Donald's Decision
Titre original : Donald's Decision Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 11 janvier 1942 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Ford Beebe Commanditaire : National Film Board of Canada Musique : Oliver Wallace Durée : 4 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Donald est mis à contribution pour vanter les mérites des bons de guerre canadiens... |
La critique
Donald's Decision est le second « acte de guerre » des studios Disney, juste après la mobilisation générale suivant l'attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.
Avant 1941, la guerre fait rage en Europe et en Asie. Les États-Unis font tout pour rester à l'écart ; le président Roosevelt, son gouvernement et le Congrès prônant le non-interventionnisme. L'histoire en décide autrement à la suite de l'attaque de Pearl Harbor... Dans l'intervalle, le voisin canadien est, lui, entré dans le conflit contre l'Axe en même temps que le reste du Commonwealth. Son gouvernement, à la recherche de fonds pour construire des armes, organise ainsi une levée de bons de guerre. Pour promouvoir l'opération, le National Film Board of Canada commande alors une série de films de propagande, notamment aux studios de Mickey. Au final, Walt Disney en produit quatre qui sortent à quelques mois d'écart : The Thrifty Pig (le 19 novembre 1941), 7 Wise Dwarfs (le 12 décembre 1941), Donald's Decision (le 11 janvier 1942) et All Together (le 13 janvier 1942).
Le court-métrage n'a pas été très cher à produire. La majorité de son animation est, en effet, reprise des cartoons Le Sang-Froid de Donald et L'Ange Gardien de Donald. Le début commence par une courte scène du (Le) Sang-Froid de Donald où le canard est en train de se prélasser sur un hamac tandis que la radio diffuse un message. Ici, seule la bande son est modifiée puisqu'au lieu de diffuser des conseils sur comment garder son calme, la radio passe plutôt un appel du gouvernement pour que les citoyens épargnent utilement en investissant dans des bons de guerre. Donald est d'accord pour en acheter mais il compte y aller le lendemain, pas le jour même. Le chérubin de L'Ange Gardien de Donald apparaît alors dans une scène mélangeant à merveille l'animation des deux cartoons : Donald endormi et les décors sont ainsi repris du premier tandis que l'ange provient lui du second.
Le reste de Donald's Decision est ensuite principalement tiré de L'Ange Gardien de Donald. Un petit détail change tout de même puisque les livres que portait Donald dans le cartoon d'origine sont changés en une tirelire en forme de cochon. La star croise alors sa mauvaise conscience : chose notable ici, le diable est clairement un espion ennemi tandis que sa boîte aux lettres s'orne d'une croix gammée lorsque son loquet rouge indique l'arrivée d'un nouveau courrier. La scène de combat entre l'ange et le diable est, par contre, la même que dans le cartoon d'origine même si elle est ici raccourcie. Donald, libéré de sa mauvaise conscience, peut désormais aller déposer ses économies comme le veut son ange-gardien en allant acheter des bons du trésor... L'animation de la séquence de fin est identique mais les décors y sont changés puisque Donald se dirige vers une poste canadienne au lieu d'aller à l'école et que les alentours font davantage penser à une banlieue là où le court-métrage originel se déroulait plutôt à la campagne. De plus, de nombreuses affiches vantant les bons de guerre canadiens sont présentes tout le long du parcours du canard.
Sur la durée totale de quatre minutes du cartoon, Donald n’apparaît finalement que trois ; le reste de l'opus étant complété de séquences animées à moitié inédites mais minimalistes. Les trente premières secondes changent par rapport à The Thrifty Pig ou à 7 Wise Dwarfs tandis que les trente dernières sont identiques. Elles constituent ainsi de la pure propagande vantant l'achat de bons de guerre, qui peuvent s'obtenir avec quatre dollars canadiens qui en vaudront cinq, sept ans plus tard. Les fonds levés ont ainsi pour but de faire tourner les usines d'armement (avions, tanks et autres matériels militaires). Le peu d'images utilisées est, pour cela, revêtu de messages écrits insistant concrètement sur les bénéfices à réaliser avec les bons de guerre et leur finalité ultime : la défaite du camp adverse ! L'ensemble est très anxiogène, que ce soit la représentation de combats aériens ou encore certaines formulations guerrières. Ce dernier passage, extrêmement violent et militaire, se révèle d'ailleurs assurément bluffant, une fois replacé dans son contexte.
Donald's Decision n'est pas un divertissement : il ne vaut aujourd'hui que pour sa valeur historique et le témoignage de l'engagement des studios Disney pour l'effort de guerre ! Par contre, d'un point de vue montage, il est particulièrement intéressant. Il montre comment avec deux cartoons accompagnés de quelques modifications mineures, les studios Disney ont offert, pour un budget serré, un troisième court-métrage au propos totalement différent. Il est ainsi un précurseur des futures compilations animées qui seront proposées dans l'émission d'anthologie de Walt Disney à partir du milieu des années 1950.