Orbitron
Machines Volantes
Date d'ouverture : Le 12 avril 1992 Type d'attraction : Manège |
Musique : David Tolley Durée : 2 minutes (sans attente) |
Le synopsis
Au cœur d’un cratère volcanique sur lequel s’est développé Discoveryland, de merveilleuses machines tournoient autour d’une structure créée d’après d’anciens plans du génie italien, Léonard de Vinci. Nul besoin d’un brevet de pilotage pour embarquer dans ces navettes futuristes, elles n’ont qu’une seule destination : la voûte céleste ! |
L'expérience
Discoveryland est en ébullition. Littéralement. Construit sur des formations volcaniques, ce pays est en bouillonnement perpétuel, comme en témoignent les Crater Pools. La chaleur du sous-sol de la Terre fait craquer le parement tandis qu’au loin le canon Columbiad fend le ciel et crache ses passagers dans le vide intersidéral de l’espace. Mais pourtant, il n’est pas au cœur de l’attention des habitants. Une structure métallique, toute d’or et de bronze, hommage à l’astronomie et à ceux qui la pratiquent, trône, en effet, fièrement au centre de la place et s’élance vers le ciel, entourée de formations géologiques prodigieuses. Ce système de planètes reproduit à plus petite échelle semble immuable… Et pourtant, il tourne ! C’est d’ailleurs par une phrase du génie Léonard de Vinci qui peut être lue à l’entrée du monument astronomique que les visiteurs sont accueillis : "Il sole non si muove", littéralement "Le Soleil ne bouge pas".
C'est, il est vrai, avant tout pour démontrer le mouvement des planètes autour de l’astre solaire, au centre de l'œuvre, que cette sculpture a été créée. L’attente avant l’embarquement est d'ailleurs le moyen idéal d'en décortiquer les détails alors qu'elle est en mouvement. Çà et là, des planètes virevoltent et, accompagnées de leurs satellites et anneaux, tracent leur orbite autour de leur axe de rotation fixe représentant le Soleil, plumé d’une girouette en forme de comète filant dans le ciel. Au total, plus d’une dizaine de planètes de tailles différentes et de périodes de révolutions variables se croisent et se frôlent dans un ballet galactique hypnotisant. Malheureusement, aucun élément ne permet de les identifier, il reste donc aux plus fins connaisseurs de reconnaître les douze symboles astronomiques figurant sur l’aileron arrière des fusées.
Ces symboles du zodiaque sont assimilés à des objets célestes qui traversèrent le temps et connurent mille mythes : les constellations. Chaque véhicule spatial est donc doté d'un symbole associé à sa constellation : Bélier ♈, Taureau ♉, Gémeaux ♊, Cancer ♋, Lion ♌, Vierge ♍, Balance ♎, Scorpion ♏, Sagittaire ♐, Capricorne ♑, Verseau ♒ et Poissons ♓.
Ces mêmes signes se retrouvent reproduits en plus grande taille à la base de la structure, devant chaque vaisseau. La voûte céleste est alors à portée de mains… Mais les pilotes ont à peine le temps de sortir de leur rêverie qu’il est déjà l’heure pour eux de gagner le pont d’envol ! Chacun prend place dans sa navette deux places, resserre sa ceinture et prend en main la manette de navigation de l’engin. Tout à coup, la machinerie démarre, tous les vaisseaux décollent en même temps, les museaux inlassablement dirigés vers la même direction : les étoiles ! Les apprentis voyageurs galactiques tourbillonnent alors dans une chorégraphie loin d’être improvisée.
Les planètes tournoient, les vaisseaux accélèrent, échappent à des collisions certaines, frôlent de nombreux objets célestes, s’élèvent dans le ciel et découvrent un merveilleux panorama ; Discoveryland défile, en effet, devant leurs yeux à plus de six mètres de hauteur ! Dans un dernier élan, les vaisseaux perdent enfin de la vitesse, les planètes s’éloignent et la Terre se rapproche sous les pieds des explorateurs du ciel, maintenant chevronnés. L’atterrissage en douceur leur permet de reprendre leurs esprits, remplis de souvenirs d’un espace lointain. Les plus rêveurs garderont en mémoire ce voyage hors du temps vers l’infini et resteront la tête dans les étoiles…
La critique
À l’ouverture de Disneyland Paris le 12 avril 1992, le public découvre cinq Lands à la thématique propre, calqués sur ceux déjà présents dans les Royaumes Magiques des autres Parcs Disney à travers le monde. Pourtant, certains Lands se voient inspirés par la culture du pays les accueillant, allant jusqu’à rendre hommage au continent européen tout entier. Ainsi, Le Château de la Belle au Bois Dormant s’attribue des détails de monuments remarquables français, Fantasyland décline son thème à travers différents pays européens, tandis que l’un d’entre eux voit son thème profondément changé et revêt même pour l’occasion un nom totalement inédit. Discoveryland n’est pas à proprement parler le Land du futur mais celui d’un futur imaginé par des génies européens des siècles passés, à l’image de Jules Verne ou H.G. Wells. Ce véritable hommage aux visionnaires d'une époque révolue, comme un futur parallèle et hors du temps, contient malgré tout quelques ingrédients de bases : un Space Mountain en bon et due forme, une myriade d’automobiles se dirigeant vers Autopia et, comme un emblème trônant à son entrée, un manège tournant et sa flotte de navettes spatiales. Mais s’il y a bien une attraction qui subit une refonte aussi totale, c'est sans aucun doute Orbitron, Machines Volantes se démarquant ainsi de ses consœurs étrangères jusqu’à même en devenir une source d’inspiration…
Pour créer cette attraction et ce Land réinventés, Disney fait appelle à Tim Delaney. Cet artiste accompli, déjà plus de trente ans de service à la Walt Disney Imagineering au compteur, participe à de nombreux projets d’envergures dans les Parcs Disney à travers le monde. D’Anaheim à Hong Kong, de Paris à Orlando, il est sans nul doute le plus à même à diriger ce chantier. D’ailleurs, son plus grand succès reste à ce jour l’attraction Space Mountain - De la Terre à la Lune pour laquelle il décroche « la distinction pour réalisation exceptionnelle » (Award for Outstanding Achievement) décernée par la Themed Entertainment Association en 1995, une récompense plus qu’honorable dans le métier des loisirs. Mais son travail sur l’attraction Orbitron, Machines Volantes n’a pas à rougir, à côté du colosse Space Mountain - De la Terre à la Lune. Son inspiration, il la tient des rêveurs excentriques des siècles passés qui imaginaient et créaient des machines tout aussi extravagantes qu’ingénieuses. Ainsi, lorsqu’il est décidé de répliquer l’attraction Rocket Jets du Disneyland Park de Californie (ou Star Jets du Magic Kingdom de Floride et de Tokyo Disneyland au Japon), hors de question de copier leur style. D’ailleurs, celui-ci varie inlassablement durant des décennies. En Californie, cette attraction se dénomme en effet dans un premier temps Astro Jets (de 1956 à 1964), puis Tomorrowland Jets (de 1964 à 1966) et enfin Rocket Jets (de 1967 à 1997) ; par ailleurs, elle se fait connaître sous le nom de Star Jets en Floride (de 1974 à 1994) et au Japon (de 1983 jusqu’à sa fermeture, en 2017).
Le design se rapprochait alors plus d’engins de l’United States Air Force puis de fusées de la célèbre agence spatiale américaine, la NASA, que de vaisseaux venant tout droit d’un futur idéalisé. D’abord sous la forme de courts cylindres blancs, munis de petites ailes monochromes (rouges, bleues ou noires), ils sont par la suite transformés en une véritable armada de mini-fusées à la gloire du programme spatial américain alors en pleine effervescence dans les années 60. Mais une fois de plus, le futur tant promis par le Land appartient définitivement au passé dès qu’une création s'y voit matérialisée. Discoveryland ne fera donc pas cette erreur. Orbitron, Machines Volantes en est ainsi la preuve "vivante". Et le terme est des plus appropriés dès l’instant où la structure entre en mouvement ! Ce planétarium géant vivant, arborant une foule de planètes toutes décidées à suivre leur orbite, est, il est vrai, un parfait ambassadeur du Land pour quiconque l’a visité. Sa signature colorée est d'ailleurs un hommage au steampunk le plus créatif : ses tons or et laiton vieillis transportent les visiteurs dans un futur hors du temps tandis que des néons bleus apparaissent la nuit tombée et lui donnent une tonalité électrique. Inutile évidemment de préciser l’élégance de l’attraction dans le noir de la nuit ; elle en est plus magique et le voyage plus féérique.
Le concept de l’attraction n’est pourtant pas des plus originaux. Attraction-phare de fêtes foraines, comprenant un axe central et des véhicules situés à l’extrémité de bras articulés, elle devient commune dans tous les Parcs Disney du monde jusqu'à en devenir l'emblème du Land. A titre anecdotique, les Rocket Jets sont aisément reconnaissables dans le Todayland du Classique Bienvenue Chez les Robinson, démontrant sa notoriété s'invitant même dans le domaine du septième art. La version parisienne peut également être visible dans un ensemble de vitraux présents à Main Street, U.S.A., chacun rappelant un Land représenté par une attraction réputée. L’attraction Dumbo the Flying Elephant du Parc Disneyland ou encore Tapis Volants - Flying Carpets Over Agrabah dans le Parc Walt Disney Studios sont d’autant d’exemples de la notoriété de ce type d’attractions. Malgré tout, le design d’Orbitron, Machines Volantes participe grandement à son amélioration. De plus, de nombreuses variables entrent en jeu à chaque voyage : la hauteur des vaisseaux, commandés par un levier à bord ainsi que la rotation des planètes autour de l’axe central rendent chaque vol unique ! Un autre point à souligner concerne la vitesse des navettes. Alors que celle-ci n’excède pas vingt-deux kilomètres heure, les voyageurs, ainsi que les spectateurs restés au sol, ont pourtant l’impression d’aller plus vite.
Ce miracle est dû à une petite astuce, apportée par Ray Bradbury, le célèbre auteur de science-fiction (Chroniques Martiennes, Fahrenheit 451, etc…), à l’Imagineer en charge du projet, Tim Delaney, grand fan de l’écrivain américain. Et elle est toute simple : la rotation des planètes est inversée par rapport à celle des mini-fusées ! Ainsi, la sensation de vitesse est multipliée par deux ! Il faut ajouter à cela l’impression de collisions avec les planètes à chaque virage et une inclinaison légère des vaisseaux, museaux vers le haut, pour bénéficier d’un voyage d’initiation parfait, au cœur de la Voie Lactée ! Quant à la durée du vol, elle serait synchronisée avec une des musiques tournant en boucle dans le Land... Enfin, pour les plus attentifs, les planètes en rotation forment toutes les cinq minutes un Mickey caché ! Mais attention, il faut avoir le bon angle et attendre le moment propice...
Orbitron, Machines Volantes est si innovante sur le plan architectural qu’elle devient un exemple à suivre dans les Parcs américains, l’une des rares occasions où l’influence transite de l’Est vers l’Ouest. La Floride inaugure le bal en relookant l’attraction Star Jets avec son style de fusées spatiales, remplacée par Astro Orbiter en 1994 au sein du Magic Kingdom revêtant un aspect cosmique, planètes et satellites inclus. Puis, le projet New Tomorrowland s’amorce dès 1997 pour relooker le Tomorrowland du Disneyland Park californien. Les Rockets Jets sont alors transformés en une structure mobile, composés d’antennes rotatifs mouvant au cours de la journée appelé Observatron et, le 22 mai 1998, Astro Orbitor prend place à l’entrée du Land, s’affichant comme une copie quasi parfaite de l’attraction parisienne. À l’est, l’homologue hongkongais ouvert en 2005 avec le Resort, troque ses rockets contre des soucoupes volantes à la capacité d’embarquement doublée, passant de deux passagers à quatre. Son design suit le principe de planètes tournant sur leurs orbites, sans le côté steampunk et arbore le nom d’Orbitron (!). En 2016, Shanghai Disneyland suit le mouvement en ouvrant son propre manège du même type, intitulé Jet Packs. Le concept change fondamentalement en proposant aux visiteurs des sièges en forme de sacs à dos géants alimentés électriquement pour s’envoler les pieds dans le vide ! Elle revêt cependant un aspect futuriste, se rapprochant de films de science-fiction comme Tron. Au demeurant, il ne reste que Tokyo qui garde jusque tard la dernière version old school pré-Orbitron par le biais de l’attraction Star Jets, fermée en octobre 2017.
Au final, à partir d’un concept, trois variations découlent d’Orbitron, Machines Volantes : Astro Orbiter, Astro Orbitor et Orbitron, respectivement en Floride, en Californie et à Hong Kong. L’inédite Jet Packs (à Shanghai Disneyland) peut également être citée tout en s’éloignant fâcheusement de l’idée initiale. Dans un tout autre concept utilisant la même technologie d’attractions, il est judicieux de noter TriceraTop Spin à Disney’s Animal Kingdom embarquant les passagers dans de petits tricératops verts ou encore Golden Zephyr dans le Paradise Pier du Parc Disney California Adventure pour les adeptes de voyage dans des vaisseaux style rétro des années 20.
Comme toute attraction, Orbitron, Machines Volantes a évidemment besoin de temps en temps d'une petite cure de jouvence afin de maintenir son niveau de qualité. Ainsi, en décembre 2021, après une réhabilitation longue de plusieurs mois, l’entrée de l’attraction est améliorée avec l’ajout d’une nouvelle guérite au style rétro-futuriste permettant aux Cast Members de s’abriter des caprices de la météo francilienne tout en permettant le contrôle des Disney Premier Access dont l’attraction se voit dotée par la même occasion.
Comme un phare trônant à l’entrée de Discoveryland, Orbitron, Machines Volantes attirent les curieux, avides de voyage dans la voûte céleste. Son esthétique steampunk et sa mécanique complexe rendent hommage aux génies scientifiques et littéraires des siècles passés. À des années-lumière du concept initié dans les fêtes foraines, elle s’inspire d’une attraction originale du premier Disneyland jusqu’à ce que son architecture astronomique devienne le modèle à copier… Une chose est sûre : chacun ressortira de cette merveilleuse machine à voyager dans l'espace avec des étoiles - et des planètes - plein les yeux !