La Couleur de l'Amitié
Le synopsis
En 1977, aux USA, le député Ron Dellums et ses trois enfants, Piper, Brandy et Erik, se réjouissent à l'idée d'accueillir, dans le cadre d’un séjour d’échange scolaire, Mahree une jeune Sud-Africaine. Dès la descente d’avion, ils sont vite surpris de découvrir que l’adolescente est blanche tandis que cette dernière l’est plus encore quand elle se rend compte que ses hôtes sont noirs ; elle qui vient d’un pays où l'apartheid régit les rapports humains... |
La critique
La Couleur de l'Amitié est un téléfilm de la collection des Disney Channel Original Movies produit tout spécialement pour le réseau de télévision, Disney Channel.
L'apartheid est le nom donné à la politique de ségrégation raciale conduite en Afrique du Sud par la minorité blanche à l'encontre de la majorité noire. Mis en place en 1948 par le Parti National, il est fondé sur le développement séparé des populations et se pratique jusqu'en 1991. Il est en réalité la traduction concrète et assumée dans les institutions d'une politique de ségrégation raciale empirique existant en Afrique du Sud depuis la création de la colonie du Cap en 1652. Cette construction sociétale est la conséquence de l'angoisse historique des Afrikaners, blancs d'origine non anglophones, essentiellement néerlandais, d'être submergés par la multitude de la population noire environnante. La ségrégation porte alors sur les aspects économiques (avec des domaines d'activité réservés ou interdits en fonction de l'origine), les données géographiques (avec la création des bantoustans ou régions réservées aux populations noires ) et le statut social (défini en fonction des origines ethniques et raciales). La population sud-africaine est ainsi répartie en quatre groupes raciaux distincts : les Blancs, (environ 20%) formés de 3/5 d'Afrikaners et de 2/5 d'anglophones ; les Indiens (environ 3%), descendants des coolies recrutés à partir de 1860 pour travailler dans les plantations de cannes à sucre ; les Coloured ou métis, (environ 9 %) ; et enfin, les Noirs ou Bantous, (environ 70 %), se répartissant entre différentes ethnies, les plus importantes étant les Xhosas et les Zoulous...
La Couleur de l'Amitié étonne dès ses premières minutes par son ton juste et son récit touchant. Basé sur Simunye, une nouvelle écrite par Piper Dellums et racontant la venue chez elle d'une jeune Sud-Africaine alors même que son père était élu du Congrès américain et opposant déclaré à l'apartheid, il bénéficie, en effet, à plein d'une solide base scénaristique. Inutile, d'ailleurs, de préciser à ce stade qu'il prend directement la défense du modèle américain contre le régime sud-africain. (Mais comment pourrait-il en être autrement ?) Cette évidence ne plombe pourtant pas l'attrait de l'ensemble. La Couleur de l'Amitié ne tombe pas, il est vrai, dans la facilité et sait bien mettre en avant les forces et faiblesses des deux communautés que cela soit celles des Dellums qui ont tendance à mettre tout le monde dans le même panier (le gouvernement sud-africain au même titre qu'une jeune adolescente endoctrinée depuis sa naissance) ou de Mahree dont les comportements et les réflexions font vraiment froid dans le dos. Cette part d'ombre en chacun d'eux contribue ainsi grandement à l'intérêt du récit. Fort d'une écriture fine et juste, le téléfilm permet alors de livrer un discours - a priori assez difficile d'accès pour le jeune public - abordable et simple ; l'ensemble étant rehaussé par le jeu des jeunes actrices Lindsey Haun et Shadia Simmons (respectivement Mahree et Piper) convaincantes à souhait.
Franche réussite sur un thème inédit pour le genre, La Couleur de l'Amitié est un téléfilm simple et touchant qui mérite à plein son Emmy Award du Meilleur Programme pour Enfant.