La Terreur Sans Nom

La Haute République - Les Aventures

La Terreur Sans Nom est une mini-série publiée aux États-Unis par Dark Horse sous la forme de quatre issues sous le label de La Haute République - Les Aventures.

La saga de La Haute République continue ici avec la Phase II d'un projet de cross-média littéraire qui en comprend trois au total. Il a ainsi été construit sur plusieurs années et s'articule sur trois périodes nommées La Lumière des Jedi, puis La Quête des Jedi et enfin Les Épreuves des Jedi. Après une première phase réellement grandiose, la seconde fait le choix, à l'image des films, d'opérer un bond dans le passé. En remontant 150 ans avant le début de Phase I, la saga contextualise ainsi les origines de son grand méchant Marchion Ro en racontant la vie de son arrière grand-mère. En plus des cinq auteurs de la Phase I (Charles Soule, Claudia Gray, Justina Ireland, Cavan Scott et Daniel José Older), quatre s'ajoutent désormais à la liste : Zoraida Córdova, George Mann, Tessa Gratton et Lydia Kang. Les éditeurs de la Phase II restent quant à eux les mêmes aussi bien aux États-Unis qu'en France à l'exception notable d'IDW qui est remplacé par Dark Horse pour les comics jeunesse de l'autre côté de l'Atlantique. Côté contenu, cette deuxième phase est plus ramassée, ne comportant que deux vagues au lieu de trois, mais reste toujours aussi variée dans ses médias avec des romans adultes, des romans jeunes adultes, des romans jeunesse, des comics adultes, des comics jeunesse, un audiodrama et un manga.

Le scénario du comics est ici écrit par l'auteur britannique George Mann. Né à Darlington en Angleterre en 1978, il signe de nombreux romans, principalement dans les séries Les Enquêtes Extraordinaires de Newbury & Hobbes et Ghost, toutes deux dépeignant des univers très steampunk. Il travaille aussi sur des romans autour de Sherlock Holmes ou de Doctor Who. Il est par ailleurs scénariste de comics, toujours sur la franchise Doctor Who. Myths & Fables est en revanche son premier écrit pour l'univers Star Wars ; les éditions Disney Lucasfilm Press, satisfaites de son travail, lui confiant alors un nouveau projet, sorte de suite de son premier recueil, Dark Legends, publié en 2020 puis Life Day Treasury : Holiday Stories From a Galaxy Far, Far Away en 2021. Il signe ensuite quelques livres illustrés pour le jeune public sur La Haute République ainsi que des comics jeunesse avant de se voir confier l'écriture du roman jeunesse La Quête de la Cité Perdue, l'audiodrama The Battle of Jedha, la mini-série de comics jeunesse La Terreur Sans Nom ainsi que six nouvelles Tales of Enlightenment pour la Phase II de La Haute République. Pour la Phase III, il est chargé du roman adulte de la première vague, The Eye of Darkness, marquant le début de cette nouvelle phase ainsi que le roman jeune adulte Tears of the Nameless de la deuxième vague.

La Terreur Sans Nom sert de pont entre la Phase I et la Phase II. Le lecteur retrouve en effet un personnage déjà vu auparavant, Ty Yorrick. Introduite dans le roman adulte L'Orage Gronde, la Tholothiane a été Padawan dans sa jeunesse mais n'est pas devenue Jedi. Le roman la suit ainsi sur la planète Valo où elle est emprisonnée pour trafic, avant qu'elle ne profite de l'attaque des Nihil pour s'évader. Elle fait alors équipe avec les Jedi dont le Maître Jedi Elzar Mann afin de sauver les participants de la Foire de la République menacés par les terribles bandits. Si elle était plutôt un personnage secondaire dans le livre, elle tient le premier rôle dans le roman graphique Le Monstre du Pic du Temple de la collection La Haute République - Les Aventures. Lors d'une mission se déroulant un peu avant sa première apparition, elle fait la rencontre d'un Segrado bavard, Drewen, qui veut devenir son Padawan alors qu'elle-même n'est pas Jedi et que lui n'est pas sensible à la Force. Dans le présent comics, elle se contente en revanche du rôle de narratrice de l'histoire, racontant à son droïde KLO, un récit du Maître de son Maître lorsqu'il était Padawan, se déroulant justement pendant l'époque occupant la Phase II.

Le récit principal de La Terreur Sans Nom s'attache donc à raconter une aventure du Padawan Coron Solstus. Il fait partie avec sa Maîtresse Jedi Sula Badani d'une équipe d'explorateurs composée de deux autres Maîtres Jedi, Rok Buran et Xinith Tarl, du pilote Pako, du médecin Ambar et du droïde EX-5A. Ils se font alors attaquer près d'une planète inconnue par un transporteur non identifié en perdition. Les deux vaisseaux s'écrasent sur l'astre sans vie mais dont l'atmosphère est respirable. Les explorateurs de la République vont aussitôt se rendre compte que les ennemis qui leur ont tiré dessus sont des membres de La Voie de la Main Ouverte, une secte tenue rigoureusement par une gourelle très mystérieuse qui se fait appeler « Mère » par ses adeptes et s'est donnée pour mission de se débarrasser des Jedi. Ils transportent en outre une cargaison particulièrement dangereuse : des œufs des fameuses créatures appelées les Sans-Nom. Ces bêtes s'attaquent en effet aux individus sensibles à la Force en provoquant chez eux divers symptômes comme des hallucinations, une perte de connexion avec la Force voire la mort, réduisant ainsi la victime à une enveloppe sans vie, sous forme de pierre s’effritant souvent avant de tomber en poussière. Malheureusement, ces bêtes féroces sont difficilement contrôlables sans un certain artefact, ce qu'ignore manifestement l'équipage censé les transporter. Et comble de malchance, l'un des œufs éclot et les attaque alors qu'ils ne sont pourtant pas des Jedi. Les Explorateurs et les membres de La Voie de la Main Ouverte vont alors essayer de survivre en attendant d'éventuels secours mais les rancœurs, trahisons et sacrifices vont avoir raison de bien des survivants.

Le scénario est ainsi plutôt bien ficelé et haletant. Pour un comics jeunesse, même s'il n'y a pas de sang, un certain nombre de morts et de pertes est proposé, peinant le lecteur ayant appris à s'attacher aux personnages. Mais la plus grosse interrogation reste tout de même l'utilisation même des Sans-Nom durant toute la Phase II. Si le lecteur est ravi de retrouver ces créatures et d'en apprendre plus sur elles, il s'étonne tout de même de la tournure des évènements. Avec des êtres si dangereux pour les utilisateurs de la Force, et vu le nombre de Jedi survivants pour en témoigner, comment se fait-il que l'Ordre ne se soit pas emparé de cette question afin d'en savoir plus ? Pourquoi, cent cinquante ans plus tard, les Jedi semblent découvrir la chose lorsque les Sans-Nom refont leur apparition comme raconté dans la Phase I ? Ty Yorrick qui narre ce récit répond en partie à la question en expliquant qu'ils sont rentrés dans la légende, comme s'ils étaient des êtres plus ou moins exagérés avec un zeste de vérité. Si cela peut se comprendre pour des espèces à l'espérance de vie courte comme les humains, cela l'est moins pour celles qui vivent des siècles... À l'image de Yoda, en vie lors des évènements de la Phase I et de la Phase II. Pourquoi n'a-t-il donc pas fait le rapprochement ?

Le dessin du comics est confié, quant à lui, à Eduardo Mello. Artiste italien né en 1988, il travaille d'abord pour des éditeurs de comics indépendants italiens avant de se lancer sur le marché américain à partir de 2017, notamment chez Marvel (Avengers Storybook Collection), IDW (Dungeons & Dragons: Mindbreaker), DC Comics (DC vs. Vampires: Killers) ou Dark Horse (La Haute République - Les Aventures : La Terreur Sans Nom). Le présent comics marque sa première incursion dans l'univers Star Wars même si depuis il a participé à la série d'anthologie Star Wars : Hyperspace Stories toujours chez Dark Horse. Les dessins, même s'ils sont à destination d'un public familial, sont parfaitement réussis et rendent les personnages, que ce soient les explorateurs comme les créatures Sans-Nom, totalement convaincants. Même s'il peut être regretté une ambiance moins horrifique qu'attendu, le graphisme sert bien le récit et permet de passer une agréable lecture.

La Terreur Sans Nom est une mini-série convaincante qui permet de prendre conscience à nouveau de la dangerosité des Sans-Nom. Pris indépendamment, le récit est ainsi palpitant. C'est seulement en le plaçant dans le grand canevas de La Haute République qu'il questionne sur sa pertinence...