Disney Studio 1
Date d'ouverture : Le 16 mars 2002 Date de fermeture : 24 avril 2024 Type d'attraction : Parcours scénique à pied |
Durée : 10 minutes (selon l'allure de visite souhaitée) |
Le synopsis
Bienvenue sur le tournage de la dernière production des Walt Disney Studios : Lights, Camera, Action! Les décors sont montés, les techniciens sont là. Le réalisateur n’attend plus que ses stars… |
L'expérience
Après avoir passé le portail d’entrée des studios Disney de Marne-la-Vallée, les acteurs et les actrices se retrouvent sur la Place des Frères Lumière. Ils font alors face à un bâtiment massif et impressionnant situé à l’autre bout : le Studio 1, l’un des sept plateaux de tournage que comptent les studios franciliens. De par son apparence, ce « hangar » est le digne héritier des studios de cinéma des années 1920. Sur sa façade principale, il se trouve d'ailleurs agrémenté de deux panneaux rappelant aux différentes équipes travaillant dedans les films en cours de réalisation.
En pénétrant dans cet imposant studio, les acteurs découvrent les lieux de tournage de la dernière production des Studios Disney : Lights, Camera, Action! Le plateau est ainsi la reconstitution d’un Hollywood fictif intégrant les évolutions que cette rue a pu connaître des années 1920 aux années 1960. Mais avant d’arriver sur la scène de tournage à proprement parler, les acteurs peuvent observer l’envers des décors, dont des projecteurs et de nombreux câbles mais aussi, posées contre une paroi du décor, d’immenses peintures illustrant plusieurs lieues appelés à servir au film en chantier. Sur l’une d’elle, se remarque ainsi une grande roue installée sur un ponton de bord de mer, représentée dans une nuit sans étoiles, mais éclairée d'une pleine lune.
Les coulisses dépassées, les acteurs arrivent enfin sur le plateau où tous les éléments sont installés pour un tournage immédiat et dont le décor représente une version imagée de la célèbre avenue de Los Angeles, Hollywood Boulevard. Tout ce beau monde peut ainsi observer les changements de styles des bâtiments, marquant là l’évolution architecturale du boulevard au cours d’un demi-siècle, passant des années 1920 au début de la rue aux années 1960 à la fin.
Sur la gauche, des réinterprétations de magasins du style art déco, qui auraient pu exister au cours de ces années, s'offrent à la vue des personnages. Ils passent ainsi d'abord devant une devanture de boutique de photographie, Shutterbugs, dont la façade représente un ancien appareil photo. Un peu plus loin, ils peuvent observer le magasin Glamour Girl Cosmetics, une boutique art déco emblématique des « screwball comedies » des années 1930 ; des films qui tournaient autour des questions de mœurs, en plaçant notamment toujours une femme forte au centre de leur histoire et un homme dont la masculinité était questionnée. Usant de malentendus pour amener le rire, ces comédies loufoques se basaient aussi sur la comédie slapstick, c'est-à-dire de l’humour tournant autour d’une violence physique exagérée, que de grands noms du cinéma comme Charlie Chaplin ou Laurel et Hardy ont rapidement symbolisé.
Quelques mètres plus loin, le plus grand décor, et le plus éclairé aussi, représente le palace Alexandria Theater, un de ces grands cinémas construits au début du XXème siècle, à l'image du véritable Chinese Theater de Los Angeles. À l’affiche, se remarque alors le nouveau film du moment, Lucky In Love, présenté en Extravaganzarama-Vision. Suivant le cinéma, les personnages découvrent alors un magasin très à la mode dans la première moitié du XXème siècle : Hollywood and Vine - Five & Dime ; les Five & Dime étant en effet des boutiques bon marché qui revendiquaient jusque dans leur nom de vendre des objets entre cinq et dix cents seulement.
La rue, sur son côté gauche, se termine enfin sur deux bâtiments importants des années 1950 et 1960. Le premier est The Gossip Column, un kiosque vendant des magazines publiés par les studios pour entretenir la popularité de leurs acteurs. Le second est Last Chance Gas, une station-service rendant hommage tantôt à l’ambiance de la route 66, tantôt à l’importance de la voiture dans la culture américaine.
De l’autre côté de la rue, les décors représentent eux les restaurants et les clubs emblématiques du tout Hollywood des années 1930 aux années 1950. L'axe débute ainsi avec le Schwab’s Pharmacy, un drugstore célèbre d’Hollywood situé sur le mythique Sunset Strip puis se poursuit avec The Brown Derby, un restaurant iconique de l’âge d’or d’Hollywood.
Après le drugstore et le restaurant, une série de clubs se succède alors sur cette rue fictive d’Hollywood. The Club Swankadero possède en effet une façade s’inspirant des « supper clubs » des années 1930-1940, où se produisaient les plus grands « big band » et autres chanteurs à la mode. The Gunga Den était lui un petit bar où se réunissaient les membres des équipes de tournage et les jeunes acteurs. Enfin, le Hep Cat Club est une boîte des années 1950, dont l’ère du Rat Pack de Sinatra inspire la façade. The Liki Tiki termine véritablement l'offre de détente en constituant un bar tropical s’inspirant des mers du sud, en vogue dans les années 60.
Pour compléter cette reconstitution d’Hollywood, des éléments de décor sont suspendus au-dessus de la rue, à l'image d'affiches inspirées de celles des années 1950. Il y a, du côté droit, la Carmen’s Veranda, qui représente un gigantesque turban orné de fruits ou encore une enseigne Cocoanut Groove qui apporte une touche vive et colorée aux sombres plafonds. Parmi eux d'ailleurs, l'un se trouve orné de nombreux projecteurs censés illuminer la rue fictive. Un subtil clin-d’œil au film Casablanca rend alors hommage à la ville de Paris : il est représenté sous la forme d’un panneau lumineux accueillant la Tour Eiffel et l'affirmation « We'll always have Paris! ».
De chaque côté de la rue, au-dessus des entrées du bâtiment, se remarquent également d’immenses peintures représentant soit la continuité de l'axe, soit une vision surélevée de Hollywood et de ses montagnes environnantes. S'y reconnaissent notamment le Chinese Theatre (dont la reconstitution est devenue le symbole de Disney's Hollywood Studios, en Floride) et The El Capitan Theatre (qui appartient à Disney). Renforçant la sensation d'immersion sur le lieu de tournage, ces peintures sont appuyées par le décor de Studio Tram Tour : Behind the Magic. À quelques mètres de la sortie, les acteurs peuvent en effet apercevoir, à travers les portes du studio restées ouvertes, les montagnes surplombant Hollywood Boulevard avec son panneau mythique « Hollywood », d’abord publicitaire puis devenu une véritable carte de visite iconique du cinéma hollywoodien.
Après avoir remonté le plateau et observé les décors, le visiteur peut passer derrière une console de contrôle laissée là par les équipes lumières du studio entre The Brown Derby et The Club Swankadero. La console Luxtrol est ainsi constituée de quelques boutons, mais surtout de six leviers qui vont permettre aux techniciens lumières en herbe de modifier l'éclairage d'une partie des décors du studio. La lumière de la façade du décor de Hollywood and Vine - Five & Dime se trouvant en face de la console est en effet directement reliée à celle-ci. Le visiteur peut alors, en abaissant certains leviers, projeter différentes couleurs sur le décor. Les leviers 1 à 3 permettent ainsi de changer la couleur des façades des côtés. Le premier projette du rose, le deuxième du bleu et le troisième est rattaché au circuit jaune. Les circuits 4 à 6 modifient, eux, la lumière de la façade centrale. Elle s'illumine de rose avec le levier 4, de bleu avec le levier 5 et de jaune avec le levier 6. Partant de ces capacités, le visiteur peut s'amuser à créer différentes combinaisons d'éclairage.
Tranquillement, les acteurs et techniciens peuvent enfin sortir du bâtiment et rejoindre les autres plateaux de tournage pour assister ou participer aux autres productions Disney en cours.
La critique
Lieu de passage obligé entre la Place des Frères Lumière et le reste du Parc Walt Disney Studios, Disney Studio 1 est inauguré en même temps que le nouveau Parc à thème du Resort parisien, le 16 mars 2002. Dès l’ouverture du complexe Euro Disney Resort, l’idée de la construction d’un second Parc à Marne-la-Vallée est, il est vrai, en gestation dans l’esprit des dirigeants de The Walt Disney Company. Il devait ainsi s'inspirer du Parc Disney-MGM Studios ouvert, lui, en 1989 à Walt Disney World Resort et se charger de présenter la magie du cinéma à ses visiteurs. Dans cette optique, plusieurs attractions sont déjà dans les cartons, dont Disney Studio 1, qui devait recréer de nuit le célèbre Hollywood Boulevard. Les problèmes économiques du Resort français viennent toutefois contrarier le projet dans son ensemble : l’idée d’un second Parc, et donc de l’attraction Disney Studio 1, est en effet mise en pause le temps que les finances s’améliorent. À l’instar du projet du Parc Walt Disney Studios, le concept d’un bâtiment recréant l’atmosphère du célèbre boulevard californien revient sur la table des dirigeants de Disneyland Paris en 1999. Plus qu’une simple attraction, Disney Studio 1 devient alors l’endroit par lequel tous les visiteurs devront passer pour rejoindre le reste du Parc, à l’exemple de Main Street, U.S.A. au Parc Disneyland.
Situé à l’extrémité de Front Lot, en face de l’entrée du Parc, Disney Studio 1 illustre donc parfaitement le thème choisi par les dirigeants Disney de l'époque : celui de s’intéresser à l’envers du décor et de montrer les coulisses des grands studios. C’est d'ailleurs un pari risqué tenté par Walt Disney Parks & Resorts que de vouloir présenter au public européen les secrets des productions des films et, dans une moindre mesure, ceux d’un Parc tel que le Parc Disneyland. Le mot d’ordre du cinéma hollywoodien est, en effet, de faire disparaître des yeux des spectateurs tout ce qui pourrait l’empêcher d’être intégré dans l’histoire présentée, pour croire que ce qu’il voit est la réalité et rien d'autre. Ainsi, le film ne montre jamais la fausseté des décors ou des éléments du tournage comme des caméras ou des objets de trucages. Et ce concept d'illusion parfaite se retrouve aussi dans la création des Parcs Disney à travers le monde, où le visiteur se voit immergé dans un monde potentiellement réel.
L’architecture du bâtiment intégrant ce parcours scénique, tout comme celle du Lot dans son ensemble, rend hommage au style du renouveau colonial espagnol, dont la majorité des studios de cinéma créés au début du siècle dernier ont repris les formes et les couleurs. Ainsi, un parallèle est constitué entre le bâtiment parisien et les studios Disney qui étaient situé sur Hyperion Avenue à Los Angeles. Si l’extérieur renvoie aux grands studios hollywoodiens, l’intérieur, lui, permet aux visiteurs de se rendre compte du travail réalisé sur un plateau de tournage, avec la construction de décors, mais aussi tous les éléments moins visibles à l’écran, tels que les projecteurs, les caméras ou simplement les claps pour lancer la prise de vue des scènes. L’objectif premier de cette attraction, qui est de montrer l’envers du décor et de créer un lieu de passage, est ainsi parfaitement rempli.
Si l’attraction entrait bien dans les plans en 2002, à son ouverture, sa valeur et son sujet semblent depuis perdre en importance avec le développement du Parc Walt Disney Studios et ses nouvelles attractions, comme Ratatouille : L’Aventure Totalement Toquée de Rémy ou celles de Toy Story Playland. Le thème des lieux, d’abord centré sur le cinéma, a, en effet tendance peu à peu s’atténuer. La disparition en 2007 de Television Production Tour, puis celle de La Parade du Cinéma Disney en 2008, enclenchent ce tournant dans la vision que portent les dirigeants de Disneyland Paris sur leur second Parc. Certes, les nouvelles attractions portent sur des films, mais la narration de celles-ci n’est plus mise en relation avec une question de tournage comme le visiteur pouvait le voir dans Armageddon : Les Effets Spéciaux et Les Tapis Volants - Flying Carpets Over Agrabah.
Ce tournant narratif est important parce qu’il impacte directement Disney Studio 1 et les différentes animations qui pouvaient y être présentées pour renforcer l'idée de tournage imminent qu'il est censé porter dans sa reconstitution de Hollywood Boulevard. Ainsi, entre 2002 et 2008, le plateau accueillait le spectacle Ciné Folies et sa déclinaison pour les fêtes de fin d’années, Ciné Folies Noël. Ces spectacles, situés sur les côtés de la rue pour ne pas gêner le trafic des visiteurs, présentaient une équipe de tournage (réalisateur, cadreurs, actrices et acteurs) qui s’apprêtait à tourner une scène de film. Jouée plusieurs fois par jour, elle pouvait différer de celle présentée plus tôt, comme si l’équipe de tournage répétaient plusieurs séquences d’un film, et non toujours la même. Le point positif du spectacle, considéré comme une animation de rue, était qu’il faisait alors participer le public en sélectionnant quelques personnes en tant que figurants. Il s’agissait ainsi de mini shows qui s’intégraient parfaitement dans le cadre, l’ambiance et le thème voulu pour Disney Studio 1. Avec la disparition de ces animations, l’idée du plateau de tournage perd un peu plus encore de son sens, les gens passant souvent sans forcément prendre conscience de ce qui les entoure.
Un second point négatif peut être reproché à cette attraction, ou plutôt au choix fait lors de la construction du Parc, entre 1999 et 2002 : celui de vouloir le mettre comme voie de passage unique entre l’entrée et les différents Lots qui regroupent les autres attractions. En effet, la rue n’est pas forcément très large et les gens s'y bousculent facilement entre ceux qui veulent entrer dans le Parc et ceux qui en sortent. Au milieu de cette cohue, il n’est pas forcément évident ni aisé de vouloir prendre son temps pour admirer les décors construits et s’imprégner de l’ambiance d’un plateau de tournage identique à celle des studios d’Hollywood.
Pour contrebalancer ces quelques points négatifs, la richesse des décors et la vraisemblance de ceux-ci dans cette reconstitution d’un certain Hollywood Boulevard sont absolument magnifiques. Si bon nombre des « bâtiments » reconstitués sont issus de l’imagination des Imagineers Disney, qui se basaient sur des types architecturaux bel et bien présents dans les périodes abordées, l'allusion, par exemple, à The Brown Derby est un hommage génial à un restaurant mythique ayant réellement existé à Los Angeles jusqu’en 1988. Et cela même si l’architecture de la version californienne et sa copie parisienne n’ont que le nom en commun. Cette référence au célèbre restaurant californien est d'ailleurs plus approfondie à Disney’s Hollywood Studios en Floride, puisqu'un restaurant du Parc porte ce nom et utilise comme emblème son chapeau brun. Dans le même style, Cocoanut Groove au Parc parisien fait allusion à un club de Los Angeles, le Cocoanut Grove, avec un seul « o » cette fois-ci. Il était situé dans l’Ambassador Hotel de la ville et ferma ses portes en même temps que ce dernier en 1989. Accroché au mur, l’élément du décor Carmen’s Veranda est en outre un hommage à l’actrice portugaise Carmen Miranda qui était connue pour porter régulièrement des turbans décorés de fruits. Alors qu’un panneau fait référence au film Casablanca, un autre avec l’inscription « Atmosphère ! Atmosphère ! » reprend la célèbre déclaration d'Arletty, dans le film Hôtel du Nord de Michel Carné. « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ».
Élément unique dans l’univers des Parcs Disney, Disney Studio 1 est un parcours scénique fort intéressant aux décors fourmillant de références à l’âge d’or d’Hollywood. Pièce centrale de l’histoire-même du Parc, il a certes perdu de son dynamisme depuis l’ouverture des lieux en 2002 mais reste l’une des plus belles zones du Parc Walt Disney Studios.