Plymouth
Un Nouveau Monde
Titre original : Plymouth Production : Touchstone Television Date de diffusion USA : Le 26 may 1991 Genre : Science-fiction |
Réalisation : Lee David Zlotoff Musique : Brad Fiedel Durée : 90 minutes |
Le synopsis
Les habitants d'une ville sur Terre, devant être relogés à la suite d'un accident industriel, acceptent de refaire leur vie sur une base minière défaillante sur la Lune. Leur premier grand test sur place se présente alors sous la forme d'une onde de rayonnement provenant d'une éruption solaire massive... |
La critique
Plymouth est un téléfilm co-produit par Touchstone Television, la chaîne américaine ABC et la chaîne italienne Rai Uno, puis diffusé pour la première fois le 26 mai 1991 sur la chaîne américaine ABC. En France, le long-métrage a d'abord été diffusé, découpé en deux parties, dans l'émission Disney Parade, en 1993 et 1996, sous le titre Un Nouveau Monde avant d'être diffusé d'un seul tenant sur Disney Channel sous le titre Plymouth.
Plymouth est donc un téléfilm de science-fiction impressionnant, notamment car il se base d'un postulat de départ assez inédit. Une petite ville devient en effet invivable à la suite d'un accident industriel. L'entreprise UNIDAC, à l'origine de la catastrophe, propose alors à la communauté d'aller refaire sa vie dans un endroit improbable, une ville minière située sur la Lune. Il s'agit ainsi de la toute première colonie humaine en dehors de la Terre. L'idée de départ est dès lors suffisamment originale pour permettre de proposer une aventure plutôt dépaysante tout en présentant un récit moderne qui rappelle les premiers colons partis s'installer en Amérique. L'entame du téléfilm fait d'ailleurs allusion au ressenti des Pères Pèlerins qui, après leur expédition à bord du Mayflower, implantent ce qui va devenir la ville de Plymouth. Il ne s'agit bien sûr pas de la même ville que dans le long-métrage, mais le parallèle est ainsi évident.
Plymouth propose en outre des décors assez bluffants pour une simple production de télévision. La ville lunaire est ainsi particulièrement bien mise en valeur avec ses appartements plutôt spacieux, sa serre qui permet de subvenir aux besoins alimentaires de la colonie, son dispensaire de santé, son école, sa mine... En fait, le téléfilm prend une bonne moitié de son temps à présenter son environnement et tout ce qui s'y déroule. Le téléspectateur assiste ainsi à l'arrivée d'une navette d'approvisionnement et de voyageurs, au départ de mineurs temporaires, à la vie de tous les jours d'une famille de colons. Il sera aussi amusant de voir comment le téléfilm essaye de montrer un appareil télévisuel et informatique dernier cri pour l'époque mais qui, plus de trente ans plus tard, a particulièrement mal vieilli. Mais ce cachet très années 90 ne gêne en rien l'aura de l'opus, lui donnant au contraire une saveur agréablement nostalgique. Le propos, quant à lui, est au final assez riche et plutôt intelligent. Dès le début, l'héroïne apprend par exemple qu'elle est enceinte. Or, il avait été bien spécifié quand la colonie s'est installée qu'aucun bébé ne devait voir le jour sur la Lune. La croissance d'un nouveau-né pourrait en effet être gênée par le manque de gravité, ce qui l'obligerait à rester définitivement sur la Lune sans aucune possibilité de vivre sur Terre et ainsi obliger sa mère, voire le reste des habitants, à rester coincés eux aussi sans possibilité de faire marche arrière. Il convient ainsi de rappeler que la petite ville lunaire est censée n'exister que depuis cinq ans, et il n'est pas encore certain qu'elle soit assez viable d'un point de vue technique mais aussi financier. La règle de ne pas avoir d'enfants a donc été mise en place pour s'autoriser une porte de sortie. L'arrivée de ce futur bébé va donc contraindre toute la communauté à faire des choix draconiens et difficiles.
Une fois le récit posé, Plymouth est beaucoup plus intense dans sa deuxième partie. La colonie se voit, il est vrai, mise en danger par une éruption solaire qui menace d'irradier tous les habitants ; chose qui ne se produit pas sur Terre, les êtres humains étant protégés par le champ magnétique de la planète. Ces derniers doivent donc se protéger dans des abris spécialement conçus pour contrer les rayonnements. Sauf que quand l'alerte est donnée, sept hommes sont dehors en scaphandre, dans la mine, sans moyen de les contacter à cause des radiations qui brouillent les communications. Une course contre la montre se met alors en place pour les sauver. La tension est extrême, surtout que l'action passe d'un personnage à l'autre, chacun essayant de faire son maximum pour venir en aide à la communauté ou alors pour se protéger des rayons mortels. Cette seconde partie est joliment haletante, le téléspectateur vibrant avec les personnages. Une fois le suspense passé, la fin devient en revanche bien plus conventionnelle, proposant une conclusion satisfaisante mais laissant également la place à une éventuelle suite.
Au delà de son propos, la réussite de Plymouth provient également de ses personnages.
L'héroïne du téléfilm est ainsi Addy Mathewson, le médecin de la ville. Elle est l'un des piliers de la communauté, étant la garante de la santé de chacun. Mais une nouvelle inattendue la met dans l'embarras et risque de bouleverser toute la petite ville lunaire. Le personnage est ainsi joué de façon convaincante par Cindy Pickett, déjà vue dans le téléfilm The Cherokee Trail (1981) dans l'émission Walt Disney.
Addy vient en fait de rompre avec Gil Eaton, un conseiller technique itinérant qui est juste de passage sur la Lune. Aimant aller par monts et par vaux, il tombe finalement amoureux de la femme médecin, ce qui va bouleverser ses convictions et ses objectifs de vie. Les qualités du jeune homme sont alors particulièrement mises en avant pendant l'éruption solaire, dont son incroyable courage et son abnégation. Le baroudeur est vraiment attachant grâce à son interprète, Dale Midkiff, qui apparaîtra plus tard dans d'autres téléfilms de The Wonderful World of Disney, Une Fée Bien Allumée (1997) et Nancy Drew, Journaliste-Détective (2002).
Addy possède en outre une grande famille qu'elle élève seule depuis que son mari est mort il y a huit ans. Il y a son fils ainé Jed (Matt Brown), sa grande fille Hannah (Perrey Reeves vue dans Le Mystère de la Montagne Ensorcelée en 1995), sa fille adoptive April (Lindsay Price) et son petit garçon Eugene (John Thornton).
Enfin, parmi le reste du casting, il sera noté la participation d'un petit garçon du nom de Joseph Gordon-Levitt qui sera finalement l'acteur de Plymouth qui aura la plus belle carrière, de Dix Bonnes Raisons de Te Larguer chez Touchstone Pictures à la trilogie Batman de Christopher Nolan.
Plymouth est ainsi un téléfilm particulièrement ambitieux. Avec un budget de huit millions de dollars pour moitié porté par Touchstone Television et 3.5 millions de dollars par ABC, le long-métrage avait fait appel à Wendell Mendell, un scientifique de la NASA, en tant que consultant pour rendre l'idée de la première colonie humaine sur la Lune crédible d'un point de vue scientifique. Après le tournage, les producteurs, que ce soient ceux d'ABC ou encore Jeffrey Katzenberg, responsable des Walt Disney Studios, sont logiquement ravis du résultat. Paradoxalement, les responsables de la chaîne ABC sont eux bien moins emballés. Ils traînent en effet les pieds un an avant de décider de finalement diffuser le long-métrage. Alors qu'il était à l'origine prévu pour être le pilote d'une série télévisée, la chaîne décide que son genre ne colle pas avec sa grille de programmes. Ainsi, le budget énorme qui aurait pu être cohérent pour une série devient exorbitant pour un téléfilm. Et au vu du résultat, il est assez étonnant qu'ABC ait fait autant la fine bouche tellement l'univers présenté donne envie d'en voir plus, étant porté en outre par des personnages à l'immense capital-sympathie.
Plymouth propose un récit haletant bien construit, des personnages attachants et un univers dépaysant. Le téléspectateur est ainsi sûr de se retrouver face à un bon téléfilm de science-fiction, certes daté mais toujours empli de charme.