Héros de l'Olympe
Le Héros Perdu
Titre original : The Heroes of Olympus : The Lost Hero Éditeur : Albin Michel (Collection Wiz) Date de publication France : Le 04 mai 2011 Collection : Héros de l'Olympe |
Auteur(s) : Rick Riordan Autre(s) Date(s) de Publication : Disney•Hyperion (US) : Le 12 octobre 2010 Nombre de pages : 576 |
Le synopsis
La critique
Héros de l'Olympe : Le Héros Perdu est le premier tome de la troisième série de livres de Rick Riordan ; elle se déroule dans l'univers de la série littéraire Percy Jackson du même auteur. Cette nouvelle pentalogie introduit trois nouveaux personnages principaux, des demi-dieux qui vont se rendre à la Colonie des Sang-Mêlé après une bataille digne de ce nom.
Rick Riordan est l'un des auteurs de fantasy jeunesse et jeunes adultes les plus connus du monde occidental, ayant créé l'univers de Percy Jackson traduit dans quarante-deux langues et inspiré de la mythologie grecque. Son premier roman s'intitule pourtant Big Red Tequila et appartient à une autre série du genre policier nommée Tres Navarre. Au-delà de l'univers mythologique auquel l'immense majorité de ses romans appartiennent, il a coécrit la série The 39 Clues publiée chez Scholastic entre 2008 et 2016.
L'auteur réussi à développer une nouvelle série qui, malgré ses nouveaux héros, a le goût de l'ancien et pour cause : assez rapidement après que le livre a commencé, Annabeth fait son apparition, suivie de Chiron et de tous les autres habitants de la Colonie en dehors de Percy. Ce dernier ayant disparu, Annabeth était partie à sa recherche lorsqu'elle a trouvé Jason, Piper et Léo, qui ne sont autres que des demi-dieux. Dès le départ, Riordan établit un lien avec la fin de la série Percy Jackson grâce Butch, fils de la déesse Iris, une divinité « secondaire » qui n'avait pas de pavillon à la Colonie jusqu'à ce que Percy demande cette faveur aux quatorze dieux olympiens à la place de l'immortalité qui lui a été offerte.
L'histoire débute ainsi que le veut la tradition par une bataille qui permettra aux héros de découvrir qu'ils sont des demi-dieux. Mais contrairement à la précédente série, chaque personnage du trio inédit a des pouvoirs considérables qui joueront un rôle important dans le récit. Le lectorat les découvre pour la première fois lors d'une excursion avec leur école pour adolescents difficiles, et faisant cela, Rick Riordan aborde le sujet du passé des enfants se retrouvant dans ce type d'établissement et des raisons qui les amènent les fréquenter.
L'atmosphère des romans est assez différente de celle des livres de la série Percy Jackson : les personnages ont en effet le même âge que Percy et Annabeth, tout en sachant que l'histoire se déroule après la guerre des Titans. Jason a cependant perdu sa mémoire tandis que Piper et Léo sont d'ores et déjà dans des situations éminemment plus graves que ne l'étaient les personnages de la première série de Rick Riordan. Ainsi, un équilibre différent entre les protagonistes se crée, lesquels ont chacun des chapitres attitrés et rédigés à la troisième personne. Les parties allouées à Jason adoptent une tonalité plus sérieuse que celles de Percy qui savait rester optimiste en toute occasion : Jason est dérouté, il veut retrouver la mémoire. Il ne se sent pas à sa place à la Colonie des Sang-Mêlé et ne comprend pas pourquoi. Piper elle aussi ne se sent à sa place nulle part et se révèle en outre très gênée par ses pouvoirs, ainsi que par son apparence. Beaucoup de ses pensées tournent autour de ses problèmes personnels, mais aussi autour de la fausse relation qu'elle a eue avec Jason, inventée par la Brume. Ce faisant, Rick Riordan pose les bases d'une histoire d'amour très différente de celle de Percy et Annabeth : les lecteurs savent dès le départ qu'ils se plaisent mutuellement, mais ils ont bien trop de soucis et de pudeur pour se l'avouer l'un à l'autre. Cela laisse donc présager d'un déroulement très différent et non sans embûches, afin de ne pas en faire un couple trop rapidement et de casser la tension amoureuse.
Léo, quant à lui, est la touche humoristique du livre, contrastant avec les deux autres personnages bien plus aux prises avec leurs problèmes immédiats. Non pas que Léo n'ait pas son lot de problème, au contraire, c'est sans doute celui qui a vécu le plus d'événements graves et douloureux, mais il a appris à aller de l'avant et à prendre la vie avec humour, ce qui se retranscrit dans sa manière de penser et de parler. Il est aussi le personnage le plus représentatif de l'hyperactivité caractéristique des demi-dieux : son dynamisme et son enthousiasme contribuent grandement à le rendre très sympathique, le tout allié à son langage très familier, sans compter ses incroyables talents divers et variés et son manque de succès auprès de la gente féminine teinté d'humour. C'est sans doute l'un des personnages les mieux élaborés et les plus réussis de l'auteur. Enfin, d'autres héros secondaires viennent alléger l'atmosphère également, tel que Clovis du pavillon d'Hypnos.
Rick Riordan aborde au travers de ses personnages de nouvelles thématiques et développe l'aspect multiculturel de ses héros en conférant à Piper des origines Cherokee et à Léo des origines sud-américaines, Aztèques. Ces caractéristiques culturelles viendront enrichir le récit et représenter certains des déboires encourus par les individus issus de ces civilisations. Il continue aussi à développer son univers en y ajoutant des créatures mythologiques qui n'avaient pas encore été introduites et agrémente cette nouvelle série de divinités romaines. Prenant le parti de la culture populaire, il décide d'assimiler les dieux grecs aux dieux romains en dehors de quelques points toutefois. En ce sens, si la dimension spirituelle est très intéressante et correspond à merveille aux idées contenues dans la première série, du point de vue des anciennes religions, le résultat n'est pas vraiment exact étant donné que, contrairement à ce qui est véhiculé dans la culture populaire, les dieux romains sont bien distincts des dieux grecs. Il est possible de parler d'inspiration d'un point de vue archéologique, mais au même titre que les dieux sumériens, hittites ou babyloniens. Les civilisations grecques et romaines étaient très différentes dans leur manière de considérer la religion et de percevoir les dieux ; les histoires de la mythologie grecque pour la plupart ne font pas partie de la mythologie romaine, dont les dieux ne sont d'ailleurs pas à ce point humanisés. Les divinités importantes du panthéon romain sont les mêmes du point de vue des attributs, mais la louve fondatrice de Rome, ses enfants Romulus et Remus, sans oublier Hercule (un dieu chez les Romains) sont de ceux ayant des histoires bien définies.
Tout comme Percy, Jason tient son nom d'un héros connu de la mythologie grecque ayant vécu durant l'âge des héros, et connu pour avoir dérobé la Toison d'Or. Il ne faut pas attendre bien longtemps pour que l'auteur établisse des parallèles avec la légende originale, car les trois héros vont rencontrer Médée, la femme de Jason. La manière dont celle-ci est représentée est assez étonnante étant donné que cela l'éloigne grandement de l'histoire retranscrite dans la pièce Médée d'Euripide (431 av. J.-C.). Médée est dépeinte comme la méchante, alors qu'elle est la victime de l'histoire originale. En choisissant une nouvelle femme, et ce malgré le fait que Médée lui a donné deux fils, il les vouent tous les trois à une mort certaine, entendant les chasser de son palais. Aussi, Rick Riordan détermine qu'elle a fini dans les Champs des Punitions, ce qui n'aurait absolument pas pu arriver étant donné qu'elle est soutenue par les dieux, étant la petite-fille d'Hélios, et le seul criminel à sortir d'une tragédie vainqueur. La pièce, très féministe de par ses thématiques, se range complètement du côté de la magicienne et met en relief l'incroyable égoïsme dont fait preuve Jason. Dans la tragédie antique, le message était sans équivoque et se perpétue même à l'heure actuelle dans un pays tel que la Slovénie qui dépeint le héros comme un vil tueur de dragons, symbole de la ville de Ljubljana. Si cette interprétation de Médée ne manque pas de panache et de mystère, elle ne prend toutefois pas en compte les enjeux de l'histoire.
L'auteur se concentre également sur la thématique du harcèlement scolaire via l'expérience de Piper dans son bungalow peuplé de personnes populaires tyranniques. Malgré son don qui lui permet de pousser les gens à croire ses paroles, elle peine à trouver sa place et se montre très touchée par la méchanceté de ses demi-frères et sœurs, révélant un manque de confiance en elle qui découle entre autres de son père. Les personnages ont dès les premières pages une psychologie et un passé bien définis qui permettent d'articuler nombre d'enjeux.
La déesse Héra, laquelle apparaît dans les romans Percy Jackson et qui y est définie par son problème inhérent avec l'existence des demi-dieux et par là même, de l'infidélité, était jusqu'ici assez absente en dehors des évocations régulières d'Annabeth qui la redoute et la rend souvent responsable de ses problèmes. Dans cette série, Héra gagne en importance et ne se cantonne plus à la jalousie, mais à ses nombreux autres attributs et à son passé. Ici, elle est aussi représentée en tant que Junon, selon le système d'assimilation de l'auteur, une déesse protectrice et guerrière, différente d'Héra. Elle est au centre de l'intrigue liant la série et les héros principaux.
Premier tome de la série Héros de l'Olympe, Le Héros Perdu est un excellent début qui surpasserait presque la série des Percy Jackson. Si l'absence de ce dernier se fait ressentir au début, les apparitions de personnages tels qu'Annabeth et Chiron permettent de sentir que l'histoire se déroule dans le même univers et de faire la connaissance de ces nouveaux héros. Voilà une série qui ravira les lecteurs ayant apprécié et même dévoré les premières séries de Rick Riordan !