Villages Nature Paris
Les Raisons d’un Échec
L'article
Alors que le complexe ludo-aquatique fête son premier anniversaire, les indicateurs ne sont pas au beau fixe et c’est un euphémisme.
Le groupe Pierre & Vacances-Center Parcs ne communique certes pas sur ses prévisions de fréquentation mais il suffit de se rendre sur place pour voir à quel point le site est déserté. Et la récente annonce de Disneyland Paris déclarant pudiquement vouloir renforcer l’intégration commerciale de Villages Natures Paris dans son offre globale sonne comme un échec cinglant du lancement. Là où les hôtels du Resort parisien affichent des taux de remplissage à faire pâlir d’envie la profession, le dernier-né des Center Parcs compte lui les nuitées restant désespérément libres.
Comment expliquer le retard à l’allumage d’un complexe touristique limitrophe de la première destination touristique européenne et à l’offre de divertissements idéalement complémentaire ?
- Un nom incompréhensible.
Le nom de Villages Nature Paris est le premier handicap du complexe. C’est bien simple, il réussit le tour de force de nier à la fois son appartenance à deux marques majeures du divertissement - Disney et Center Parcs - pourtant appréciées et identifiées du public mais aussi à taire sa proximité immédiate du Resort parisien au profit d’une vague allusion à la Capitale française.
Ainsi, avec Villages Nature Paris, le public ne sait pas qu’il y a un Center Parcs (prémium) aux portes de Disneyland Paris ! Et ce, comme si le groupe Pierre & Vacances-Center Parcs avait honte de voir sa marque associée à Disney…
- Une architecture repoussoir.
« Il faudrait forcer les architectes à habiter les lieux qu’ils conçoivent » : cette maxime populaire n’a jamais sonné aussi juste pour Villages Nature Paris. Exception faite de l’Aqualagon dont les impératifs de gigantisme justifient à eux seuls la conception audacieuse de la bulle tropicale qui a fait la réputation des Centers Parcs partout en Europe, le reste du complexe est effrayant de froideur architecturale. Loin du sentiment de cocooning que les visiteurs attendent majoritairement en venant dans ce type de complexe hôtelier, Villages Nature Paris ressemble à une Ville Nouvelle pensée dans les années 70, sans âme ni charme, où le bois cache maladroitement un béton par trop angulaire.
- Une absence remarquée.
Villages Nature Paris n’a jamais promis d’offrir un divertissement disneyen. Jamais. Mais voilà, le public a fantasmé cette promesse et attend qu’elle soit réalisée. « Où sont les Personnages ? Où est Mickey ? » : la rengaine des visiteurs est permanente et les équipes du complexe se voient pris au piège du paradoxe fatal qui veut les faire tenir un engagement qu’ils n’ont jamais formulé ! Mais voilà, la frustration des clients est immédiate et le sentiment d’avoir été floué, tenace…
Et il est d’autant plus fort que les questions de mobilité vers Disneyland Paris sont les grandes oubliées du projet. Pour rejoindre les Parcs à thèmes et rassasier sa faim de Disney depuis Villages Nature Paris, sans voiture, c’est le parcours du combattant : la fréquence est ridicule, le confort inexistant et le trajet... payant.
- Une expérience dégradée.
Il s’agit là plus d’une conséquence de la désaffection du public que d’une réelle cause. La fréquentation n’étant pas à la hauteur des attentes budgétaires, Villages Nature Paris adapte évidemment son offre de divertissements au niveau du nombre de visiteurs présents. Une manière pudique de dire que, pour des raisons d’économie de fonctionnement, le nombre d’activités proposées est réduit drastiquement et malheur aux visiteurs qui viennent en semaine. À part fréquenter l’Aquamundo, baptisé ici pompeusement l’Aqualagon, il lui faudra beaucoup d’obstination pour varier ses activités et finalement accepter de se résigner à voir le mot « Fermé aujourd’hui » affiché partout sur le complexe.
- Des tarifs inadéquats.
Il faut être naïf pour ne pas savoir que Paris est une destination touristique onéreuse. Disneyland Paris l’est tout autant et Village Natures Paris s’est logiquement imaginé pouvoir l’être également. Mais voilà, autant quand l’expérience visiteur est au rendez-vous, le public comprend, bon gré mal gré, que les tarifs sont plus élevés que la moyenne ; autant, quand la promesse de divertissements n’est pas tenue, la gamme de prix est un frein psychologique à double détente : le public qui est venu malgré les tarifs ne revient pas et le public, qui imaginait y venir, l’écoute se plaindre et renonce…
Voici donc pour Chronique Disney, les 5 plaies de Villages Nature Paris.
Exception faite de l’architecture dont les effets du goût discutable seront atténués quand la fréquentation atteindra enfin le niveau salutaire et insufflera donc la vie qui manque actuellement au complexe, toutes les autres sont immédiatement refermables. Si d'aventure, évidemment, le groupe Pierre & Vacances-Center Parcs en a la volonté...