À La Recherche du Tombeau
D'Alexandre le Grand

Titre original :
The Lost Tomb of Alexander the Great
Production :
National Geographic
Blakeway Productions
Date de diffusion USA :
Le 4 mars 2019
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Duncan Singh
Musique :
Audio Network
Extreme Music
Durée :
44 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

À Alexandrie, au cœur des Jardins de Shalalatt, l’archéologue Calliope (Pepi) Limneos-Papakosta s’évertue depuis près de deux décennies à découvrir l’emplacement exact de la tombe d’Alexandre le Grand. La découverte d’une intrigante – et non moins superbe – statue de marbre ranime chez elle l’espoir de retrouver un jour la sépulture du légendaire roi conquérant.

La critique

rédigée par
Publiée le 11 janvier 2025

Depuis des siècles, les archéologues s’efforcent de retrouver la trace de certains des plus grands sites de l’Antiquité. Si certains sont encore facilement identifiables, à l’image des pyramides de Gizeh, du Parthénon d’Athènes ou bien encore du Colisée de Rome, d’autres ont en revanche vu leur localisation être totalement oubliée. C’est ainsi que plusieurs monuments majeurs des temps anciens ont disparu dans les méandres de l’Histoire. Parmi eux, figure notamment le tombeau du célèbre roi de Macédoine, Alexandre le Grand.

Il n’existe plus aucun témoignage complet datant du règne d’Alexandre le Grand. Les écrits de ses proches, en particulier celui de Ptolémée qui lui succéda sur le trône d’Égypte, ont tous été perdus. Les archéologues doivent dès lors se contenter des quelques fragments du récit de Callisthène, le neveu d’Aristote, ainsi que des études menées postérieurement par des historiens comme Diodore de Sicile, Plutarque et Justin. Ces derniers racontent qu’Alexandre est né à Pella, la capitale du royaume de Macédoine, le 20 ou le 21 juillet 356 av. J.-C.. Fils aîné du roi Philippe II, qui vient d’étendre sa domination sur toute la Grèce, et de sa troisième épouse, Olympias, le jeune prince prétend être le descendant des héros Héraclès et Achille. Élève d’Aristote, Alexandre hérite du trône durant l’été 336 av. J.-C. à la suite de l’assassinat de Philippe II. Il a vingt ans.

Éliminant ses rivaux avant de s’assurer de l’allégeance des cités grecques, Alexandre entreprend dès le début de son règne de traverser la mer Égée afin de mener la guerre contre les Perses et ainsi sécuriser son royaume. Chevauchant Bucéphale, son cheval qu’il est parvenu à dompter lui-même quelques années plus tôt, il prend la tête de ses phalanges et débarque en Asie mineure près de l’emplacement où se serait jadis déroulée la guerre de Troie racontée par le poète Homère. Après une première victoire contre les Perses lors de la bataille du Granique, il fait la conquête de la Pamphylie puis de la cité de Gordion où il tranche avec son épée le fameux nœud retenant le char des anciens rois de Phrygie. Selon la légende, la maîtrise de l’Asie lui est alors promise. Suivent les chutes successives de la Cilicie, de Soles, d’Halicarnasse, de Cos… La bataille d’Issos, en 333 av. J.-C., est marquée par une nouvelle déroute des Perses.

Maître de la côte phénicienne après l’invasion de la Judée, de la Samarie et de la cité de Tyr, Alexandre se détourne un temps vers l’Égypte. Se voyant offrir la couronne de pharaon lors d’un passage à Memphis, il ordonne la construction d’une nouvelle cité qui porte son nom, Alexandrie. Il se rend par ailleurs en pèlerinage dans l’oasis de Siwa afin de consulter l’oracle du dieu Amon et s’assurer de l’aide du panthéon local. Reprenant la conquête de la Perse, le roi obtient la victoire finale contre Darius III lors de la bataille de Gaugamèles. En octobre 331 av. J.-C., Alexandre est proclamé roi d’Asie. Poursuivant Darius, dont le cadavre est finalement retrouvé en 330 av. J.-C., il poursuit sa marche vers l’est. Il conquiert l’Arie, la Bactriane, la Sogdiane, la Dragiane avant de franchir le fleuve Indus et d’entrer en Inde où il affronte les armées du roi Poros et leurs redoutables éléphants.

Arrivé aux confins du monde connu, Alexandre fait cependant face à la grogne de ses troupes parties depuis plus de quinze ans. Contraint par certains désordres dans les territoires de l'ouest, il accepte finalement de rebrousser chemin et de rentrer à Babylone, l’une des capitales de l’ancien Empire perse. Il épouse Stateira, la fille de Darius, lors de superbes noces organisées à Suse. Pour mêler son peuple aux Perses et créer un métissage qui garantira la paix, ses généraux et ses officiers sont également mariés à des femmes perses. Au printemps 323 av. J.-C., Alexandre lance un important programme de travaux visant à réguler les crues de l’Euphrate. Ses projets sont toutefois réduits à néant lorsqu’il tombe mystérieusement malade. Pris de fortes fièvres et perdant progressivement l’usage de la parole, il succombe dans la nuit du 10 au 11 juin 323 av. J.-C.. Il n’a que trente-deux ans. Aucun héritier n’ayant été clairement désigné, une terrible guerre débute bientôt entre ses généraux Perdiccas, Ptolémée, Antigone, Lysimaque, Séleucos et Cassandre, laquelle provoque l’éclatement de l’Empire et la naissance des royaumes hellénistiques. Afin de légitimer leur pouvoir, chacun d’eux tente de s’accaparer une relique ayant appartenu au roi. Parvenant à se hisser à la tête de l’Égypte, le pharaon Ptolémée emporte le cadavre d'Alexandre auquel il aurait offert une superbe sépulture au cœur d’Alexandrie vers 280 avant J.-C..

C’est cette tombe que l’archéologue grecque Calliope Limneos-Papakosta s’est mise en tête de retrouver. Originaire d’Athènes, elle étudie l’archéologie à l’université de la ville avant de prendre la direction de l’Institut de recherches hellénistiques sur la civilisation alexandrine. À ce poste, elle est autorisée par le gouvernement égyptien à mener dès 2000 des fouilles au sein des Jardins de Shalalatt, l’un des plus grands parcs d’Alexandrie. C’est son travail qu’À la Recherche du Tombeau d’Alexandre le Grand met en lumière sous l’objectif du producteur et réalisateur Duncan Singh.

Le documentaire débute par des images d’archives montrant la découverte, en 2016, d’une mystérieuse statue en marbre représentant, selon Papakosta, Alexandre le Grand. Saluée par le président grec de l’époque, Prokópis Pavlópoulos, cette trouvaille, située à cinq mètres au-dessous du sol, est suivie par d’autres fouilles qui, semaine après semaine, permettent de mettre au jour des tessons de céramique, des restes d’amphore et, plus impressionnant encore, une ancienne artère romaine, la rue canopique, reconnaissable à ses dalles noires typiques. Aucune trace, cependant, du tombeau d’Alexandre. Une certitude commence malgré tout à germer. Sous le sol des Jardins de Shalalatt, semble de cacher en réalité l’ancien quartier royal de l'Alexandrie antique notamment évoqué dans les anciens textes de Strabon et dessiné sur ses plans par l’ingénieur et scientifique égyptien Mahmoud Ahmad Hamdi al-Falaki vers la fin du XIXe siècle, avant que la ville moderne ne recouvre les vestiges anciens.

Si chacune de ces découvertes est majeure, le chantier souffre malgré tout de graves difficultés inhérentes. À force de creuser, l’eau ne cesse de remonter par capillarité. Chaque fosse est ainsi immanquablement inondée, plus encore lors de la saison des pluies. Des pompes sont par conséquent nécessaires pour évacuer sans relâche des quantités astronomiques d’eau. Les ouvriers sont par ailleurs contraints de creuser prudemment afin de ne pas endommager les immeubles modernes bâtis autour des jardins et prendre le risque de provoquer une catastrophe.

Aidée par les équipes de National Geographic et par l’archéologue Fredrik T. Hiebert, Calliope Limneos-Papakosta peut bientôt compter sur l’assistance de technologies modernes afin d’obtenir une photographie précise des Jardins de Shalalatt. Pour ce faire, des câbles sont tendus dans l’ensemble du parc. Envoyant un choc électrique dans le sol, ces derniers permettent de repérer plus facilement diverses anomalies à plusieurs mètres de profondeur. C’est ainsi que quatorze points d’intérêt sont identifiés. Le plus important donne accès à un mystérieux tunnel à l’entrée duquel sont retrouvés des fragments recouverts de pigments bleus et rouges identiques à ceux qui ornaient la tombe de Philippe II retrouvée en 1977 par Manólis Andrónikos. Il s’agit peut-être d’indices menant vers le fameux tombeau d'Alexandre tant recherché. Malheureusement, la galerie a été volontairement condamnée il y a des décennies et toute idée d’extraire les gravats est exclue afin d'éviter tout risque d’éboulement. Des blocs de pierre indiquent pour leur part l’emplacement probable d’un bâtiment public en marbre blanc et en grès, peut-être un temple ou... un tombeau.

Ponctué de très belles images aériennes d’Alexandrie, À la Recherche du Tombeau d’Alexandre le Grand est construit comme une passionnante enquête pleine de rebondissements. Bien entendu, le spectateur ne doit pas s’attendre à ce que la fameuse sépulture soit inhumée à la fin du film. Une telle découverte aurait en effet forcément attiré l’attention des médias à l’époque de sa sortie, en 2019. Aussi mystérieux que le tombeau du Christ, le Graal ou le trésor des Templiers, la tombe d’Alexandre demeure aujourd'hui encore une énigme contre laquelle des dizaines d’archéologues se sont cassés les dents au cours des dernières décennies. Au moment de la réalisation du documentaire, Calliope Limneos-Papakosta fait malgré elle partie de ceux-là.

Si la récompense ultime n’est évidemment pas au bout du chemin, À la Recherche du Tombeau d’Alexandre le Grand n’en demeure pas moins un très bon documentaire permettant de mettre en lumière l’un des plus grands souverains de l’Antiquité. C’est par ailleurs une belle occasion de valoriser le métier d’archéologue qui, lorsqu’il n’est pas ignoré, est souvent fantasmé. Durant quarante minutes, chacun peut entrevoir la passion de ces scientifiques qui, loin d’être aussi aventureux et romanesques qu’Indiana Jones et Benjamin Gates, cherchent parfois à l’aveugle la moindre parcelle du passé commun oublié, et ce, tout en devant faire face aux éléments. Il est au passage intéressant de voir la difficulté qu’il y a à fouiller des sites à présent recouverts par la modernité. Un immeuble construit il y a quelques années peut ainsi dissimuler à jamais un temple millénaire à la valeur inestimable.

Conçu telle une chasse au trésor pour l’heure inachevée, À la Recherche du Tombeau d’Alexandre le Grand est diffusé pour la première fois aux États-Unis le 4 mars 2019 sur la chaîne National Geographic. Passé inaperçu en France, le documentaire est accessible via la plate-forme Disney+ à partir du 1er septembre 2023.

Passionnant de bout en bout, À la Recherche du Tombeau d’Alexandre le Grand est au final un très beau documentaire qui, en plus de mettre en lumière l’épopée fabuleuse du célèbre roi conquérant et créateur de la civilisation hellénistique, rend un bel hommage au métier d’archéologue.

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