La Belle et la Bête
Histoire Éternelle
Éditeur : Hachette Romans Date de publication France : Le 01 mars 2017 Genre : Beauty and the Beast : Lost in a Book |
Auteur(s) : Jennifer Donnelly Autre(s) Date(s) de Publication : Disney Press (US) : 31 janvier 2017 Nombre de pages : 300 |
Le synopsis
La critique
La Belle et la Bête : Histoire Éternelle paraît chez Disney Press le 31 janvier 2017, à l'occasion de la sortie du film La Belle et la Bête le 17 mars 2017 ; il est signé de la plume de Jennifer Donnelly et s’intègre alors dans l’univers du remake en prises de vues réelles, ainsi que dans celui du classique d'animation des Walt Disney Animation Studios de 1991.
Jennifer Donnelly est une auteure américaine d’origine irlandaise connue du grand public pour Waterfire, sa saga de romans épiques historiques pour jeunes adultes (publiée pour la première fois chez Disney Press aux États-Unis entre 2014 et 2016), et qui lui a valu le Nature Generation's 2015 Green Earth Book Award. Elle est également l'auteure du roman A Northern Light appartenant au même genre (paru le 1er septembre 2014 chez HMH Books for Young Readers), qui lui a permis de remporter la Médaille Carnegie, le Los Angeles Times Prize for Young Adult Literature et le Michael L. Printz Honor. Elle a en outre écrit des romans pour adultes, tels que The Tea Rose (2002, Thomas Dunne Books), The Winter Rose (2008, Hyperion) et The Wild Rose (2011, Hyperion).
La Belle et la Bête : Histoire Éternelle débute juste après que la Bête a fait cadeau à Belle de sa somptueuse bibliothèque, un moment chéri de l'histoire pour tous les amoureux du film d'animation La Belle et la Bête et l’idée de base est judicieuse. Si la scène de la bibliothèque est en effet similaire au film d'animation, l'auteure a également inséré beaucoup de références au film sorti en 2017, telles que la coopération de Belle, de la Bête et des objets enchantés pour rendre à la bibliothèque sa splendeur d’antan, délaissée depuis bien longtemps, ainsi que l'idée selon laquelle les objets perdent leur humanité à mesure que la date fatidique se rapproche. Le lecteur aura aussi le plaisir de retrouver des personnages qui ne sont présents que dans le film de 2017, à l'exemple de Père Robert et Agathe. Tout comme dans le film, l'admiration de Belle pour Paris est très présente et Maurice n'est pas décrit comme un inventeur de génie, mais comme un fabricant de boîtes à musique. Il est aussi attribué pour la première fois un nom à des personnages bien connus, entre autres le porte-manteau, le fourneau et le repose-pied canin. L'influence profonde du film de 2017 pose d'ailleurs son empreinte sur la couverture même du livre, représentant Belle dans le costume bleu porté par Emma Watson, devant le nouvel aspect de la bibliothèque.
Jennifer Donnelly parvient à effectuer un astucieux mélange des deux films l’ayant inspirée et elle y incorpore même une scène de La Belle et la Bête 2 : Le Noël Enchanté, celle des patins sur glace. Ainsi, le livre s'insère intelligemment dans la grande histoire de La Belle et la Bête de Disney. À cela, il faut ajouter que le récit est pétri de références, lui conférant une richesse peu commune pour un livre de fantasy jeune adulte. Donnelly fait tout d'abord référence à Shakespeare, que Belle et la Bête affectionnent tout particulièrement et qui avait déjà été mentionné dans la version longue du film d'animation sorti en 2002, lorsque Belle apprend à lire à la Bête avec Roméo et Juliette. La place du « Barde » avait ensuite été amplifiée dans le film de 2017, lorsque Belle et la Bête se rendent compte qu'ils ont en commun la passion de ses écrits. Donnelly intègre également au récit une fable d'Ésope, les noms de Molière et Dante et des notions de mythologie grecque, qui ont tous leur importance dans l'histoire. Tout comme le thème du livre, qui relate des faits à propos d'un autre livre, saura séduire les passionnés de lecture, la multitude de références littéraires ne fera très probablement qu'accroître l'engouement des lecteurs.
Ce thème de mise en abîme est un classique de la littérature de fantasy, retrouvé dans des ouvrages de renommée mondiale, tels que L'Histoire sans Fin de Michael Ende et Cœur d'Encre de Cornelia Funke. Mais les influences puisées par l’auteure dans ce type de littérature ne s'arrêtent pas là. La société humaine du livre enchanté n'est pas sans rappeler L'Histoire Sans Fin, tout comme le monde onirique dans lequel pénètre Belle laisse songer au Pays des Merveilles pour ses surprenants aspects ou au Neverland de Peter Pan de par le nom qui lui est donné : « Nevermore ». Le début du livre dans la version originale, qui est une phrase d'accroche assez intrigante et efficace, fait en outre référence à ce monde merveilleux plein de surprises : « Once upon forever », laissant présager ce qui va suivre et dans quel type d'aventure Belle s'embarque dans le livre. Autre clin d'œil, et tout comme dans le remake de 2017, le nom du village de Belle est Villeneuve, très probablement en référence à l'auteure de l'histoire de La Belle et la Bête, Gabrielle de Villeneuve. Si Madame Leprince de Beaumont est connue de par le monde pour avoir écrit le conte en 1756, il s'agit en fait d'une réinterprétation du conte de Mme de Villeneuve, publié en 1740 dans le recueil La Jeune Américaine et les Contes Marins.
Le prologue du livre met en scène deux personnages qui jusqu’à présent n'avait pas encore intégré le monde de Belle et de la Bête de façon aussi concrète. Il s'agit de la Mort et de l'Amour, deux sœurs dans le récit, qui ont une incidence directe sur la vie des personnages. La personnalisation de ces deux concepts confère d'emblée au récit une tonalité forte et profondément magique, pleine de mauvais et bons présages pour l'histoire. Ces deux sœurs ne sont d'ailleurs pas sans rappeler les Étranges Sœurs à la présence récurrente dans les livres de la collection Disney Villains.
L'histoire offre aussi une perspective plus poussée des pensées de Belle, allant d'épisodes bien connus, comme lorsqu'elle quitte le château après avoir pénétré dans l'aile Ouest, à ses sentiments généraux en tant que captive. Les dialogues entre les objets sont en outre parsemés de touches d'humour, ainsi que ceux entre la Bête et ces derniers. La tonalité du récit est également souvent empreinte de rêverie conférée par le sujet même du livre, lequel comporte cependant un ton sombre annoncé dès le prologue. L’histoire se rapproche toutefois davantage du conte de Disney en termes d'atmosphère, que de l'Histoire Éternelle de la collection des Twisted Tales. À l'instar de ce dernier, Belle s'affirme plus dans ce récit et cherche à comprendre, tout comme dans le long-métrage, quel est le sort qui emprisonne les habitants du château et pourquoi elle est retenue captive. Dans cette histoire, l'auteure donne l'impression subtile que la Bête n'est pas responsable de la captivité de Belle et les met en quelque sorte au même niveau en termes d’emprisonnement, contrairement aux autres versions de l'histoire où malgré un rapprochement entre Belle et la Bête, la promesse de Belle de rester est faite à la Bête qui est son geôlier.
La Belle et la Bête : Histoire Éternelle est un livre très bien écrit, riche, élégant et agréable à lire, qui se dévore d'une traite et s'insère à merveille dans l'univers bien connu de La Belle et la Bête de Disney ; un must pour tous les fans de lecture et du conte. Une fois terminé, le lecteur aura l'impression d'avoir eu accès à un moment exclusif de l'histoire, qui jusqu'ici était resté caché aux yeux de tous.