Le Péril de la Reine

Le Péril de la Reine est un roman jeune adulte qui plonge le lecteur dans la vie de Padmé Amidala, juste après qu'elle est devenue reine de Naboo, alors que la galaxie est encore en paix, du moins le croit-elle.

Le roman est écrit par E. K. Johnston, une romancière jeune adulte. De son vrai nom Emily Kate Johnston, elle commence à écrire des fan-fictions puis se met à proposer des œuvres avec ses propres personnages. Elle publie ainsi son premier roman, The Story of Owen: Dragon Slayer of Trondheim, en 2014. À partir de là, elle va produire deux livres par an dont des romans sur l'univers Star Wars ; son tout premier étant Ahsoka en 2016. Elle enchaîne avec la trilogie Padmé Amidala composée des opus L'Ombre de la Reine en 2019, Le Péril de la Reine en 2020 et Queen's Hope en 2022. En plus de ces quatre livres, elle participe au recueil From A Certain Point Of View en 2017 en proposant la nouvelle By Whatever Sun.

À la différence du premier tome de la trilogie sur Padmé Amidala qui se déroulait entre les deux films de la prélogie, Le Péril de la Reine commence chronologiquement quelques mois avant le long-métrage Star Wars : La Menace Fantôme. Padmé, la future mère de Luke Skywalker et de Leia Organa, qui n'a pas encore rencontré leur père et son futur mari, Anakin Skywalker, est sur le point de devenir la Reine de Naboo. Elle porte encore, pour quelques heures en attendant les résultats de l'élection, le nom de ses parents, Naberrie. Mais elle a déjà décidé celui qui serait le sien en cas de victoire, Amidala. Ce changement de patronyme a pour but de protéger sa famille et son identité tout en facilitant sa sécurité. Celle-ci est d'ailleurs confiée à Quarsh Panaka, Chef de la Garde rapprochée de la Reine, qui prend ainsi le commandement des Forces Royales de Sécurité de Naboo.

E. K. Johnston possède un talent certain pour l'écriture de romans jeune adulte féminins et sait parfaitement accrocher son lecteur à condition qu'il ne soit pas réfractaire au genre. Ici, comme dans le premier opus, l'auteure part d'une trame plutôt mince mais arrive toujours à broder, et surtout à mettre en place une ambiance qui fait que le lecteur ne s'ennuie jamais. La style a un effet emmitouflant et apaisant faisant que la moindre anecdote ou la plus petite discussion l'intéresse alors qu'il ne se passe pourtant pas grand chose. Le fan de Star Wars se retrouve ainsi dans une atmosphère doudou où il plonge dans des aventures certes anecdotiques et inoffensives mais bienveillantes, positives et optimistes. La romancière peut alors étoffer ses personnages puis les plonger ensuite dans leur première grande crise.

Le roman se découpe en deux parties. La première occupe les deux tiers du roman et exécute la présentation des personnages et la mise en place du contexte. Le récit montre ainsi le début du règne de la Reine Amidala, de ses premiers instants en tant que souveraine dès l'annonce des résultats jusqu'au blocus de la planète Naboo par la Fédération du Commerce quelques mois plus tard. Il permet ainsi de voir comment Padmé appréhende son rôle de monarque, notamment d'un point de vue politique, en s'éloignant des décisions prises par la précédente reine. Il s'intéresse aussi à l'aspect sécuritaire qui l’entoure où elle imprime sa marque tout en se montrant inventive et téméraire. Enfin, le roman s'attache aussi au parcours personnel et émotionnel de la jeune fille et comment notamment elle ressent les différents évènements qu'elle vit ou encore ce qu'elle pense des nouvelles personnes qu'elle rencontre.

Mais au-delà de Padmé, l'intérêt du roman est aussi de mettre en lumière les cinq suivantes de la Reine. Le précédent livre de la trilogie se concentrait principalement sur Sabé, la confidente qui a été la doublure de la Reine dans Star Wars : La Menace Fantôme et dont le rôle a été tenue dans le film par Keira Knightley à cause de sa ressemblance physique avec Natalie Portman. Ici, le nouvel opus continue à la mettre en avant mais présente également chacune des quatre autres de manière plus approfondie, notamment en expliquant quelles sont leurs aptitudes spécifiques. Le lecteur apprend également qu'elles ont toutes accepté de changer leur prénom, non seulement pour protéger leur identité mais également pour que leurs dénominations soit très proches les unes des autres et qu'il soit ainsi difficile de les distinguer, y compris avec la reine. En dehors de l'habit d'apparat très voyant de ma Reine, les suivantes devaient en effet avoir tous la même apparence sobre et être le plus transparente possible, ceci afin qu'elles puissent intervertir leur rôle comme le montre très bien le premier film de la Saga Skywalker.

Les cinq servantes sont donc présentées de la même façon : leurs aptitudes au sein du récit principal et leur recrutement via de petits intermèdes tout au long du roman.
Sabé est ainsi une musicienne qui n'apprécie pas le destin tracé pour elle par sa famille. Elle est recrutée grâce à sa ressemblance frappante avec la Reine.
Eirtaé travaille, quant à elle, avant l'élection, dans les coulisses d'un théâtre comme designer et ingénieure de décors et se charge ensuite d'inventer et simplifier tout ce que porte ou utilise la Reine afin de lui faciliter la vie.
Rabé est une artiste et une musicienne mais qui a préféré choisir, au lieu d'une vie bien rangée, l'escroquerie et la duperie, et ce malgré son jeune âge. Elle est choisie par le Capitaine Panaka afin d'aider Padmé à être moins naïve et lui donner les moyens de tricher ou de tromper son auditoire.
Saché travaille également dans le même théâtre qu'Eirtaé mais n'a aucun rôle précis, préférant rester dans l'ombre et ne pas se faire remarquer. Elle est embauchée avec les autres filles car elle a une capacité d'analyse hors pair, dotée qu'elle est d'une vision globale lui permettant de voir ce que personne ne voit, tout en passant, elle, inaperçue.
Enfin, Yané est, pour sa part, une couturière très douée quand elle rentre au service de la Reine, avec pour mission de retoucher ses tenues afin de les rendre plus fonctionnelles sans changer leur apparences historiques traditionnelles et folkloriques.

Les cent dernières pages du livre changent ensuite le paradigme du récit. Le Péril de la Reine rattrape alors les évènements du film Star Wars : La Menace Fantôme. Mais au lieu de proposer une nouvelle novélisation, le roman se place selon le point de vue de Padmé et des cinq suivantes mais sans jamais reprendre exactement ce qu'il se passe dans le long-métrage. Ce sont à chaque fois des passages soit rallongés comme les discussions dans le vaisseaux des Jedi lorsque Sabé se fait passer pour la Reine ; soit coupés comme le dialogue entre Padmé et Shmi Skywalker avant la course de modules ; voire même inédits à l'image de toutes les scènes dans le camp de prisonniers sur Naboo lors du blocus de la Fédération du Commerce. Cela apporte une certaine dynamique à l'histoire, surtout que le roman part du principe que le lecteur a vu le film. Il ne s'embarrasse pas non plus des secrets du long-métrage puisque la fameuse menace est révélée très rapidement au détour d'un chapitre où le lecteur découvre les pensées de Palpatine lorsqu'il apprend l'élection de la nouvelle Reine de Naboo, à la fois en tant que Sénateur de la République et Maître Sith. Aussi dynamique soit-il, le choix de construction de la fin du roman donne tout de même l'impression que le dernier tiers du livre est expéditif, se limitant vraiment à l'essentiel. C'est l'inconvénient pour l'auteure d'avoir choisi de placer l'histoire à ce moment connu de tous dans la chronologie Star Wars tout en ne se voulant pas répétitive.

Le Péril de la Reine est à nouveau une belle surprise d'E. K. Johnston. Bien que simple, le récit s'avère plaisant et apaisant, approfondissant les personnages des suivantes de Padmé tout en apportant une vision différente des évènements de l'Épisode I.