Disney Channel Passe à l'Offensive !
L'article
Disney Channel est à un tournant de son existence sur le marché hexagonal. Les récents bouleversements du paysage audiovisuel français ont, en effet, contraint la chaine de télé historique de Mickey Mouse, et au-delà d'elle, tout le pack Disney TV, à se remanier en profondeur. Le risque était grand, il est vrai, de voir le fleuron de l'industrie télévisuelle disneyenne péricliter au pays des irréductibles gaulois.
L'engouement surprise pour la TNT et notamment sa chaine pour enfants, Gulli, offrant une alternative gratuite aux programmes « jeunesse » des chaines généralistes ou thématiques, la concentration des offres satellitaires née de l'absorption de TPS par sa rivale de toujours Canal Sat, l'unification des réseaux câblés sous une seule et même entité, Numericable, l'incroyable succès des offres de télévision par ADSL, constituaient autant de menaces mortelles pour Disney Channel et ses déclinaisons, alors seules chaines de télévision « jeunesse » payantes proposées en option. Ainsi, avec Gulli, oubliée la carence de l'offre télévisuelle gratuite à destination des enfants ; avec le nouveau Canal Sat, évaporée l'exclusivité de Disney Channel négociée à prix d'or ; avec la naissance de Numericable et le développement de l'ADSL, inimaginable d'être mal distribuée par de tels réseaux.
Pire, aux périlleuses considérations
techniques de distribution, venait également se greffer une
attaque en règle de la concurrence sur les contenus, cette fois-ci.
Nickelodeon, propriété du group Viacom, premier sur son marché
aux USA, entend bien, en effet, après deux ans de présence
confidentielle en France et forte de ses stars incontournables (Bob
l'éponge, Dora l'exploratrice...) se faire une place au
soleil.
Lagardère, leader historique dans l'hexagone avec Canal J,
Tiji et Gulli, cherche lui à consolider ses positions
et bénéficier de la manne d'abonnés issus de la fusion TPS /
Canal SAT.
Le groupe Canal +, en personne, espère secrètement voir ses
Teletoon et Piwi damer le pion à ses concurrentes.
Sans oublier Turner Broadcasting Company (Cartoon Network,
Boomerang) qui n'envisage pas laisser ses Looney Tunes et alter-égos sur le bord de la route...
Le pack Disney TV ne pouvait donc plus, dans un tel environnement, maintenir son modèle de distribution. La force de ses programmes ne suffisait plus, à elle seule, à engendrer un nombre satisfaisant d'abonnés. Il devait dès lors se résoudre à ne plus faire bande à part et cesser de constituer la seule offre de télévision « jeunesse » payante, proposée en option. Il fallait remédier à la situation pour ne pas risquer l'asphyxie financière et le retrait à terme du marché tricolore, au demeurant, l'un des plus juteux pour la Walt Disney Company.
C'est chose faite désormais ! Disney Channel ne fait plus cavalier seul et intègre, depuis peu, les offres de bouquets de chaines basiques du satellite et du câble. Ainsi, le plus grand nombre d'abonnés a maintenant accès à ses programmes et déclinaisons. Finie la sélection par le prix de l'option et bonjour l'ouverture au public de masse !
Problème de distribution réglé, reste encore à adapter le contenu pour être plus attractif et se différencier de la concurrence pour mieux l'écraser. Là encore, le pack Disney TV fait sa révolution !
- Disney Channel et sa fréquence
décalée sont recentrées sur les programmes phares qui ont fait
l'identité même de la chaine : la place des séries et des téléfilms
« maison » (les
Disney Channel Original Movies)
est renforcée tandis que les dessins animés (y compris pour les
tout-petits) reviennent en force.
- PlayHouse Disney se voit confortée dans sa programmation et
conserve sa mission de divertir les plus jeunes téléspectateurs,
histoire sans doute de mieux les préparer à choisir plus tard
Disney Channel.
- Toon Disney passe de vie à trépas. Son incapacité à fédérer
les téléspectateurs est actée et son concept de « tout dessin
animé », purement et simplement abandonné. Son catalogue se
voit, quant à lui, réparti entre PlayHouse Disney, Disney
Channel et la toute nouvelle, Disney Cinemagic.
- Cette dernière et sa déclinaison +1 ouvrent, en effet, leurs
portes le 4 septembre 2007 et affichent l'ambition de fédérer toute
la famille à grands coups de Grands Classiques Disney et autres
programmes phares de la Walt Disney Company.
- Enfin, seul l'avenir de Jetix semble encore incertain.
Exclue à terme de la plateforme de Canal Sat, victime des
âpres négociations entre les groupes Disney et Canal Plus,
elle se verrait dès lors confiné au câble et à l'ADSL et risquerait
à coup sûr l'asphyxie financière.
La démocratisation de l'accès aux chaines Disney est donc engagée en France. Si cette évolution était inévitable, pour ne pas dire souhaitable, elle fait cependant courir un risque certain de dépréciation qualitative des programmes. L'arrivée de la publicité sur les chaines de Mickey, épargnées jusqu'alors, constitue d'ailleurs une première alerte... Elle est de taille !