Ami Oublié
Titre original : Off His Rockers Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 17 juillet 1992 Série : Genre : Animation 2D / Animation 3D |
Réalisation : Barry Cook Musique : Bruce Broughton Durée : 5 minutes |
Le synopsis
Un cheval de bois désespère de ne pas parvenir à attirer l'attention de son propriétaire, un petit garçon qui ne joue plus avec lui depuis qu'il a une console de jeux vidéo… |
La critique
Petit cartoon expérimental, produit au sein des studios d'animation Disney d'Orlando, fermés depuis 2004, Ami Oublié, passé complètement inaperçu lors de sa sortie, est maintenu depuis aux oubliettes. Présenté en première partie des séances cinéma de Chérie, J'ai Agrandi le Bébé puis en bonus du laser-disc du même film, il est en effet pour ainsi dire black-listé.
Ce traitement apparait aujourd'hui bien injuste.
Son réalisateur, d'abord, n'est autre que Barry Cook connu pour un cartoon
sorti, l'année suivante, Panique au Pique-nique, mettant en vedette Roger
Rabbitt, mais aussi et surtout sa coréalisation de Mulan.
Sa qualité artistique, ensuite, n'est pas en reste. Au contraire même. Ami Oublié est, il est vrai, un mélange réussi d'animation 2D et 3D,
une véritable prouesse à l'époque. Le décor et le cheval sont ainsi animés par
ordinateur tandis que le petit garçon reste lui en animation traditionnelle. La
surprise vient d'ailleurs moins de la présence de la 3D que de sa proportion
dans l'œuvre et de son incroyable qualité ! Elle est visiblement aussi
convaincante, si ce n'est plus, que celle des cartoons intégralement 3D sortis
par un certain studio Pixar à la fin des années 80. Pire, Ami Oublié
livre un scénario dont le "à naître" Toy Story
semble tout droit inspiré : un jouet "vivant" lutte pour entretenir sa relation
privilégiée avec un petit garçon.
Alors, pourquoi interdire à Ami Oublié les feux de la rampe ? Le cartoon est, en fait, à l'époque gênant à plus d'un titre pour les studios d'animation Disney. Il ressemble d'abord trop à Toy Story et pourrait alors faire de l'ombre à cette nouvelle production sur le thème d'une histoire, déjà vue, déjà traitée. Ensuite, malgré son budget ridicule, le rendu final est incroyable. L'idée d'avoir maintenu le petit garçon en 2D rend en effet l'animation du cartoon extrêmement cohérente et crédible, là où les humains en 3D de Toy Story sont encore perfectibles. D'ailleurs, en comparant les deux œuvres des années après, le cartoon parait moins daté que le long-métrage. Enfin, qui sait si les studios Disney n'auraient pas, avec lui, fini par se convaincre qu'ils étaient tout à fait capables de prendre seuls le virage de la technologie 3D sans passer par l'étape Pixar ? Ami Oublié contient à l'époque en lui tous les éléments d'une mutinerie artistique et économique que la Direction d'alors, menée par Michael Eisner, ne voyait pas d'un bon œil, déjà convaincue qu'elle était de la pertinence de la joint-venture avec Pixar...
Cartoon étonnant tant par ses qualités intrinsèques que son parcours dans le catalogue Disney, Ami Oublié mérite presque d'obtenir le statut de réfugié politique dans le monde de l'animation.