Riposte
Dette de Vie
Titre original : Aftermath : Life Debt Éditeur : Pocket Date de publication France : Le 31 octobre 2018 Genre : Science-fiction Label : Star Wars - Univers Officiel |
Auteur(s) : Chuck Wendig Autre(s) Date(s) de Publication : Del Rey (US) : Le 19 juillet 2016 Nombre de pages : 565 |
Le synopsis
La critique
Riposte : Dette de Vie est le deuxième volet d'une trilogie commencée dans le roman Riposte. Moins anecdotique que le premier tome, le livre utilise les mêmes personnages attachants mais propose un arrière plan politique et militaire plus étoffé montrant parfaitement comment la Galaxie a évolué après Star Wars : Le Retour du Jedi.
Riposte : Dette de Vie, comme le premier tome de la trilogie, est écrit par Chuck Wendig.
Né à New Hope en Pennsylvanie en 1976, il étudie la littérature à Queens University of Charlotte et obtient son diplôme en 1998. Il commence son travail d'écriture en proposant des scénarios pour des jeux de rôles ou des jeux vidéo. Son premier recueil de nouvelles Irregular Creatures est ainsi publié en 2011 suivi par un premier roman Double Dead. Il va ensuite écrire des séries d’ouvrages qui rencontrent un certain succès, qu’ils soient pour adultes comme Miriam Black ou Mookie Pearl ou pour jeunes adultes comme Atlanta Burns ou The Heartland. Le 4 septembre 2014, il tweete comme une bouteille à la mer son envie d'écrire pour Lucasfilm Ltd. et à Del Rey un roman Star Wars. Son vœu est exhaussé quelques mois plus tard : il publie alors son premier récit sur la franchise le 4 septembre 2015, soit un an, jour pour jour, après son gazouillis. La trilogie Riposte refermée, il travaille ensuite en qualité de scénariste chez Marvel pour la franchise Star Wars sur Darth Vader Annual #2 ainsi que sur l'adaptation en comics de Star Wars : Le Réveil de la Force. Il est alors choisi pour s'occuper de la mini-série Shadow of Vader mais à la suite d'un tweet jugé trop politique, Marvel le licencie et annule la série.
Le plus impressionnant dans Riposte : Dette de Vie est l'incroyable richesse et la quantité énorme d'informations données sur l'état de la Galaxie quelques mois après la victoire de la Rébellion sur la Lune d'Endor. Le livre est en effet principalement centré sur la libération de Kashyyyk, la planète natale de Chewbacca mais il est aussi bien plus que cela. Déjà, comme dans le premier volet, il utilise des intermèdes pour montrer les conséquences des guerres en cours un peu partout dans la Galaxie. Ensuite, il offre une plongée vraiment intéressante dans la politique, qu'elle se passe du côté de la naissante Nouvelle République ou de l'Empire moribond. La Nouvelle République se retrouve, il est vrai, à tomber dans les travers inverses de l'Empire avec une peur viscérale de l'ordre et de l'autorité et une vision très naïve de l'intérêt militaire. En fait, dès sa création, elle contient les germes de son échec qui sera effleuré dans le roman Liens du Sang et qui aboutira à la destruction de sa capitale dans Star Wars : Le Réveil de la Force. De l'autre côté, l'Empire, lui, est gangrené de l'intérieur, sur le chemin de l'implosion à force de trahison et de conspiration ; le roman préparant sa chute qui se produira dans le dernier volet de la trilogie Riposte.
Dans cet affrontement d'idéologies, deux personnages ressortent du lot, même si l'un bien plus que l'autre. La véritable révélation du roman est en effet clairement la Grande Amirale Rae Sloane. Celle qui occupe le poste officieux d'Impératrice est un personnage véritablement passionnant. Beaucoup moins cruelle que Palpatine, elle n'en demeure pas moins persuadée que l'autorité et l'ordre sont le rempart contre le chaos dans la Galaxie. Et elle reste ainsi convaincue que seul l'Empire est capable d'apporter cela. Mais elle ne se fait pourtant aucune illusion, ni sur sa capacité militaire déclinante, ni sur le fait qu'elle soit elle-même un pantin dont les ficelles sont tirées par un conseiller de l'ombre, un certain Gallius Rax. Sloane va d'ailleurs enquêter pour essayer de connaître les rouages de ce mystérieux personnage, et ce pour le plus grand plaisir des lecteurs, qui arrivent ainsi à explorer de l'intérieur cet Empire en déliquescence. Son entrevue avec Mas Amedda, l'ancien collaborateur de l'Empereur, dans la planète capitale de Coruscant, est à ce titre particulièrement grisante.
Beaucoup moins présente mais tout aussi importante, la Chancelière de la Nouvelle République, Mon Mothma, l'ancienne chef de la Rébellion mérite attention. Le personnage est intéressant car il montre les errements de ce nouveau système politique et la difficulté qu'il a à passer d'une organisation militaire à la limite de la guérilla vers un gouvernement constitutif, responsable de milliards d'individus et de systèmes formant toute la Galaxie. Mon Mothma est remplie d'idéaux, notamment le pacifisme et l'inutilité de l'autorité, quitte à devoir affronter de longues discussions aux parlements aboutissant à l'immobilisme. Le non-interventionnisme dans des situations pourtant insoutenables pour certaines populations persécutées par l'Empire mais non considérées comme stratégiques pour l'expansion globale est au bout du chemin. Ses discussions agitées avec la Princesse Leia sont alors passionnantes en cela qu'elle révèle une dirigeante, qui paraissait clairvoyante et lucide, au visage moins enchanteur : Mon Mothma est en réalité aveugle et naïve ; le parfait contraire de Leia.
Au delà de ses deux personnages, certes symboliques mais non centraux, le roman fait revenir la même équipe que dans le précédent tome. Norra Wexley et son fils Temmin Wexley accompagné de son droïde Os, la chasseuse de primes Jas Emari, l'ancien agent de probité de l'Empire Sinjir Rath Velus et le soldat des Forces Spéciales de la Nouvelle République Jom Barell. Leurs histoires avancent et chacun a droit à son moment de gloire. Mais ce qui est aussi vraiment appréciable c'est que les héros des films que son Leia Organa, Han Solo, Chewbacca et Wedge Antilles ont également droit à une place importante permettant ainsi d'ancrer le roman et l'équipe de Norra Wexley dans le grand canevas de la famille Skywalker.
L'auteur Chuck Wendig s'est clairement amélioré depuis son premier volet. Le roman est long et passionnant allié à un style simple mais efficace. Le lecteur en tourne les pages avec plaisir. Il sera également apprécié une diversité dans les espèces et dans les situations amoureuses vraiment rafraîchissante. L'homosexualité de Sinjir est désormais clairement affichée et prouve encore une fois que l'univers étendu de Star Wars, se permet des choses que les films rechignent à faire. Ici aussi, l'auteur propose un personnage non genré. Il faut alors féliciter la traduction de Pocket, qui a entendu les critiques lors de la sortie de Baroud d'Honneur, et propose cette fois-ci l'utilisation du pronom « zhe ».
Riposte : Dette de Vie est un roman passionnant porté par des personnages parfaitement bien définis qui propose un épisode essentiel de l'histoire galactique après Star Wars : Le Retour du Jedi. Un livre à ne pas négliger dans le cas où le premier tome aurait déçu car le lecteur passerait sans doute à côté de l'un des meilleurs romans de l'Univers Officiel.