Les Agents du S.H.I.E.L.D.

Saison 3

Les agents du S.H.I.E.L.D. reviennent avec une troisième saison de 22 épisodes, avec pour objectif de mettre un terme aux agissements d'HYDRA et de maîtriser l'émergence des nouveaux Inhumains suite à la diffusion du Terrigène.

Malgré des audiences ne cessant de décliner aux États-Unis, depuis l’épisode pilote (et ses plus de 12 millions de téléspectateurs !) jusqu'au final de la Saison 2 (moins de 4 millions de fidèles), Les Agents du S.H.I.E.L.D. est tout de même renouvelée. Une troisième salve de 22 épisodes est en effet commandée par ABC et produite par ABC Studios et Marvel Television, pour le plus grand plaisir des fans car, si les audiences chutent au fil du temps, la série a su se constituer un noyau dur de fidèles qui apprécient de voir les aventures de l'équipe de Phil Coulson gagner en qualité année après année. Ainsi, cette troisième saison débute aux États-Unis le 29 septembre 2015 pour se terminer le 17 mai 2016 sur ABC ; la première diffusion française est quant à elle assurée par la chaîne câblée SérieClub du 30 octobre 2016 au 18 décembre 2016.

Après les événements du final très réussi de la deuxième saison, de nouveaux Inhumains apparaissent avec divers pouvoirs qu'ils se révèlent bien incapables à contrôler. L’équipe de Coulson (Clark Gregg) intervient donc pour les maîtriser et les aider. Oui mais voilà, le S.H.I.E.L.D. est toujours contraint de faire profil bas et de travailler dans la clandestinité, rendant la mission bien plus périlleuse que prévue. De plus, la nature ayant horreur du vide, une autre agence est mandatée par le gouvernement pour « contenir » la menace Inhumaine : il s'agit de l'Agence Tactique de Confinement d'Urgence, l'ATCU pour les intimes ! À sa tête se trouve Rosalind Price, jouée par Constance Zimmer (UnREAL, 2015-2018 sur Lifetime puis Hulu). Ex-agent de plusieurs agences aussi diverses que variées, elle est à l'ATCU ce que Coulson est au S.H.I.E.L.D.. La tension entre les deux agences devient alors très vite pesante et le jeu de dupes et de séduction pratiqué entre les directeurs respectifs est un vrai régal à suivre. Heureusement, Coulson n'est pas seul pour faire face à cette situation, car outre la reconduction du casting originel de la série, plusieurs acteurs récurrents de la Saison 2 prennent du galon cette saison et sont promus au rang d'acteurs réguliers. Henry Simmons (Agent Alphonso « Mack » Mackenzie), Nick Blood (Agent Lance Hunter), Adrianne Palicki (Agent Barbara « Bobbi » Morse, alias l'Oiseau Moqueur) et Luke Mitchell (l'Inhumain Lincoln Campbell) font ainsi désormais partie intégrante de l'équipe. Adrian Pasdar (Général Glenn Talbot) et Blair Underwood (Docteur Andrew Garner) reviennent également participer aux nouvelles intrigues de la saison, en plus des petits nouveaux Juan Pablo Raba (Narcos, 2015-2016, Netflix), l'interprète du néo-Inhumain Joey Gutierrez qui se découvre le pouvoir de manipuler le métal, et Natalia Cordova (Coco, 2017), qui prête ses traits à l’Inhumaine à la vitesse exceptionnelle Elena « Yo-Yo » Rodriguez.

Hormis le problème ATCU dont le S.H.I.E.L.D doit s'occuper, l'agence doit également faire face à l'ex-agent Grant Ward (Brett Dalton) qui souffle sur les braises d'HYDRA pour en raviver la flamme. Son objectif est en effet de prendre les rênes de l'hydre pour assouvir sa vengeance à l'encontre de Coulson. Il doit cependant composer avec certains des membres les plus anciens de l'organisation, comme Gideon Malick interprété par Powers Boothe (Deadwood, HBO, 2004-206, Sin City, 2005), qui voient en lui le moyen d'atteindre leur but originel et ramener Alveus, un ancien Inhumain puissant, afin qu’il domine la Terre. Ils sont épaulés dans leur mission par M. Giyera, un Inhumain joué par un acteur bien connu du public français puisqu’il s’agit de Mark Dacascos, apparu dans Le Pacte des Loups de Christophe Gans en 2001. Celui-ci a le pouvoir de télékinésie sur toute matière non-organique, en plus d'être un expert en arts martiaux : l'acteur livre ainsi de multiples combats parfaitement chorégraphiés avec plusieurs membres de l’équipe de Coulson. Si le S.H.I.E.L.D. est déjà bien occupé, il est également question lors de cette saison d'un dernier adversaire : Lash. Cet Inhumain, doté d’une force surhumaine et ayant la capacité d’envoyer des décharges d’énergie à volonté, prend l’apparence d’un monstre sanguinaire... Ce qui n'empêche pas le général Talbot de le surnommer Rasta-Hulk, à cause de sa coiffure ! Dans les comics, Lash est à l’origine un prêtre Inhumain jugeant les êtres dotés de pouvoirs : les dignes survivent, les indignes sont éliminés. Ce personnage apparaît pour la première fois dans Inhuman #1 en 2014, de Charles Soule et Joe Madureira, et son adaptation dans la série est d'une fidélité visuelle impressionnante !

Au lancement de la série, promesse a été faite aux fans de faire émerger d’autres héros encore non-intégrés au Marvel Cinematic Universe. Après avoir déjà introduit quelques nouvelles têtes l'année précédente, la série poursuit donc dans sa lancée avec l'apparition des Secret Warriors. Dans les comics, cette équipe est présentée dans The Mighty Avengers (Vol.1) #13 en 2008 avant de passer à l'action au cours du crossover Secret Invasion : elle est alors formée par Nick Fury en personne et vient prête main-forte aux Young Avengers quand les Skrulls attaquent New York. Trois équipes, la Noire, la Grise et la Blanche, apparaissent ainsi dans les comics avec des spécialités et des membres différents. Les Agents du S.H.I.E.L.D. s’inspire ainsi de l’Équipe Blanche constituée à ses origines de Quake (Daisy), Slingshot (Yo-yo), Phobos le fils d’Arès, Hellfire et sa chaîne enflammée, le Druide et Muraille. Du « casting » original de l'équipe, les scénaristes choisissent bien évidemment de conserver Daisy « Quake » Johnson et Elena « Yo-Yo » Rodriguez. À ce duo de femmes de caractère viennent ensuite se greffer Lincoln Campbell et Joey Gutierrez dans la série ; contrairement au comics, l’équipe est donc ici exclusivement constituée d’Inhumains. Sa formation se met en place (trop ?) lentement lors des deux premiers tiers de la saison, au point qu'il faut attendre l'épisode 17 pour les voir intervenir en tant qu'équipe. Même si le plaisir est grand de la voir enfin réunie, l'apparition de l'équipe reste toutefois beaucoup trop épisodique. Le téléspectateur peut légitimement être frustré, mais faut-il pour autant en vouloir aux créateurs quand il est su que le postulat de départ de la série tourne tout entier autre de Coulson et son équipe, des êtres sans pouvoirs qui doivent faire face à des humains améliorés ?

L’intérêt d’une série quelle qu’elle soit, lorsqu’elle survit à ses deux premières saisons, tient dans l’évolution de ses personnages principaux. Et sur cet aspect-là, la réussite est totale. Le premier d’entre eux, l’Agent Coulson, pour qui la fin de la Saison 2 fut rude suite à la perte de son bras, revient en pleine forme et avec tous ses membres ! Si son humour et ses références cinématographiques font toujours mouche, il se voit surtout confronté à deux nouvelles facettes de sa personnalité. Tout d’abord, sa relation avec son homologue de l’ATCU, Rosalind Price, plonge le téléspectateur dans son intimité, l’amour entre ces deux protagonistes se développant au cours d’une séduction pleine de sous-entendus. Ils se feront finalement confiance et décideront de se laisser une chance. Cet aspect de sa personnalité n’avait alors été qu’entraperçu lors de la première saison. La seconde facette de Coulson est beaucoup plus sombre : la haine qu’il développe à l’encontre de l’Agent Ward ne fait, il est vrai, qu’augmenter, et l’entraîne sur le chemin de la vengeance jusqu’à un point de non-retour. Clark Gregg fait montre ici de sa palette d’acteur très complète pour un résultat tout à fait convaincant.
La relation entre Fitz et Simmons, véritable arlésienne romantique de la série depuis ses débuts, connaît de nouveau de multiples contretemps cette saison. Forcément, lorsque Simmons est aspirée par l’obélisque à la fin de la Saison 2, il devient compliqué pour eux d’enfin dîner en tête-à-tête ! La quête qu’entreprend alors Fitz pour découvrir ce qui lui est arrivé, allant jusqu’à enfreindre les ordres de Coulson à plusieurs reprises, témoigne de l’amour inconditionnel qu’il porte à Jemma Simmons. Cette recherche permet de voir le personnage sous un angle inédit, une sorte de croisement entre Indiana Jones et James Bond, un aventurier moderne accompagné de gadgets tous plus étonnants les uns que les autres. Simmons, elle, revient traumatisée de son expérience, ce qui ne va guère arranger la relation des deux personnages.

L’Agent Melinda May a quant à elle choisi de prendre du recul et de s’éloigner de l’agence pour laisser une chance à sa relation avec Andrew Garner. Elle est malheureusement rattrapée par son passé et notamment par Ward, qui ne lui laissera d’autre choix que de le pourchasser. Au cours de cette saison, elle doit ainsi faire face à des choix douloureux et sa carapace se fend au fur et à mesure des épisodes. Daisy Johnson, de son côté, prend une importance grandissante dans la série. Maîtrisant ses pouvoirs, elle est chargée par Coulson de créer une équipe d’Inhumains pouvant intervenir là où les humains lambda ne peuvent le faire : l’initiative Secret Warriors. Elle devient à cette occasion un véritable leader au sein de l’équipe, mais sa confrontation avec Hive et ce qui en résulte l’affectent profondément. Autres personnages à la relation tumultueuse, Bobbi Morse et Lance Hunter se remettent chacun à sa manière de l’enlèvement et de la torture qu’a subi l’Oiseau Moqueur sous le joug de Ward. La première soigne donc ses blessures et ronge son frein en attendant de retrouver le terrain. Obnubilé par la vengeance, le second part à la poursuite de Ward et use de tous les stratagèmes, parfois au prix de risques irréfléchis. Mais il s’agit-là de leur dernière saison : pressentis pour incarner les héros du spin-off Most Wanted (qui ne sera finalement pas commandé), ils quitteront leurs camarades à la fin de l’épisode 13. Bien que le scénario de cet épisode soit quelque peu alambiqué, il vaut le détour ne serait-ce que pour sa scène finale qui peut arracher une larme même au plus insensible des fans...
Les Agents du S.H.I.E.L.D. est également une série qui fait voyager le téléspectateur à travers le monde. Et pour cette Saison 3, elle emmène carrément le téléspectateur sur une autre planète : Maveth. Lieu d’exil de l’Inhumain Hive créé par les Kree et vénéré par HYDRA qui veut régner à ses côtés sur Terre, cette planète où Simmons passe plusieurs mois est pour le moins hostile. Au cours des derniers siècles, l'HYDRA y envoie pourtant de nombreux hommes à travers l’obélisque pour tenter de ramener Alveus sur Terre. Cet Inhumain, capable de contrôler tous ses congénères, finit par venir sur Terre en prenant possession du corps de Ward. Il est, à n’en pas douter, l’ennemi le plus redoutable des trois premières saisons, et le vaincre nécessite de grands sacrifices.

La troisième saison des (Les) Agents du S.H.I.E.L.D. gomme en partie les défauts des précédentes en intégrant ses propres héros et en faisant mûrir ses personnages. Elle réussit également à conserver son lien avec le MCU (par des références aux événements d’Avengers : L’Ère d’Ultron (2015) et à la signature des Accords de Sokovie) tout en créant sa propre mythologie. Saison charnière au sein de la série, elle peut ravir ou faire tiquer le téléspectateur par certains de ses dénouements, mais le divertira à coup sûr, et ce qu'il soit fan ou non de l’univers Marvel.