Titanic, 25 Ans Après
Réflexions Autour du Film Avec James Cameron
L'article
Vingt-cinq ans après sa sortie initiale, Titanic revient au cinéma. Pour l'occasion, James Cameron propose une version encore plus immersive du film qui est proposé en 3D (conversion réalisée en 2012), en IMAX (une première en France) et en HFR (une première mondiale). Chronique Disney a eu la chance de l'écouter, accompagné de son producteur Jon Landau, et vous partage ses réflexions les plus marquantes.
James Cameron est notamment revenu sur le casting de Leonardo DiCaprio qui estimait que le film était très intéressant mais qui n'était pas convaincu de l'intérêt pour lui de jouer le rôle de Jack Dawson, notamment à cause du fait qu'il était constamment à la recherche de rôles tourmentés à l'image de ses interprétations dans Gilbert Grape et Basketball Diaries. James Cameron a donc dû lui expliquer en quoi Jack Dawson serait un challenge en cela qu'il est le mentor de Rose, celui qui lui fait découvrir le monde. Jack n'a certes pas de problèmes mentaux ou d'addictions, il est ainsi impossible de lui donner corps autrement qu'avec son propre talent d'interprète, tout en subtilité. C'est ce défi qui a convaincu Leonardo DiCaprio de l'interpréter.
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Si James Cameron n'avait pas réalisé Titanic à l'époque et devait se lancer aujourd'hui, il assure qu'il n'aurait rien changé au scénario en lui-même tant il lui semble parfait et universel. La réalisation en elle-même aurait été différente, il n'aurait certes pas construit un paquebot grandeur nature mais se serait reposé davantage sur des effets visuels. Cependant, le résultat final aurait sans doute été très similaire car il parle, selon lui, aussi bien au spectateur de 1997 qu'à celui de 2023.
À la question de l'intérêt de se déplacer au cinéma pour revoir Titanic une fois de plus, plutôt que d'en profiter à la maison, James Cameron admet que l'intérêt réside de moins en moins dans la qualité de la projection en elle-même, les home cinema étant de plus en plus développés aujourd'hui, les écrans plus grands et qualitatifs. Cependant, le cinéma implique un investissement personnel de la part du spectateur qui sort de chez lui, paie le parking, paie le cinéma et choisit de consacrer les trois prochaines heures de sa vie à l'oeuvre en elle-même. Impossible de mettre sur pause ou de faire la cuisine en même temps ; toute l'attention est dirigée vers l'écran, via un contrat implicite avec soi-même, celui d'oublier le monde réel et de vivre une aventure immersive, d'autant plus qu'elle est désormais soutenue par la 3D et le HFR.
Titanic a d'ailleurs changé la perception de la profession sur les codes à adopter pour qu'un film soit rentable. Il a prouvé qu'un film peut durer trois heures et que cela n'impacte pas négativement son succès, malgré le nombre plus réduit de séances par jour. James Cameron explique que ce problème peut exister en plein été lorsqu'il y a un embouteillage de blockbusters qui s'enchaînent mais moins lorsqu'un film sort en fin d'année et qu'il construit son succès les premiers mois de l'année suivante, alors que la programmation des cinémas est plus morose. Ainsi, peu importe le nombre de séances par jour ; si le spectateur n'en trouve pas cette semaine, il ira la semaine suivante. Mieux, il y retournera.
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C'est là que résiderait le secret du succès de Titanic selon Cameron : les revisionnages. Lorsqu'un spectateur vit une expérience extraordinaire au cinéma, il a besoin de partager son vécu avec ses proches et devient dès lors l'ambassadeur du film auprès d'eux. Il est prêt à revoir le film pour accompagner un proche, convaincu qu'il réussira à l'embarquer lui aussi dans cette nouvelle passion. Il y a là un lien intime qui se crée entre le film et le cercle de la famille et des amis du spectateurs. Cette séance restera dans leurs mémoires. Ainsi, Cameron est convaincu que Titanic continuera à ressortir dans dix ans, vingt ans car il saura toujours raviver des souvenirs intenses chez les spectateurs d'alors qui se souviendront l'avoir découvert ensemble en salles, chaque ressortie recrutant alors de nouveaux fans qui reviendront la décennie suivante pour revivre ces émotions. Titanic est plus qu'un film, c'est une expérience qui se vit et se partage.
Il est vrai que Titanic est une oeuvre exceptionnelle, une conclusion aux cent premières années d'un cinéma fait de décors gigantesques qui sont désormais remplacés par les images de synthèse. Un film qui parle aux émotions les plus profondes de chacun d'entre nous : le sens de la vie, l'amour, la mort. Découvrez notre avis sur le film en avant-première ici : Titanic.