Une Loutre... Bien Familière !
Titre original : An Otter in the Family Production : Walt Disney Productions Date de diffusion USA : Le 21 février 1965 Genre : Docu-Fiction |
Réalisation : Richard Lyford Musique : George Bruns Durée : 50 minutes |
Le synopsis
Gary Blaine, un garçon du Wisconsin, adopte une loutre blessée qu'il baptise Snoop et qui devient vite l'animal de compagnie préféré de la famille, allant jusqu'à rendre jaloux le chien du foyer, Tim. Mais ce n'est rien par rapport à Al Whitley, le voisin des Blaine, qui, remarquant que les œufs de son poulailler ont été volés, soupçonne immédiatement Snoop... |
La critique
Une Loutre... Bien Familière ! est un épisode diffusé dans le cadre de l'émission de la chaîne américaine NBC Walt Disney's Wonderful World of Color.
Roy Edward Disney signe ici l'une de ses nombreuses productions télévisuelles pour les studios de son oncle. Fils de Roy Oliver Disney et neveu de Walt Disney, né le 10 janvier 1930, il intègre la firme Disney à l'âge de 24 ans. Il se fait alors vite remarquer dans le landerneau hollywoodien par la qualité de la narration du court-métrage animalier Mystères des Profondeurs sorti en 1959 et nommé aux Oscars. Il continue ensuite à collaborer avec les Walt Disney Productions comme écrivain, directeur et producteur jusqu'en 1967 quand il est logiquement élu à son Directoire. Il refuse, en revanche, d'en devenir un haut responsable exécutif en 1977, arguant d'une différence de points de vue concernant les décisions de ses collègues du moment...
Pour Une Loutre... Bien Familière !, il confie alors la réalisation à Richard Lyford tandis que la narration est assurée, elle, par Rex Allen, un habitué des productions du studio de Burbank ayant déjà prêté sa voix à de nombreux courts-métrages ou émissions animaliers. Une Loutre... Bien Familière ! s'inscrit ainsi dans la plus pure tradition des films à prises de vues réelles de docu-fiction chers à Walt Disney, à l'exemple de La Légende de Lobo ou Nomades du Nord. Côté casting, le téléfilm fait appel à toute une famille - Gary, Mabel et Tom Beecham - pour jouer les rôles du garçon Gary Blaine, de la mère Martha et du père Howard. Le voisin Al Whitley est tenu lui par Donald Cyr.
Il est difficile de juger Une Loutre... Bien Familière ! avec les yeux d'aujourd'hui. Il est en effet désormais admis qu'un animal sauvage doit rester dans la nature même lorsque l'homme a les plus belles intentions du monde vis-à-vis de lui et cherche à lui apporter amour et attention. Dans les années 1960, aux États-Unis, la plupart des enfants avaient ainsi comme animaux domestiques des chiens et des chats. Mais il n'était pas rare qu'ils adoptent quelques spécimens sauvages venus de leur voisinage comme le rappelle d'ailleurs fort justement Walt Disney dans la présentation du téléfilm. Il cite notamment des animaux comme la moufette, le raton-laveur, le cougar... et bien sûr la loutre. Le visionnage laisse donc le téléspectateur contemporain avec un sentiment ambivalent. Il sait parfaitement que la loutre serait mieux dans l'espace sauvage mais d'un autre côté, comment résister à une bouille aussi mignonne et ne pas être attendri par les images. Surtout que la famille Blaine qui l'adopte veut toujours ce qu'il y a de mieux pour l'animal ; le soignant notamment alors qu'il s'était coincé la patte dans le piège d'un chasseur.
Le téléfilm commence donc lors du retour de l'école du jeune Gary, accompagné de son chien Tim. Le garçon trouve alors une loutre prise au piège. Il la ramène chez lui pour que son père la soigne, puis lui demande de l'adopter comme il l'avait déjà fait avec plein d'animaux blessés, transformant sa maison en vraie Arche de Noé. Après l'accord parental, il décide de donner au nouveau venu le nom de Snoop. Malheureusement, cette nouvelle amitié entre la loutre et l'enfant n'est pas du tout du goût du chien de la famille, Tim, qui pensait être le meilleur ami du garçon. Il naît alors en lui une jalousie, exacerbée par la maladresse de Gary qui délaisse le pauvre chien, l'obligeant à rester dehors dans le jardin pour ne pas effrayer Snoop sur laquelle il aboie tout le temps. Le téléfilm offre alors plusieurs moments où la famille joue d'ingéniosité pour empêcher les deux animaux de se rencontrer et de se battre. Il y a notamment une scène où la mère fait croire au chien que Gary sort par la porte de derrière de la maison pour laisser le champ libre à son fils et à la loutre pour passer par la porte de devant. Naturellement, un jour la confrontation a finalement lieu et alors qu'elle aurait pu tourner en catastrophe, le face à face impromptu et musclé entre Tim et Snoop s'avère finalement bénéfique pour entamer une coexistence pacifique.
La deuxième partie d'Une Loutre... Bien Familière ! se concentre ensuite sur une menace pour le jeune Snoop. Le voisin Al Whitley voit en effet son poulailler détruit tous les soirs et ses œufs saccagés et pillés. Il suspecte fortement la loutre d'être à l'origine de ces méfaits et partage ses soupçons avec le père de Gary. Le garçon et sa famille vont alors essayer de savoir si leur animal peut être fautif, notamment en vérifiant s'il a moyen de quitter la maison sans qu'ils le sachent, et si c'est le cas, de trouver un moyen de l'empêcher de se déplacer hors de la limite du jardin. Le téléfilm offre à ce moment-là deux scènes bien différentes en fonction des solutions que cherchent à mettre en place Gary et son père. Il y a d'abord un instant émotion lorsque le garçon comprend que le meilleur moyen de protéger son animal est de le relâcher dans la nature, loin de chez lui. Sauf que Snoop ne l'entend pas de cette oreille et, une fois abandonné, décide de faire le chemin inverse et de retourner chez son ami humain. Il s'ensuit enfin une séquence action et suspense où Gary décide de monter la garde dans le poulailler de son voisin pour connaître le coupable. Sauf que Snoop le suit et risque de se faire tirer dessus à la carabine par l'éleveur en colère alors qu'il est pourtant innocent. L'impact de ces deux scènes est tout de même limité par le recours à la narration et les performances des acteurs qui ne sont pas de vrais comédiens...
Il est difficile de se positionner sur Une Loutre... Bien Familière !. Clairement il est un téléfilm d'un autre temps montrant des habitudes perdues. ll est pourtant impossible de ne pas tomber sous le charme de la jolie bouille de Snoop tout comme de l'ambiance si particulière des années 1960.