Zorro - Saison 1

(Noir et Blanc)

Une de figures les plus emblématiques de la littérature et du cinéma, est sans conteste Robin des Bois, le fameux hors-la-loi au grand cœur qui vole aux riches pour donner aux pauvres. Ce "bandit", fier héros et brave combattant, en rébellion contre la tyrannie et l'oppresseur, est, en effet le genre de personnage idéal dans le processus habituel d'identification du public envers ses idoles. Dès lors, rien d'étonnant à le voir connaitre une flopée de variations dont Zorro est assurément l'une des plus belles figures.

Zorro est né en 1919 sous la plume de Johnston Mc Culley dans le roman La Malédiction de Capistrano. La nuit, justicier masqué signant ses exploits avec l'initiale de son nom, il est Don Diego, le jour, poète pacifiste et oisif, fils unique du vénérable Don Alejandro de la Vega, l'un des plus respectables notables de l'Etat. Véritable renard, animal dont il tire son nom ("zorro" en espagnol), ce rusé défenseur des opprimés de la Californie sous domination mexicaine chevauche un fougueux (et célèbre lui aussi !) étalon, Tornado. Ayant pour seules armes un fouet, une dague et une épée, il tire ses plus grands atouts de son intelligence et de sa capacité à appréhender le danger. Sa volonté de rendre justice et équité aux faibles repose d'ailleurs plus sur une démonstration de force et d'habilité que sur l'affrontement sanglant et le châtiment des représentants de l'oppresseur mexicain.

Il existe pas moins de 65 romans et nouvelles sur le justicier masqué plaçant son estimation de lecteurs à prés de 500 millions à travers le monde. Le 7e art ne met d'ailleurs pas long à prendre conscience du potentiel cinématographique du phénomène. Le premier film mettant en scène Zorro (The Mark of Zorro) est ainsi muet et remonte au 27 novembre 1920, soit, un peu plus d'un an seulement, après la création du personnage. Douglas Fairbanks Senior se charge du rôle et marque à jamais, par son interprétation symptomatique, l'inconscient collectif du public. Il remet ça dans une suite sortie le 25 juin 1925 sous le titre de Don Q, Son of Zorro. Zorro ne quitte pas vraiment le grand écran au cours des années 30 et 40 puisqu'il se voit utilisé dans un certains nombre de "serials", des suites de courts-métrages sur le même thème. Le 8 novembre 1940, The Mark of Zorro, toujours en noir et blanc, réinvestit les salles obscures dans un remake, cette fois-ci, qui voit le vengeur masqué assumé par Tyrone Power, dans une interprétation somme toute très proche de celle de Douglas Fairbanks Senior.

En 1950, Johnston Mc Culley cède les droits de son personnage à un agent d'Hollywood. Bien décidé à voir Zorro débarquer à la télévision, ce dernier approche en 1952 Walt Disney dont l'intérêt pour le héros va grandissant. S'il n'est pas encore à l'époque, le grand producteur télévisuel qu'il allait devenir, le Maître prend conscience immédiatement du fort potentiel du vengeur masqué. En recherche de contenus pour remplir la grille d'une émission télévisée destinée d'abord à faire la publicité de son parc à thèmes, Disneyland (et séduire par la même occasion les investisseurs !), il confie à la structure qu'il vient de monter pour la création de son royaume magique (la WED, ancêtre d'Imagineering) la mission d'acquérir les droits de Zorro. Chose faite, quatorze premiers épisodes sont écrits dans la foulée et prêts à entrer en production. Pourtant, un contretemps retarde leur réalisation. Le refus de différents networks d'épauler le projet sans visionner au préalable un "pilote" tout comme le surbooking d'un Walt Disney entièrement axé à la future ouverture de Disneyland a, en effet, raison de la mise sur le marché du projet. Fort heureusement, l'intérêt d'ABC pour l'émission d'Anthologie remet finalement le projet sur les rails. Il faut dire que le grand besoin de financement frais pour Disneyland incite Walt Disney à faire les yeux doux à la chaine pour qu'elle investisse encore plus d'argent dans son parc. En contrepartie, il ressort son idée de série télé sur Zorro. Délai de fabrication oblige, le téléspectateur patiente encore jusqu'au 10 octobre 1957 pour voir le justicier de la nuit débarquer dans son salon et faire les beaux jours de la chaîne de télévision qui le diffuse, ABC.

Walt Disney s'est mis entre temps à la recherche du candidat idéal pour reprendre le double rôle de Zorro / Don Diego dont il sait que la prestation serait forcément comparée à celle de Tyrone Power, le dernier acteur en date à avoir incarné de façon notable le justicier masqué. Il n'aura que l'embarras du choix. Le casting ne passe pas, en effet, inaperçu ! Une quantité importante de comédiens en mal de reconnaissance se presse, il est vrai, au portillon. Tout ce beau monde sait qu'il tient là l'occasion rêvée de devenir le prochain Fess Parker, qui, en incarnant Davy Crockett, est passé brutalement de l'anonymat la plus complète à la célébrité totale. Le papa de Mickey ne se laisse pour autant pas impressionner par l'affut de candidats. Sûr du profil qu'il recherche, il jette bien vite son dévolu sur un certain Guy Williams. De son vrai nom Armando Catalano, l'acteur est né le 14 janvier 1924 à New York. Tout juste sorti de l'école, il commence à travailler en tant que mannequin avant de se faire remarquer par la MGM puis les studios Universal. Sous contrat en 1952, il participe à de petits rôles dans des films de série B comme Bonzo Goes to College ou I Was a Teenage Werewolf. Alors qu'il se croit déjà has-been, Walt Disney le remarque lors du casting pour Zorro. Il ne sait pas encore qu'il vient de se voir offert le rôle de sa vie !

La sortie de la saison 1 de Zorro dans la collection des Walt Disney Treasures est une excellente nouvelle. Elle offre en effet le privilège de redécouvrir la série comme à son premier jour : en noir et blanc avec une image parfaite, une remasterisation bien heureuse lui ayant été appliquée. Cerise sur le gâteau, la fin de chaque épisode conserve la séquence de présentation du suivant, une coquetterie que les chaines françaises ont toujours refusée de diffuser. Enfin, comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, deux des quatre épisodes de la minisérie sur Zorro diffusée dans l'émission Walt Disney Presents sont proposés en bonus.

Si Zorro bénéficie à plein de la qualité de la collection des Walt Disney Treasures, il n'est pas certain que la réciproque soit vraie pour cette neuvième vague. Elle apparait, en effet, bien pauvre par rapport aux précédentes. Elle est ainsi mono thème (seul Zorro est traité), mono support (elle se restreint au seul média télévision) et mono genre (elle ne propose aucune séquence d'animation). Enfin, il est difficile de ne pas penser qu'elle fait doublon avec l'édition couleur de la série, privant ainsi son contenu du caractère exclusif dont les vagues précédentes pouvaient se prévaloir à juste titre...

Il ne reste dès lors qu'à faire contre mauvaise fortune bon cœur et se consoler en se disant que les aficionados de Zorro seront comblés. Etant précisé qu'ils seront peu à l'être puisque seuls 30 000 exemplaires pour le monde entier sont mis sur le marché...