Les Défis de Disney Channel (2/2)
L'article
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (C.S.A.), dont le renouvellement des membres et du Président fait actuellement grand bruit, continuera-t-il dans sa logique aveugle de réprimandes et sanctions des chaines thématiques ? L'organe de régulation du Paysage Audiovisuel Français (P.A.F) poursuivra-t-il en effet sa politique liberticide envers tous les médias non généralistes ?
La question se pose aujourd'hui. Elle est vitale et devient même emblématique dans le cas du pack Disney T.V.
Dans sa lecture rigoriste de la loi sur la protection des œuvres d'expressions françaises et européennes, le gendarme de l'audiovisuel frappe, il est vrai, sur toutes les thématiques, en radio comme en télévision, qui ne respectent pas les quotas. Et peu importe s'ils sont, du fait même de leur format, dans l'impossibilité de s'y soumettre ! Les victimes de l'entêtement du C.S.A à ne pas vouloir entendre raison, sont, tous les jours, plus nombreuses et cherchent désespérément comment sortir de sa ligne de mire, sans perdre leurs âmes.
Le C.S.A exige ainsi un minimum d'heures de diffusions d'œuvres françaises et européennes sur chaque antenne : c'est chose comprise ! Cela l'est moins quand le diffuseur a pour thème une programmation qui, a, justement, pour particularité de ne pas être, par essence, de nationalité française ou européenne. Comment la chaine de télévision « Mangas » peut-elle, en effet, diffuser majoritairement des dessins animés de fabrication française alors que le marché visé est typiquement japonais ? Comment la radio FG peut elle programmer des chansons francophones quand sa ligne éditoriale est axée sur la house et la dance, universellement exprimées en anglais ?
Et comment le pack Disney TV, dont les abonnés plébiscitent par définition la marque historique, peut-elle intégrer majoritairement dans son programme des œuvres françaises et européennes ? Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes : Mickey et ses amis sont pour l'administration française des produits d'importation américains ! Leur universalité n'y change rien : le « made in USA » est incontournable.
Le C.S.A. livre ainsi une véritable guerre de tranchées à Disney Channel pour la contraindre, contre toute logique éditoriale, à diffuser des programmes français et européens. Et tant pis si les amateurs de la chaine découvrent consternés, Kirikou, là où ils attendaient Mickey et ses amis ou encore, subissent la suppression d'une émission culte – Zapping Zone – parce que le même C.S.A. lui refuse le statut d'œuvre française ?
Comment se sortir de cette situation ubuesque où l'administration française, par ses lourdeurs, plonge les diffuseurs dans l'illégalité, en niant farouchement le concept même de chaines thématiques ? Faut-il se résoudre à voir ces dernières installer leur siège à l'étranger, à l'image de SciFi ou TCM, pour échapper à la règlementation tricolore tout en diffusant sur l'hexagone ?
Le C.S.A. doit accepter l'idée que les chaines thématiques, Disney Channel en tête, ont besoin d'oxygène pour tout simplement continuer à exister sur le sol français. Protéger la production audiovisuelle nationale ne doit pas se faire au détriment des diffuseurs. Il convient de les traiter en respectant leur ligne éditoriale et leur permettre d'offrir à leurs téléspectateurs les programmes pour lesquels ils s'abonnent.
A l'heure de l'explosion d'internet et du multimédia, le risque de voir la France transformée peu à peu en désert audiovisuel arrosée par les pays limitrophes est grand !
La France va-t-elle se payer le luxe de contraindre Disney Channel à l'exil alors qu'elle s'enorgueillit d'accueillir sur son territoire le seul resort Disney en Europe ?