Jenny Aigrette
Date de création :
Le 29 juin 1935
Nom Original :
Jenny Wren
Créateur(s) :
Joe Grant (Conception visuelle)
Hamilton Luske (Animation)
Apparition :
Cinéma
BD
Voix Originale(s) :
Martha Wentworth

Le portrait

rédigé par
Modifié le 27 janvier 2023

En 1935, le public américain découvre Qui a Tué le Rouge Gorge, une parodie de procès mettant en scène toute une galerie d’oiseaux parmi lesquels la sublime Jenny Aigrette.

Miss Jenny Aigrette, une femme fatale au pays des oiseaux

Jenny Aigrette apparaît dès les premières secondes du court-métrage. Pomponnée et apprêtée comme une diva, la magnifique volatile sort de chez elle langoureusement afin d’écouter Rouge-Gorge lui chanter son amour. La sérénade est jolie, mais elle est brutalement interrompue lorsque le héros est transpercé d’une flèche tirée par un inconnu caché dans l’ombre.

Les cris stridents de Jenny ne tardent pas à alerter tout le voisinage qui se précipite autour du corps inerte de Rouge-Gorge. Un régiment entier d’oiseaux policiers est dépêché sur place dans le but de disperser cette foule de curieux. Des ambulanciers se chargent d’emporter la victime loin des regards indiscrets. Puis c’est au tour de la justice de s’emparer de l’affaire afin de déterminer l’identité du meurtrier.

Trois accusés sont ainsi amenés devant le Juge Hibou qui, comme tout le monde, se demande bien qui a tué le Rouge-Gorge. D’elle-même, Jenny Aigrette se présente également au procès. Sous le regard amoureux de l’assistance, la belle offre alors son témoignage à la cour. Quelqu’un lui a pris son Rouge-Gorge. Elle demande donc que justice soit faite. Elle raconte ainsi qu’un mystérieux archer lui a décoché une flèche pendant que celui-ci chantait.

Jenny explique ensuite que Rouge-Gorge était un « parti merveilleux », un garçon si « jeune et beau comme un dieu ». Elle exige dès lors du Juge qu’il punisse le coupable en le pendant haut et court. Tombé à son tour sous le charme de la belle Jenny, le vieux Hibou perd bientôt ses moyens. Pour satisfaire la belle, il ordonne que les trois suspects soient pendus, une décision approuvée par le jury alors même qu’aucune preuve tangible ne confirme leur culpabilité.

Le simulacre de procès est soudain interrompu lorsqu’une flèche perfore le mortier du Juge. L’auteur du méfait n’est autre que Cupidon. Et le projectile tiré sur Rouge-Gorge n’était autre qu’une flèche d’amour. Le petit héros n’est donc pas mort. Il est juste tombé d’amour devant sa belle. « Embrasse-moi, beau prince charmant », demande alors Jenny à son fiancé qui, enfin sorti de sa torpeur, la saisit dans ses bras pour lui offrir un tendre baiser. Happy End !

La Conception du personnage

Lancée dès 1933 sous la direction de Wilfred Jackson, bientôt remplacé à son poste de réalisateur par Dave Hand, Qui a Tué le Rouge Gorge s’inspire du poème The Death and Burial of Poor Cock Robin publié pour la première fois à Londres en 1744 dans le recueil Tommy Thumb’s Pretty Song Booktrad. Complétée en 1770, la comptine raconte la romance entre la belle Jenny Wren et le Rouge-Gorge bientôt assassiné d’une flèche dans le cœur. Ayant sans doute des origines plus anciennes, le texte fait alors peut-être référence à la mort de Guillaume II d’Angleterre, dit « Guillaume le Roux », tué par une flèche lors d’une partie de chasse organisée en 1100. D’autres y voient une satyre de la chute du gouvernement de Robert Walpole, le Premier ministre du Royaume-Uni entre 1721 et 1742 qui était surnommé Robin.

Balayant d’un revers de main toutes les possibles allusions politiques du récit, le scénariste Bill Cottrell décide pour sa part de prendre l’histoire au pied de la lettre pour en faire une satire du système judiciaire avec, dans le rôle des différents protagonistes, toute une série d’oiseaux anthropomorphes. Le personnage de Jenny apparaît ainsi sous les traits d’une femelle roitelet (Wren en anglais). Son plumage, beige et orangé, est rehaussé de rouge. Conjuguées avec ses plumes dorsales, ses rectrices donnent alors l’impression que la belle porte une redingote rouge cintrée à la taille. Les plumes de ses pattes ressemblent aux plis d’une culotte pour femme. Disposant autour du cou d’une épaisse touffe de filoplumes ressemblant à un boa, l’héroïne porte une ombrelle et un large chapeau... à plumes !

Pour concevoir la chevelure blonde et le visage sensuel de Jenny, les artistes de Disney, au premier rang desquels le concepteur visuel Joe Grant, se sont largement inspirés de l’actrice et chanteuse Mae West. Originaire de Brooklyn où elle naît le 17 août 1893, l’artiste s’est fait un nom dans les années 1930 en incarnant à l’écran les femmes fatales. Apparue dans des films comme Je Ne Suis pas un Ange, Je Veux Être une Lady, Annie du Klondike, Go West, Young Man et Mon Petit Poussin Chéri, elle se distinguait ainsi par une silhouette très sensuelle accentuée par une poitrine généreuse et une taille fine obtenues grâce à des corsets très serrés. Sa démarche chaloupée était en outre accentuée et parfois exagérée avec des balancements de hanches très prononcés lui permettant de bien tenir en équilibre sur des talons atteignant parfois une hauteur de vingt centimètres ! Classée à la quinzième place dans la liste des plus grandes actrices de tous les temps élaborée par l’American Film Institute, Mae West a également brillé sur scène dans diverses revues. Inspirante pour toute une génération d’artistes tels que Salvador Dali et Walt Disney qui la caricature dans Mickey’s Gala Premier et dans Conte de ma Mère l'Oye, la comédienne est décédée le 22 novembre 1980 à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

Mae West
Mickey's Gala Premier

Passés maîtres dans la réalisation de caricatures amusantes, les artistes de Disney ont dès lors repris les traits de caractère de Mae West au moment de concevoir le personnage de Jenny Aigrette. Outre son visage, l’oiseau reprend ainsi la silhouette si particulière de la comédienne. Se déplaçant avec une démarche particulièrement langoureuse, Jenny est ainsi l’un des personnages les plus sensuels jamais créés par les studios Disney, plus de cinquante ans avant la tout aussi voluptueuse Jessica Rabbit dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit.

Hamilton Luske
Dessin d'animation

Absolument sublime, l’animation de Jenny Aigrette est réalisée par Hamilton Luske. Légende de l’animation née le 16 octobre 1903 à Chicago, l’artiste débute sa carrière aux studios Disney en 1931. Animateur, entre autres, de Perséphone et de Blanche Neige, il est rapidement promu au poste de superviseur de séquences sur Pinocchio, Fantasia, Saludos Amigos, La Boîte à Musique et Coquin de Printemps. Il devient ensuite l’un des réalisateurs de Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan, Franklin et Moi, La Belle et le Clochard, Les 101 Dalmatiens et Picsou Banquier. Dirigeant Walt Disney lors de l’enregistrement des présentations de ses émissions de télévisions, Hamilton Luske est mort le 19 février 1968. Un Disney Legends Award remis à titre posthume en 1999 récompense sa prolifique carrière.

Les Voix de Jenny Aigrette

En version originale, la voix suave de Jenny est interprétée par Martha Wentworth. Née à New York le 2 juin 1889, la comédienne se produit sur les planches dès l’adolescence. Rapidement repérée, elle apparaît ensuite à la radio dans différents programmes tels que The Cinnamon Bear, Crime Classics, On Stage, The Witch’s Tale et The Abbott and Costello Show. Dès les années 1930, elle commence à jouer au cinéma et apparaît durant sa carrière dans plusieurs courts et longs-métrages comme Docteur Jekyll et Mister Hyde, Le Lys de Brooklyn, Le Criminel, Nid d’Amour, Bonjour Miss Dove et Rock Around the Clock. Pour Disney, Martha Wentworth a en outre prêté sa voix à Nanny dans Les 101 Dalmatiens et à Madame Mim dans Merlin l’Enchanteur. La comédienne disparaît le 8 mars 1974 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.

Martha Wentwoth

L’interprète de Jenny Aigrette en français n’est pas identifiée. À noter que la traduction du nom du personnage peut paraître particulièrement hors-sujet, l'aigrette étant une espèce d’oiseau ne possédant aucun trait commun avec le passereau représenté par les artistes de Disney. Le choix de ce patronyme n'a dès lors d'autre intérêt que la recherche d'une rime avec la réplique "Et je veux que justice soit faite".

Les Autres Apparitions de Jenny Aigrette

Après une apparition remarquée dans Qui a Tué le Rouge Gorge, Jenny Aigrette est de retour à l’écran grâce à deux caméos.
La séduisante volatile est ainsi visible dans L’Équipe de Polo. Elle partage alors la tribune avec d’autres personnages des Silly Symphonies parmi lesquels les Trois Petits Cochons, le Roi Midas et l’elfe Goldie, la Petite Poule Avisée et les Petits Lapins Joyeux.

L'Équipe de Polo
Le Retour de Toby la Tortue

Toujours en 1936, Jenny fait aussi partie de la distribution du (Le) Retour de Toby la Tortue. Son arrivée dans les gradins soulève alors le cœur de l’ensemble du public masculin présent pour voir le match. Plus tard, elle montre ses charmes à Toby, totalement revigoré grâce à ses charmes.


Qui Veut la Peau de Roger Rabbit

Cinquante-deux ans plus tard, Jenny fait un petit caméo sympathique dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. La charmante oiseau est ainsi visible une fraction de secondes lorsqu’Eddie Valiant pénètre dans Toontown.

Jenny l’Aigrette signe enfin une discrète apparition en bas d'une case de The Ballot of Darkwing Duck and Launchpad, Part 2, une aventure de Mystermask en bande dessinée parue aux États-Unis en septembre 2011.

Pleine de sensualité, Jenny Aigrette reste certainement l’un des points forts de Qui a Tué le Rouge Gorge qui justifie à lui tout seul le fait que le court-métrage ait été en lice pour l’Oscar en 1936.

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