurité du World Trade Center. Rejoignant son nouveau poste le 23 août 2001, il est présent sur le site le mardi 11 septembre et est vu pour la dernière fois au 49ème étage de la tour sud en train de coordonner l’évacuation du bâtiment. Celui-ci s’effondre peu de temps après, emportant avec lui de nombreuses vies dont celle de John O’Neill, âgé de 49 ans.
Harvey Keitel, l’acteur préféré de Quentin Tarantino qui l’a fait jouer dans Reservoir Dogs (1992) et Pulp Fiction (1994), incarne ici O’Neill avec talent. Tantôt charmeur et tantôt grave, il restitue le charisme que semblait avoir l’agent fédéral. Véritable tête d’affiche du téléfilm, Keitel assume sa responsabilité comme son personnage aurait endossé la sienne et surnage clairement par rapport à ceux avec qui il partage l’écran.

The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) est diffusé aux États-Unis les 10 et 11 septembre 2006 en première partie de soirée et sans coupure publicitaire, fait rare dans le pays ! Mais le ramdam généré par les polémiques des précédentes semaines ne lui permet pas d’attirer les téléspectateurs. Le premier épisode réunit ainsi péniblement 13 millions de téléspectateurs, score honorable mais faible au regard de l’ambition du projet, d’autant que NBC parvient le même soir à rassembler près de 21 millions de personnes avec un match de football américain. Il se voit également diffusé en parallèle dans de nombreux pays, y compris en Angleterre sur BBC Two et en Belgique sur la chaîne flamande VT-4. Le Plat Pays connaît une autre diffusion en août 2008 sur RTL-TVI dans une version francophone divisée en cinq épisodes.
Malgré ses défauts, la minisérie est nommée en 2007 dans huit catégories aux Emmy Awards et remporte l’Emmy du meilleur montage pour un téléfilm ou une série limitée. Cette reconnaissance reste toutefois à relativiser tant elle est minimale au regard du budget colossal investi.

Devant l’échec commercial et les polémiques suscitées, The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) ne connaît pas d’autre diffusion aux États-Unis. De même, il n'est pas édité en vidéo. Il va alors voir sa propagation devenir un enjeu politique. Le présentateur de talk-shows radiophoniques conservateur John Ziegler réalise, en effet, en 2008 le documentaire Blocking The Path to 9/11 qui vise à dénoncer ce qu’il considère être une censure. Il souhaite démontrer que The Walt Disney Company a avorté ses plans de sortie en DVD de The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) suite aux pressions opérées par le camp Clinton. Si officiellement Disney explique ici l’absence d’édition vidéo par une simple décision commerciale, il faut garder à l'esprit que l’entreprise n’a pas hésité par le passé à enfermer ses œuvres controversées dans ses coffres-forts, comme c’est le cas notamment avec Mélodie du Sud (1946). Quelle que soit l’origine réelle de cette décision, il est toujours regrettable de voir un film ou un téléfilm rendu inaccessible aux yeux du grand public, d’autant plus lorsqu'il reflète une part d’histoire.

Malgré ses nombreux défauts tenant principalement aux approximations trop importantes de son scénario par rapport à la réalité des faits, The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) gagne en effet à être vu en tant que témoin de l’état d’esprit de l’époque ayant suivi le 11 septembre 2001. Le visionnage du téléfilm mène par ailleurs à se questionner sur la pertinence de vouloir transposer si rapidement à la télévision ou au cinéma les éléments constitutifs d’une tragédie qui a fait perdre la vie à 2 977 personnes et a causé des séquelles physiques ou mentales chez tous ceux qui ont vécu ces événements de près ou de loin. Un parallèle peut d’ailleurs être fait avec les fictions narrant les attentats de Paris et de Saint-Denis du 13 novembre 2015. Les productions réalisées rapidement après ont en effet davantage marqué par les polémiques qu’elles ont suscitées que par leur intérêt.
Si un tel événement majeur gagne à terme à être narré au cinéma ou à la télévision (qui nierait par exemple l’apport des films historiques de Steven Spielberg comme Le Pont des Espions ou Pentagon Papers ?), 2006 était vraisemblablement bien trop tôt pour restituer en détail les origines du 11 septembre. Cyrus Nowrasteh et l’équipe du téléfilm ont manqué de perspective pour pouvoir en assurer une narration nuancée et documentée. Ainsi, après le rapport de la Commission du 11/09 publié au moment de la production, d’autres témoignages ont été connus par la suite et ont permis d’en donner une image plus claire. À ce titre, la minisérie originale de Hulu The Looming Tower (2018) est nettement plus pertinente dans sa démonstration de l’impact des défaillances administratives du FBI et de la CIA face à l’émergence de la menace terroriste avant le 11 septembre. Bien qu’imparfaite, la série inspirée de l’ouvrage de 2007 de Lawrence Wright intitulé La Guerre Cachée a bénéficié de davantage de recul pour être plus subtile.

The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) déçoit dans sa volonté de présenter les événements et les causes qui ont mené aux attentats du 11 septembre, étant trop fortement pénalisé par ses approximations et le manque de rigueur de son scénario par rapport à la réalité factuelle. Malgré certaines qualités qui restent insuffisantes au regard de son budget de 40 millions de dollars, le téléfilm se noie dans la polémique avant même sa diffusion et constitue un réel accident industriel pour ABC.

Désormais quasiment introuvable, The Path to 9/11 (Destination 11 Septembre) vaut uniquement pour le témoignage qu’il constitue et pour confirmer la nécessité d’adopter une démarche rigoureuse et subtile dans la transposition à la télévision d’un drame de l'ampleur de celui du 11 septembre.

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