Ernest le Champion

Ernest le Champion
L'affiche du film
Titre original :
Slam Dunk Ernest
Production :
Emshell Producers
Date de sortie USA :
Le 20 juin 1995 (Vidéo)
Distribution :
Touchstone Home Video
Genre :
Comédie
Réalisation :
John R. Cherry III
Musique :
Mark Adler
Durée :
93 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Employé dans l’entreprise de nettoyage Cleaning Sweep, Ernest P. Worrell réussit à intégrer l’équipe de basketball créée par ses collègues. Plus gaffeur que sportif, il reçoit l’aide d’un ange qui lui offre une paire de chaussures magiques lui permettant de réaliser des exploits sur le terrain, enchaînant ainsi les victoires. Mais voilà, la célébrité lui montant vite à la tête, il perd peu à peu l’esprit d’équipe…

La critique

rédigée par
Publiée le 29 janvier 2018

Cinquième et dernière aventure d’Ernest P.Worrell chez Disney, Ernest le Champion est révélateur d'une franchise qui s'essouffle, subissant un traitement de diffusion différent des précédentes productions. En effet, l'aventure ultime du gaffeur Ernest ne bénéficiera pas du privilège des salles obscures et sort directement en vidéo en 1995, sous le label Touchstone Home Video. Alors que les frasques de Jim Varney ne se vendent plus, cette aventure signera sa dernière pour le label… KnowhutImean?

Comédie centrant l’action sur l’un des sports fétiches américains, le basketball, et donnant la part belle au personnage loufoque d’Ernest, Ernest le Champion est réalisé par John R. Cherry III.
Né en 1948, il créée, avec son associé Jerry Carden, l’agence de publicités Carden & Cherry, basée à Nashville dans le Tennessee. Alors qu’il doit trouver un moyen de réaliser la promotion d’un parc d’attractions, le Beech Bend Raceway Park sans le montrer pour autant, l’endroit étant peu aguicheur à l’époque, il imagine alors un personnage atypique, capable de vendre tout à n’importe qui : Ernest Powertools Worrell, un je-sais-tout gaffeur qui parle du nez de façon très rapide, simplet mais jamais méchant. Inspiré d’un employé de son père clamant tout savoir tout en prouvant le contraire, il demande à Jim Varney avec qui il travailla de par le passé, d’user de ses talents pour s’approprier le personnage. Le contrat est plus que rempli et Cherry en fait dès lors un personnage omniprésent sur le petit écran enchaînant à tour de bras des publicités pour tout type de produit : pizzas, stations de radios, boissons ou encore produits laitiers, le benêt grimaçant Ernest devient un vendeur de génie ! Il a trouvé sa poule aux œufs d’or tandis que Jim Varney goûte enfin au succès ! Dès 1983, un mini film sort directement en vidéo Knowhutimean? Hey Vern, It's My Family Album permettant à Cherry d’étendre l’aura de son personnage, lui ajoutant une famille entière, chaque membre étant joué par Jim Varney lui-même. Son succès est tellement retentissant que Cherry, dès 1986, lance la production du premier film des aventures d’Ernest Worrell sur grand écran : Dr Otto and the Riddle of the Gloom Beam, mélangeant science-fiction et comédie. Disney sentant le phénomène prendre de l’ampleur décide de produire le prochain film des aventures d’Ernest sous le label Touchstone Pictures. Ainsi, Ernest et les Joyeuses Colonies arrive sur les écrans en 1987 et devient le premier film de la franchise arborant le nom du personnage principal. Fort du succès de cette première collaboration, Disney décide tout de go la production de trois autres films, tous réalisés par John Cherry : Le Père Noël Est en Prison (1988), Ernest en Prison (1990) et Ernest à la Chasse aux Monstres (1991). La franchise développe même une série, Hey Vern, It’s Ernest! dès 1988, pour laquelle Varney décroche le Daytime Emmy Award, l’équivalent d’un Oscar dans le monde télévisuel. En 1989, Disney Channel utilise le personnage pour une émission spéciale (Ernest Goes to Splash Mountain) pour l’ouverture de Splash Mountain à Disneyland Park d’Anaheim ! En 1993, Ernest Frappe Encore est un échec au cinéma ; dès lors, les longs-métrages du personnage clownesque se retrouvent directement en vidéo mais toujours à rythme soutenu : Ernest Va à l’École (1994), Ernest le Champion (1995) distribué sous le label Touchstone Home Video, Ernest va en Afrique (1997) et Ernest à l’Armée (1998). John Cherry arrête en revanche toute la franchise à la mort de l’interprète principal. En 1999, il produit, en effet,  Pirates of the Plain, avec Tim Curry (Les Trois Mousquetaires, L'île au Trésor des Muppets) en pirate égoïste et narcissique. Il avoue lui-même que le succès de son personnage fétiche est essentiellement dû au talent de son interprète, Jim Varney.

James Albert Varney Junior, dit Jim, naît à Lexington dans le Kentucky, en 1949. Dès son plus jeune âge, il s’amuse à imiter ses personnages de cartoons préférés, une aptitude qui n’échappe pas à sa mère qui décide alors de l’inscrire au théâtre du coin pour révéler ses talents pour la scène. Plus tard, à ses 15 ans, il joue le rôle du glacial Ebenezer Scrooge dans un théâtre et décroche même son premier rôle officiel, Puck, dans la pièce de Shakespeare : Le Songe d’une Nuit d’Été. Arrivant à Broadway en 1967, il enchaîne les diners-spectacles et autres stands-ups où il se complait à évoluer sur scène. Il s’envole ensuite pour Hollywood où il se produit dans quelques séries à l’instar de Operation Petticoat, Pink Lady and Jeff ou encore The Rousters en 1983. En revenant dans son Kentucky natal, il reprend contact avec John Cherry avec lequel il avait déjà tourné quelques publicités et découvre le personnage d’Ernest P. Worrell qui ne le quittera désormais plus. Ce sont ainsi plus de 3000 spots commerciaux qui seront tournés sur toute la carrière de Varney, qui ne fait désormais qu’un avec son alter-ego Ernest. S’exprimant toujours à un personnage hors-champ, Vern son voisin, il aime ponctuer ses interventions par son accroche devenue célèbre "KnowhutImean?" (littéralement "Tu vois c’que j’veux dire ?") ! Il est alors le héros de plus de neuf films, une série et moults spots télévisés, l’aura de son personnage le dépassant complètement. Il arrive cependant à se détacher de son personnage qui lui colle tant à la peau et joue un patriarche chanceux dans Les Allumés de Beverly Hills (1993) et prête sa voix à Zigzag dans les deux premiers opus de la saga Toy Story. Grand fumeur, Jim Varney affronte l’inévitable nouvelle en 1998 : un cancer des poumons lui est diagnostiqué. Malgré un traitement chimiothérapeutique et un ablation partielle, il meurt dans sa maison dans le Tennessee à l’âge de 50 ans. Il laisse en héritage un personnage sincère, un ami que chacun souhaiterait avoir. Pour son dernier rôle, il donne sa voix au vieux Jebidiah Allardyce "Cookie" Farnsworth dans le Classique Disney Atlantide, l’Empire Perdu, un film qui lui est d’ailleurs dédié.

Ernest le Champion sonne le glas de la franchise chez Disney. Après avoir exploré le genre de la comédie familiale estivale, les thèmes de Noël et d’Halloween ou encore du milieu carcéral, Ernest s’attaque ainsi au sport pour ce qui sera le dernier tour de piste – du moins pour Disney - d’une franchise plus qu’éculée. Mais cet opus se distingue des autres par une sortie directement en vidéo, d’abord en VHS en 1995 puis en DVD en 2003, cette fois-ci sous le label secondaire Touchstone Home Entertainment. Pourtant, il est difficile d’identifier une quelconque différence de moyens entre un épisode ayant eu les honneurs des salles obscures et celui-ci qui n’a pas eu droit à cet éclairage. Cette remarque est ainsi à double tranchant : d’un côté, le spectateur retrouve l’univers d’Ernest qui ne varie pas significativement et de l’autre, il est légitime de se demander comment deux productions destinées à deux formats fondamentalement différents se distinguent si peu ! Les films destinés au cinéma ne sont-ils pas assez audacieux ? Bien évidemment, Ernest Worrell est toujours le personnage clownesque mais attachant rencontré dans le premier opus, Ernest et les Joyeuses Colonies, décrit par son interprête comme "un voisin ou un membre de la famille que l’on a tous eu à un moment de notre vie", un Monsieur Tout-le-monde, savant mélange de bienveillance et d’humour, atypique dans l’univers télévisuel et cinématographique, facilement reconnaissable par son son look simple mais efficace (une casquette de baseball, une veste en jeans un tee-shirt et un jean). Mais force est de constater que, dans ce film, l’inventeur du "KnowhutImean?" ne tombe pas dans ses travers habituels de répétition de gags très premier degré pouvant lasser le spectateur. Jim Varney reste toutefois égal à lui-même, grimaçant dès que l’envie lui en prend sans pour autant égrener le récit de ces savoureux personnages dans lesquels il a tant aimé se plonger dans les opus précédents à l’instar de l’irrésistible Tante Nelda (un rôle qu’il développe dans le mini-film Knowhutimean? Hey Vern, It's My Family Album, déjà aperçue dans Le Père Noël Est en Prison et Ernest en Prison). Il a même tendance, au cours du film, à égratigner son capital-sympathie lorsque le scénario fait d’Ernest une star du basketball dont le succès rapide monte à la tête.

Le récit, ne sortant pas des sentiers battus de ce type de comédie sportive, n'en reste pas moins assez bien soutenu par une distribution acceptable, offrant des rôles hétérogènes, certains étant bâclés, d’autres assez réussis. Une constatation saute ainsi immédiatement aux yeux dans le casting : la forte présence de la communauté afro-américaine, comme si, seuls des personnages blacks pouvaient être crédibles en joueurs de basket ou en hommes de ménage. Une fois passée cette sélection pouvant être qualifiée de cliché raciste, le spectateur découvre donc des acteurs assez convaincants. Ainsi, c’est le basketteur de légende Kareem Abdul-Jabbar qui incarne l’archange du basketball épaulant Ernest. Ce multiple champion de la NBA (National Basket Association) n’en est, en réalité, pas à son premier rôle, ayant souvent fait des apparitions dans des films (Y a-t-il un Pilote dans l'Avion ?, Forget Paris) et des séries télévisées (Le Prince de Bel-Air, 21 Jump Street, New Girl). Ici, il livre une prestation convaincante, du haut de ses 2 mètres 18 ! L’équipe se compose également de Cylk Kozart campant un chef de fil au talent sportif non reconnu. Ayant joué aux côté de Bruce Willis dans 16 Blocs et dans de nombreuses séries (Walker, Texas Ranger), il est un meneur d’équipe et un père de famille touchant dans Ernest le Champion recevant, à la fin, les honneurs qui lui vont de droit. Miguel A. Núñez Jr. (Le Retour des Morts-Vivants), Colin Lawrence (X-Men 2), Lester Barrie ou encore Richard Leacock (Lake Placid) complètent l’équipe des Clean Sweep, chacun ayant une personnalité différente. Pour interpréter le rôle de Miss Terradiddle, la cible amoureuse d’Ernest, c’est Stevie Vallance qui s'y colle. L’actrice et chanteuse canadienne, prêtant sa voix dans plus de 70 épisodes de la série télévisée pour enfants Madeline, est malheureusement desservie dans Ernest le Champion par un rôle des plus ambivalent. Un changement de cap radical de sa personnalité au cours du long-métrage lui fait, il est vrai, perdre son aura auprès des spectateurs. Enfin, Jay Brazeau, acteur canadien de son état (Un Toutou en Or, Stargate SG-1), joue ici Zamiel Moloch, un personnage assez mal défini par le récit, faisant demander à l’auditoire le bien-fondé de sa présence. Ce n’est qu’en réalité, à la toute fin de l'histoire, que ses contours s’éclaircissent un peu : il est le penchant démoniaque de l’Archange du Basketball, dans une tentative désespérée de rééquilibrer le scénario mais le rendant pourtant encore plus bancal.

Concernant la musique, Mark Adler, compositeur aux multiples nominations et récompenses (Les Rois de Las Vegas, Food Inc.) signe ici des rythmes entraînants, parfois mystiques, soulignant les moments faisant intervenir des éléments magiques. Malgré tout, un manque flagrant de rythme se fait sentir notamment lors des matchs de basket, rendant le tout assez plat. De plus, aucun titre phare n’est mis en place pour ce film ce qui le dessert évidemment. Pour la troisième et dernière fois, le tournage se déroule au Canada, à Vancouver. John Cherry quitte ainsi son Tennessee fétiche dans lequel il aime tant tourner et investit, surement pour des raisons financières, les plateaux canadiens du moins pour ses films destinés directement à la vidéo.
Pour les plus fans de la franchise, de jolis clins d’œil aux épisodes précédents sont distillés çà et là dans le nom des équipes de basketball affrontant les Clean Sweep. Ainsi, l’équipe d’Ernest assure la victoire face à des équipes locales : les Kikakee Fish provenant du nom du Camp Kikakee, lieu de l’action d’Ernest et les Joyeuses Colonies, les Tulip Brothers Hardware (clin d’œil aux frères Tulip, vendeurs de matériel en tout genre dans l’opus Ernest à la Chasse aux Monstres), les Trantor Diary (Trantor étant le méchant d’Ernest à la Chasse aux Monstres et ne peut être vaincu qu’avec des produits laitiers, "dairy" en anglais), les Hackmore Antiques (en rapport avec la Vieille Hackmore du film Ernest à la Chasse aux Monstres, jouée par Eartha Kitt) et enfin l’équipe de Krader Construction du nom de l’entrepreneur sans scrupules d’Ernest et les Joyeuses Colonies. Véritable phénomène outre-atlantique, les aventures d’Ernest ont, en effet, bercé ainsi toute une génération d’américains, absolument comblés par l’humour et la répartie de l’alter-ego de Jim Varney.

La saga Ernest rate son dernier panier avec Ernest le Champion. Pourtant tenu par un Jim Varney toujours autant investi dans son personnage fétiche lui allant comme un gant, ce dernier épisode chez Disney est, en effet, loin d’être le meilleur sans pour autant être le pire. Les fans du personnage se délecteront de ses frasques tenaces, les plus jeunes s’amuseront d’une comédie légère, connue pour son premier degré inoffensif et les autres passeront leur chemin.
Au final, Ernest le Champion marque contre son camp.

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