Imagination Débordante

Imagination Débordante est assurément l'un des cartoons les plus étonnant et surréaliste de la carrière de Donald.

Le court-métrage est, en effet, un hommage aux films noirs des années 40 avec son mystère, son flic cherchant des indices et un coupable sans oublier sa victime séduisante et pulpeuse... Il est aussi parfaitement encré dans son époque. Ce qui effraie ici Donald, ce sont, il est vrai, les émissions radiophoniques qu'il écoute. A l'époque, la télévision n'existe pas et donc, le soir, pour se divertir, les Américains suivent des drames racontés à la radio à la manière des séries télé contemporaines. Ce soir là, Donald passe donc d'une station à l'autre mais ne trouve que des fréquences qui lui donnent la chair de poule. Le titre anglais du cartoon est d'ailleurs particulièrement bien trouvé et forme un joli jeu de mot. En anglais, "chair de poule" se traduit, en effet, par "goose pimples" ; dans la langue de Shakespeare, la poule est ainsi devenue une oie, l'écran titre montrant le "goose" barré et remplacé par l'évident "duck".

Donald laisse ensuite son imagination déborder. Un vendeur à la mine patibulaire vient ainsi frapper à sa porte et lui propose tout de go des livres à revendre pour qu'il puisse s'acheter ensuite une bicyclette. Le VRP disparaît aussitôt : vrai vendeur ou être imaginaire ? Donald ne sait plus... Peu importe, il se plonge dans un des romans et là encore, le récit prend vie et sort littéralement du livre. Le voleur Dopey Davis quitte, en effet, les pages et attrape Donald au col en lui demandant de le croire quand il affirme être innocent du crime dont il est accusé. Au contraire même, il accuse Donald ! C'est à ce moment là que le commissaire Hugh Hennesy sort lui aussi du roman et vient interroger le canard. Il est suivi par la victime, une femme sexy du nom de Pauline toujours à la recherche du voleur de son collier de perles. Le commissaire fait également appel à son adjoint, un certain Leslie J.Clarke, pour lui fournir des fers chauds afin de mettre Donald au supplice. Au moment précis où le canard est sur le point d'avoir la gorge tranchée par une justice expéditive, l'auteur J.Harold King apparaît et révèle le nom du coupable. Tout ce petit monde peut donc repartir d'où il était venu laissant Donald pantois avec son livre...

Imagination Débordante est donc un cartoon de Donald qui ne ressemble à aucun autre. D'abord, parce que le canard n'y perd pas une seule fois son sang-froid. En fait, il est plutôt spectateur de tout ce qui lui arrive. Ensuite, parce que le cartoon est complètement dingue. Le spectateur a en effet plutôt l'impression d'être devant un Tex Avery ou un Looney Tunes. Les personnages sortis du livre agissent, en effet, tous de manière loufoque, le pompon revenant à la jeune Pauline qui n'hésite pas à se cacher dans le costume du détective et à en sortir un téléphone ! Enfin, parce que littéralement timbré, surréaliste et barré, le rendu est complètement déroutant.
Les animateurs se sont manifestement fait plaisir à développer une oeuvre qui sort des sentiers battus chez Disney. L'ultime preuve en est d'ailleurs le nom du commissaire, Hugh Hennesy : un clin d'oeil interne au studio puisqu'il s'agit du nom d'un artiste travaillant chez Mickey notamment sur les layouts et les décors. Imagination Débordante verra ensuite ses personnages de Pauline, de Dopey Davis et de Leslie J.Clarke réutilisés dans l'émission de Donald Duck, The Mad Hermit of Chimney Butte, le 1er avril 1960.

Imagination Débordante est un cartoon hors norme pour Donald Duck : il y est spectateur d'une rêverie foldingue !