Secret War
Éditeur : Panini Comics Date de publication France : Le 28 juin 2017 Collection : Marvel Events |
Auteur(s) : Brian Michael Bendis (Scénariste) Gabriele Dell'Otto (Dessinateur) Nombre de pages : 256 |
Le sommaire
• Secret War #1 (2004) • Secret War #2 (2004) • Secret War #3 (2004) • Secret War #4 (2005) • Secret War #5 (2006) • Secret War : From The files of Nick Fury #1 (2006) |
La critique
Secret War est un comics publié par Panini Comics en juin 2017 dans la collection Marvel Events. L'album contient les cinq numéros du crossover Secret War écrit par Brian Michael Bendis, dessiné et colorisé par Gabriele Dell'Otto paru en 2004.
En 2004, une nouvelle ère s'annonce pour l'équipe phare de Marvel : les Avengers. La première équipe de l'univers a connu, en effet, une fin de millénaire très compliquée éditorialement parlant. Il est ainsi décidé en 1996 que la quasi-totalité des héros devra se sacrifier face à la menace Onslaught, un super-vilain tiré des psichés réunis de Charles-Xavier et de Magnéto. Cela n'est évidemment qu'un tour de passe-passe et après une année sous la bannière Heroes Reborn, et un voyage dans le microvers (dimension à la taille subatomique créé par Franklin Richards pour sauver les héros), les Avengers originels sont de retour sous la période Heroes Return. Difficile donc de ne pas se perdre dans cette succession de reboots ! La décision d'un vrai renouveau et d'une ligne éditoriale claire est alors prise. La gestion des titres Avengers est ainsi confiée à Brian M. Bendis avec pour mission de lui rendre ses lettres de noblesse. Il commence par un petit crossover en cinq numéros (sans les annexes), pour donner le ton de la nouvelle ère des Avengers : Secret War.
À la suite de l’interrogatoire de Pyguargue, un vilain de seconde zone sans super-pouvoirs mais équipé de haute technologie, arrêté après une énième tentative ratée de cambriolage, Nick Fury, patron du SHIELD, se rend compte que le ratio entre l'argent volé et l'argent nécessaire pour l'entretien de l'équipement coûteux des super-vilains est beaucoup trop bas pour ne pas cacher autre chose. La piste remonte ainsi vers la Latvérie, ce petit état d'Europe de l'Est, gouverné d'une main de fer pendant des années par Victor von Fatalis et qui finance la plupart des antagonistes présents sur le sol américain. Après avoir étendu ses recherches et investigations, préconisant une réponse armée rapide, le gouvernement des États-Unis choisit pourtant de botter en touche, arguant que la nouvelle première ministre Lucia vin Bardas a été élue avec l'appui de l'Amérique. Le problème devrait donc se régler par le diplomatie. Mais Nick Fury sait qu'un complot se trame et que la voie diplomatique ne mènera à rien. Doit-il attendre que les premières victimes tombent ? Doit-il prendre les devants et se placer dans l'illégalité ? Sa décision sera de toutes façons lourde de conséquences...
Brian Bendis est un scénariste né à Cleveland en 1967. Il commence dans le marché indépendant, scénarisant et dessinant lui-même ses premiers travaux. Il est repéré par les studios de Todd McFarlane, puis, après une courte période, signe un contrat d'auteur exclusif chez Marvel. Il débute par la co-création du label MAX, ligne éditoriale destinée à un public plus mâture. Le comics Alias (contant l'histoire de Jessica Jones et servant de base à la série Jessica Jones de Netflix) fait partie de ce label. Il est l'auteur de la série Ultimate Spider-Man qui est la première de l'univers Ultimate, terre parallèle qui raconte l'avènement des super-héros dans une époque contemporaine. Il écrit alors la totalité de la série soit quasiment 200 épisodes ! Ses plus grandes qualités sont qu'il est un auteur prolifique : il n'est pas rare de pouvoir lire cinq de ses titres par mois par exemple. En outre, il aime travailler sur le long terme et pouvoir développer les personnages dont il a le destin en mains. Il est LE scénariste de Marvel des années 2000 ayant en charge une partie de l'univers Ultimate, la plus grande équipe de super-héros, y signant cinq des plus grands crossovers de cette période.
Gabriele Dell'Otto est, quant à lui, un artiste romain né en 1973. Sa carrière internationale commence en 1998, année de son embauche chez la division européenne de Marvel. À partir de là, il dessinera des covers variants, des posters ou des lithographies exclusives pour les marchés italien, français et allemand. Quand Joe Quesada, alors rédacteur en chef de Marvel, le découvre, il l'assigne au projet en cours de Bendis : Secret War. Depuis, il a participé à trois oeuvres majeures : l'annual New Avengers/Avengers, le récit centré sur Spider-Man (l'un de ses héros de prédilection, il lui a même consacré un artbook entier) Family Business et le Marvel Graphic Novels : X-Force Sexe + Violence. Son travail étant extrêmement minutieux et long à exécuter, il n'est pas crédité aux dessins pour Secret War mais aux peintures. Son style est indescriptible tant il est unique dans le monde du comics, les images de Secret Wars en étant la sublime preuve. Il exécute également énormément de covers pour Marvel mais aussi DC Comics.
Secret War a tout ce que les lecteurs sont en droit attendre d'un bon crossover chez Marvel. Il n'a pas besoin d'une connaissance approfondie de l'univers, pouvant même facilement servir de porte d'entrée dans le monde des comics. L'histoire peut se lire de manière indépendante mais elle n'est pas anecdotique pour autant avec des conséquences durables pour ses protagonistes. Il apporte une réelle réflexion sur une des maximes les plus célèbres : "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités"...
Nick Fury est ainsi le premier flic mondial, à la tête de l'agence d'espionnage la plus sophistiquée et avec des moyens colossaux à sa disposition. Malgré cela, il sait qu'il ne pourra éviter le danger qui se profile. Il rentre alors dans un cercle vicieux. Il a le pouvoir de défendre la population, et c'est sa responsabilité, mais l'attaque d'une nation souveraine fait qu'il ne pourra pas se soustraire aux désaccords de ses supérieurs. Le véritable ennemi serait donc peut-être la bureaucratie ? Mais Fury n'est pas seul. Bendis l'entoure de Spider-Man, Luke Cage, Daredevil, la Veuve Noire, Wolverine, Captain America et une nouvelle héroïne Quake, formant une esquisse de la composition de ses New Avengers. Le directeur du SHIELD reste toutefois un homme de secrets : il enrôle les héros dans une mission avec le strict minimum d'informations et surtout sans les prévenir des répercussions plus que probables. Seul bémol, là ou il est en droit d'attendre un récit d'espionnage, le lecteur se retrouve au cours d'une grosse bataille.
Dell'Otto livre ici un réel chef d'œuvre pour ce qui constitue son premier travail sur une mini-série. Son trait dynamique et ultra réaliste plonge le lecteur au cœur de chaque scène, qu'elle montre les doutes de Fury ou des scènes de batailles.
Si la lecture de Secret War est un réel plaisir grâce à sa publication dans différents formats plus ou moins luxueux, contenant la saga en entier, elle n'en reste pas moins compliqué d'accès lors de sa sortie originale et française. En effet, cinq numéros composent ce récit. Le numéro un a ainsi été publié en avril 2004 et le deuxième en mai 2004 suivant un rythme de parution mensuel classique. Mais les choses se corsent ensuite. Le numéro trois sort en octobre 2004, le quatrième en mai 2005 et le dernier en janvier 2006. Au final, pour lire l'intégralité de l'histoire, il aura valu attendre vingt-deux mois ! Un véritable comble pour un crossover ayant l'ambition de lancer le run de Bendis ! En France, le décalage a pu être réduit en raison des délais habituels de traduction ; la publication s'étalant tout de même sur un an.
Brian M. Bendis commence son run sur les Avengers en beauté avec un récit que les lecteurs d’aujourd'hui peuvent apprécier à sa juste valeur. Une histoire qui s'inscrit dans une continuité et avec un impact réel sur l'univers Marvel en général, tout en étant accessible à tous ceux qui découvrent les comics. Une histoire qui mêle habilement, l'espionnage et les batailles de super-héros ainsi que le jeu géo politique avec la gestion des informations. Le tout agrémenté par des illustrations de Dell'Otto qui sublime ce crossover et permet de découvrir un artiste exceptionnel.