Titre original :
The Girl Who Spelled Freedom
Production :
Walt Disney Television
Date de diffusion USA :
Le 23 février 1986
Genre :
Comédie dramatique
Réalisation :
Simon Wincer
Musique :
Mark Snow
Durée :
90 minutes

Le synopsis

Linn Yann est, avec sa mère et ses cinq frères et sœurs, une réfugiée cambodgienne. Elle est ainsi accueillie avec les siens par une famille américaine. L'intégration est difficile mais à force de ténacité, d’enthousiasme et surtout une soif insatiable d'apprendre, la petite Linn participe brillamment à un concours d'épellation de mots...

La critique

rédigée par
Publiée le 23 mai 2022

Le Prix de La Liberté est un téléfilm diffusé, en 1986, sur ABC dans l'émission hebdomadaire nouvellement intitulée The Disney Sunday Movie et héritière du show créé sur la même chaîne en 1954 par Walt Disney lui-même, sous le titre de Disneyland.

Le Prix de La Liberté raconte l'histoire vraie d'une réfugiée cambodgienne arrivée aux États-Unis en 1979. Durant la seconde moitié des années 70, le Cambodge est en effet aux mains des Khmers rouges, un mouvement politique et militaire, ultranationaliste et communiste radical d'inspiration maoïste. Lors de leurs années au pouvoir, ils mettent en place une dictature extrêmement violente autarcique et raciste. Ils se rendent coupables d'un génocide à travers de nombreux crimes de masse où quand les habitants ne sont pas exterminés, ils sont au minimum réduits en esclavage. Ainsi, la jeune Linn Yann passe de nombreuses années dans des camps de travail avec le reste de ses cinq frères et sœurs. La nuit, ils dorment même séparés de leur mère. Leur père, lui, meurt assassiné par les Khmers rouges après avoir été trop malade pour travailler. À la suite de cette tragédie, la famille décide de fuir ses tortionnaires et parcourt 150 kilomètres dans la jungle afin de franchir la frontière thaïlandaise. Ils passent alors un an dans un camp de réfugiés avant d'être finalement recueillis par les États-Unis. Linn Yann, sa mère et ses cinq frères et sœurs arrivent ainsi dans une famille d'accueil qui va les aider à se relever psychologiquement. Le téléfilm raconte alors la vie de la jeune fille en se basant sur des interviews et des articles de journaux afin de construire son scénario.

Le Prix de La Liberté commence par la fuite de la famille Yann dans la jungle cambodgienne et leur arrivée dans le camp de réfugiés en Thaïlande. Le téléfilm est assez rude dans le sens où il montre bien la misère de cette famille et ses conditions de vie difficiles. Néanmoins, il place les atrocités qu'ont vécues les protagonistes sous un voile pudique ; les téléspectateurs étant jugés parfaitement en mesure d'imaginer seuls leurs natures. Le téléfilm montre néanmoins bien le choc que vit la mère de Linn mais aussi ses enfants. Ils arrivent ainsi dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les mœurs et encore moins les usages. Malgré leurs difficultés, leur prise en charge par les États-Unis n'en reste pas moins une bénédiction. En effet, alors qu'ils souffrent de diverses maladies et de sous-nutrition, elle leur sauve tout seulement la vie. Une fois la santé retrouvée, elle leur permet aussi d'envisager enfin un avenir. Et le plus dur est peut-être de s'adapter à cette nouvelle vie. Parmi les acteurs interprétant la famille cambodgienne, l'actrice Kieu Chinh joue ici une mère de famille très sobre, pleine de dignité. Elle a vécu tellement de choses horribles qu'elle a du mal à laisser transparaître ses émotions, que cela soit la joie ou la tristesse, à la fois par pudeur mais aussi par protection.

Le Prix de La Liberté décide également de dresser le portrait de la famille d'accueil américaine, les Thrash, habitant le Tennessee qui a décidé de recevoir chez elle les sept personnes. Leur arrivée va particulièrement bousculer leur vie, surtout qu'elle comprend pas moins de six enfants dont il faut s'occuper. Pour le téléspectateur, l'attitude de la famille américaine est particulièrement intéressante à analyser, surtout avec le recul historique nécessaire. Quand le mari George essaye de convaincre sa femme Prissy et sa fille Laura, le public ressent qu'il le fait à la fois par générosité mais aussi par charité chrétienne. Les Thrash sont des croyants très impliqués dans leur communauté religieuse. L’accueil des réfugiés semble être dû aussi à une sorte d’obligation sociale et politique même si le fait n'est clairement pas montré de façon directe. Ainsi, George va être incroyablement maladroit quand les Cambodgiens arrivent chez lui. La séquence où il leur apprend comment utiliser des toilettes est assez choquante aujourd'hui car il insinue que parce qu'ils sont étrangers, ils ne connaissent rien à la vie moderne. Pour sa défense, la barrière de la langue n'aide sûrement pas à la compréhension de ce que la famille connaît ou non. Pour autant, le téléfilm n'aurait sûrement pas dû insister sur ce point. Avec ce montage, il est impossible de ne pas voir George comme quelqu'un qui, s'il aide les gens dans le besoin, a tout de même des pensées post-colonialistes inconscientes. L'acteur Wayne Rogers a donc bien du mal à rendre le personnage très attachant, laissant transparaître une superficialité dans sa démarche.

La réaction de Prissy Thrash est, par contre, plus intéressante. En premier lieu, elle est effrayée par la décision de son mari. Elle ne pense pas avoir la capacité de faire face, ayant notamment peur que les différences de mœurs ainsi que la barrière de la langue l'empêchent de communiquer. Surtout, en voyant sept personnes débarquer chez elle, elle est persuadée que son univers va s'écrouler. Elle appréhende aussi que son mari, après l'avoir soutenue au début de l’épreuve, reparte rapidement sur les routes pour son travail ; la laissant seule avec sa fille pour régler tous les soucis des réfugiés. Pour autant, elle décide de s'impliquer à fond dans sa tâche et montre une générosité sans limite dont elle ne se croyait pas capable ; à tel point d'ailleurs, qu'elle a tendance à négliger sa fille, l’obligeant à corriger le tir afin de trouver un nouvel équilibre. Prissy va donc beaucoup apprendre de cette expérience et devenir une personne altruiste et ouverte là où elle était un peu égoïste et pleine de préjugés. L'actrice Mary Kay Place qui joue Prissy Thrash propose ainsi un jeu vraiment réaliste et sincère en donnant à la mère de famille une fragilité apparente où se cache en réalité une grande résilience.

Parmi tous les enfants de la famille Yann, celle qui est la plus mise en avant dans le téléfilm est sûrement la petite Linn. Il faut dire que son histoire a ému toute l'Amérique. Ne parlant pas un mot d'anglais à son arrivée aux États-Unis, elle est parvenue grâce à une soif d'apprendre, une ténacité à toute épreuve et surtout un désir de revanche, à gagner un grand concours d'épellation. Son parcours est ainsi parfaitement dans l'esprit du modèle américain prônant l'intégration et la réussite. Pour autant, le téléfilm ne cache pas aussi que cette réussite tient également à une fragilité psychologique de la petite fille qui est persuadée qu'elle se doit absolument de réussir ; l'échec la ramenant à ses années d'horreurs et de privation. La jeune actrice Jade Chinn offre ici un jeu tout en finesse rendant la fillette aussi touchante et volontaire que fragile.

Derrière la caméra, Le Prix de La Liberté se voit mené par Simon Wincer. Ce réalisateur australien, né en 1943, s'est fait connaître pour avoir réalisé D.A.R.Y.L. (1985), Sauvez Willy (1993) ou Le Fantôme du Bengale (1996). Il fait également une belle carrière chez The Walt Disney Company pour qui il met en scène, en plus du téléfilm Le Prix de La Liberté, le film Opération Dumbo Drop (1995), les téléfilms Flash (1997) et Miss Murphy Mène l’Enquête (1998), le film IMAX La Légende de l'Étalon Noir (2003), tous sous label Disney, ainsi que Jack l'Éclair (1994) sous Buena Vista International et des épisodes de la série Les Aventures du Jeune Indiana Jones (1992) pour Lucasfilm Ltd.. Sa réalisation dans Le Prix de La Liberté est efficace mais un brin classique sans jamais être imaginative. Seules les premières scènes lors de la fuite de la famille ressortent en fait réellement du lot.

Le Prix de La Liberté est un téléfilm touchant qui montre le parcours étonnant d'une petite fille qui pense retrouver sa liberté dans l'abnégation et l'accomplissement. Le montage et les valeurs du téléfilm, très ancrés dans les années 1980, apparaissent depuis clairement datés.

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