Le Monde de Nemo
La Bande Originale du Film
Éditeur : Walt Disney Records Date de sortie USA : Le 20 mai 2003 Genre : Bande originale |
Musique : Thomas Newman Durée : 51 minutes |
Liste des morceaux
01. Wow - 02:31
02. Barracuda - 01:29
03. Nemo Egg (Main Title) - 01:16
04. First Day - 01:15
05. Field Trip - 0:57
06. Mr. Ray, Scientist - 01:28
07. The Divers - 01:56
08. Lost - 01:03
09. Short-Term Dory - 0:43
10. Why Trust A Shark ? - 01:17
11. Friends Not Food - 01:51
12. Fish-O-Rama - 0:29
13. Gill - 01:40
14. Mt. Wannahockaloogie - 01:20
15. Foolproof - 0:32
16. Squishy - 01:32
17. Jellyfish Forest - 01:32
18. Stay Awake - 01:47
19. School Of Fish - 01:03
20. Filter Attempt - 02:05
21. The Turtle Lope - 02:04
22. Curl Away My Son - 01:28
23. News Travels - 01:13
24. The Little Clownfish From The Reef - 01:15
25. Darla Filth Offramp - 02:22
26. Lost N Fog - 01:05
27. Scum Angel - 01:22
28. Haiku - 01:41
29. Time To Let Go - 02:22
30. Sydney Harbour - 0:28
31. Pelicans - 01:12
32. Drill - 0:50
33. Fish In My Hair - 01:29
34. All The Drains Lead To The Ocean - 01:36
35. P. Sherman, 42 Wallaby Way, Sydney - 0:39
36. Fishing Grounds - 01:41
37. Swim Down - 01:46
38. Finding Nemo - 01:19
39. Fronds Like These - 01:57
40. Beyond The Sea - 04:28
(Robbie Williams)
La critique
En 2003, les studios Pixar, alors en pleine ascension, présentent ce qui reste encore aujourd’hui comme l’un de leurs meilleurs chefs-d’œuvres, si ce n’est le meilleur. Le Monde de Nemo (2003) est un bijou d’émerveillement tant pour son histoire que pour sa réussite visuelle. Le film est accompagné d’une bande originale variée, apaisante, contribuant à participer à la dynamique de chaque scène et évoquant les paysages représentés.
Le Monde de Nemo (2003)
Pour les besoins de la musique du film, le réalisateur du (Le) Monde de Nemo Andrew Stanton fait appel à Thomas Newman, cousin de Randy Newman qui a déjà collaboré avec Pixar pour composer les musiques de Toy Story (1995), 1001 Pattes (1998), Toy Story 2 (1999) et Monstres & Cie (2002).
Thomas Newman a, quant à lui, déjà signé plusieurs bandes originales remarquables, notamment pour Les Évadés (1994) et American Beauty (1999). Il travaillera par la suite sur d’autres productions Pixar, telles que WALL•E (2008) pour laquelle il reçut le Grammy Awards 2009 de la meilleure musique de film et qui fut nominé aux Oscars pour la meilleure musique de film, Le Monde de Dory (2016), et Élémentaire (2023). Il fut également nominé aux Oscars pour la musique du film Dans L’Ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney (2013).
Thomas Newman
Andrew Stanton avait déjà en tête l’idée d’engager Thomas Newman dès la rédaction du script. Le compositeur cherche alors pour sa composition à apporter une musique très variée dans son ensemble. L’essentiel est de se détacher de ce qui a été fait par son prédécesseur Randy Newman, et d’adopter un univers sonore propre à celui du film, et qui n’a encore jamais été réalisé.
Les thèmes sont plus axés sur les situations et les sensations, que sur les personnages. Thomas Newman n’est en effet pas à l’aise avec cette idée et imagine plutôt sa partition comme un personnage à part entière qui accompagne et guide les personnages dans leur aventure. La musique du (Le) Monde de Nemo devient alors, selon les propos du compositeur, une « multitude de parcelles sonores au sein d’une globalisation musicale ». Du fait de la grandeur d’espace que propose le film, le compositeur s’autorise une palette sonore très hétéroclite et réussit un rendu musicalement homogène. Thomas ne s’est donc pas préoccupé du fait que le film se déroule en Australie, ce qui aurait restreint son inspiration.
Pour l’approche plus technique, Thomas Newman utilise peu le piano pour le rendu final, même s’il s’en sert principalement pour composer ses musiques. Les instruments à corde, en plus de leur apport mélodique, jouent un rôle essentiellement rythmique pour briser l’aspect musical d’un morceau.
Les sons électroniques sont aussi prépondérants et permettent un dépaysement musical, un contraste avec ce qui peut se faire de plus classique.
Le compositeur cherche également à mêler musique et effets sonores : il fait donc appel à Gary Rydstrom, illustrateur sonore sur Le Monde de Nemo. Ainsi, la musique participe aux bruits présents dans le film, et les bruits s’incorporent à leur tour dans la musique. En résulte une véritable alchimie permettant une meilleure immersion.
L’enregistrement de la musique a lieu en décembre 2002, aux Sony Pictures Studios, au studio The Village, et chez Signet Sound, sous la direction de Tommy Vicari.
Divisée en près de 40 thèmes à la durée relativement courte, la bande originale du (Le) Monde de Nemo s’apprécie également sans visionner le film. Les morceaux sont finalement assez marquants et il est dès lors très simple de resituer chaque scène à l’écoute d’un titre. Malgré sa richesse éclectique en terme d’expérimentation musicale, cela ne dénote jamais par rapport aux scènes sur lesquelles viennent se calquer les différents thèmes composés par Thomas Newman.
La grande réussite de cet album est sans aucun doute le thème phare du film Nemo Egg (Main Title), servant de fil conducteur puisqu’il est possible de le réentendre à plusieurs reprises sous différentes réorchestrations (sur Fronds Like These pour ne citer que cet exemple, qui clôt le film). Le thème est à la fois apaisant, presque relaxant même, et illustre la bienveillance d’un parent pour son enfant.
Haiku est également un très beau thème, accompagnant la scène de la baleine bleue. La musique se veut alors rassurante et évasive, tout comme peut l’être le cétacé avec les deux protagonistes de l’histoire.
Chaque titre est parfaitement calqué sur le rythme et l’ambiance d’une scène. La musique se fait donc inquiétante sur Barracuda avec l’attaque du prédateur sur Corail, mais également sur Lost, les dissonances faisant ainsi ressentir la panique de Marin après la disparition de son fils. Ce thème se fait d’ailleurs réentendre sur Swim Down, immense moment de panique pour tous les poissons pris dans le filet du chalutier. L’idée de reprendre le thème du film Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock à l’arrivée de Darla provient d’Andrew Stanton qui souhaitait en faire un clin d’œil pour les cinéphiles.
Le morceau The Turtle Lope suit pleinement les différentes ambiances de la scène du premier contact entre Crush et Marin. La musique se présente d’abord dans un style « baba cool » pour correspondre au caractère de la tortue, avant d’être plus grandiose et orchestrale lorsque Marin découvre le groupe de tortues en train de migrer, avant de finir dans un style un peu plus rock aux sonorités hawaïennes lors de l’accélération dans le Courant Est Australien.
Ce concept se retrouve également très présent dans le morceau Jellyfish Forest, d’abord inquiétant musicalement, puis dynamique et comique quand Dory et Marin font la course en rebondissant sur les méduses.
Le thème Field Trip offre d'imaginer les bienfaits et les couleurs de la richesse sous-marine. Le morceau Fish-O-Rama laisse quant à lui entrevoir l’univers décalé et un peu loufoque présent dans l’aquarium du dentiste, tandis que Foolproof est un hommage aux musiques de films d’évasion et de course-poursuite.
S'il ne repart avec aucune statuette, Le Monde de Nemo est nominé aux Oscars de 2004 dans la catégorie Meilleure Musique.
Durant le générique de fin, il est possible d’entendre une reprise de Robbie Williams chantant Beyond The Sea, elle-même adaptation de La Mer de Charles Trenet. Cette chanson provient de son album Swing When You’re Winning (2001), constitué principalement de reprises de chansons de jazz. Elle n’est donc pas une création spécifique au film et apparaît grâce à l’autorisation de EMI Records.
La chanson s’insère à l’époque en totale cohésion avec les précédentes productions Pixar incluant une chanson jazz lors du générique de fin.
Beyond The Sea de Robbie Williams
Véritable ode au voyage sous-marin, la musique de Thomas Newman s’apprécie dans sa pleine intégralité, et invite à l’exploration à travers l’imagination de l’auditeur. Exploitant avec justesse le potentiel de grandeur du (Le) Monde de Nemo, la musique accompagne à la perfection le long-métrage et en devient même l’un de ses innombrables points forts. La bande originale devient alors une expérience auditive et sensorielle et ne dénature à aucun moment les émotions de chaque scène présente dans le film.