Poissons Folichons
Titre original : Frolicking Fish Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 21 juin 1930 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Burt Gillett Musique : Bert Lewis Durée : 6 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Au fond de la mer, les poissons, hippocampes, huîtres et étoiles de mer jouent de la musique en dansant... |
La critique
Poissons Folichons est un cartoon des Silly Symphonies globalement anecdotique dans son récit mais qui possède une belle évolution dans la technique d'animation.
Poissons Folichons est marqué dans sa conception par la présence de quelques grands noms de l’animation tels que Wilfred Jackson, Les Clark, Ben Sharpsteen, Jack King, Dave Hand ou Norm Ferguson. La réalisation est confiée quant à elle à Burt Gillett. Le compositeur Bert Lewis reprend lui de nombreux morceaux pour illustrer musicalement le court-métrage. Peuvent ainsi être reconnus des extraits de Heinzelmächen (1880) de Richard Eilenberg et de The Dance of the Serpents (1906) d'Eduardo Boccalari. Malgré cette équipe, et à la suite des départs d'Ub Iwerks et Carl W. Stalling, les studios Disney auront beaucoup de mal à tenir les délais de livraison de ce court-métrage. Alors que le cartoon devait être terminé au milieu du printemps 1930, la livraison à Columbia Pictures se fera finalement au début de l'été.
Poissons Folichons commence par des scènes de contemplation. Le premier plan est celui d'un mur de bulles qui s'avère sortir de la bouche grande ouverte d'un gros poisson qui s'enlève aussitôt de devant la caméra, permettant au spectateur d'assister à un ballet aquatique où différentes espèces de poissons dont une raie manta nagent harmonieusement. Un autre poisson tout rond se place alors de profil devant la caméra. Lorsqu'il se tourne d'un quart de tour, il est amusant de voir qu'il est en réalité tout plat. À son tour, il s'en va et laisse la place à un long serpent des mers qui a deux petits poissons assis au bout de sa queue et qui saluent le public en passant devant la caméra dans une belle séquence brisant le quatrième mur. La caméra change alors de plan et suit un hippocampe chevauché par un poisson à la façon d'un cavalier sur son cheval.
Une nouvelle courte séquence est ensuite proposée avec un poisson qui danse autour d'une ancre de bateau échouée au fond de la mer. À côté se trouve un coffre autour duquel d'autres poissons évoluent en rond. Le couvercle du coffre se soulève légèrement, laissant transparaitre des yeux sombres visibles de l'interstice, puis s'ouvre complètement en dévoilant une immense pieuvre menaçante. Les poissons alentours arrivent toutefois à s'enfuir, ce qui a le don de rendre furieux le céphalopode qui se lance aussitôt à leur poursuite. La pieuvre arrive alors près d'une colonie de poissons et se cache dans la végétation pour l'observer. Le public remarque ainsi trois poissons qui sont en train de danser au centre d'un cercle formé de congénères et de crustacés, tous placés devant l'épave d'un bateau échoué.
L'animation des trois poissons mérite de s'y arrêter. Elle est l’œuvre de l'animateur Norm Ferguson qui va proposer avec elle une belle innovation pour les studios Disney. Héritée d'une méthode de travail d'Ub Iwerks, l'animation Disney utilisait jusqu'alors le mouvement dit de « poses ». L'animateur dessinait le mouvement jusqu'à une pose, puis maintenait la pose pendant quelques images avant de bouger à nouveau. Cela apportait une animation certes dynamique mais rigide et mécanique. Norm Ferguson va révolutionner la pratique en proposant le « mouvement perpétuel ». Il choisit en effet de sauter les poses et de maintenir un mouvement fluide et continu tout au long du numéro de danse des poissons. La prise de risque est payante car ses collègues tout comme Walt Disney sont impressionnés. Ce dernier demande alors à l'ensemble de ses animateurs d'étudier le style de Ferguson et de tendre désormais vers une animation qui s'en rapproche le plus possible.
La caméra passe ensuite sur un orchestre composé de trois poissons jouant de la batterie en tapant avec des maillets sur des coquillages ou des bouteilles tandis qu'un espadon joue au loin de la harpe sur son rostre. L'attention se porte ensuite sur une écrevisse qui fait des castagnettes avec ses pinces. Après avoir pincé malicieusement les fesses de deux poissons, il se déplace un peu plus loin et se met à jouer de la harpe sur un vrai instrument humain échoué au fond de l'eau. La musique fait alors danser des créatures autour de lui comme un poisson, des étoiles de mers ou des huîtres. La séquence suivante voit quant à elle des petits poissons sauter sur le ventre d'un plus gros, ce qui a pour effet de créer à chaque fois une bulle d'air. Les petits sautent alors dessus puis se laissent dériver au gré du courant.
Mais la méchante pieuvre du début réapparaît et détruit toutes les bulles. Pendant ce temps, un poisson retardataire pousse la sienne sans se douter de ce qui l'attend. Le maladroit s'entrave et rentre dans la bulle d'air. La pieuvre en profite alors pour l'attraper et la faire tourner dans tous les sens. En faisant cela, le céphalopode finit par la percer, libérant ainsi le poisson qu'il capture de nouveau rapidement dans ses tentacules. Ce dernier arrive tout de même à s'enfuir tandis que la pieuvre se lance aussitôt à sa poursuite. Le poisson se cache dans une épave mais le céphalopode finit par l'attraper encore une fois et va jusqu'à l'avaler. Le poisson ne doit finalement sa liberté qu'à une dent absente de la pieuvre qui lui permet de quitter la dangereuse bouche de l'animal. Le petit arrive ainsi à se débarrasser de la pieuvre une bonne fois pour toutes en lui envoyant sur la tête l'ancre du navire.
Poissons Folichons est un cartoon au récit certes passe-partout mais dont l'intérêt est néanmoins immense dans l'histoire de l'animation Disney.