Les Simpson
Un Comics Spectaculaire

Les Simpson : Un Comics Spectaculaire
La couverture
Éditeur :
Dino Entertainment France
Date de publication France :
Le 26 février 2002
Genre :
Comics
Auteur(s) :
Bill Morrison (Scénario et Dessin)
Steve Vance (Scénario et Dessin)
Gary Glasberg (Scénario)
Andrew Gottlieb (Scénario)
Tim Bavington (Dessin)
Nathan Cane (Dessin)
Luis Escobar (Dessin)
Stephanie Gladden (Dessin)
Phil Ortiz (Dessin)
Cindy Vance (Dessin)
Nombre de pages :
128

Le sommaire

Les Histoires :
• Be-Bop-a-Lisa (Simpsons Comics #6) (1994)
• Les Belles Histoires Criminelles du Commissaire Wiggum : La Fin de El Barto (Simpsons Comics #6) (1994)
• Le Plus Grand D'oh ! du Monde (Simpsons Comics #7) (1994)
• Rainier Wolfcastle, McBain : Mort Jusqu'à la Dernière Goutte (Simpsons Comics #7) (1994)
• Je Rétrécis, Donc Je Suis... Petit. (Simpsons Comics #8) (1995)
• Edna, Reine du Congo : Le Skinner de la Jungle (Simpsons Comics #8) (1995)
• La Guerre des Proses (Simpsons Comics #9) (1995)
• Barney, le Pire Pote de Homer Simpson : Barney un 4 Juillet (Simpsons Comics #9) (1995)

Les Gags :
• Les Sept Signes Annonciateurs d'un Politicien Bidon par El Barto (Simpsons Illustrated #7) (1992)
• Le Marin Saoul : Salon de Tatouage (Simpsons Illustrated #8) (1993)
• Le Film Itchy & Scratchy (Simpsons Comics Spectacular) (1995)

La critique

rédigée par
Publiée le 08 octobre 2021

Alors que les comics Les Simpson connaissent un joli succès dans les pays anglo-saxons depuis 1993, la France, elle, ronge son frein et doit attendre de longues années pour enfin voir s'étaler dans les kiosques les aventures de la famille la plus jaune des États-Unis. Si l'éditeur français Kraken a bien édité deux albums en 1995 et 1996, c'est seulement au tournant du XXIe siècle que Dino lance enfin une publication régulière des comics Les Simpson dans l'Hexagone, avec un premier numéro sorti en septembre 2000. Face à l'engouement du lectorat français pour les histoires simpsoniennes, Dino répond à la demande en éditant, en plus des magazines mensuels, des compilations rassemblant plusieurs numéros calquées sur les collections éditées outre-Atlantique par Harper Collins et Bongo Comics Group. Après Les Simpson : Extravaganza, le premier recueil publié en juin 2001, l'éditeur au dinosaure rempile en février 2002 avec Les Simpson : Un Comics Spectaculaire, qui rassemble les numéros #6 à #9 des aventures de la famille de Bart. Véritable laboratoire d'expérimentations aux possibilités infinies, les comics Les Simpson ont su prouver que les personnages pouvaient évoluer dans des aventures sur papier. Hélas, les histoires contenues dans Les Simpson : Un Comics Spectaculaire sont globalement de moins bonne qualité que celles présentées dans le premier tome ; pire, certaines frôlent carrément l'accident nucléaire.

Dès sa première histoire, Be-Bop-a-Lisa, Les Simpson : Un Comics Spectaculaire montre des premiers signes de faiblesse. Empruntant son titre à la chanson rockabilly Be-Bop-a-Lula chantée en 1956 par Gene Vincent and His Blue Caps, Be-Bop-a-Lisa fait bien évidemment la part belle à la passion de Lisa : la musique. Lors du spectacle de l'école, la fillette souhaite monter sur scène pour interpréter un morceau de blues. Malheureusement, son professeur, M. Largo, ne l'entend pas cette oreille et lui impose de jouer La Lettre à Élise de Beethoven. Qu'à cela ne tienne, Lisa s'élance et entame Bongo Bop, un morceau du légendaire Charlie Parker. Rapidement éjectée de scène et mortifiée, elle décide de revendre son saxophone, mais avant cela, s'autorise une ultime séance d'enregistrement au centre commercial. Suite à un quiproquo, son morceau d'impro se retrouve à accompagner la nouvelle chanson des Râleurs Hurleurs, le groupe d'Otto. Un nouveau genre de musique, mélange de speed métal et de jazz, envahit alors les radios de Springfield : le spazz...
En réalité l'histoire de Be-Bop-a-Lisa n'est pas mauvaise, mais elle ne saurait fonctionner à travers le médium du comics. Certes, les gags fonctionnent tous ou presque – Lisa criant au fascisme lorsqu'elle se fait traîner hors de scène manu militari est à mourir de rire –, et un caméo de Murphy « Gencives Sanglantes » est même à noter. Malheureusement, sans aucun support audio sur lequel s'appuyer, empêchant donc le lectorat de découvrir les sonorités du Spazz, l'histoire est plutôt vaine et aurait bien mieux trouvé sa place dans un épisode de la série animée.

Comme il était de coutume durant les jeunes années des comics Les Simpson, la seconde histoire de chaque numéro est bien plus courte et présente les aventures d'un personnage souvent secondaire dans le premier (et souvent unique) numéro de sa propre série. Dans ce recueil, c'est le chef Wiggum qui a l'honneur d'ouvrir le bal avec Les Belles Histoires Criminelles du Commissaire Wiggum : La Fin de El Barto. Sans être mauvaise, l'histoire arrache péniblement un seul rire à son lectorat, dans une scène représentant Apu en fâcheuse posture. Empruntant les codes du film noir – le commissaire assurant lui-même la narration –, le récit montre comment le graffeur El Barto, qui n'est autre que Bart Simpson, mène une nouvelle fois la police de Springfield par le bout du nez.

La seconde histoire longue, Le Plus Grand D'oh ! Du Monde est en revanche la meilleure du recueil, et de très loin. C'est simple, tous les ingrédients qui ont fait le succès des (Les) Simpson y sont réunis, pour le plus grand plaisir des fans ! Dans celle-ci, la famille Simpson décide de s'accorder une sortie bien méritée au cirque... mais sans Bart, qui est puni pour avoir flâné au lieu de terminer ses corvées ! Le garnement va alors abuser de la naïveté de Todd et Rod Flanders pour parvenir à ses fins, avant de s'inviter sous le chapiteau grimé en clown...
Bourrée de gags et de situations rocambolesques, dont une truculente course-poursuite entre Homer et Bart au milieu des numéros du cirque, Le Plus Grand D'oh ! Du Monde est un pur régal. Quoique étrange, le titre de l'histoire fait évidemment référence au film de Cecil B. DeMille de 1952, Sous le Plus Grand Chapiteau du Monde, mais l'allusion ne fonctionne pas aussi bien qu'en version originale ; en effet, dans cette dernière, le comics est titré The Greatest D'oh! on Earth, pour répondre phonétiquement au titre The Greatest Show on Earth. Il s'agit certes d'un détail peu significatif, mais il est tout de même dommage que les traducteurs de Dino n'aient pas suivi la traduction française de la série télévisée, qui transforme les « D'oh ! » originaux de Homer en « T'oh ! »... Si tel avait été le cas, le calembour « Le Plus Grand Chapit'oh ! du Monde » coulait de source !

La seconde histoire courte, Rainier Wolfcastle, McBain : Mort Jusqu'à la Dernière Goutte, débute durant un gala de charité pour le lobby pro-armes organisé par Rainier Wolfcastle ! Lorsque la pègre, menée par Gros Tony, débarque pour rafler les armes exposées, l'acteur fait tomber le nœud papillon et enfile son costume de McBain avant de tirer à vue. Singeant, comme d'habitude lorsque McBain entre en scène, les codes des films d'action testostéronés, tels Piège de Cristal (1988) ou la quasi-intégralité de la filmographie d'Arnold Schwarzenegger, l'historiette sympathique a le mérite de se terminer sur un cliffhanger original.

Je Rétrécis, Donc Je Suis... Petit., la troisième histoire longue présentée dans Les Simpson : Un Comics Spectaculaire, est pour sa part un désastre complet. S'inspirant des films les plus populaires dans lesquels les héros sont miniaturisés, dont L'Homme Qui Rétrécit (1957), Le Voyage Fantastique (1966) et évidemment le film Disney Chérie, J'ai Rétréci les Gosses (1989), l'histoire parvient à ne retenir ni l'humour, ni l'aventure présentes à la base, pour n'offrir qu'une coquille vide sans aucun intérêt. Le récit avait pourtant tout pour séduire, en imaginant un Homer rétréci et envoyé dans le corps de M. Burns, souffrant d'occlusions intestinales depuis 1929. Bart et Milhouse, victimes bien malgré eux du rayon rétrécissant, se retrouvent également projetés dans le corps décharné de Burns ; il y avait là matière à imaginer une aventure hilarante dans les entrailles du vieux gripsou. En dehors d'une pleine page très amusante qui montre à quel point tous les organes de Burns sont sur le point de rendre l'âme, le comics n'innove pourtant en rien et n'est ni drôle, ni audacieux ; quelle déception. Il lui sera donc largement préféré le segment Dans le Ventre du Monstre issu de l'épisode Simpson Horror Show XV (Saison 16, Épisode 1, 2004), qui possède un scénario très similaire mais qui parvient, lui, à se faire divertissant.

Edna, Reine du Congo : Le Skinner de la Jungle fait, une fois de plus, pâle figure en comparaison des histoires courtes du précédent recueil. Réimaginant Skinner en explorateur à la recherche du Palais du Puma dans la jungle du Congo, le court récit se lit comme une parodie des personnages féminins « sauvages » de comics et notamment de Sheena, Reine de la Jungle. Après Rainier Wolfcastle et son engagement en faveur du port d'armes à feu, c'est alors la seconde fois que les comics Les Simpson emploient un ton politiquement irreverencieux. L'encart ouvrant l'histoire spécifie en effet que Seymour est « le plus blanc des chasseurs blancs » ; quelques cases plus loin, l'homme précise en sus que son nom est Bwana, ce qui témoigne à l'origine en swahili d'un marque de respect pouvant se traduire par « Maître » ou « Monsieur ». Cependant, le succès des films Tarzan avec Johnny Weissmüller, à commencer par Tarzan, L'Homme Singe en 1932, a largement contribué à ancrer un nouveau sens de « Bwana » dans la mémoire collective ; le mot peut désormais tout aussi bien désigner, souvent péjorativement, un homme blanc colonialiste. Comble de l'ironie, la dernière case du comics montre la guerrière de la jungle, Edna, fantasmer sur un aventurier blanc (jaune serait le terme plus adéquat) ! Passé ces quelques considérations linguistiques, les sept pages du récit n'en demeurent pas moins ennuyeuses.

La dernière histoire longue du recueil, La Guerre des Proses, se révèle pour sa part divertissante, malgré un scénario un rien confus. Dans le récit, Bart envoie le journal intime de Lisa au concours d'écriture de Springfield, non sans en avoir trafiqué quelques passages auparavant. Le livre est rapidement publié, et les « secrets » de la famille Simpson sont révélés au grand jour, faisant de Lisa une autrice reconnue. L'historiette démarre en réalité remarquablement bien, avec des gags réussis et d'hilarantes interventions de l'avocat Lionel Hutz. Rapidement, le scénario s'embourbe malgré ces débuts prometteurs dans une histoire de procès intenté par Troy McClure sortie de nulle part... Dommage, car si le récit ne s'était pas perdu en route, il aurait indéniablement sauvé du naufrage Les Simpson : Un Comics Spectaculaire, qui n'a décidément que bien peu d'histoires qualitatives à offrir à son lectorat.

La dernière histoire courte, justement, vient toutefois clore en beauté le recueil, et heureusement ! Barney, le Pire Pote de Homer Simpson : Barney un 4 Juillet relate une journée typique de Barney au bar de Moe, à un détail près... Pendant que l'ivrogne est à deux doigts du coma éthylique dans un coin, les choses les plus extraordinaires se produisent... sans qu'il n'en sache jamais rien !
Du reste, les petits gags, déjà présents dans le premier volume, font leur grand retour dans Les Simpson : Un Comics Spectaculaire, bien qu'ils se fassent moins nombreux cette fois-ci. Parmi les trois présentés dans le recueil, tous sont d'honorable qualité, que ce soit l'affiche fictive du film Itchy et Scratchy, la pub pour le salon de tatouage de Mervin Monroe ou le tag d'El Barto qui critique, avec une étonnante véracité, les travers des politiques.

Les dessins, enfin, se révèlent globalement de bonne facture et se veulent un reflet on ne peut plus fidèle de la série animée. Malgré certains yeux un peu trop globuleux et des personnages en arrière-plan parfois peu détaillés, aucun véritable faux-pas n'est à déplorer, à l'exception de quelques erreurs de colorisation. Dans la première histoire, Murphy « Gencives Sanglantes » possède ainsi une main jaune au détour d'une case ; L'Homme-Abeille, lui, est carrément repeint en jaune des pieds à la tête dans le même récit !
Entre 2000 et 2007, Dino Entertainment France et Panini Comics publient 78 numéros de la série Les Simpson dans les kiosques français. Depuis 2008, c'est la maison d'édition Jungle qui s'occupe de publier non seulement des comics encore inédits dans l'Hexagone, mais aussi des rééditions d'histoires plus anciennes parues dans les années 2000. À cette occasion, les histoires Be-Bop-a-Lisa et Le Plus Grand D'oh ! du Monde (retitrée Clown Malgré Lui) ont été rééditées en 2010 dans Les Simpson : Cirque en Folie !, le onzième tome de la collection. Les récits suivants, Je Rétrécis, Donc Je Suis... Petit. et La Guerre des Proses (retitré La Prose Fleurie de Springfield) sont, quant à eux, à retrouver dans le treizième tome, Les Simpson : Sous les Projecteurs !, sorti en 2011.

Si le premier recueil édité par Dino était un condensé de bonnes idées et de récits tous plus enthousiasmants les uns que les autres, nul doute que ce second volume, qui contient pourtant des histoires aux prémices excellents, tombe à plat ; lire certains de ces comics relève d'ailleurs presque de la corvée tant ils sont ennuyeux. Au final, Les Simpson : Un Comics Spectaculaire n'a de spectaculaire... que le nom.

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