Indian Canoes
Date d'ouverture : Le 12 avril 1992 Date de fermeture : Octobre 1994 Type d'attraction : Canoës |
Durée : 20 minutes (sans tenir compte de la file d’attente) |
Le synopsis
Aux abords des Rivers of the Far West, des Indiens d’Amérique vivent pacifiquement en harmonie avec la nature, ne faisant qu’un avec les paysages naturels du grand Ouest. Tout comme d’autres compagnies fluviales parcourant ces eaux, ils proposent de découvrir le fleuve et son riche et fragile écosystème à bord de leurs embarcations traditionnelles, au rythme des coups de pagaies. |
L'expérience
Témoin d’une période faste et prospère où l’or coulait à flot depuis les mines ocres dans les formations géologiques de Big Thunder Mountain, la ville-champignon de Thunder Mesa, a désormais perdu de sa superbe. Non loin, un village indien continue malgré tout de subsister, grâce à une poignée d’Amérindiens qui proposent par ailleurs de faire découvrir aux visiteurs les merveilles des Rivers of the Far West à bord de leurs canoës, embarcations rustiques mais adaptées à la rudesse de la contrée sauvage. La virée commence ainsi aux abords du village à Geronimo Landing. Ici, un canoë long de onze mètres attend les courageux navigateurs de fortune. Après une démonstration de la manière de tenir une pagaie et des bons gestes à adopter, l’embarcation s’élance sur le fleuve calme. À bord, une vingtaine de visiteurs y prennent place tandis que deux guides chevronnés les accompagnent.
Au loin, tout ce beau monde laisse sur sa droite, une petite cabane de bois sur Joe’s Landing. C’est la demeure du célèbre Catfish Joe, le plus vieux résident du fleuve, bien installé sur son rocking chair en compagnie de son fidèle chien Moonshine aboyant aux passants curieux. Sur ces eaux peuplées de poissons en tout genre que le vieux Joe aime à pêcher, il n’est en effet pas rare de croiser les majestueux bateaux à aubes de la Thunder Mesa Riverboat Packet & Steam Navigation Co., surnommés « Canoës de feu » par les autochtones ou encore les keelboats, embarcations plus rudimentaires.
Se dirigeant vers les profondeurs de l’Ouest, le canoë prend alors la direction de Wilderness Island se trouvant à bâbord. Sa végétation vierge où aucun homme n’a jamais posé les pieds en épate plus d’un. Ses berges abritent également la cachette d’une famille d’orignaux affamés et amusés à regarder ces passants flottant sur leur cours d’eau. Tandis qu’une rivière suit son cours près de Beaver Falls et approvisionne le fleuve, se situe à tribord une plage aux grossiers rochers, charriés par le fleuve et clairsemés sur la grève. Non loin, un chariot rouillé témoigne du voyage d’un pionnier qui n’atteindra jamais sa destination dans l’Ouest indomptable.
Devant, des geysers grondent à Geyser Country, leurs eaux bouillonnantes et leur torrent de vapeur remontant des profondeurs de la Terre par de puissants souffles accompagnés de jets de vapeur. L’activité géothermique de l’endroit continue manifestement de battre son plein. Le rocher cathédrale situé à l’arrière adopte également une teinte rougeâtre et dévoile son cœur à la température extrême. Les plus observateurs peuvent même y apercevoir un squelette de Tyrannosaurus rex, comme figé dans le temps, à jamais emprisonné dans une coulée de lave l’ayant certainement pris par surprise.
L’embarcation, transportée à la faveur du courant et propulsée à la force des rameurs, longe alors les Western Deserts. Siège ainsi fièrement Rainbow Arch (également appelé Natural Arch Bridge), un pont naturel aux couleurs ocre enjambant un bras du fleuve. Les guides orientent d'ailleurs le canoë sous cette grandiose œuvre de la nature permettant ainsi de disposer d'un panorama unique sur cette mythique formation rocheuse. C’est là une chance de prendre le large avec les Indiens tandis que les autres bateaux ne font que contourner l’arche naturelle. Au loin, un coyote hurle dans l’immensité du Grand Ouest, comme pour rappeler le caractère sauvage et indomptable de ce territoire et des espèces qui le peuplent.
Laissant les Western Deserts et ses formations géologiques d’exception derrière eux, les voyageurs rameurs font maintenant face à un manoir abandonné. Construit sur la plus haute colline de Thunder Mesa, de nombreuses rumeurs circulent à son sujet. Jadis magnifique, il était la demeure de Henry et Martha Ravenswood, riches propriétaires de Thunder Mesa Mining Co., la compagnie minière exploitant Big Thunder Mountain. Tous deux furent malheureusement tués dans un tremblement de terre étant alors en pleins préparatifs du mariage de leur fille. Mais ce tremblement de terre serait, pour les Indiens, les conséquences d’une ancienne malédiction qui raconte que quiconque violerait la montagne et ses richesses devrait subir la colère de « l’Oiseau-Tonnerre » ; le battement des ailes de cet oiseau protecteur de la montagne provoquant alors un tremblement de terre ! D’autant que certains affirment que la mine reposerait sur un ancien cimetière indien.
D’ailleurs, le cimetière de Boot Hill, qui peu à peu se révèle, est le lieu où se trouvent les époux Ravenswood reposant ici dans leur dernière demeure bien peu avenante. Sur la berge, une tombe, recouverte de l'épitaphe « Valentin, dit le Désossé / Ici reposent les miettes d’un homme brisé », est même sur le point de sombrer dans le lit de la rivière. C’est également Big Thunder Island d'où culmine Big Thunder Mountain, que les visiteurs peuvent maintenant apercevoir sur leur gauche. Les roches aux couleurs chaudes en raison du grès oxydé forment des canyons et autres pitons particulièrement hauts, s’élevant vers le ciel. Parfois, un train fou dévale les pentes de l’ancienne industrie minière. La rumeur affirme que c’est ici qu’a été découvert le plus grand gisement d’or de l’Ouest américain qui contribua au développement éclair de Thunder Mesa.
Après avoir contourné Big Thunder Island en passant entre des îlots que seuls les Indiens permettent de voir d’aussi près, l’embarcation passe non loin de Smuggler’s Cove (ou Crique des Contrebandiers en français). Ce repaire de pirates renferme ainsi de nombreux tonneaux qui semblent contenir un butin conséquent et d’où de drôles de bruits émanent. Qui sait ce qui se passe réellement ici ? Les visiteurs finissent alors par contourner Shipwreck Rock avant de revenir à Geronimo Landing, leur point de départ. Ils peuvent alors regagner la terre ferme, emportant avec eux une pléiade de souvenirs et une nouvelle vision des Rivers of the Far West, qu’aucune compagnie fluviale « classique » ne permet d'avoir !
La critique
Indian Canoes est une attraction unique à Frontierland et même de tout Disneyland Paris. C’est, en effet, la seule qui nécessite d’être propulsée par les visiteurs eux-mêmes. À bord de canoës de onze mètres de long en fibre de verre, ces derniers se placent ainsi deux par rangée, pour une capacité totale maximale de vingt visiteurs. Deux guides, habillés comme des pionniers, les accompagnent, un à l’avant qui motivera les troupes et l’autre à l’arrière, servant de gouvernail humain, faisant en sorte que le canoë se dirige au bon endroit. Après une courte formation sur le bon usage des pagaies, l’embarcation peut alors prendre le départ depuis ce qui s'appellera plus tard Geronimo Landing, à l’arrière de Indian Village. Attraction remontant aux origines des Parcs à thèmes Disney, elle n’aura pourtant pas le même destin que son homologue californien.
Librement inspirée de l'univers des films de Davy Crockett (Davy Crockett, Roi des Trappeurs, Davy Crockett et les Pirates de la Rivières), la première version a donc ouvert le 4 juillet 1956, jour de l'Indépendance Américaine, au Disneyland Park de Californie sous le nom d’Indian War Canoes. Tout comme les autres moyens de locomotion des Rivers of America - Mike Fink Keel Boats, le Mark Twain Riverboat et le Sailing Ship Columbia - Indian War Canoes, accessible par l'achat d'un ticket D (mis en place en 1956, d'une valeur de 0,50 $ de l'époque) elle offre alors de faire un tour d'une douzaine de minutes autour de Tom Sawyer Island. Au début équipés de petits moteurs (par la suite retirés), les canoës - chose notable - n'ont pas été fabriqués par les Imagineers Disney mais par une entreprise du Maine. La version parisienne s'inspire ainsi fortement de l'originelle qui prend également place dans un village indien. Posté au bord des Rivers of America (d'une profondeur réelle d'un mètre cinquante environ) à Frontierland, l’Indian Village californien affiche en effet de nombreux points communs avec celui de Disneyland Paris, comme un hommage criant à une attraction imaginée par Walt Disney. Cet hommage apparaît d’autant plus fort à travers le nom choisi pour l’attraction parisienne faisant directement référence à cette première version, alors même qu'Indian War Canoes a changé de nom pour Davy Crockett’s Explorer Canoes.
L’histoire de la version californienne n’est pourtant pas un long fleuve tranquille. En 1971, le village indien est, il est vrai, remplacé par l’attraction Country Bear Jamboree, entraînant un changement dans la thématisation de cette partie du Land, renommé Bear Country pour l’occasion. L’attraction devient alors Davy Crockett's Explorer Canoes sans plus aucun lien avec les origines indiennes de l’attraction. Plus tard, en 1988, le Land change à nouveau de nom pour Critter Country mais sans impact sur le nom de l’attraction.
D’autres attractions identiques existent également à travers les Parcs Disney du monde entier, de type Royaumes Magiques. La seconde version ayant vu le jour est ainsi la version du Magic Kingdom à Walt Disney World Resort en Floride. Ouverte en même temps que le Parc en 1971, Davy Crockett’s Explorer Canoes ferma ses portes vingt-trois ans plus tard, en 1994, la même année que la version parisienne. La version japonaise ouvre quant à elle en 1983, avec l’ouverture de Tokyo Disneyland, et prend le même nom puis se voit rebaptisée en Beaver Brothers Explorer Canoes en 1992. Enfin, la version présente à Shanghai Disneyland, nommée Bilge Rat Bill's Explorer Canoes, ouvre avec le Resort en 2016 dans le Land Treasure Cove, consacré à l’univers de la franchise à succès Pirates des Caraïbes, et donc sans rapport avec Davy Crockett.
Indian Canoes est ainsi unique en bien des points, sa caractéristique majeure résidant dans sa capacité à assurer la sécurité de ses passagers. En raison de possible chavirement du canoë, les mesures de sécurité ne sont en effet pas en reste. Les petits doivent, il est vrai, porter des gilets de sauvetage, équipements également disponibles pour les adultes qui ne savent pas nager. Dans la version parisienne, un autre problème de sécurité réside dans la grande fréquentation des eaux des Rivers of the Far West, occupées par pas moins de trois types de bateaux et autant de parcours différents qui doivent se partager les eaux du fleuve et s’entrecroiser dans la plus grande précaution. Ainsi, le tracé ne fait état que de deux croisements possibles avec les parcours des autres attractions que sont River Rogue Keelboats et Thunder Mesa Riverboat Landing. Ces zones sensibles se situent au début et à la fin du cheminement au niveau de Geronimo Landing. Tout le reste du périple se fait en revanche au plus près des berges, permettant ainsi facilement aux autres bateaux de passer à côté du canoë sans risquer de le percuter, l’embarcation précaire étant par définition moins rapide que les autres moyens de locomotion en activité sur le fleuve.
L'intérêt majeur de l'attraction reste son parcours unique. La maniabilité du canoë qui, contrairement à ses comparses à aubes du cours d'eau, n'est pas guidé par des rails sous la ligne d'eau, et sa relative petite taille permettent en effet de passer par des endroits inatteignables par des embarcations classiques et surtout plus imposantes. Ainsi, le tracé permet de cheminer entre Wilderness Island et d’autres îlots au nord, de passer sous Rainbow Arch et enfin de progresser entre Big Thunder Island et de petites îles situées au nord. Indian Canoes fut ainsi la seule attraction de ce type dans le monde à permettre aux visiteurs de découvrir Big Thunder Mountain sous différents angles et au plus près de la montagne au train fou ; la version parisienne de Big Thunder Mountain étant la seule à être située sur une île. Dans tous ces points d’intérêt le long du parcours de Indian Canoes, le majestueux panorama s'offrant aux yeux des pagayeurs et son aspect traditionnel en font dès lors une attraction unique et toute particulière sur Rivers of the Far West.
L’histoire de la version parisienne est en revanche au final très courte, la plus courte de toutes les versions de par le monde. Ouverte en même temps que le Parc Disneyland le 12 avril 1992, elle ferme définitivement ses portes à peine plus de deux ans après. En cause possible, sa faible capacité (six canoës pouvant accueillir vingt personnes résultant en une capacité horaire des plus faibles du Resort), son utilisation guidée par les caprices météorologiques et ses coûts importants : au moins deux Cast Members sont réquisitionnés par embarcation, sans compter ceux restant sur la terre ferme. Ainsi, la décision a été rapidement prise de stopper l’hémorragie en fermant cette attraction sans donner aucune raison officielle. L’Indian Village n’est pas oublié pour autant, renommé en Pocahontas Indian Village en juin 1996, devenant une aire de jeux pour enfants sans accès aux berges de Rivers of the Far West. En juin 2019, la zone se voit à nouveau renommée en Frontierland Playground simultanément à l’ouverture de Frontierland Theater. Concernant les canoës, pièces majeures de l'attraction, il en reste majoritairement des vestiges bibliographiques. Ils sont ainsi visibles sur la Fun Map d'Euro Disneyland éditée en 1992 (mais disparaissent sur la réédition de la Fun Map en 2019) et également sur l'immense tableau servant de fond sur la scène du The Lucky Nugget Saloon. Un dernier reliquat se trouve au Disney's Davy Crockett Ranch où un canoë est devenu élément de décor. De surcroît, ils figurent anecdotiquement sur le coin supérieur gauche du plateau du jeu de société Euro Disneyland - Le Jeu, sorti en 1992.
Animation unique en son genre, Indian Canoes était une attraction agréable sur Rivers of the Far West permettant de mieux connaître les eaux bordant Thunder Mesa. Sa vie ayant été écourtée pour des raisons essentiellement budgétaires et sécuritaires, elle reste un souvenir impérissable pour les chanceux premiers visiteurs de Disneyland Paris qui, pour le temps d’une balade sur la rivière, ont pu admirer des panoramas uniques et magiques de la source nourricière de Frontierland.